mercredi 21 décembre 2011

alors, ils se prosternèrnt devant le Seigneur - textes du jour

Jeudi 22 Décembre 2011




L’amour – vrai – n’est pas instinctif, tout y participe et souverainement l’intelligence qui meut tout et pérennise. Expérience d’hier soir avec notre fille, à la suite de ce qui aurait pu être un drame. L’amour et ses priorités, sa priorité appelle la version noble, détachée de l’intelligence. Il se peut que l’action des deux soit la charité. – Marguerite, par prétérition, m’en avait dit, en réplique, la parfaite définition : mais si ! Dieu a un défaut : aimer trop, c’est de la folie… Je lui disais hier soir, pour faire passer une petite remontrance, que nous avons chacun nos défauts, sauf Dieu qui est parfait. Prier… [1] dernier croissant de lune, très bas sur l’horizon vers l’est-nord-est. Le Magnificat, apparemment hors du temps car il constate un résultat, n’appelle le futur et l’avenir qu’en résultat déjà certain : un état d’âme fondé sur des comportements, celui de Dieu, celui des hommes, dont Marie dit et est l’unisson. Il s’est penché sur son humble servante… le Puissant fit pour moi des merveilles… désormais tous les âges me diront bienheureuse… mon âme exalte le Seigneur, mon exulte en Dieu mon sauveur. Etat d’âme et immersion dans le présent, une perfection qui anticipe ou révèle la vie éternelle, chacun de nous intact de péché, de distance, d’angoisse, d’orgueil. Un acte conscient de reconnaissance : en quoi la Vierge Marie avait-elle à être sauvée, elle qui salue son sauveur ? La plus grande partie de son chant est sur Dieu en acte, les « béatitudes » qui feront tant réfléchir les agnostiques et donc oublier la divinité de celui-ci – le fils du charpentier de Nazareth, le Fils de la Vierge Marie – sont dites déjà en particulier de cousine à cousine. Marie est substantiellement liée à cette humanité renversante… nouvelle que Dieu instaure-restaure : les superbes… les puissants… les riches… Un Dieu fidèle et merveilleux comme l’on s’écrie en amour: il comble de biens les affamés… il se souvient de son amour. Anne, mère de Samuel, qui a précédé Marie dans l’histoire spirituelle de l’humanité, ou qui l’a prophétisée, fait sans doute le même constat et avec les mêmes mots : les plus comblés s’embauche pour du pain, et les affamés se reposent… le Seigneur rend pauvre et riche ; il abaisse et il élève. De la poussière, il relève le faible, il retire le pauvre de la cendre pour qu’il siège parmi les princes et reçoive un trône de gloire. Il y a encore de l’avoir dans cette bétatitude, tandis que Marie n’a pas ce mot : le Puissant fit pour moi des merveilles. Elle est tout entière dans la conscience d’elle-même dont sa reconnaissance envers Dieu la pénètre comme jamais dans une vie humaine. Anne, mère de Samuel, retrouve sa dignité, la reconnaissance sociale : mon cœur exulte à cause du Seigneur, mon front s’est relevé grâce à mon Dieu, elle a été entendue dans sa prière, tout à fait située et datée (le prêtre Eli en a été témoin) mais la mère de Jésus n’a rien demandé et elle n’évoque pas sa maternité et une conception si mystérieuse, elle ne « raconte » pas à sa cousine ce qu’il lui a été dit et ce qu’il lui arrive. Elle répond tranquillement, elle confirme ce qu’Elisabeth voit – spirituellement - d’elle et d’abord la salutation de celle-ci : la mère de mon Seigneur, mais en le rapportant uniquement à Dieu et comme anecdotiquement. De privilège, elle n’en revendiquera aucun, selon les élévangélistes – pas même de pouvoir approcher son Fils, elle perdue dans la foule au même plan de l’anonymat que toute la parentèle de sang du prédicateur et du thaumaturge à succès – mais elle sera toujours là, à l’endroit et au moment décisifs : Cana, le calvaire, la Pentecôte. Anne présente Samuel au prêtre et le voue à la maison du Seigneur à Silo. Il y a des anticipations de l’Eglise, surtout de ses liturgies, quoique nous soyons à l’époque en plein judaïsme : sans doute le sacrifice du taureau, mais également elle avait pris avec elle un sac de farine et une outre de vin et la prière est commune : le prêtre et la femme. C’est pour obtenir cet enfant que je priais, et me Seigneur me l’a donné en réponse à ma demande. A mon tour, je le donne au Seigneur. Ainsi soit-il.




Le croissant monte silencieusement comme s’il tirait de « derrière » la terre, notre horizon – ici notre environnement le rend tout proche, ligne d’arbres dépouillés – une pâleur et comme un sang délayé dans sa décomposition. Le lever du jour comme une inversion de la mort, mais qui n’en a pas l’éclat, celui des longs et flamboyants, souverains couchers du soleil…




C’est seulement après un grand moment d’hésitation, que le jour, ne paraissant pas encore dans ce qu’il sera, montre d’où il vient, les pâleurs ne sont plus des nuances mais des surfaces délimitées, le ciel trouve un arrangement qui efface déjà les étoiles mais garde, allant lendement vers un probable zénit, une lune qui semble s’affiner jusqu’à la disparition. Couleur prétendue du « manteau de la Vierge ». C’est plutôt le silence de maintenant qui fait ce manteau, tout autre que celui de la nuit et impossible le jour pour la psychologie humaine, sauf quelque anticipation de catastrophe universelle ou d’une rencontre intensément particulière. Silence d’avant l’Annonciation, d’après la Visitation.



[1] - 1er Samuel I 24 à II 1 ; cantique ibid. II ; évangile selon saint Luc I 46 à 56


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