mardi 15 juillet 2014

si vous ne tenez pas à moi, vous ne pouvez pas tenir - textes du jour

Mardi 15 Juillet 2014



Retour en enfance parce que ma chère femme et leur petite maîtresse, notre fille, ne sont pas là ? un ou l’une de nos chiens se remet à ronger tout livre qu’il peut atteindre, il ou elle choisit bien : documents diplomatiques français 1949, Pléiade de TOLSTOÏ, Guerre et paix. Etre atteint par des pertes matérielles, les objets (mes deux stylos Dupont coup sur coup, les meubles, les incendies, les déménagements). La vieillesse, je n’en suis conscient et elle ne me gêne que par instants, quand je me « vois », le visage en gros plan sur la vitre du TGV qui part vers Le Mans, le changement de train et Strasbourg, dans les lunettes de soleil d’une Alizée, sauveteur diplômée à la plage Benoît de La Baule. J’admire intensément mon beau-père qui ne peut plus converser que du regard, même sa main gauche est devenue impraticable : il ne déprime pourtant pas, il sourit, il acquiesce, c’est de nous tous celui qui vraiment ne vieillit pas. Mon pays, notre pays ne sait pas son âge, ne sait pas cumuler ses âges, ses chances, ses populations, ses époques. Il est traité en enfant par ceux qui lui sont imposés, faute qu’il se connaisse lui-même : pédagogie et célébrations, pourtant chacun de nous a une idée – le plus souvent très juste – sur ce que nous sommes et sur ce qu’il y a lieu de faire. Chacun, sauf ceux qui nous dirigent, ce qui les aveugle, leur fait perdre bon sens et réflexe, liberté de penser et de vouloir est cette fonction de dirigeant qu’ils aiment tant et qui les pervertit presqu’aussitôt acquise, nos rois de droit divin étaient assujettis à leur conscience et rendaient sans cesse compte à Dieu et à leurs héritiers, ils n’étaient propriétaires de rien. Nos dirigeants d’entreprise et de politique n’ont aucun censeur que les catastrophes qu’ils engendrent, prétentieusement.

Lorsqu’on apprit au palais du roi que l’armée syrienne avait pris position en Ephraïm, le roi et son peuple furent secoués comme les arbres de la forêt sont secoués par le vent. Prier… [1] le proto-évangéliste qu’est Isaïe rapporte du Seigneur l’exacte affirmation de Jésus à ses disciples : si vous ne tenez pas à moi, vous ne pouvez pas tenir. L’ambiance est pourtant à la catastrophe, au temps d’Acaz, roi de Juda, qui provoque par son curieux mélange d’incrédulité, d’indocilité mais aussi de foi, les prophéties les plus précises et parlantes pour nous… un vent qui souffle du désert a brisé les vaisseaux de Tarsis.  Les contemporains du Christ ne sont pas à une enseigne différente : malheureuse es-tu, Corazine !malheureuse es-tu, Bethsaïde ! … et toi, Capharnaüm, seras-tu donc élevée jusqu’au ciel ? Non, tu descendras jusqu’au séjour des morts… c’est pourtant là que Jésus, hébergé par la belle-mère de Simon-Pierre ? habite en général.  Dieu se révèle en ses palais, vraie citadelle. Comparaisons fortes, admonestations sévères, images actuelles : voici que des rois s’étaient ligués, ils avançaient tous ensemble ; ils ont vu, et soudain stupéfaits, pris de panique, ils ont fui. Enjeu, la conversion, tous à pied d‘égalité. La peur, la cécité, la dépendance de nos sensations et paysages d’âme, des circonstances aussi, nos habits d’humains, de vivants, de précaires. Reconnaître le miracle qu’est notre existence, qu’est notre vie, et prier, adorer. Je suis démuni, je suis une de ses villes : Jésus se mit à faire des reproches aux villes où avaient eu lieu la plupart de ses miracles, parce qu’elles ne s’étaient pas converties. Pierre marchant sur les aux à l’appel du Christ, et qui prend peur : sauve-moi, Seigneur. Confiance, ta foi t’a sauvé… Homme de peu de foi… Le Christ et nous, notre foi, notre condition, nos évanescences, nos attachements. Prier…


[1] - Isaïe VII 1 à 9 ; psaume XLVII ; évangile selon saint Mattieu XI 20 à 24

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