mercredi 2 juillet 2014

que le droit jaillisse comme une source : la justice comme un torrent qui ne tarit jamais - textes du jour

Mercredi 2 Juillet 2014



Prier… cherchez le bien et non le mal, afin de vivre. Echo de l’alternative proposée par Moïse au peuple. Lassitude de Dieu, bien plus astreignante que la nôtre : je déteste, je méprise vos fêtes, je n’ai aucun goût pour vos assemblées. Notre devoir que nos fêtes, nos liturgies, nos assemblées en tous genres soient dignes, belles, sincères : politique, dévotion, élection, coupe du monde, l’humanité en « collectif », mais que le droit jaillisse comme une source : la justice comme un torrent qui ne tarit jamais. Ce devoir de bâtir et maintenir une société digne de notre Créateur, donc vraiment adaptée, conforme à notre nature, à ce pour quoi et à Celui par qui nous sommes faits [1]. Ecoute, mon peuple, je parle : moi, Dieu, je suis ton Dieu ! je ne t’accuse pas pour tes sacrifices, tes holocaustes sont toujours devant moi… nous nous y prenons donc mal, tant vis-à-vis de Dieu que de nous-mêmes … qu’as-tu à réciter mes lois, à garder mon alliance à la bouche, toi qui n’aimes pas les reproches, et rejettes loin de toi mes paroles. La rupture est douloureuse, les possédés, les porcs, la catastrophe… et voilà que tout la ville sortit à la rencontre de Jésus, et lorsqu’ils le virent, les gens le supplièrent de partir de leur région. Conclusion ? les textes de ce matin ne la suggèrent pas, nous ne pouvons que demeurer – là, à l’entrée de la prière, au début de cette journée – décontenancés, démunis. Es-tu venu pour nous faire souffrir avant le moment fixé ? Jésus répond apparemment selon notre logique : Allez-y… l’exutoire et le minimum dont Il était supplié. Tandis que Dieu, le Fils de Dieu fait homme, nous comprend parfaitement, nous ? moi ? quelle relation à Dieu ? Chercher à comprendre la vie, celle que nous menons, celle qui nous est donnée, celle que nous souhaitons, la vie en tant que telle, ce qu’en reçoivent et en attendent les autres, comment elles et ils s’y prennent, c’est sans doute aller à Dieu, chercher Son dessein… Ecoute mon peuple, je parle. Nos logiques : les possédés, la population de leur ville natale, le peuple hébreu, nos sociétés et la prolifération de nos impasses, alors qu’une tout autre est latente, en nos âmes et selon l’appel divin. 

Hier


                       Saint-Joachim, ce matin, le clocher pas beau de la basilique pour sainte Anne, ses cloches, le parc là qui fut une collection pour arboricultrices, je ne sais quelle maison-mère d’une congrégation bretonne. Le lieu aujourd’hui proposé aux prêtres du diocèse de Vannes : leur retraite. Une heure particulièrement prenante. Je connais cette maison de retraite sacerdotale, un peu. Le cher Ange LE ROHALLEC, vingt ans curé de Surzur, qui bénit l’inhumation de notre chère mère en Décembre 1992 (c’est chrétien tout çà, murmurait-il en nous regardant défiler devant la tombe, à côté du charroi, une confusion de village avait fat attendre le cercueil pendant eux heures à quelques kilomètres de là…), son tour annuel de chacune des habitations dans la paroisse, rentrant saoûl le soir chez lui, presbytère avec cour, bâtiment principal, pignons et seuil du XVIIIème, et chargé de paniers avec cadeaux en nature, intégré au possible à la vie quotidienne, familiale, communale d’un pays que naguère on appelait « meumeuland » et où j’ai, par hasard d’un choix en quelques heures avant de m’envoler pour prendre fonctions à Alma-Ata, pas encore Almaty, capitale d’une indépendance nouvelle, à la frontière sino-soviétique marquée par les monts Staline de plus de six mille mètres d’altitude, la ville des pommiers, avant le transfert de la capitale dans les marches cosaques : Astyana, ex Akmola, ex-Selinograd, capitale du goulag…. Longères et tombe ici, rivière du Penerf, tour des Anglais, cadastre qui gardait encore les noms de « baptême » de chaque parcelle et l’une des premières en arrivant dans notre propriété d’aujourd’hui, eut sa chapelle, une autre sa maison au bord de l’eau avec une perspective sur le ria pour des kilomètres, démontée pierre à pierre frauduleusement avec la complicité d’une pauvre métayère, battue par un mari alcoolique et exploitée par un riche possédant qui a décuplé ses mises héréditaires en vendant du terrain péri-urbain pour l’établissement de notre supermarché. C’est ainsi d’expérience que je suis passé d’une vue par secteurs homogènes de profession, de centres d’intérêt, de milieu sociale pour une pastorale chrétienne, à la conviction que c’est la paroisse et ses brassages, ses tolérances vécues qui doit être le lieu des liturgies, des sacrements et plus encore de la réflexion pour la propagation (ou le maintien) de la foi. Donc, la maison de retraite pour l’après-ministère. Ange y était mort dans les six mois d’un déracinement dont j’ai protesté tant que j’ai pu auprès du nouvel évêque, mais qui m’a valu la rencontre de Denis M. suivi depuis dans sa protestation constante contre la médiocrité et l’obscurantisme des gestions de ressources humaines dans l’Eglise, du moins selon sa propre expérience et sa frustration, et dans ses affectations successives. Première communion de s main pour notre fille unique. Descente aux enfers de la perte de soi même si elle n’est que douleur morale pour soi et pour les tiers. L’œil perdu par la faute manifeste d’un charlatan prenant de haut mes protestations : opération de la cataracte trois fois manquée, et la faute imputée au laboratoire ayant fourni le laser qui et que. L’homme en clinique psychiâtrique quelque temps pour poser mieux des diagnostics et établir surtout la bonne pharmacopée. Admirable tenue des personnels soignants et entourants tant à Saint-Ave qu’à Saint-Joachim, parfois une beauté de visage ou de buste, presque toujours l’évidence d’âmes très belles, calmes. Souffrance certaine du dernier curé ayant assumé la responsabilité de son vieux frère dans le ministère et le sacerdoce, ses grogneries, ses plaintes et aussi ses pertes d’équilibre physique et mental. D’où la maison de retraite. Séjours à l’essai, puis maintenant définitif. Le téléphone ce début de matinée, pas incohérent. Arrivé quelques minutes avant la messe. Une quarantaine de vieillards, les aubes, les étoles vertes, la chapelle faisant oratoire pour prédication à de jeunes couples a, ici, une autre destination. Elle devient pour moi témoignage, elle m’émeut par le peuple qu’elle accueille et rassemble. Il y a une intensité palpable de foi. Ces hommes ont chacun cinquante, soixante ans de sacerdoce : itinéraires et emploi de soi rarement spectaculaires, probablement les conduites spirituelles, les prédications, les entrainements au mariage ou au baptêmes n’ont pas toujours été magnifiques ou communiantes, du moins je le suppose. Denis M. a eu des amis dans chacune de ses paroisses rurales ou celle qui fut urbaine, certains lui sont restés, mais il ne semble pas avoir eu de « dirigés » au sens d’un autrefois qui durait encore à mon adolescence jésuite. Du désert ? pas pour autant, sauf une pratique affective que je crois aujourd’hui une contre-vérité psychologique, et une entrave inutile, mais mon cher prêtre est de ceux, fréquents dans son état, qui ne sont pas en manque. Les curés d’Ars inconnus valent certainement autant que le célébrissime, ils ne prétendent ni à l’héroisme ni à l’exceptionnalité. Plus que le génie, leur fidélité et vraiment leur foi, qui n’est pas d’ailleurs une expérience spirituelle communicable de personne à personne comme celle de religieux, tels que j’en ai rencontrés beaucoup dans ma vie, les recherchant et suscitant même. Ls tâtons du pratiquant pour partager autrement la vérité de ce que la foi peut chqnger dans une existence, une tenue psychologique. Je me suis assis à côté de mon vieil ami, endormi, en fauteuil roulant, la main à son épaule pour l’entourer, ne le réveillant que pour la communion, donnée sur place sous les eux espèces. Rue de Grenelle, à Paris, chez les Jésuites retraités (Gilbert LAMANDE, Jean LAPLACE lumières pour mon parcours), j’avais déjà vécu une telle messe en assemblée de vieillards tous célébrants pendant des décennies et réduits par l’âge à seulement lever la main droite à quelques moments du Canon… Les informations télévisées avant le déjeuner, un magnifique regard de ciel, celui d’un des pensionnaires. Et puis j’ai promis de revenir et la prochaine fois de rester déjeuner. Sans parole que celles de la liturgie ou les indications de place à table, j’ai entendu le phrasé posé de Yahvé indiquant son signe à Elie. Nous reviendrons aussi en famille, les tables sont rondes. 


[1] - Amos V 14 à 24 ; psaume L ; évangile selon saint Matthieu VIII 28 à 34

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