mardi 6 juillet 2010

il eut pitié - textes du jour

Mardi 6 Juillet 2010


Prier… quand tout paraît à côté, ainsi cette prière que je parcours de Jean Paul II pour les vocations, si loin d’un concret qu’il a pourtant connu et archi-prié et vêcu, vocations religieuses ou sacerdotales d’aujourd’hui. Il crève les yeux que ce sont d’abord des services à soutenir par l’ensemble de la chrétienté et que c’est la chrétienté dans son ensemble qui a vocation et consécration, et que chacun de nous est appelé aussi bien à la propagation de la foi qu’à la consécration, que l’essentiel est le rapport à Dieu et le goût-volonté de transformer le monde. Je le rejette, ton veau d’or, Samarie ! Tant que l’Eglise ne criera pas cela, elle ne sera plus rien qu’une espérance dans le cœur et l’intelligence de quelques-uns de ses membres. Les fils d’Israël ont établi des rois sans me consulter. Quel pouvoir politique ou économique est aujourd’hui vraiment légitime soit en origine, soit en application évidente et constante à la recherche du bien commun, de la justice et de la paix ? [1]. Ils ont semé le vent, ils récoltent la tempête. L’ensemble de nos dérives, pas l’examen de conscience sur un prie-Dieu : je me suis refusé à mon époux ou j’ai mangé du gras, mais ce que nous avons laissé s’établir comme culte de l’argent, du culot, du cynisme, de l’arrivisme, de la cooptation et tout le mécanisme de la volonté de puissance et de paraître d’un petit nombre tandis que tant meurent dans le silence de détresse inextricable et incurable. Hurlement des prophètes naguère – mais combien y en a-t-il aujourd’hui ? – et hurlement de ces dénuements qui ne sont pas tant à la bouche des métros des grandes villes ou en Haïti, complètement oublié ? que partout où quelque chose est abîmé ou bien est refusé d’admiration. Qui ne vomit pas devant l’actualité des pays dits riches, devant la lâcheté et la veulerie de nos pouvoirs vis-à-vis des dictatures et des corruptions, qui ne s’émeut pas que les frontons de la République aient leurs devises quotidiennement transgressées, est-il vivant ou ne s’est-il pas incliné. En toute lettre, le psalmiste – attendant le jour de nos résurrections et de la sienne – fait le portrait de ce que nous adorons : elles ont une bouche et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas, des narimes et ne sentent pas… Leurs idoles : or et argent, ouvrages de mains humaines. Dénouement quotidien : heureusement, il y a l’évangile, le ressort de la prière. Vous qui le craignez, ayez foi dans le Seigneur : le secours, le bouclier, c’est lui ! Inatteignable, Dieu ? lointain et indifférent ? Voyant les foules, il eut pitié d’elles, parce qu’elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger. Ce n’est pas l’envoi en mission, trop peu transposable dans la conjoncture psychologique actuelle où notre monde sombre dans l’aveuglement sur ce qu’il devient, assourdi par la langue de bois et le paraître de ceux qui soi-disant le dirigent… que je retiens pour me consoler ce matin, mais ce Christ : on présenta à Jésus un possédé qui était muet. Lorsque le démon eut été expulsé, le muet se mit à parler. L’ « establishment » de l’époque, la nomenklatura dont la caricature et la typologie – elles, sont parfaitement transposables – une fois de plus ricanent, Jésus est tellement hors de leur système, et – ils le savent – tellement décapant, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité. Jésus d’ailleurs n’évoque que la moisson : les semailles, le labourage, c’est lui, nous sommes en matière de salut, réellement, ceux de la dernière minute, comme lors des multiplications des pains, nous ne faisons aucun miracle, nous distribuons et nous comptons les paniers de reste, nous organisons l’après-repas. Celui de la rédemption, déjà accomplie.

[1] - Osée VIII 4 à 13 ; psaume CXV ; évangile selon saint Matthieu IX 32 à 38

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