mardi 27 décembre 2011

afn que nous ayons la plénitude de la joie textes du jour

Mardi 27 Décembre 2011


Etrange sensation. Je suis tombé de sommeil hier soir à ce clavier, m’étant installé à côté du poële pour avoir plus chaud, et me suis mis au lit bien avant ma chère femme, et même notre fille – venue m’éveiller et me lire la suite de l’histoire David poursuivi par Saül. Mais j’avais tenu tant bien que mal le journal de l’après-mdi, et il ne m’en est rien resté tant j’étais fatigué : sauvegarde ? . Je le restitue comme je peux ci-dessus, restant ébloui par l’expérience plus encore que par ce qui en fut l’objet ou en provoqua la prise de conscience, cette adolescente qui me parut parfaite dans ses imperfections parce que ces imperfections l’individualisaient, la situaient par rapport à moi et à ce que j’aime ou désire voir, sinon – mentalement – prendre. Logique enfin de la perfection telle que nous avons reconnu ou décidé de l’avoir aperçue-rencontrée, de sa silhouette, du léger malancement des hanches et des reins, du vaporeux ou presque des fesses quand elle quitta les bassins et que je la voyais s’éloigner vers les douches et vestiaires, puis un peu plus tard, enveloppée d’une serviette, justement rose, rimant avec la couleur de sa peau et ce qu’avait été son maillot de bains deux pièces orangé et rose… elle avait certainement remarqué qu’à plusieurs reprises, je l’avais regardée puisque, dans le hall, rejoignant Marguerite à la console de jeux, elle me dévisagea silencieuse, de loin, presque pelotonnée sur une chaise avec des adultes sans doute ses parents et un enfant plus jeune. Privilège aujourd’hui de ma vie et de la grâce, simple expérience de la beauté humaine sans la morsure que les circonstances ou moi-même m’auraient infligée autrefois : le désir, la prédation, l’inassouvissement, l’occupation et la laideur anxieuse de moi-même. Hier et aujourd’hui, c’est seulement l’admiration et puis le vœu que cette passagère entrevue sur le chemin de la vie ne soit pas handicapée par le pouvoir que donne la beauté et qui n’est pas notre totalité. – Histoire aussi de cet homme jeune, au beau regard, tenue grise de travail à la couleur uniforme des tuyaux et de la citerne, absorbé devant son énborme semi-remorque, livrant le carburant tandis que je fais modestement le plein et que Marguerite me demande pourquoi il faut retenir le numéro de la pompe. L’histoire se dit vite, imprimeur de profession, peut-être une vingtaine d’années employé en usine, la camaraderie et ce travail créatif. Rachat de toutes les typographies de la région par Ouest-France, le journal modèle et bien-pensant s’il en est, rentable aussi. Banquet de fin d’année offert par la direction, et au dessert : vous êtes tous virés. Il a passé le permis poids lourd, douze heures d’affilée, quatre jours par semaine. Il guette autant un autre emploi que la révolte – en France – qui ne vient pas. Ce n’est plus possible que cela dure et ce serait reconduit ? Je lui ai demandé son prénom pour penser à lui : Marc. Sa fatigue morale. Et votre femme, comment a-t-elle pris cela. Il ne m’a pas répondu.


Prier… ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu, ce que nos mains ont touché, c’est le Verbe, la Parole de la vie [1]. Observation que je me faisais hier, sans lien apparent avec quoi que ce soit, le Christ valide l’Ancien Testament… sans la venue du Christ, l’Ancien Testament, l’alliance de Dieu avec son peuple est douteuse, elle est d’expérience humaine, elle n’est pas factuelle. Avec Lui, la promesse se réalise et donc tout ce qui avait été dit avant Lui était bien vrai. Plus qu’une intuition, un désir et une conviction. Vie spirituelle, vie tout court par attraction de Dieu. L’aimer tel qu’Il se donne à nous, à moi. Aucun autre « motif » que Lui-même, du genre perfection, rite, transmission, logique de la foi, salut éternel ou gratifications intimes en accomptes, la joie, la récompense… non ! seulement Lui, Dieu. Dieu pour Dieu. Pas même son attrait tel qu’Il nous le fait sentir ou tel qu’intellectuellement nous pouvons le développer. Non toute notre liberté à L’aimer, alors qu’il est incommensurable. Seul chemin possible, celui dit par Jean : Jésus. D’aboutissement s’il est possible qu’en vie éternelle, d’ici là tâtons et prière. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusques là, un homme attachant, mystérieux mais présent : On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. Trois ans de formation des disciples et de ministère public, de prédication des foules et d’intimité : résultat, sollicitude, chagrin, cécité. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place. L’Incarnation qui n’a de preuve que la Résurrection. Je mets des majuscules, m’agenouille, prie avec mes aimées et avec les rencontres d’hier, tandis que la nuit – sur notre terre et à cette heure – reste entière, avec les constellations inhabituelles d’avant le lever du jour. Les cieux ont proclamé sa justice, et tous les peuples ont vu sa gloire. Sans doute… mais moi, nous… Une lumière est semée pour le juste, et pour le cœur simple, une joie. Ce sont notre misère, ma finitude et notre analogie de précarité et de morbidité qui nous donnent la nécessaire simplicité sans laquelle il n’y a pas de regard [2].


[1] - 1ère lettre de Jean I 1 à 4 ; psaume XCVII ; évangile selon saint Jean XX 2 à 8

[2] - Le roi de l’univers, vers qui convergent les hommages de toute la création et ceux d’Israel à partir de Sion, est présenté dans toute sa magnificence et sa gloire comme défenseur du droit et de la justice, devant qui le feu anéantit les impies, fait fondre les montaggnes et confond les idoles et tous ceux qui se réclament d’elles ! C’est à ce titre qu’il est roi et qu’il doit êtres ervi et adoré. Car, s’il est ce feu qui tue les impies et les idolâtres, il est en même temps cette lumière « ensemencée » pour les justes, pour tous ceux qui l’aiment et détestent le mal. Dans l’envolée poétique propre aux psaumes se trouve ici exprimée l’idée, si chère au judaïsme, selon laquelle Dieu ne peut être que l’ennemi du mal.Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. Observation plus que méritoire de notre commentateur, puisqu’il y a eu la shoah, et puisqu’il y a les exactions, pour ne pas écrire plus dur, d’Israël en tant qu’Etat vis-à-vis d’une population partageant avec les juifs de tous temps un même territoire et que ceux-ci depuis plus de soixante ans prétendent exclure ou au moins vassaliser.

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