lundi 14 novembre 2011

je laisse aux jeunes l'exemple d'une noble mort - textes du jour

Mardi 15 Novembre 2011


Hier, fin de journée tranquille, intimité avec Marguerite dès ses pleurs : crainte que sa mère donne ses livres alors qu’il s’agissait seulement de prévoir un des moments du goûter d’anniversaire. Comme ensuite devant la télévision, où je venais par exception, elle s’était pelotonnée contre moi : les Simpson. A son chevet : prière, dialogue, sacrement du pardon dont d’instinct elle entrevoit la dialectique en disant qu’aprè une dispute avec son amie de cœur, elles avaient trouvé ensemble le jeu qui les départagerait, et que s’étant détestées et séparées, elles s’aimaient bien plus alors… sur cette base, le rôle du prêtre, eucharistie, absolution ne fait pas problème, mais on revient toujours à l’identité divine de Jésus, alors que l’histoire le montre tellement homme – je tiens le journal de tout cela comme d’ailleurs de ses mots, gestes et faits, c’est moi qui apprend et surtout que dans l’éveil à la foi, il y a cette action de l’Esprit saint : elle a du mal à admettre que ce qu’elle découvre spontanément peut lui avoir été inspiré, et pourtant…


Masse de choses à faire et à ranger, mais c’est une reprise ou une entrée en possession, c’est une maîtrise tranquille qui nous est alors donnée. Accomplissement de mon vœu de marcher de Lisieux à Lourdes si je recevais un enfant de mon sang : objection de sécurité par ma chère femme, je serai dévalisé en route. Conseil de mon cher Frère Claude de Kergonan (bientôt deux ans pour son entrée dans l’éternité) : la même distance, mais par addition quotidienne d’une marche autour de chez nous. M’organiser pour une heure chaque jour, tranquillement : chapelet, écoute et disponibilité. Ce sera en sus hygiénique, et il me sera peut-être donné d’accomplir réellement une part du trajet, par exemple une journée à partir du Carmel, ou une journée du côté du Puy, ou une autre encore vers Lourdes pour arriver à la grotte… Prier ainsi. Ce que j’amasse en pensée est plutôt une récapitulation de grâces reçues ou à recevoir. C’était un homme très âgé, et de très belle allure. On voulut l’obliger à manger du porc en lui ouvrant la bouche de force. Préférant avoir une mort prestigieuse plutôt qu’une vie abjecte, il marchait de son plein gré vers l’instrument de supplice, après avoir recraché cette viande [1]il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche. Il cherchait à voir Jésus, mais il n’y arrivait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voire Jésus qui devait passer par là… Le rite n’est pas tout, il n’est pas à idolâtrer (cf. nos pitoyables actualités, attentat contre Charlie-Hebdo., manifestations devant le théâtre de la Ville à Paris) mais il est à respecter quand il est porté par les autres, par un peuple (cf. ce qu’il y aurait, éventuellement, de sciemment provocateur dans ces gloses ou représentations d’une sainteté ou d’une divinité au visage supposé). Le respect non de la chose, mais de l’autre dans sa foi, son mouvement, son état. La foi cependant reçoit des adjuvants, les sacrements de l’Eglise chrétienne, les piliers de l’Islam, ils sont relationnels, ils prennent en compte notre humanité, notre incarnation. Eléazar tient à cette relation directe avec son Dieu : j’endure sous le fouet des douleurs qui font souffrir mon corps ; mais dans mon âme je les supporte avec joie, parce que je crains Dieu. Zachée, ne sachant de Dieu que la réputation de Jésus, est au commencement de l’itinéraire qu’a accompli le martyr d’Israël, il veut voir et connaître. Tous deux sont exaucés, Eléazar reçoit le courage d’une ultime profession de foi : un beau raisonnement, bien digne de son âge, du rang que lui donnait sa vieillesse, du respect que lui valaient ses cheveux blancs, de sa conduite irréprochable depuis l’enfance, et surtout digne de la législation sainte établie par Dieu. Zachée reçoit le Christ en personne : Jésus, comme pour l’aveugle au seuil de Jéricho, s’arrête. Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et l’interpella. Dans les deux aventures, il s’agit de nourriture : Eléazar refuse celle qui ne vient pas de Dieu, Zachée reçut Jésus avec joie et sans doute lui offre un festin. Quelle grâce quand Dieu insiste et distingue à ce point : Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer chez toi. Jésus en croix : je le te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi en paradis. Jésus chez Zachée : aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison. – J’ai annoncé à notre fille que je lui raconterai, ce soir, cette histoire : un homme si petit qu’il ne pouvait apercevoir Jésus. Elle questionne : parce qu’il y avait un géant devant lui. Elle voit plus un obstacle précis, un antagonisme ou un ennemi quoiqu’elle le constate avec tranquillité, qu’une ambiance. L’enfance est relationnelle, l’adulte s’emporte par les contextes, circonstances, idéologie dominante, habitudes courantes de pensée et de comportement. Elle est déjà Zachée puisqu’elle contournera sans doute l’homme de très haute taille, tandis que moi j’érigerai tout en un système devant quoi s’avouer impuissant, ce personnage de KAFKA grandissant, vieillissant devant la porte, la même, qui ne s’ouvre pas. Mais y a-t-il frappé ? (à vérifier). Voyant cela, tous récriminaient : il est allé loger chez un pécheur – Voilà Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. Sacrement du pardon et petite pénitence à l’absolution… L’Ecriture et notre fille, dons de Dieu l’une et l’autre, me font avancer, au moins être… Et moi, je me couche et je dors ; je m’éveille : le Seigneur est mon soutien.


[1] - 2ème livre des Martyrs d’Israël VI 18 à 31 ; psaume III ; évangile selon saint Luc XIX 1 à 10

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