lundi 17 mai 2010

réflexion d'Eglise avec mon curé

Réflexion que je veux noter – avec Denis M. La pédérastie, les cas de pédophilie, le clergé mais une société, des sociétés, ainsi un village voisin du sien ? où il fut affecté encore jeune prêtre comme vicaire. A lui et à l’autre vicaire, le curé recommande, ne demandez jamais quand on vous écoute en visite, qui est le père des enfants… on ne le sait pas. Tout le village vivait ainsi, inceste, endogamie, mères naturelles et filles-mères. Je suis de mon côté de plus en plus étonné, selon mon expérience – de maintenant plus de cinq ans – du mariage et de la paternité qu’il n’y ait pas plus de drames en couple, d’assassinats et aussi d’inceste. Miracle que la conscience humaine, en général, sache édifier barrières et défenses contre les pulsions, miracle que le respect d’autrui soit tout de même la norme, que la tolérance mutuelle, la compassion entre homme et femme, parents et amants, soient jumelles de l’admiration pour la beauté et le charme des enfants. Fonctionnement de la cellule initiale. Formation, pédagogie ? du clergé. Rôle de portance des laïcs. Tout cela chez mon ami est plutôt du non-dit. Importance dans une paroisse, ainsi son prédécesseur, intime et chaleureux avec le pharmacien, avoir chez qui aller, pour un prêtre. Changement certain des modes de recrutement, au moins en France et dans son expérience qu’il ne dit pas en tant que telle mais dont il me donne des éléments. Aujourd’hui et sans doute aussi à mon adolescence, la fin des années 1950 et toutes les années 1960, la vocation est devenue un débat en quête de diagnostic puis de point d’application. Le clergé diocésain dans les années 1940 était sans doute recruté et formé comme depuis la Révolution, les familles poussaient au petit séminaire, et c’était plutôt des éliminatoires par les « supérieurs » des candidats pour défauts divers, et surtout pour lacunes de moyens intellectuels, que la pêche aux bonnes volontés. Manifestement la question des équilibres affectifs et encore moins celle de la sexualité, de la relation de couple homme/femme n’étaient pas dans le paysage. C’est la décision non consensuelle ni réaliste de Grégoire VII d’étendre le célibat religieux aux prêtres. Les dix premiers siècles de l’Eglise n’étaient pas ceux d’une institution de célibataires, les apôtres eux-mêmes, en majorité sans doute, ne l’étaient pas. Un siècle après, c’est le débat Abélard-saint Bernard. Ce dernier sautant sur le premier. Le mystique et le réaliste. J’ai opiné sur la collection d’erreurs et d’échecs, au plan temporel, de Bernard : les croisades, ses interventions dans la politique rhénane et la vie du Saint Empire, pour autant que je le sache. Et comme mon cher Denis M., je coinsidère certaines des spéculations de Bernard tout à fait erronnées : le suspense de l’Annonciation, la rédemption suspendue aux lèvres de la jeune fille, fiat ou pas ? hésitation du destin. Pas du tout, la réponse d’une âme, la réponse amoureuse, la réponse de l’humilité n’est en rien un suspense ni le fruit d’une délibération, elle est le fruit porté par tout un être, elle est cet être.

L’affaire Maciel, les légionnaires du Christ. Le bonhomme a trompé tous les papes depuis Pie XII, il paraît qu’aux trois vœux religieux il avait pu en faire ajoutrer un quatrième : un devoir de charité interdisant de parler des supérieurs, et évidemment et d’abord du fondateur. Retour au concile comme très souvent et à son inapplication. Sans doute Paul VI, l’homme du concile, d’autant que Jean XXIII lançant l’entreprise mais mourant avant de la suivre et qu’elle soit vraiment sur les rails eut le pressentiment ou le discernement de la personnalité et de l’identité de son successeur. Mais ni Paul VI ni Jean Paul II n’ont su réduire les milieux et habitudes de la Curie et des chefs et pesanteurs de la machine romaine. C’est l’essentiel qu’il reste à faire et qui n’est toujours pas entrepris, que sans doute – seul – Jean Paul 1er compris qu’il fallait faire et qu’il aurait fait. Ne pas canoniser Jean Paul II, trop de lacunes de gouvernement, ainsi le synode quadriennal, grande décision de Vatican II, n’a pas vraiment subsisté après la mort de Paul VI et déjà cette réunion était trop dominée par la machine romaine. L’entendant, je comprends combien en fait devraient être distingués dans une canonisation la sainteté personnelle d’un homme ou d’une femme, et leurs actes de gouvernement, souvent critiquables et toujoiurs contingents. On a canonisé tous les papes du concile de Trente puisque celui-ci avait été un succès finalement. Ne pas le faire aujourd’hui, puisque précisément Vatican II continue d’avorter. C’est moi qui prolonge, mais ma correspondance avec quelques évêques, résultant de la diffusion de mon papier Chair & Religion me laisse optimiste. Tandis que Denis M. le tenant d’un jeune parent, retrouvé à l’occasion d’un mariage récemment, me dit la très médiocre impression produite par le nouvel évêque de tel diocèse, ce que je lis de deux d’entre mes destinataires me passionne par la maturité certes, l’équilibre serein de celui qui m’écrit manuscrit ou me courielle, c’est-à-dire sans trace accessible à des collaborateurs et entourage (comme je l’avais déjà constaté pour l’Abbé Pierre en 1996), et surtout par les points de départ que j’en reçois.

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