jeudi 9 février 2012

c'était, pour eux, un piège - textes du jour

Jeudi 9 Février 2012


Prier… [1] Jésus était entré dans une maison et il voulait que personne ne sache qu’il était là ; mais il ne réussit pas à se cacher. Dieu fait homme, que tant d’époques ne parviennent pas à localiser, à situer, à voir et à entendre est repéré par une étrangère. Deux sortes de miracle, ceux pour compte de tiers et ceux à la demande et selon la confiance d’un interlocuteur face-à-face. Le Christ est séduit par la dialectique de la Cananéenne, la foi rend suprêmement intelligent, et ingénieux. Puissance alors de l’homme à son paroxysme. Il en est de toite psychologie relationnelle : la confiance opère plus que la contrainte ou des attitudes calculées, fausses. Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. – C’est vrai, Seigneur, mais petits chiens, sous la table, mangent les miettes des petits enfants. – A cause de cette parole, va : le démon est sorti de ta fille. La constatation va de soi, la mère de famille n’a pas discuté ni douté, elle est repartie. Confiante. Salomon comblé par Yahvé, d’attitude et de prière si droite à son avènement ou lors de la consécration du Temple, ne lui obéit pas aussi parfaitement que son père David. Polythéisme, polygamie, dispersion fatale, il en est de même pour son royaume. Dieu consolait David par la promesse de pérennité de son trône, il punit Salomon par une promesse empoisonnant le reste de ses jours. Je vais t’enlever le royaume et le donner à l’un de ses serviteurs… c’est de la main de ton fils que j’enlèverai le royaume… Mais détail de l’itinéraire sinueux de la Rédemption, analogue à ce détournement partiel du festin d’Israël en faveur des païens : je laisserai une tribu à ton fils, à cause de mon serviteur David et de Jérusalem, la ville que j‘ai choisie. Tour à tour, la table ou les miettes d’en-dessous…eAvec nos pères, nous avons péché, nous avons failli et renié. Ils allaient se mêler aux païens, ils apprenaient leur manière d’agir. Alors ils ont servi leurs idoles, et pour eux c’était un piège : ils offraient leurs fils et leurs filles en sacrifice aux démons. Je suis convaincu de la solidarité entre générations pour la gestion d’un pays, pour l’entente et le progrès d’un ensemble de peuples : Hitler ou le dévoiement économique et social dont nous payons aujourd’hui, en fond d’impasse et en panne totale d’imagination d’un retour aux sources humaines, un prix qui commence seulement d’être exposé. Les années 30 de nos parents ont enfanté la guerre et la shoah. Les années 60 de ma jeunesse, optimistes sinon triomphantes, ont produit la dramatique et inefficace substitution de la rentabilité à la solidarité dont nos pères avaient compris, à quel prix, la nécessité. Solidarité entre contemporains, mais solidarité avec nos ancêtres. La vérité de cet enseignement, a priori choquant, du péché originel que nous portons à notre tour dès notre conception, est là : solidarité dans l'erreur et l’orgueil, solidarité (dans le Christ) pour nous en sortir, en être tirés. [2]


[1] - 1er Rois XI 4 à 13 ; psaume CVI ; évangile selon saint Marc VII 24 à 30

[2] - Ce psaume long de 48 versets est une manière de réécrire l’histoire du peuple sous l’angle de la conscience morale et du repenti. En guise, d’ouverture, le psalmiste glirifie Dieu auteur d’explits et de prodiges si nombreux qu’il est impossible de les conter tous. Heureux donc celui qui se conduit selon la loi et fait le bien à chaque instant. L’auteur se met en avant et supplie Dieu de se souvenir de lui en même temps que son peuple (verset 4, utilisé dans les prières de Roch hachana et Kippour) et de lui permettre de contempler le bonheur de ses élus. Il s’agit là, en réalité, d’une introduction à une demande de pardon. Or, pour obtenir le pardon, il faut auparavant reconnaître sess fautes. C’est ce que fait le psalmiste à partir du verset 6, qui constitue la formule introductive à toute confession : h’tanou léfanékha… En Egypte, nos ancêtres n’ont pas pris conscience des miracles ; près de la mer Rouge, ils se sont rebellés contre Dieu.. Certes, après avoir été délivrés de leurs ennemis Egyptiens, ils crurent en ses paroles et chantèrent ses louanges, mais ils oublièrent vite ce miracle et ils réclamèrent de la viande. Puis il y eut la révolte de Qorah’, l’adoration du Veau d’or, les Explorateurs, Baal Pé’or. D’autres fautes encore sont mentionnées, dont la plus grave est celle d’avoir offert des enfants en sacrifice aux démons (versets 37-38). Dieu châtie alors son peuple avant de le prendre en pitié et de le délivrer. Le psaume se termine par une prière qui a été reprise dans notre liturgie et clôture le 4ème livre du psautier. Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. – Nos frères juifs nous apprennent le péché, sa pédagogie, comment le repérer, comment en demander le pardon et la guérison. Les chrétiens, à tort moins sensibles au message de Dieu et à sa pédagogie selon l’histoire collective, elle-même parabole de chacun de nos itinétaires, peuvent – en cela – beaucoup apprendre de ces décisifs ancêtres de notre foi. Une bonne part des discussions et des miracles-rencontres du Christ porte d’ailleurs sur le péché, sa nature, l’attitude du cœur plus que sur la matérialité de nos fautes.

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