vendredi 17 février 2012

ils ne virent plus que Jésus seul avec eux - textes du jour

Samedi 18 Février 2012

06 heures 40 + J’ai cru m’éveiller vers cinq heures et demi… peut-être. Lever pour constater que six heures et demi approchait. Mon idée d’hier soir ne me quitte ni ne m’obsède, simplement et posément voir si la réalisation est possible, sans rien changer de ce programe de travail permis par l’absence de mes aimées. Expérience encore une fois mais si nette hier soir de ce qu’au-delà de la foi, de l’espérance et de la charité, il y a ce consentement raisonnable et serein qu’il nous est donné de formuler à la proposition d’un événement – en l’occurrence minuscule, dérangeant et inattendu : un tiers introduit depuis la messe du soir dans le dîner convenu chez mon cher Denis M. à la suite de la liturgie. Tiers étonnant puisque s’avouant psychopathe et suivi quotidiennement en hôpital spécialisé que je connais et qui est cafardant, mortuaire au possible, l’homme de dix ans mon cadet, vie handicapée, célibat forcé après une enfance et une adolescence qu’il dit avoir été dissolues comme pour expliquer une soudaine catastrophe intime lui ayant fait renoncer à des études supérieures de commerce déjà entamées sans difficulté… semble heureux et l’est probablement. Une liberté intérieure. Libre chaque après-midi, résidant à Vannes, pointant donc tous les matins, entretiens psychothérapeutiques, travaux manuels et sports, poli et tranquille. Des difficultés d’élocution, une présence étrange. Et c’est cette présence – humaine, avariée, pas insidieuse – quia cristallisé quelque chose dans ce que j’amassais ces derniers temps de révolte et de pitié pour notre pays, et pour tant de vies. Je me suis dit, au lieu de laisser mon ami simplement changer de commensal, puisqu’ici j’avais et j’ai du travail, tant d’écriture et tant de rangements et mises en ordre aussi – point chronique et sursaut pour que l’aplomb de la maison et l’accueil de mes aimées se fassent bien – que je pouvais me laisser aller, que peut-être ce serait une bonne action envers ce semi-inconnu, disant m’avoir déjà vu à la messe où nous allions en trinité quand avant sa retraite Denis M. y célébrait comme recteur dessservant, une bonne action envers ce dernier qui l’y conviait. Je me suis laissé faire. La foi n’est pas pour moi une adhésion à un corpus, mais la constatation que Dieu organise et accompagne nos vies, qu’Il peut nous donner même la grâce de lire notre vie selon sa providence, même si apparemment tout est raté, médiocre, reste à faire. Accompagnement, et espérance de l’aveugle pris par la main et qui verra. Ce qu’il n’a jamais vu et avait peu imaginé… Prier pour cet inconnu, prier pour tous ceux qui se rencontrent ou se rencontreront… et c’est aujourd’hui une double évocation, les apparitions de Lourdes et le récit de la Transfiguration [1], des anticipations, une percée de la réalité en totalité dans les nuages et fragments de cette réalité quotidienne que nos sens infirmes perçoivent maladroitement. J’écris mal et bafouille… que ceux avec qui, en pensée, je partage ce moment et ce mouvement sachent surtout qu’à leur manière et tels qu’ils sont, comme tel que je suis, ils peuvent rencontrer et éprouver cette simplicité immédiate de Dieu nous accompagnant, nous guidant instant par instant, nous pouvons lâcher le volant, marcher, abandonner nos repères et nos préalables. Tout sera mieux, plus facile, tout nous correspondra, nous serons – enfin – à la hauteur ou au niveau, simplement dans les pas que Dieu nous…


J’avais été frappé par la conclusion de la messe, hier soir : Que la grâce de cette communion, Seigneur, saisisse nos esprits et nos corps, afin que son influence, et non pas notre sentiment, domine toujours en nous. Je n’ai pas le temps ce matin d’interroger Thomas d’AQUIN sur son commentaire du psaume proposé en fragments aujourd’hui. J’y viendrai plus tard. La mise en regard du texte, de ses traductions diverses et de ce qu’un rabbin de maintenant [2]et un docteur de l’Eglise médiévale à son apogée en retirent, tandis qu’âme et esprit du simple que je suis reçoit au premier degré, applique à tâtons et surtout se sent reçu. Hier soir, à mes deux commensaux, j’ai surtout dit cet optimisme qui ne me quitte jamais, même et surtout en pleine dépression, au fond de la tristesse que le gâchis du monde et mes inconsistances m’infligent. Seigneur, au secours ! Il n’y a plus de fidèle ! La loyauté a disparu chez les hommes. Entre eux la parole est mensonge, cœur double, lèvres menteuses. Vrai et faux : il y a latente une telle authenticiét chez nos contemporains, il y a de telles soifs, démunis mais loyaux, attendant, voulant… Les paroles du Seigneur sont des paroles pures, argent passé au feu, affiné sept fois. Toi, Seigneur, tu tiens parole, tu nous gardes pour toujours cette engeance. Tu fais mieux : tu l’atteins, la transforme, la rend à elle-même. Transfiguration à laquelle, tous, nous sommes appelés. Obsession de saint Jacques, ou épreuve vécue : mise en garde trop forte ? Les humains sont arrivés à dompter et à domestiquer toutes les espèces de bêtes et d’oiseaux, de reptiles et de poissons ; mais la langue, aucun homme n’est arrivé à la dompter, vraie peste toujours en mouvement, remplie d’un venin mortel et qui ne nous fait pas nous comprendre les uns les autres : Babel. Voyez encore : une toute petite flamme peut mettre le feu à une grande forêt. Contagion pour le pire, mais possible contagion, aussi, surtout, pour la meilleur. Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. … Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. En descendant de la montagne, Jésus leur défendait de raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Et ils restèrent fermement attachés à cette consigne, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ». Ils l’interrogeaient, questions absurdes, d’époque, enserrement de nos esprits dans notre temps et dans notre condition. Les Apôtres ont bien senti que le nœud de tout était la prière, ils en demandèrent la manière et l’emploi au Christ, mais ne le surent et e s’y adonnèrent qu’ensuite : ce fut alors la Pentecôte. Une toute petite flamme. L’enfant, l’âme, l’espérance, la prière. Une vie de prière ? oui mais autrement qu’en temps passé et en corps, esprit crispés. La vie ! par les moments, brefs et hors de toute chronologie et mesure, où Dieu nous effleure de son invitation, de sa présence donnée.

07 heures 37 + Juste les premiers chants d'oiseaux et le ciel passe de l'absence noire à un début de présence, cela commence par une habitation de l'obsurité se gonflant lentement de ce qui ne s'appelle pas encore la lumière. Cet oiseau, détaché du premier groupe des répons et chanteurs, épèle tranquillement cette action de grâce ou peut-être et plus simplement encore, il dit au jour à venir et maintenant, qu’il est là, présent, vivant, de nouveau.


[1] - lettre de Jacques III 1 à 10 ; psaume XII ; évangile selon saint Marc IX 2 à 13

[2] - Il est difficile de rester pur dans une société dépravée, corrompue, où se font rares les individus dignes de confiance, honnêtes et loyaux, où règne la loi des plus forts, des plus malins, des plus rusés, rompus au double langage comme s’ils avaient deux cœurs, persuadés que leur dextérité verbale leur confèrera la suprématie et que Dieu lui-même n’y peut rien rien (verset 5). Mais contre cette génération corrompue par le déétournement de la vocation du langage, l’arme la plus efficace est la parole divine (verset 7) dont la pureté absolue a le pouvoir de protéger ceux qui sont pris au piège (verset 6) des paroles doucereuses des flatteurs. Récité à chemin ‘atséret le huitième jour de souccot, en raison de son titre, … ‘al hacheminit = sur l’octave, mas aussi paarce que ce dernier pèlerinage de l’année effectué à Jérsualem, le peuple va retourner dans le monde tous les jours où il devra s’affronter à l’injustice, la corruption, la tromperie… Il est bon auparavant de croire que les forces du bien, la pureté de la parole divine finissent toujours par l’emporter. Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. – Adéquation saisissante avec ce que nous vivons en campagne électorale. Transposition des remèdes, évidemment pas possible pour une société déchristianisée… mais peut-être cet état zéro de la foi collective peut mener à autre chose qu’aux superstitions et aux totalitarismes récurrents, dont d’autres époques, nominalement religieuses, n’ont pas été préservées, au contraire… autre chose d’équilibré et proche de la vie intérieure, chacun concourant à tout, au lieu d’être façoné et dominé, meurtri par tout….

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