dimanche 13 novembre 2011

ses doigts s'ouvrent en faveur du pauvre - textes du jour

Dimanche 13 Novembre 2011


hier

… la déprime naît de la sensation de limite, d’obstacle, d’une fatigue démesurée pour atteindre ou récupérer quelque chose, quelqu’un. La dépression nous fait préférer la fin, la mort à ce que nous vivons. C’est différent, mais points communs : fatigue et moindre goût de vivre, d’exister, impuissance ou culpabilité, rétro-lecture négative de notre parcours. Cela sourd de nous, inopinément, c’est un total. La joie au contraire, survenant tout aussi inopinément nous enveloppe, elle nous est donnée, elle nous pénètre. A-t-elle une cause ? en mystique, elle est sans cause parce qu’elle est visitation de Dieu à l’improviste (cf. évangiles, cf. Ignace de Loyola commenté par Jean GOUVERNAIRE). Elle l’a souvent : récupération de soi, foi et espérance retrouvée dans le possible. Distinction alors entre foi et espérance. La foi est un constat, une certitude, un discernement de la réalité. L’espérance est un acte, une action, une mobilisation.


Hier soir, le gala pour les quarante ans de carrière artistique de Nicole LE QUAI (cours yaq’els à Vannes). L’oeuvre à la fois la plus profondément physique mais transformant complètement les corps et la psychologie : enseignement et pédagogie de la danse. Marguerite assiste avec sa mère au spectacle pour « enfants » de l’après-midi, son amie de cœur invitée, et nous en trinité, y revenons le soir. Elle ne s’est pas lassée malgré les minuits sonnés ailleurs. Deux façons bien distinctes de chorégraphier, celle de notre professeur (ma femme a envie de s’y mettre) met en valeur le corps, mais pour le spectateur, les tiers et l’enseignant cette mise en valeur n’est pas celle d’indiviualités très imparfaites morphologiquement et même en capacités d’exécution, elle est par le rythme et l’unisson la démonstration que le corps unique de plusieurs, de beaucoup fait et constitue la beauté. Nulle impudeur dans le mouvement des costumes ou les gestes, ports, retournement et expositions divers. L’unité seule fait choc et communication. L’autre façon très distincte, discernable hier soir était donnée par le groupe Résonnances, seul à danser sur musique de jazz en France. C’était splendide par le calcul des costumes et des couleurs, le nombre impair des danseurs et danseuses, c’était un récitatif bien plus expressif et explicite que quelque texte, voire musique si elle n’était dansée en ballet, que ce soit. En regard, le rappel votif par Lucy PRUNIER, élève de Nicole, et n’ayant pas chaussé ses pointes depuis quatre ans, d’un mouvement de Gisèle était parfait mais comme un rite, une liturgie, un passé admirable, codé, servi mais mort… tandis le corps uni ou la pensée dansée, les deux situations physiques de tout être vivant : cosmos et solitude, rencontre mutuellement consentie ou arrachement de la dénégation, m’ont semblé l’histoire qui continue de l’existence humaine.

ce matin


La chambre à part, même les lits séparés ne tuent pas l’amour s’il est désir, passion et donc inassouvissement, mais l’empêchent dans sa progession continue, quotidienne s’il avait été voulu conjugal. Le lit n’est plus champ du plaisir, il est instrument du sommeil, du sommeil ensemble, de l’endormissement en route commune et d’éveil par reconnaissance, toucher et regard mutuels. Combien de fois l’ai-je vécu, et chaque matin est la première constatation d’une respiration, d’un visage vers moi. L’heure mentale de la consécration renouvelée et de l’action de grâce pour la présence, cette présence-là vient ainsi sonner tout naturellement et intérieurement. Non loin, notre enfant saluée et touchée de nos lèvres à la tempe ou au dos de la main s’est endormie avant nous, s’éveillera et en premier mouvement, en premier dire ira à l’un ou l’autre de nous. Enfant, adolescent, j’ai aimé la course dans l’aube à une messe que je servais, seul avec un des religieux, père spirituel de classes aînées, ou à d’autres dans un saint-Tropez qui n’était que provençal et désert, ruelles sans voiture jusqu’à une église au semblant d’éternité puisqu’elle était séculaire mais actuelle. Introibo… la récitation de la joie du commencement repris. Du conjugal à la prière, les comparaisons nuptiales de la relation de Dieu à nous, à l’Eglise, à l’humanité, au vivant.


Prier en chantant… rencontrer les textes vers lesquels je venais sans l’avoir décidé, choisi, su. Ils m’avaient préparé à eux, d’avance [1]. La femme vaillante, qui donc peut la trouver ? Elle est infiniment plus précieus que les perles. Son mari peut avoir confiance en elle : au liue de lui coûter, elle l’enrichira. Tous les jours de sa vie, elle lui épargne le malheur et lui donne le bonheur… Décevante est la grâce, et vaine la beauté. Portrait de qui sommeille encore, expérience reçue de ma vie. La vigilance recommandée par le Christ et son apôtre, vous savez très bien qsue le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit… ce jour ne vous surprendra pas comme un voleur, je la vis par le discernement du vrai, seul chemin vers la vraie beauté, celle qui ne fascine pas mais qui réjouit, m’ouvre à la reconnaissance qu’elle puisse ainsi, parfaitement, exister et m’être proposée, présentée, donnée. Soyons vigilants et restons sobres, lecture à Complies…. La parabole des talents, archi-connue, a un intitulé évangélique que je veux retenir : Jésus parlait à ses disciples de sa venue et que soulignent les textes précédents : ce qu’est la vie, ce qu’est l’autre et comment leur être présents, dans une lumière et un contexte, apparemment particuliers : la perspective constamment pendante du jour du Seigneur, retour, arrivée, fulugurance, jugement sur reddition des comptes. Reconnaissez les fruits de son travail : sur la place publique, on fera l’éloge de son activité…. Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. La vie est d’abord une fidélité. Geste que je puis imaginer au physique mais qui englobant tout, surpassant tout, signifiant tout, est spirituel ; celui de Dieu nous faisant passer à Lui : entre dans la joie de ton maître. De joie que celle du Créateur Lui-même ! Salut ! comblée de grâce, le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre toutes les femmes. Seigneur, reçois-moi, reçois-nous, plus particulièrement celles et ceux de tout hier et avant-hier de cette semaine, rencontres, circonstances, situations de celui qui vit le compte à rebours de la décisive intervention chirugicale aux dizaines de célébrantes et célébrants du corps d’union, de la pensée dansée. Amen ! En toi, nous sommes tout. Aboutissement… ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse, et tes fils, autour de ta table, comme les plants d’olivier… Que le Seigneur te bénisse tous les jours de ta vie, et tu verras les fils de tes fils, tandis qu’à la racine de notre foi, fondement de l’espérance, sont nos consécrations intimes ou publiques à une fidélité voulue, célébrée. J’unis au cortège des couples, des enfances, le parfait unisson des grands parieurs de l’immédiateté de notre mouvement à Dieu, religieux, prêtres dont le célibat ou l’absence de descendance ne sont que signe du possible humain : Dieu seul leur suffit, observait, professait et pratiquait « mon moine ». Nous sommes tous de même, la vie est une, le bonheur n’a qu’une version, le malheur, la catastrophe sont de n’être pas heureux.

[1] - Proverbes XXXI 10 à 31 passim ; psaume CXXVIII ; 1ère lettre de Paul aux Thessaloniciens V 1 à 6 ; évangile selon saint Matthieu XXV 14 à 30

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