samedi 21 mars 2009

c'est moi qui te réponds et qui te regarde - textes du jour

Vendredi 20 Mars 2009

. . . mais elle ne m’a pas éveillé, c’est le jour naissant ou mon horloge intérieure. Plus que quelques étoiles et le tiers de lune, très brillant. Silence encore de tout. J’ai presque toujours vêcu depuis une vingtaine d’années, chaque jour comme le dernier où je pourrai enfin, par force plus que par grâce, émerger, entrer quelque part, commencer surtout…

Prier … [1] dialogue étrange, quoique empreint d’estime mutuelle, entre apparemment deux professionnels de la religion, l’un de carrière : un scribe s’avança vers Jésus et lui demanda ‘Quel est le premier de tous les commandements ?’ Jésus lui fit cette réponse… Le scribe reprit :’Fort bien, Maître, tu as raison de dire que Dieu est l’Unique et qu’il n’y en a pas d’autre que lui… Formulation même de l’Islam… et l’autre qui s’est improvisé mais qui est reconnu, du moins à raison de son succès populaire. Et voici la chute, elle fait basculer le scribe dans son identité, dans sa vie, ce qu’un professionnel n’aime pas, l’apologétique oui, la vie personnelle non. Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. A vérifier, mais cette locution, ce concept, cette réalité décisive qui entraîne aussi bien la comunion des saints que l’au-delà et donc la résurrection, donc la passion, donc l’incarnation, majuscules partout… cette locution n’apparaît que dans les évangiles. Il me semble même qu’elle est tellement cathédrale que les Apôtres ne la reprennent pas dans leurs épîtres. Seul, le Christ l’emploie – le Fils de l’homme, autre locution décisive et que se réserve Jésus … parce qu’il en est le maître : Je suis la voie, la vérité, la vérité… et c’est sur la croix que le « bon larron » atteste l’existence de ce royaume, et dit sa foi en ce royaume aussi bien qu’il reconnaît que son compagnon de supplice en est le maître : Quand tu seras dans ton royaume… En vérité, je te le dis : ce soir-même… au passage, Jésus annonce au supplicié que contrairement à temps, sa mort va venir très vite. Les jambes brisées… ce qui n’était pas la règle. Et personne n’osait plus l’interroger. La réponse à laquelle nous sommes si habitués, dans ce qui est devenu notre chronique inattention, a surpris l’auditoire, complètement. Ils reviendront s’asseoir à son ombre, ils feront revivre le blé (lundi, notre fille à sa mère, qui m’en rapporte, émerveillée, le mot : regarde, Maman, les blés revivent…), ils fleuriront comme la vigne. Et ainsi préparés, du scribe à ce peuple antique, qui est notre parabole – il est possible qu’Israël contemporain, facile à juger dans ses exactions et cécité vis-à-vis des Palestiniens, soit notre parabole à nous, maintenant, car les camps de rétention et le racisme, n’en avons-nous pas dans notre hexagone ou en signant à 27 telle directive sur les sans-papiers avec des délais d’emprisonnement de plusieurs années ? – voici le dialogue que le Christ ne put avoir de son vivant : le jeune homme riche se déroba, Nicodème était dépassé, les disciples s’endormaient de fatigue au Jardin des Oliviers et au mont de la Transfiguration. Tu t’es effondré par suite de tes fautes… peux-tu me confondre avec les idoles ? c’est moi qui te réponds et qui te regarde. Je suis comme le cyprès toujours vert, c’est moi qui te donne ton fruit. On comprend que Marie gardait tout dans son cœur. Etre elle… ce qu’en principe et en Eglise, nous sommes. Ce serait d’ailleurs un meilleur sujet que celui des préservatifs et des conseils en comportement. Pas de comandement plus grand que ceux-là. Et pourtant j’aime bien ce pape, le premier à avoir admis l’eros, au même pied de légitimité que l’agapè, ce qui n’a pas du tout été commenté (encyclique, sa première : Deus caritas est), mais la gaffe par bonne volonté est bien « germanique » et s’enfoncer dans le bafouillage qui censément rattrape, est bien humain. L’heure timide des oiseaux, qui se règlent à la lumière, tâtons de part et d’autre de la maison. Prier… les yeux fermés de la mort, le Christ endormi sur le « coussin » du bateau, à l’arrière, dans la tempête. Le psaume… Dieu comble son bien-aimé quand il dort. Ah ! si mon peuple m’écoûtait, s’il allait sur mes chemins ! je le nourrirai de la fleur du froment, je le rassasierai avec le miel du rocher ! Maintenant, deux trilles se répondant, Cantique des cantiques. Commençons sans cesser de prier.


[1] - Osée XIV 2 à 10 ; psaume LXXXI ; évangile selon saint Marc XII 28 à 34

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