dimanche 18 décembre 2011

que tout se passe pour moi selon ta parole - textes du jour

Dimanche 18 Décembre 2011


08 heures 18 + Je me débats dans une perplexité qui n’est pas qu’intellectuelle. La réaction si modique du prêtre – hier après-midi à mon aveu en demande du sacrement – et la pénitence encore plus modique… test de foi. Dieu me parle et agit par les sacrements qu’Il nous a légués. Pourtant l’énormité de ma faute, bien plus présente maintenant, et depuis le sacrement encore davantage, qu’il y a quelques années et bien sûr qu’au moment où je l’ai commise, sans repères que moi-même et dans la plus grande lâcheté, solitude de chacun. Parabole de ma vie, histoire de Naaman, Dieu prescrit le plus simple. La foi est décisive, décisionnelle. Chacun des sacrements est un appel à la foi. Le christianisme, spécialement le catholicisme et l’ortohoxie, introduisent dans l’humain cet élément étonnant et concret : un signe efficace et particulier à chaque sacrement.

Je reporte un peu ma méditation-lecture du matin. Cet article à terminer au plus vite, mais je suis imprégné par cette grâce me faisant approfondir et aller à Dieu par un chemin que je ne soupçonnais pas hier en début d’après-midi : ma foi et ma vie face à face, interrogées chacun par le sacrement dit du pardon ou de la réconciliation. Avec Dieu ? bien plus encore : avec moi-même, et peut-être autrui, que j’ai tant blessée et déçue. Que de personnes, dont moi-même, pour lesquelles prier depuis cet après-midi d’hier, introduite par le partage avec mon jeune moine de nos moments respectifs en début de semaine. L’unité tient à Dieu, nous sommes épars, cruels, lâches.

12 heures 59
+ Un des éléments de l’examen de conscience proposé par son livret ad hoc à notre fille : qu’est-ce que je fais de mes talents ? Inventaire de soi comme une proposition de mission, ce qui précise bien davantage qu’un projet de parcours ou qu’une ambition. J’ai été tellement dépassé ces derniers vingt ans (espérance que je nourris d’en avoir encore autant et un peu plus devant moi) dans tous mes projets et tellement désavoué dans ce dont je me croyais gros ou capable, et ces derniers mois et semaines tellement démenti dans le calendrier d’écriture de mes chantiers, sans compter mes devoirs envers notre propriété et mes aimées (rien que de construire la cabane souhaitée par notre fille) que je plonge : même pour le plus profane d’apparence, ce que je veux écrire et que je crois devoir écrire, je m’en remets à Dieu, y compris dans ces velléités et ces saillies soudaines d’idées pour des essais de fictionnou des romans, tellement vives qu’il me semble que le livre s’écrit dans ma tête, que je devrais simplement transcrire la dictée, puis l’heure, la grâce passent sans mémoire. Même pour les sujets, m’en remettre à Dieu. Rien n’échappe à la « compétence » divine, tout est de Lui, tout vient à Lui, le cantique ou à peu près a une intuition juste.


Le discernement humain, même d’un saint et d’un prophète comme Nathan [1]. Dialogue entre le roi, béni de Dieu, et son conseiller en politique et en esprit. Regarde ! J’habite dans une maison de cèdre, et l’arche de Dieu habite sous la tente ! – Tout ce que tu as l’intention de faire, fais-le, car le Seigneur avec toi . Fort bien, mais c’est raté. Cette nuit-là, la parole du Seigneur fut adressée à Nathan : « Va dire à mon serviteur David… Est-ce toi qui me bâtiras une maison pour que j’y habite ? … Le Seigneur te fait savoir qu’il te fera lui-même une maison… je te donnerai un successeur dans ta descendance, qui sera né de toi et je rendrai stable sa royauté… Ta maison et ta royauté subsisterint toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours. Le fond du souhait, la disponbibilité du serviteur qu’est David, que je suis, que sont toutes femmes et tous hommes, tout enfant, tout vieillard sont agréés, sont légitimes. Bonne idée, mais étriquée… comme souvent – dans la Bible – mais dans notre vie aussi, Dieu joue sur les mots. Il donne aussi « à côté ». Salomon est prédit autant que le Messie, et donc aussi bien l’adultère avec la femme d’Ourrias que « l’annonce faite à Marie ». Le psaume [2] est « louis-quatorzien : j’en ferai mon fils aîné, le plus grand des rois de la terre ! Sa Majesté très chrétienne, la fille aînée de l’Eglise. Celui en qui me fier, Celui à écouter, suivre pas à pas, minute par minute, parlant dans ma langue, celle du cœur, de mes projets et de ma mémoire, parlant par qui vit avec moi, par qui je rencontre, par mon époque, notre époque, nos questions civiques, sociales, esthétiques, morales. Dieu parlant par présentation, mais parfois tellement « en clair », Dieu qui le pouvoir de vous rendre forts conformément à l’Evangile. Annonce… Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père (toute la place de Joseph est là). Marie questionne à partir d’elle-même et de vœux, décisions secret qui sont les siens, à partir de sa relation avec Jospeh son fiancé, à qui elle est accordée en mariage… Question de jeune fille : comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? Ce n’est pas le sens souvent entendu : puisque je garde la virginité [3], mais : comment cela se fera-t-il puisque je ne connais pas d’homme. Or, la question n’est pas là, elle est secondaire. La vraie question est la destinée de ce fils. Bien plus étonnants l’identité et le rôle de ce fils que la manière dont il va être conçu, laquelle n’est pourtant déjà pas banale. Marie n’accepte pas, ne débat pas, n’entretient aucun suspense. Elle est aussi libre que comblée de grâce. Problème de la prédestination, de la grâce plus forte que la liberté… la prière le résoud, la psychologie et l’expérience aussi, nous sommes nous-mêmes à tellement de degrés de conscience, de volonté, d’identité. Marie est rassemblée, c’est une personnalité unifiée en profondeur, en comportement : elle l’est fondamentalement parce qu’elle a été concçue sans péché. Dogme et évidence. Voici la servante du Seigneur, c’est son unité, sa façon de vivre. Que tout se passe pour moi selon ta parole. Sans doute la conception, mais tout autant le destin de ce fils… elle assume également son rôle, que tout se passe pour moi… qu’il m’advienne… Instrumentalisée ? non ! décisive.


[1] - 2ème Samuel VII 1 à 16 passim ; psaume LXXXIX ; Paul aux Romains XVI 25 à 27 ; évangile selon saint Luc I 26 à 38

[2] - Ce psaume est un hymne à la toute puissance divine qui s’est illustrée par le choix de David comme roi d’Israël et par la création du monde fondée sur la justice. Avec David, Dieu a scellé une alliance indestructible, pour lui et ses descendants. Le soutien de Dieu est permanent ; le psalmiste lui consacre les versets 21 à 38. En tant que créateur du monde, il le gouverne avec majesté, châtiant les impies, tels que l’Egypte, nommée ici …, du nom de l’ange protecteur du pays. Et tout naturellement, cette création lui rend hommage : « le Tabor et le H’ermon chantent ton nom » (verset 14). A partir du verset 39 le ton change, car la dynastie davidique a été brutalement interrompue par la destruction du Temple de Salomon. Le psalmiste, qui se fait écho de la pensée populaire, se met à douter de la promesse divine ; il prend Dieu à partie de façon violente, agressive, jusqu’à l’inconvenance : Tu as abandonné ton oint, tu as aboli l’alliance, tu as ruiné ses fortereesses, tu as mis à bas son trône, tu l’as couvert de honte… Il faut comprendre que pour le psalmiste, le monde n’a de sens que s’il porte haut les valeurs représentées par David et son peuple. Crest le sens du parallèule établi entre la créaiton du monde et la Maison de David. La ruine de cette dernière est la ruine du monde : « c’est donc vain que tu as créé l’homme !» (verset 48). Revelons enfin quelques phrases utilisées dans la liturgie : « Dieu glorifié dans une assemblées de saints » (v. 8), « heureux le peuple qui connaît la victoire » : ô Eternel, ils marchent à la lumière de ta face ! » (v. 16) ; « tu es la force de sa plendeur et par ta volonté, tu relève sa corne » (v.18). Notre psaume se termine par une bénédiction : « Béni soit l’Eternel à jamais, amen et amen ! », clôturant ainsi le troisième livre du recueil. Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.

[3] - la Bible de Jérusalem, éd. 1998, p. 1760, spécifie en note m) : rien dans le texte n’impose l’idée d’un vœu de virginité

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