dimanche 2 novembre 2014

ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes - textes du jour

Lundi 3 Novembre 2014



La bourrasque devient quotidienne à la même heure, la pluie fait hésiter, la nuit, l’amour presque toujours se fait et se défait par le détail. Avant-hier, le poisson rouge : Tropique, rapatrié de Strasbourg, nous divise, transfert en douce pour surprendre mes aimées, mais hier, toilette de l’aquarium et une demi-heure de travail ensemble. – L’unisson des générations : Marlène Jobert, ex-sylphide, partenaire de Lino Ventura et de Charles Bronson et tant d’autres, aux heures de grande écoute hier soir pour présenter les baisers du soleil : écrit de mémoire pour ses filles, ignorant tout de l’actrice puis de la conteuse de l’enfance, il n’y a plus ni grâce, ni taches de rousseur, ni silhouette, tout est lourdeur, les yeux sont dissymétriques, l’enchantement fut-il jamais ? mais il y a la voix et une certaine naïveté, bien plus qu’un résidu de fraicheur… Pierre Daix n’est plus, les nouvelles littéraires. La gauche avait de l’esprit et de la plume quand il y avait le parti communiste. La tension des années 1960 autant parce qu’il y avait de Gaulle, les tensions européennes, les porteurs de pancarte outre-mer et de valises en traversée de Paris, que parce que les hebdomadaires n’avaient qu’une fonction : notre vie collective animée, forte, fondée, discuteuse, critique, puissante.
La tempête tombe, prier pour que la grâce surmonte tout. Que l’Avent soit attente. [1] Attends le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais. Et qui sommes-nous ? quelle est cette grâce qui nous fait dialoguer avec Dieu ? Seigneur, je n’ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux ; je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent. Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère. C’est l’humilité, simple conscience acceptée de ce que nous sommes, qui nous rend attentifs, réceptifs et donc en chemin. Ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres, recommandation d’expérience de Paul…  si l’on s’encourage dans l’amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la pitié… et conseil pratique du Christ : tu seras heureux parce qu’ils n’ont rien à te rendre. Bonheur de Dieu dans sa Création, puisque nous n’avons rien à Lui rendre, qu’à offrir son Fils tel que Celui-ci se livra à nous dans son Incarnation. Dieu sans vis-à-vis que l’homme, des pauvres, des estropiés, des boîteux, des aveugles. – Le vent a repris, la végétation, nos arbrisseaux murmurant, un oiseau passant, la respiration de tout se retient. Jésus, une énième fois, chez un chef des pharisiens pour y prendre son repas. Paradoxe constant, puisque ce sont eux qu’Il charge le plus. Ces pharisiens : nous ! moi ! Tant à faire et à être pour correspondre à ce que Dieu attend de nous, de moi afin que les uns les autres… afin que les autres…  


[1] - Paul aux Philippiens II 1 à 4 ; psaume CXXX ; évangile selon saint Luc XIV 12 à 14


Hier

Submergé. Ce que je vis, ce dont je suis gros, ce que j’échange, recevant et tentant de répondre et d’accompagner. Ce que ce soir diffuse la télévision. La géopolitique de l’Afrique de l’Ouest. Au cœur de tout, ou simple passant dans la vie, la « fête » de mémoire aujourd’hui, les textes de l’Eglise, aussi forts (un texte de funérailles, un dialogue avec les parents demandant le baptême de leur enfant) que ces poèmes tibétains et de l’Egypte pharaonique, forts littérairement mais étant bien autres que cette apparence, cette vêture. – Talentueuse, énergique, si jeune et décidée, s’expliquant bien et dont les deux premiers romans dont je suis imbibé ces jours-ci me passionnent autant pour ce qu’ils présagent d’un œuvre que pour ce qu’ils disent d’une personnalité, interrogations dormant en moi en véritable roman d’un récit qu’on donne en outil de rencontre. Mais, à quelques minutes de mes précédentes émotions et pensées, le voici lui, dont se détache notre chien que nous lui avions confié ainsi qu’à sa femme et à leurs filles, courant vers moi… Ravagé de visage, victime torturée de maldonnes médicales faute d’appareillages correctement posés et dosés devant par moment morphinomane pour implorer quand il se dégage la présence de corps, de désir d’une épouse qui – il me l’apprend – se dérobe depuis vingt-deux ans. L’amour et le martyre ont ceci de commun que c’est la durée qui les fait. – Notre fille tandis que nous nous absorbons dans Le dernier métro monte me prier de redescendre dans sa chambre. Conversation autant que prière du soir, mais elle dessine et danse d’une main si grâcieuse et tellement évocatrice l’allée vers l’escalier intérieur, chacune des marches descendues puis les pas dans le couloir jusqu’à sa chambre que je suis ému de tant d’art, même si ce n’était notre fille, ma fille. Ce matin, il allait me falloir aller seul à la messe. La fatigue des mille kilomètres. Je dis à mes aimées mon regret, puis suis à partir, et la voici, légère, elfe. Du curé de Megève, attachant et ingénieux en homélies, elle avait il y a près de trois ans discerné le proche avenir : il fait trop son intelligent et ce matin, de notre recteur, pieux et saint en célébrant s’il en est, elle dit, au moment de l’élévation : il a l’air lassé. Ce qui m’a permis de lui murmurer : tu sais, célébrer la messe tous les jours de toute une vie, cela demande la foi. J’aurais dû ajouter : cela suppose surtout d’en recevoir beaucoup. – Le silence de la nuit est maintenant. Réplique de Bourvil à la question du bonheur : si je n’étais pas heureux, je serai vraiment exigeant, et parmi plusieurs, cette notation d’Alexandra N. : respirer me donnait droit d’espérer (page 40 de son manuscrit), ou bien : le bonheur est à portée de main pour ecux qui savent attendre (p. 58), pouvoir ne serait-ce que me projeter dans le futur (p. 59). Qu’elle ne sache pas qui sont Romain Gary ou Emile Ajar ou quel éditeur est Bernard de Fallois ? n’importe pas vraiment pas. Elle m’apprend que j’en sais encore moins jusqu’à elle je confondais Nefertiti et Nefertari. – Les cauchemars éveillés : je calme celui de notre fille, le corps mort de son grand-père, le visage et le sourire de celui-ci submergeront et animeront tout d’ici peu tandis que le mari de l’autre soir de celle qui fut l’adolescente sous les saules, aux rives de ces étangs franciliens, niant toute existence autre que la sienne : çà ne m’intéresse pas, continue de me glacer. Comme la descente d’avion de notre président, arrivé en Alberta : ne pas apprendre à descendre la coupée d’un avion si nativement on ne l’a jamais su ! Laurent Delahousse, émule masculin de Claire Chazal, le « normalise » dans son mauvais goût vestimentare, lui aussi la chemise blanche et le costume noir pour le JT… Marguerite si sensible aux lunettes et au maintien, à tout d’Eva Joly, m’apprend que Ségolène Royal, imitant sciemment son ex. se teint maintenant les cheveux en noir : notre fille le déplore, elle a su à mesure mes votes. Les deux chemins de l’éternité : les vertus dites théologales, l’enfance d’un enfant quand d’heure en heure depuis bientôt dix ans… Les rencontres qui tournent court, ainsi deux ans de correspondance internet presque quotidienne rendue possible par le pacte implicite de ne jamais se rencontrer autrement… ou la main que je laissais par le griffon de mon adresse courriel et qui n’est pas saisie… ou celle d’il y cinquante ans moins un an qui me dépêche son fils mais ne veut pas correspondre… ou … ou … l’humanité qui partout tâtonne, les guerres et haines sont nos apparences. Il y a tant de compréhensions, de pardons possibles : ce soir, prier en en nous endormant. – On ne trompe ni Dieu ni son enfant ni qui l’on aime. Ceux/celle qui ne vivent pas leur capacité de fraternité, quel air respirent-ils, quelle eau les désaltèrera ? Et notre pays qui lache la rampe parce que les causes et drames n’ont plus la vérité d’une guerre d’Algérie avec ses chantres : Beauvoir, de Gaulle, Sartre. Il n’y a que les morts par violence, Rémi Fraisse. Les politiques français ne savent pas que même un pays émasculé peut faire naître des Ian Palach. Prier pour ceux qui meurent ainsi, l’anonyme de Ouagadougou ce matin. Et ce soignant français au front d’Ebola en Sierra Leone.


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