samedi 19 avril 2014

eau du côté du Christ, lave-moi ! passion du Christ, enivre moi ! textes du jour ... aujourd'hui que les nôtres... il n'y a plus que prière et attente

Samedi-Saint 19 Avril 2014



Hier et avant-hier, d’une église à une autre dans notre ensemble paroissial. Une merveille affective et un fort support spirituel que cette transhumance en début de nuit. Jeudi-Saint, un édifice  d’une vingtaine d’années, avec un pignon séparé, comme un pylône nu de béton pour les cloches et leur silence commencé, depuis une entrée la plus simple, presque surbaissée un envol de colombe par un chœur où la croix n’est que lumière multicolore sans figuration, à la cistercienne. Vendred-Saint, le plafond en bois, planches de bateau, voûtes très simples, la barque retournée (Corée du sud), un autel de bois doré, le fond aussi. La même petite foule, on se reconnaît d’un soir à l’autre, repères et joie, plusieurs femmes enceintes, des marmousets se manifestant et circulant avec constance, hier, un écho du Lamma sabacthani, pas deux ans, marchant à peine, miniature humaine, un tout petit garçon appelle et ré-appelle, où t’es, Papa ? Notre recteur, laborieux, encore jeune, célébrant mieux qu’il ne lit une homélie ou n‘en abrège une autre. Humanité toujours saisissante quand l’homme votif et consacré respire la piété, la constance, la dévotion au devoir d’état, et a ses moments de prenante inspiration ou de banale routine. La fidélité n’est pas un mythe. Elle constitue pour les autres et pour soi, elle fonde, ell a raison du temps et de toute médiocrité d’instant. L’unisson pour les impropères en français : réponds-Moi, ô mon peuple ! La réponse est aujourd’hui, le silence, apparemment toutes portes et issues fermées. La France vit exactement cette parabole de sa fin terrestre et historique, le champ de ruines de ses partis, devenus les coquilles vides des querelles pour ambitions présidentielles. Syndrome de Sigmarigen (transfert de force des gouvernants de Vichy en Souabe allemande), moins il y a de pouvoir, plus y a d’appétit pour exercer ce qu’il en reste, et s’en parer... Syndrome grec : le désespoir d’une nation, il est vrai que depuis 1995, les Français sont presque les seuls en Europe à ne pas bouger, hormis la manif. pour tous qui n’est pas un printemps français et n’a pu s’organiser en mouvement politique, sui generis, d’un autre ordre… elle demande encore à être analysée, elle se dissoudrait dans un immense élan national consensuel du genre de la Libération ou de l’occupation française à tout restaurer quand l’autorité du général de GAULLE ne fut plus seulement morale, mais instituée par la Constitution de 1958.
Parabole nationale, parabole liturgique, déploiement de la nappe d’autel pour la distribution des saintes espèces, après la vénération de la croix, hier soir… le Christ en linceul. Paradoxal esseulement en fin de liturgie du signe de la présence réelle, quelques lumignons verts éteints, le ciboire moderne et beau, un autel d’encoignure, le grand tableau naïf du voyant de Sainte-Anne ou de quelques saints et pieux paysans, début XVIIème, en chapeau. On s’en occupe, assure notre recteur revenu à sa tenue de ville (clercy-man). Dehors, dans la nuit, le long d’une route qui fait grand’rue pour ce village passage entre golfe et lac… où les terres semblent flotter et où l’eau, à la nudité sinistre se plante de poteaux électriques faisant croire à une inondation passagère, alors que tout est pérenne et silence dès qu’on sort de ce village pour aller au nôtre, ambiance alors à l’énigme policière après quelque crime glauque…
On ne sait plus rien – le Samedi-Saint – sinon qu’il y a un endroit et un temps où tout est mort. Où l’on dépose les morts, où l’on s’en va. Mais il faut rester, au contraire, venir, et revenir, durer. Aujourd’hui, la prière sans texte. J’irai me « confesser » sans avoir la conscience précise de fautes particulières, sinon qu tout « cloche » et que je pourrais – dois être « mieux » pour mes aimées, pour moi-même aussi. Pour Dieu qui attend davantage mon écoute, ma modestie, ma disponibilité. Linceul… voile à tendre au souffle de l’Esprit saint.
Mon livre, dans les circonstances exactes maintenant, en politique, que celles dont partait l’écriture de ma fiction, se joue aujourd’hui. Regardant et voyant - coincidence ? ou apport ? quand on continue de vivre tout en devant écrire… ma partie : une mémoire réfléchie, initialement expérience par le sexe – pulsion et communion – , de la rencontre, avec pour perspective un peu discoureuse et abstraite, l’ aller au spirituel, au politique, au mouvement voulu et non subi, va maintenant trouver sa structure et l’objet de son parcours, dans l’enfant et l’éducation de tout et de tous par la vie. L’enfant refusé naguère, l’enfant obtenu miraculeusement sans que j’ai encore accompli le vœu qui m’avait été inspiré pour le demander, en un brouillard indistinct mais qu’avait appelé l’intervention ablative.


Seigneur, que Votre silence soit notre repère et notre chemin, que Votre mort sans fin soit notre reconnaissance d’humilité, de désespérance, de vide s’il n’y a Vous. Seigneur, que Votre séjour tout humain au tombeau soit l’inventaire, forcé par Votre tendresse et Votre compassion, de nos faiblesses et de notre besoin de Vous. Seigneur, faites-nous attendre en liturgie comme en parousie Votre résurrection, laissez-nous comprendre le vide qui précéda Votre œuvre de création et de rédemption, et qui depuis Votre incarnation n’a jamais cessé et ne cessera jamais d’être habité, illuminé, rempli par Vos promesses et Votre présence. Apprenez-nous à être généreux, dans cette attente, dans ce silence, à Vous servir comme Vous le méritez, à donner sans compter, à combattre sans souci des blessures, à travailler sans chercher le repos, à nous dépenser sans attendre d’autre récompense que celle de savoir que nous faisons Votre sainte volonté, et veuillez bénir, tous ceux, toutes celles, vivants et morts, avec qui, selon nos vies, j’ai dit, grâce à l’éducation et aux amitiés que Vous m’avez prodiguées, cette prière-là. Vibrante de départ pour l’action et que maintenant au soir de ma vie, je dépose en murmure à Vos pieds, assis à côté de Marie-Madeleine. Ils ont percé mes mains et mes pieds, ils ont compté tous mes os… Ô bon et très doux Jésus, prosterné à genoux en Votre présence, je Vous prie et Vous conjure de daigner graver en mon coeur de vifs sentiments de foi, d’espérance et de charité. Donnez-moi plus, emportez-moi, comme Vous êtes et où Vous êtes, aujourd’hui au réel comme en liturgie. Eau du côté du Christ, lave-moi. Passion du Christ, enivre moi. Amen, alleluia.

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