jeudi 29 décembre 2011

l'Esprit Saint était sur lui - textes du jour

Vendredi 30 Décembre 2011


Hier

11 heures + Si j’avais à dire ou à écrire « ma vie spirituelle », je dirai qu’elle est vie relationnelle à Dieu, car tout le reste des mouvements du cœur ou de l’esprit prête au roman, au poème, au travail intellectuel mais tâtonne. Orientée et axée ainsi – mystérieusement, inexplicablement si ce doit être autrement que par les Ecritures et l’initiative de Dieu, motivée uniquement par Lui-même – c’est une vie objective, ailleurs que dans le narcissisme ou la mémoire ou le fantasme. Quant à cette relation qui m’échappe si je veux la définir ou l’expliciter, mais qui est présente, structurante si je me rends seulement à elle, à sa vérité, je dirai tout simplement que toute mavie – jusqu’à présent – j’ai reçu la certitude à la fois des sens spirituels et de tous autres chemins de perception humaine d’être constamment accompagné, secouru même quand j’étais en pleine dépression, au fond de l’échec, de la souffrance morale, voire physique, échecs professionnels, drames amoureux, et toutes incertitudes. A partir de là, pas du tout unbe apologétique mais une réponse que je dois donner : aimer Dieu et L’entendre, pour moi, pour les miens, pour le monde et quotidiennement pour travailler, ne pas être fou et être, pour les miens et tous tiers, davantage supportable, utile, voire agréable.

22 heures 41 + La crèche vivante à Sainte-Anne d’Auray. Quelques paroisses alentour, depuis teize ans. Cette année, plus de dix-mille spectateurs en pas dix jours. La queue sous tente est calme, le silence est religieux c’est le cas de l’écrire dans la salle dite Jean Paul II où j’ai participé il y a quinze ans à une journée de rencontre pour célibétaires de vingt-cinq à quarante ans, j’en avais déjà plus de cinquante, j’avais le cœur à vif, et les itinéraires blessants, sans compter ma disgrâce professionnelle et les commencements sentis de ma gêne financière. Un animateur – prêtre diocésain – diagnostiqua pendant que nous rangions les tables après la synthèse en fin d’après-midi des divers « ateliers », j’avais été désigné pour rapporter les propos d’un des groupes et rédigeai ensuite une note pour l’évêque sur la pastorale des célibataires… que j’avais passé l’âge de rencontrer qui que ce soit en vue du mariage. Deux des jeunes participantes que j’accompagnais, sans projet de ma part mais très amicalement pendant quelques mois, se sont mariées et cela a été un fiasco, avec cependant un enfant. Comme prisonnières d’un maléfice, elles sont entourées d’un silence que je sens pas de leur fait. Rencontrant l’une d’elles par hasard, j’ai appris le désastre mais le bonheur, au moins, d’être mère. – Autre réminiscence, des pélerinages-pique-nique et bannières, « grand pardon » et défilé des coiffes, chaperaux ronds et binious, dans mon enfance du tout début des années 1950, trois générations de ma famille depuis La Baule ou même Bellevue dans la presqu’île de Séné.


Maintenant, c’est peu de paroles, simples. Des tableaux vivants d’une présentation de vie quotidienne à l’Annonciation, au songe de Joseph, à la Visitation, à l’édit de César Auguste, et ainsi de suite tandis que les deux agnelets têtent en frétillant frénétiquement de leur petite queue molle, que la vache se hausse de temps à autre avec la brebis pour mieux voir et que l’âne, sans doute du Poitou selon son poil, est évidemment touchant. Marguerite sur mes genoux. Nous retenons, elle : les animaux, et l’enfant nouveau-né très emmailloté, et si bien donné qu’elle le croit vivant, même en étant allée le voir après la conclusion, et moi, cette intense tranquiillité des mouvements d’ensemble et le hiératisme de la fiancée, de la visiteuse, de la parturiante. Regarder sans détailler et se laisser aller, c’est probablement l’un des seuils de notre propre présentation au Temple…


La beauté… la jeune fille « jouant » la Vierge Marie, quelconque, le nez trop long à l’entrée en « scène », et peu à peu le fil de l’histoire, un très ingénieux et pieux changement – en même temps que très progrssif – de son vêtement, une lumière intérieure calmant et adoucissant le visage jusqu’à l’essentiel qui n’était plus trait mais vérité d’un volume seulement attentif… la jeune fille était devenue belle et le simulacre de nouveau-né la faisait rayonner plus que tranquillement. Hier, cette autre jeune fille dont je n’ai pas même remarqué ou chercher à savoir si elle était bien faite, quoiqu’en maillot de bain, la piscine encore avec notre fille, mais ses yeux d’abord pour elle-même puis en dialogue aux côtés de son petit frère, d’un jeune beau-frère et de leur mère à tous trois, famille recomposée et sans que l’un ou l’autre des géniteurs soit encore au foyer : texte lamentable, mais question de la jeune fille, je vous ai déjà vu… c’est elle qui a trouvé, petit « boulot » d’été à servir à la boulangerie où sa grâce il y a trois ans m’avait émerveillé et je l’en avais félicité. Elle en avait été alors gênée, mais dans le dialogue de maintenant, elle en était, rétrospectivement, très heureuse : elle avait retenu ce qui était plus qu’un compliment, sans doute une preuve d’existence dans le regard, l’estime d’un autre. Grâce que la beauté féminine m’amène à la joie de l’action de grâces et non plus à l’angoisse de la « conquête ». Le regard intérieur qui regarde. La couleur et la brillance, si proches d'une eau sur fond de verdure... les deux soleils noirs sur pierre-prunelle bleu-vert... une expression de soi tellement belle que ce n'était plus naguère ou hier celle d'une jeune fille, mais un univers, l'univers. D'avant et d'après le temps. Peut-être la prière telle qu'elle peut arriver à Dieu.


Pour tromper l’attente, nous étions allés dans la basilique, elle est priante parce que populeuse, bruissante parce qu’on s’y rencontre. Une crèche, ici simplement votive, a été intelligemment dotée d’une petite bâtisse voisine, semi-vide sauf des simulacres de cadeaux et l’on en fait le tour avant de trouver la grotte, ses statuettes, sa troupe et l’enfant central. Marguerite, comme à son habitude, a le tropisme des bougies et petites lampes, elle ne s’arrête pas au tarif des neuvaines, ne m’interroge que sur le préposé à l’entretien des flammes. Sur l’autoroute, comme je lui rappelais que la prière peut n’être qu’un mot semi-murmuré, Jésus je vous aime et que nous admirions un éclat aveuglant du soleil à ne plus distinguer son globe entre un plafond lourd de nuages noirs et un horizon précédé d’un laiteux tranquille, elle m’avait défini si exactement le rôle du prêtre dans ce qu’elle vit et que nous vivons, que je m’étais écrié d’admiration et qu’elle m’avait répondu être assurée que ce qu’elle disait était juste, quoique ou parce que venant de son fonds propre. Le livre d’or sous le grand portrait de Jean Paul II. J’y écris ma reconnaissance pour l’entretien de Février 1995, inoubliable tête-à-tête pas seulement par le fait mais tant le pontife fut fin, humoristique, vif de répartie, homme d’Etat attentif avant la messe privée du lendemain, où seul laîc je rencontrait l’humble curé de campagne, homme d’action de grâce, de préparation à la liturgie, tranquille. Ma fille continue, spontanément : que Jésu soit avec toi et te déni… m’aime si je te tais pas mi de bougie, je t’aime canmaime. J’ai eu le tort ensuite d’écrire la « traduction ». Je lui ai simplement dit de qui il s’agit, et elle l’a nommé tout à l’heure dans sa prière du lit…

Ce matin

07 heures 35 + Prier… la nuit encore étoilée, le Seigneur fait les cieux : devant lui, splendeur et majesté, dans son sanctuaire, puissance et beauté, c’était le psaume d’hier… Aujourd’hui est simplement relationnel, fête de la Sainte Famille. Relation = souvenir… rien que des paroles de la veille ou celles avouant une vie, récit hier soir au téléphone, à nouveau, du mariage en 2000 d’Ousmane 22 ans et de Mouna 17 ans, de la mort maintenant à la veille juste d’un Noël que le familier de mon moine, quoique demeuré musulman, devait célébrer avec celui-ci, comme je le fis en 2002, l’oratoire décoré à la maure, un disque de Solesmes et dehors le sable rouge et deux chiens du désert (Zozo et sa mère +), abattus par le propriétaire des lieux quand ceux-ci leur furent rendus pour cause de départ en France. Il s’est toujours souvenu de son alliance… [1]souvenez-vous des merveilles qu’il a faites… oui, survivre au chagrin, au malheur, à la défaite… joie pour les cœurs qui cherchent Dieu… nous mettre les uns les autres sur cette trajectoire. Syméon vint au Temple. Les parents y entraient avec l’enfant Jésus pour accomplir les rites de la Loi qui le concernaient. Syméon prit l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu. Nunc dimittis de mon enfance, de toute enfance parce qu’elle ne connaît de la vieillesse que sa force, celle des structures familiales. Lumen ad revelationem gentium…. La prophétesse Anne ne prend pas Jésus dans ses bras, elle tourne autour, elle s’adresse à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem, soit l’univers entier de l’époque. Syméon, lui, est dans le cercle apparemment restreint mais décisif : Dieu, la Vierge Marie. Ô Maître, tu peux laisser aller ton serviteur dans la paix, selon ta parole… Syméon les bénit puis il dit à Marie… la genèse de tout : Abraham eut foi dans le Seigneur et le Seighneur estima qu’il était juste. Le Seigneur intervint en faveur de Sara, comme il l’avait annoncé ; il agit pour elle comme il l’avait dit. Elle devint enceinte et elle enfanta un fils pour Abraham dans sa vieillesse, à la date que Dieu avait fixée. C’est aussi ce qu’il nous est arrivé [2].


[1] - Ce texte pourrait être classé parmi les psaumes historiques et il faudrait même considérer les six premiers versets comme une introduction à ce remarquable raccourci de l’histoire d’IsraPel ; car ils invitent le lecteur à louer Dieu et à « publier ses hauts-faits et ses prodiges auprès des nations », étant entendu que l’histoire d’Israël n’est rien d’autre qu’une succession de miracles. En outre, cette histoire remonte à « Abraham son serviteur, aux fils de Jacob, ses élus », auxquels il avait promis de donner la terre de Canaan en héritage. Et on sait par tradition que ce serment a été renouvelé auprès de chacun des trois patriarches. Les versets 1 à 15, ont été repris dans la liturgie de tous les matins en guise de préambule aux pessouqé dézimra. Ils se retrouvent dans le livre des Chroniques, chapitre 16, avec quelques variantes. Le psalmiste suit la chronologie de la Genèse. A la suite d’une famine, Joseph, vendu comme esclave en Egypte, en devient le maître. Jacob et sa famille descendent en Egypte où ils sransforment en peuple nombreux et puissant. Après une dure servitude, Moïse et Aaron sont envoyés par Dieu pour provoquer les dix plaies et délivrer le peuple. Le séjour dans le désert est marqué par les colonnes de nuées et de feu protectrices, par l’épisode des cailles, la manne et l’eau du rocher. Israël rentre dans la terre promise avec pour mission d’observer les commandements de la Tora. Et le psaume se termine comme il avait commencé : Halelouya ! Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. Rien, mieux que ce commentaire, montre la différence d’attitude pour écrire et vivre l’histoire spirituelle de l’humanité entre juifs et chrétiens. La geste d’Israël, pour le chrétien, est la parabole, très factuelle et d’autant plus significative qu’elle est factuelle, historicisante, de l’histoire universelle, de l’histoire de l’humanité, créée et choisie. Israël n’est pas pour lui mais pour toute l’humanité. L’Eglise n’est pas pour ses « fidèles » mais elle est l’image de toute l’humanité. Ouverture ou repliement ? nous nous retrouvons cependant dans le recueillement, où nous accueillent aussi les musulmans, méditant la même histoire et dans un sens proche de celui qu’y attachent les chrétiens.

[2] - Genèse XV 1 à 6 & XXI 1 à 3 ; psaume CV ; évangile selon saint Luc II 22 à 40

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