jeudi 16 février 2012

pour vous, qui suis-je ? - textes du jour

Jeudi 16 Février 2012


06 heures 51 + Je m’éveille pour ressentir un intense cafard, une dépression qui ne tient pas à moi, qui ne m’est pas particulière mais dans laquelle je suis immergé. Il me semble que c’est celle de notre pays entier, du monde entier. Ce matin, la nuit encore, le silence, mais il ne fait pas froid, le jour, la lumière, la vie sont latents. Notre époque, le monde n’ont pas en ce moment la magie-réalité (cette magie-réalité dont l’enfant, notre fille, a tant conscience en distinguant bien d’ailleurs ce qui n’existe pas de ce qui existe mais en sachant habiller, vêtir, colorer la réalité, la faire sienne, précisément parce que la magie est souhaitée, le bonheur et l’amour sont des vérités, une constante ambiance, come in utero le liquide amiotique… je suppose). La Grèce a donné – non pas un signal – mais l’exemple, la prophétie de ce que nous allons tous devenir, déchaînés de désespoir, inertes sous des médications stupides. Le cri grec : personne ne veut plus de nous, des pays de la zone euro ne veulent pas de nous… L’anti-accueil, quand à tour de bras et sans maturité, sans doute selon une stratégie qui n’était pas vraiment européenne mais dictée par une Amérique en rechange de lecture du monde et des événelents… nous avons accueilli les revenants de l’Europe centrale de l’Est… Hier, « attendant » le moment télévisé où serait enfin avouée une candidature qui ne fit de doute que pendant les quelques semaines où d’une part il sembla que le président sortant serait éliminé dès le premier tour et où d’autre part il apparut que la majorité, elle aussi sortante, avait enfin un réflexe de lucidité : se chercher un autre champion… je « tombais » sur un autre débat, François BAYROU, détendu quoique jouant un rôle de composition, comme désormais ? ou depuis longtemps, tout politique « sur un plateau » mais le point n’est pas là. Un intervenant évoqua la Pologne, par qui, factuellement, la guerre mondiale commença et par qui aussi – l’élection d’un pape venant de ce pays – commença le dégel soviétique. Les signes sont clairs, autant qu’ils le furent dans les années 1913-1914 ou à partir de Tchernobyl, les signes d’un monde qui change parce que ce qui est mal fichu, ne peut à la longue tenir. Changer pour le terrible, changer pour l’inconnu, changer… irrépressiblement. Mais aujourd’hui, au contraire, rien ne change… tout empire, continue, continue… Cafard que m’a collé l’évidente tristesse d’un homme en impasse, pitoyable, contraint de jouer un rôle, de continuer une vie dont il ne peut plus assumer les conséquences : écran censément en couleur, mais acteur et fond de décor, noir sur noir, noir nuit. Mais tout autant cafardante, ces images du principal concurrent, à Rouen, milieu et paysage que je connais bien… solitude et fausses lumières de la scène, trop grande et déserte, salutations à l’aveugle, éblouissements mutuels de l’artifice de tous… ces salles du Zénith dans chaque ville, celle de la Villette en 2002, celle de Nantes en 2007, la politique-théâtre, jamais en plein air, les foules allant à de GAULLE des années 50 à 70 étaient en plein air, nos papes aussi appellent le rassemblement en plein air. La laideur de François HOLLANDE, à laquelle il ne peut rien, et qui peut devenir lumière dans des conditions et à des conditions que je ne sais pas : de GAULLE entre deux âges ou MITTERRAND jeune, les photos qui enlaidissent, la beauté qui vient de nous et va à l’autre, signe alors que quelque chose passe et que l’acteur et l’applaudisseur ne sont plus qu’un. Cela arrive, je l’ai vécu, au théâtre, en politique, en amour, la banalité qui devient splendeur, la joliesse qui devient médiocre. Cette dépêche : OBAMA fait campagne pour le « made in America », c’est-à-dire que le mondialisme n’est plus révéré qu’en mécanique financière – la contagion stratégique d’un théâtre à l’autre, les trainées de poudre d’un sujet belligène à un pays malade, Syrie, Iran, élection pour la dictature en Russie – mais qu’il n’est plus. Chacun organise et souhaite son protectionnisme. Il n’y a plus que des soubresauts de mourant ou de grand blessé. Il y a le chacun pour soi, la différence de plus en plus grande entre le dire et le fait, la règle et la réalité, mais le droit, la convention, la négociation, le consensus sur le fond… ont disparu. Le cadre est sans toile. … Et à l’assaut ces images mentales qui me viennent, la Syrie et Homs, Dakar et l’acharnement d’un vieillard, d’une famille, ma chère Mauritanie entre sécheresse, dictature, dialogue pourtant entre la misère et l’ingéniosité d’une brutalité mentale. De là-bas, les voix sont plus chaudes et vraies que les nôtres, que la mienne, elles sont nues, elles sont tellement humaines, vivantes, je suis si composé.
Oui ! la soif de bonheur, la capacité de beauté, le cadre de notre planète, le bouquet de nos histoires nationales, les passions amoureuses latentes partout entre hommes, femmes, vieillards, enfants restent cdisponibles, toutes nos forces sont là… mais personne pour susciter, allumer, déclencher. L’exemple grec est celui d’une dépression psychologique collective – a-t-il des précédents mondiaux ? je ne dis pas nationaux : la déprime allemande des années 20. C’est cela notre problème. Nous sommes enfermés et impuissants parce que nous n’avons pas ou nous n’avons plus le terreau secrétant des élites et des militances. Bien à tort – tant j’étais déjà supplicié par la tristesse contagieuse du président-candidat, désormais vêtu et cravaté de noir sur chemise blanche, costume désastreux – je me suis endormi en parcourant deux livres, l’un inattendu, que je pensais érotique et qui est pire que malsain, des textes sans doute vécus sur le sado-masochisme, document littéraire incontestable et exceptionnel, avec en référence l’autorité de Gilles DELEUZE et la préface de Pierre BOURGEADE [1], l’autre acheté dans l’après-midi, que je croyais informatif selon un titre paradoxal [2], l’est sans doute mais poursuit la vengeance d’une mère et d’une fille rendues célèbres par l’anecdote du Sofitel, exemple dramatique de la responsabilité individuelle en politique vis-à-vis de l’ensemble d’une nation : des vies personnellement déréglées collent la scoumoune à tout un peuple. – Solution que j’essaie de faire comprendre et partager, et qui n’a rien de génial : l’Europe en solidarité et en imagination, remède à ce qui a été sciemment gâché par défaut de vigilance des peuples et banalisation des carrières politiques, pas même réglées ni serties comme celles des professions libérales, pas même sanctionnées par les cadres techniques et commerciaux régissant l’entreprise, la production, la vente, le marchéage… solution, créer… la Genèse… solution, chacun à l’ouvrage tout de suite… solution, l’espérance active. Le grand déblayage est à faire en chacun de nous. Pour que tant d’erreurs, tant de noirceur, tant de laideur (je mets à l’égal de la laideur de tant de visages masculins à droite comme à gauche, persistant à se montrer et à sourire, celle des femmes jouant le double jeu de la parité, de l’égalité, du nivellement, de la ressemblance pour le jeu de rpoles dans la polotique ou dans la direction de l’économie ou dans les accaparements de ka scène médiatique en politique, peut-être pas laides mais jouant trop faux, jouant… Valérie PECRESSE, allant comme longtemps Michèle ALLIOT-MARIE, de ministères en portefeuilles, toujours actrice, la femme qui veut plaire sinon plus, la responsable politique et gouvernementale… les salles de presse, les communications, l’amenuisement de tous, candidats, journalistes, écrivains, commentateurs, comme si tous étaient condamnés à refaire et redire scenarii et textes dont chacun sait qu’ils ne vont plus, qu’ils sont décalés, qu’ils n’attirent plus personne. Recroqevillés, les chalands sont ailleurs. Il y a cela tandis que le jour ne se lève pas encore, il y a ces images d’Athènes, il y a ce taux de chômage chez les jeunes Espagnols, il y a cette vieille dame, tombant à la renverse quand son mari pousse la porte derrière laquelle elle était allée et qui conclut sa vie dans une sorte de désabusement déjà dit, un mariage et des enfanst non souhaités mais sans alternative, un vieil homme survivant psychiquement parce qu’il s’est entouré de lambeaux de rpeves si oyrs d’amiurs adolescents jamais consommés mais dont le souvenir l’habite encore et dont la réalité sourd parfois de ses récits, et enfin ma petite fille si aimante, contenant ses larmes au moment où va commencer notre séparation de quelques jours, grands parents là-bas, veille des chiens, de la maison, travail à ce clavier ici. La misère et le sourire de l’homme, l’eau des larmes et leur brillance. Les grandes journées des renaissances tant attendues, les peuples, les gens, les amis, la fratrie d’élection plus encore que de sang, l’étonnement…

07 heures 32 + Prier ainsi, tel que je suis, tel que je ressens…effet des choses, des événements, de l’information, de l’heure qu’il est… [3] belle leçon d’équilibre de mon vieil ami, plus qu’octogénaire, disant la messe hier soir pour le monde et pour nous. Jésus prit l’aveugle par la main… seul épisode où les ceux hommes cheminent ainsi, mais le toucher de la main, la prise e main pour des relevailles est fréquente dans les évangiles, et notamment celui de Marc, le geste de la résurrection… la belle-mère de Pierre… la fille de Jaïre…aussitôt elle se leva. … Tu es le Messie… mais que faut-il entendre ? les Apôtres, Pierre le premier, chacun de nous ce matin, aujourd’hui, scandalisés. Pour la première fois, il leur enseigna qu’il fallait que Le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué… pas nous, lui. La souffrance, le mal, l’horreur, Dieu les prend à son compte, les « ardoises » – dont il est tant question ces semaines-ci, les bilans désastreux – tout cela insupportable nous est enlevé. Le gâchis, nous en sommes débarrassés. Nécessité ? il fallait que… non ! logique de l’amour, logique de la rédemption, logique de la création, logique de Dieu, logique de l’incarnation et de l’épousaille de Dieu avec l’homme. Pierre, l’Eglise, nous… Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. … Passe derrière moi, Satan. Déblaiement et vigilance en conséquence, pastorale de Jacques : quand vous marquez des différences entre les personnes, vous commettez un péché et cette Loi vous dénonce comme coupables… la loi du Royaume, celle qui est dans l’Ecriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. … Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde ? … Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage. Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoissses. [4] Prions, travaillons, reposons-nous… notre confiance et notre espérance qui ne posent alors plus qu’une question, celle que nous croyons inspirée du monde et de sa misère, la misère que nous infligeons au monde et à autrui, celle en réalité que Dieu nous pose : chemin faisant, il les interrogeait : « Pour les gens, qui suis-je ? » … « Et vous, que dites-vous ? pour vous qui suis-je ? » Un de mes amis d’enfance, retrouvé il y a seulement quelques années, Jésuite et ordonné il y a longtemps, marié et père de famille, compagnon du Père Joseph pour le Quart-Monde… a su poser la question aux plus précaires et dépourvus dont il s’ « occupe » à longueur de vie, habitant parmi eux avec femme et enfants. Les réponses, au cours d’un rassemblement discret avec de grands témoins d’humanité, de religion, de philosophie, témoins qui écoutaient et questionnaient mais n’exposaient rien, les réponses sont admirables, remarquables… les nôtres sont convenues, petites… Réponses que mon ami ne m’a pas récitées, qu’il me communiquera peut-être comme à d’autres, mais il en était, sans verbiage ni paternalisme, sidéré. La vérité et le cœur de l’homme – l’une et l’autre dépouillés – vont ensemble. Amen.
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[1] - Annick FOUCAULT, Françoise Maîtresse ( Digraphe . Avril 1994 . 185 pages) acheté au Printempsle grand magasin, à sa parution, alors que je devais n’être que de passage puisqu’ambassadeur résidant au Kazakhstan : je ne l’avais pas ouvert…

[2] - Anne MANSOURET, Chroniqued ‘une victoire avortée (éd. Jean-Claude Gawsewitch . Janvier 2012 . 178 pages)

[3] - lettre de Jacques II 1 à 9 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Marc VIII 27 à 33

[4] - Mieux que n’importe quel commentaire, le midrach suivant, tiré du choh’er tov, fait ressortir le sens profond de psaume : il est écrit dans l’Ecclésiaste (3.11) « il a fait tout, excellemment, en son temps « ; tout, signifie que tout ce que Dieu a fait est bien, comme le psalmiste le dit par ailleurs (psaume AO4.24) « … Toutes les œuvres sont faites avec sagesse ». A ce propos, David dit à Dieu : quel profit peut tirer le monde de la folie : les fous sont objet de railleries ; cela te plaît-il ? Dieu lui répondit : tu cririques la folie ; et bien, viendra le moment où tu en auras besoin ! Quand David, poursuivi par Saül, se réfugia chez les Philistins, la famille de Goliat voulut le tuer. David implora Dieu qui lui demanda ce qu’il souhaitait. David lui dit : donne-moi de cette folie que tu as créée. Dieu lui rétorqua : ne l’avais-tu pas dénigrée ? Mais je vais quand même te l’accorder. David simula alors la folie ; il se mit à écrire sur les murs que le roi Akhich de Philistie lui devait de l’argent, ainsi que son épouse et sa fille. Ces dernières perdirent tout à coup la raison. Quand on emmena David auprès du roi pour le faire tuer, Akhich s’exclama : n’y a-t-il pas assez de fous dans mon palais pour que vous y ajoutiez celui-ci ? David fut alors « chassé et s’en alla » (verset 1) ; il composa alors ce poème alphabétique qui commence par « je veux bénir l’Eternel en tout instant » = pour tous les instants de sagesse et les instants de folie. Comme pour tous les psaumes, cette louange de Dieu reste malgré tout assez générale pour être prononcée par un individu ou par tout Israël après avoir échappé à un danger quelconque. Les mots-clés employés sont, à cet égard, on ne peut plus significatifs : « je recherche Dieu », « ceux qui recherchent Dieu », « il me délivre de toutes mes angoissses », « de tous leurs malheurs, il les délivre », etc… Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. – Ce que rapporte Claude Brahimi, ajout de la tradition juive ou inspiration libre des livres sur David : ceux de Samuel et des Rois, si je ne me trompe… est étonnant d’adéquation à ce que notre époque, notre monde sont en train de vivre. Nous ne nous en tirerons pas logiquement, mais tout autrement…

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