dimanche 13 juin 2010

j'ai quelque chose à te dire - textes du jour

Dimanche 13 Juin 2010

Prier…[1] la croix, suprême preuve d’amour, et suprême leçon et démonstration sur ce qu’est l’amour, des actes, un don, le don total, qui d’ailleurs n’est possible qu’en confiance également totale, laquelle ne peut se placer qu’en Dieu – absolu – même si cet amour, tout humainement, est dirigé vers quelques-uns ou quelques-unes pluriel ou singulier de frères et sœurs en humanité et en insuffisance. Jésus lui-même se donne pour nous, en qui il ne peut avoir au bout du compte que confiance que selon la miséricorde de son Père, nous reprenant, nous sauvant. Mais avant sa Passion, Jésus nous donne une leçon plus à notre portée et qui est celle d’une femme par comparaison à un homme, une pécheresse que son péché – lequel ? de chair, celui par qui tout arrive non à qui le commet, mais à ceux qui se récrient – laisse désemparée, et un homme riche et content de lui-même, qui en sus a invité le Seigneur à sa table. Jésus le piège et lui fait énoncer ce par quoi il va se perdre. Un créancier avait deux débiteurs… Lequel l’aimera davantage ? – C’est celui à qui il a remis davantage, il me semble. – Tu as raison… Tu vois cette femme ? Je suis entré chez toi, et tu ne m’as pas versé d’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyé de ses cheveux. Tu ne m’a pas embrassé ; elle, depuis son entrée, elle n’a pas cessé de m’embrasser les pieds. Tu ne m’as pas versé de parfum sur la tête ; elle, elle m’a versé un parfum précieux sur les pieds. Je te le dis : si ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, c’est à cause de son grand amour. Marie-Madeleine est sans doute l’être – de chair et située dans l’histoire humaine – la seule à qui Dieu, le Christ, ait décerné un tel brevet. La conclusion est banale, celle – habituelle, si j’ose écrire – de tous les miracles. Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! Curieusement, cette rencontre de foi et cette administration assurée du salut, qui procure, pas accessoirement, la paix, la joie et le re-départ, c’est-à-dire le sacrement dit de pénitence pendant longtemps, est aujourd’hui discuté, récrié, et surtout fort peu fréquenté… Si je reste à regarder ce trio, le Christ, son hôte et Marie-Madeleine – les grands dialogues de Jésus avec les femmes : sa mère qui le retrouve à ses douze ans au Temple, sa mère à Cana, sa mère au pied de la croix, la Samaritaine, Marthe (car Marie, la contemplative est muette selon les évangiles), la femme adultère, et celle-ci maintenant – je vois l’étrange. La puissance invitante a sans doute pour motif d’être dans le coup et de recevoir la célébrité, peut-être de se faire valoir auprès des siens, en amenant Jésus dans un piège (si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse). Jésus vise aussi bien son hôte en acceptant son invitation que l’enchaînement prévisible des rencontres : époque qui n’est plus la nôtre pendant laquelle dès que la venue du Christ, de Dieu fait homme, est signalée, on accourt. Mais la plus motivée est bien celle-ci : survint une femme de la ville, une pécheresse. Elle avait appris que Jésus mangeait chez le pharisien, et elle apportait un vase précieux plein de parfum. Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui… Des torrents de conjecture, des livres et des romans, des œuvres d’art plastique ont présenté cette femme, qui se combine avec Marie sœur de Lazare qui sera ressuscité, au petit pied de la guérison physique de la mort qu’il connaîtra à nouveau au contraire du Christ et de notre résurrection au dernier jour (celui que les chrétiens partagent avec les musulmans, jour de la résurrection, du rassemblement, du jugement – majuscules), avec peut-être la femme adultère, qui sera au pied de la croix, qui observera le tombeau et y reviendra, et à l’étreinte de laquelle Jésus résusscitera échappera, avec douceur, en l’appelant par son prénom, elle encore qui ne le prendra que par les pieds. Ces flots – et le mien, ce matin – ne montrent pas l’essentiel : l’ouverture, la contagion, la puissance de l’amour sans un mot, dans des circonstances ambigües et difficiles. Paul, un des surdoués de la meilleure des classes rabbiniques et pharisiennes de son temps, privilégié par la citoyenneté romaine, observe : personne ne devient juste en pratiquant la Loi… si c’était par la Loi qu’on devient juste, alors le Christ serait mort pour rien. Les démonstrations les plus logiques et convaincantes de l’apôtre, sont toujours par l’absurde, et n’ont de fondement que par l’absolu de l’existence et du parcours humains de Jésus. Confondu d’adultère et d’assassinat, David dit à Natan : ‘J’ai péché contre le Seigneur !’. Natan lui répondit : ‘Le Seigneur a pardonné ton péché, tu ne mourras pas’. L’ancêtre éponyme du Christ avait pourtant « fait fort » et la pécheresse surgissant chez le pharisien, pendant des agapes dont elle est exclue par système, sans doute aussi, une récidiviste : ses péchés, ses nombreux péchés. En passant, Jésus fait savoir à son détracteur qu’il connaît parfaitement « le dossier ». Modèle social qu’Il nous inspire et dont nous sommes plus éloignés que jamais. Sérénité qu’Il nous donne ce matin. Recommandation qu’Il nous fait. Tu vois cette femme ? … tu ne m’as pas… elle a… tu ne m’as pas… elle a … Quand donc Seigneur étais-tu prisonnier, nu, malade ? … En vérité, je vous le dis, chaque fois que… c’est à moi que vous l’avez fait ou que vous l’avez refusé.
[1] - 2ème livre de Samuel XII 7 à 13 ; psaume XXII ; Paul aux Galates II 16 à 21 ; évangile selon saint Luc VII 36 à VIII 3

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