samedi 30 juillet 2011

tu ne feras aucun tort à ton prochain - textes du jour

Samedi 30 Juillet 2011


. . . nous nous aimons, cela aurait pu se faire avec d’autres – en théorie, en rétrospective mais ce fut rarement envisagé et chaque fois impossible, aucune n’a eu le charme de m’y incliner définitivement et la Providence m’en a refusé les moyens, c’est-à-dire la maturité avant tout ce qu’elle et moi, nous avons ensemble subi et vécu par une décisive sollicitude mutuelle. L’amour fut dès le début expression, le baiser plus respiration qu’étreinte. Je ferai tout à l’heure, sur la terrasse, en journal de la soixantaine, son portrait et dirai ma réflexion. Finalement, sur moi, je n’ai plus rien à noter et mon espérance est immobile, ce qui veut dire tout le contraire de morte, mais attentive et semblable à elle-même d’objet et d’attitude : la confiance. Prier… les anniversaires qu’on se donne valent moins que ce que l’on reçoit. Des vies nous sont données quand nous visite un anniversaire, quelqu’événement qu’il commémore, quelque personne qui, par cela, communique avec tous. Même imperceptiblement. Prier… [1] des leçons d’économie politique, Ancien et Nouveau Testaments confondus, que nous nous gardons bien d’expliciter en esprit, en exigences sans doute de pratiques aujourd’hui tout autres mais ayant une forte racine, que nous avons complètement occultée. Si tu dois vendre ou acheter dans l’intervalle, ne fais aucun tort à ton frère. … Tu ne feras aucun tort à ton prochain, tu craindras ton Dieu, je suis le Seigneur votre Dieu. C’est-à-dire que l’organisation économique, les relations d’échange entre les hommes sont d’abord fondées sur le respect mutuel, non sur le rendement, non sur la rationnalité, non sur quelque perfection logique ou mécanique (dont chaque génération apprend qu’elle est seulement théorique). S’ensuit une manière assez complexe à la seule lecture, de procéder dans une économie agraire : celui qui vend tiendra compte des années qui restent à courir. Plus il restera d’années, plus tu augmenteras le prix ; moins il en restera, plus tu réduiras le prix, car la vente se fait d’après le nombre des récoltes. Ce n'est pas l'utilité marginale, ni la "loi" du profit, prétendue unique motivation de l'investissement. Je puis penser que l’agraire impose la perspective, impose les rythmes, impose le long terme, qu’il impose la prévoyance puisque de nombreux paramètres sont évidemment incontrôlables, intempéries, pandémies, etc… ces contraintes naturelles produisent certainement une sagesse dont nos économies spéculatives et mécanistes, au sens des contagions (dites « systémiques », on ne peut mieux évoquer la nocivité de la phase actuelle du capitalisme) sont aux antipodes. Le calendrier est religieux, les délais se comptent à partir d’une libération historique, collective. Bien des régimes païens, au siècle dernier visiblement, à la Révolution française aussi, ont tenté ces calendriers. L’évangile qui n’est ni symbolique ni législatif, mais historique et factuel, bouscule ce qui, même saintement, est installé : donne-moi ici, sur un plat, la tête de Jean le Baptiste. Pourquoi ? un adultère dénoncé : tu n’as pas le droit de vivre avec elle. Leçon banale de psychologie, la femme, Eve et Hérodiade, supplée à la lâcheté ou à la perplexité de l’homme (la femme de Pilate). Sens pour nous aujourd’hui : l’économie politoique, je vois. La décollation de Jean Baptiste, non. Sinon que même le martyre – en l’occurrence, Jean ne meurt que pour la morale, pas pour une attestation du Christ – peut avoir son anonymat : victime d’un caprice, d’un hors sujet dans l’histoire du salut. On ne le tue pas parce qu’il a dit : c’est lui. On le tue parce qu’il gêne une vie de couple… Tu gouvernes les peuples avec droiture, alors te passer les rênes, de ma vie, de la vie de celles et ceux auxquels je suis attaché, de l’univers, de la création, ainsi soit-il ! nous tous fourbus, perdant même cette acuité de l’enfant pour se scandaliser de l’illogisme des adultes. Pas plus lucide que l’enfant. La recommandation du Christ est une observation vécue : le Fils de Dieu fait homme sait ce qu’est l’enfance. Nous la dévoyons : la fille d’Hérodiade dansa devant tout le monde, et elle plut à Hérode… Poussée par sa mère, elle dit…

[1] - Lévitique XXV 1 à 17 passim ; psaume XLVII ; évangile selon saint Matthieu XIV 1 à 12

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