mardi 1 juillet 2014

non, l’insensé ne tient pas devant ton regard - textes du jour


Mardi 1er Juillet 2014
 

                        Prier… [1] vous êtes le seul de tous les peuples que j’ai choisi d’aimer ; aussi je vous demanderai compte de vos crimes. Difficulté du texte pour sa première affirmation, universalité et prédilection, peuple élu, race choisie, a priori cela sonne mal pour nous… mais le corollaire, sévérité, jalousie est psychologiquement très fondé. L’amour est minutieux dans son regard, demander compte n’est pas punir mais provoquer la prise de conscience. C’est l’exercice que nous menons en partie avec notre fille chaque soir, mais pas assez, au moins moi, pour nous-mêmes. Non, l’insensé ne tient pas devant ton regard. Il ne tient pas non plus en quelque circonstance que ce soit, s’il est le jouet cde lui-même, sans repère à la fois distinct de lui-même et profondément intime.  Pourquoi avoir peur, hommes de peu de foi ? L’admonestation du Christ apaisant la tempête est secondaire, elle est pour satisfaire, pour calmer ses disciples que l’interrogation divine ne convainc sans doute pas. Comme dans tout prodige opéré par Jésus, le profond est mis à notre portée par un nouvel arrangement de la réalité afin de nous rendre l’ensemble plus perceptible, compréhensible, lisible. Jésus, pourtant présent physiquement, s’est mis hors jeu. Voilà que la mer s’agita violemment, au point que la barque était recouverte par les vagues. Mais lui dormait. Il a une tout autre vue des choses et des personnes que nous. Ses contemporains se posent la question d’identité, Il la souhaite Lui-même puisqu’Il la pose souvent à ses disciples. Pas de réponse de notre peur, sinon deux réflexes, la confiance, l’étonnement : Sauve-nous ! nous sommes perdus… Quel est donc celui-ci pour que même les vents et la mer lui obéissent ? Il n’y a pas ce qui eût été naturel un appel à la solidarité, si nous sommes perdus, tu l’es asusi, dans la même barque. Distance entre ce Maître et les siens, tenant à eux et non à Lui. Rapprochés l’un de l’autre nos deux textes, celui du prophète et celui de l’évangéliste, nous enseignent une raison autre que la nôtre, fondée sur une puissance et non sur une logique, même s’ils semblent de dialectiques inverses : l’événement dominé, la pente naturelle. Le lion, l’oiseau, le piège, l’alerte, tout a une raison et les événements s’enchainent selon Amos, tandis qu’apaiser la tempête n’en a pas, sauf la logique du salut. Logique de malheur et logique du salut. Dieu est rupture, Il l’est par dilection.


[1] - Amos III 1 à 8 ; psaume V ; évangile selon saint Matthieu VIII 23 à 27

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