dimanche 29 janvier 2017

c'est grâce à Dieu, en effet, que vous êtes dans le Christ Jésus - textes de ce jour qui finit


Dimanche 29 Janvier 2017

07 heures 17 + Eveil avant six heures, retour à ce clavier messagerie, ma chère femme et correspondance avec Marie-Charlotte : notre Marie-Thérèse, et avec JEF. La foi, manifestation al plus sensible et la plus quotidienne de Dieu en nous. Qu’Il nous l’ait donnée, qu’Il la maintienne en nous, qu’Il la donne à d’autres qui nous sont proches et voyons-prions vivre avec nous.  Recouché. – Pensées et certitudes de cette aube depuis tout à l’heure. Le souffle de ma chère femme presqu’à mon visage quand je reviens au lit, la chatoune nous visitant sur l’oreille, et que je réintègre dans ses appartements. L’enfant et son sommeil d’ange. Marguerite disant l’Italie et le Vatican hier soir pour Jean-Eudes, debout devant le poêle.
L’authenticité de l’homme, c’est Jésus. Jésus Christ. Je ne mérite, me connaissant, m’éprouvant, si souvent, presque toujours décevant, je ne mérite la confiance de personne, sauf celle de Dieu, parce que Celui-ci sait bien ce qu’Il fait ou a l’intention de faire en moi, de faire de moi.

07 heures 40 + Second tour de scrutin pour les « primaires de la gauche », c’est décisif car cela oriente la re-fondation : celle-ci ne peut se faire que dans la ligne Benoît HAMON, il serait symbolique que CAMBADELIS non seulement le soutienne et sur-organise le soutien, mais lui passe la main très vite, et fasse savoir qu’il le fera formellement en cas de défaite à la présidentielle. Celle-ci est en suspens : FF se retire-t-il ? ou pas. L’électorat de droite, a fortiori l’électorat chrétien sur lequel a compté le candidat dès pour la primaire dite « de la droite et du centre », ne va plus le suivre, c’est certain. Il est découvert – ce que mes passages à Solesmes, il y a déjà trois-quatre ans, me montraient – qu’il n’était plus aimé, s’il le fut jamais, « chez lui » dans la Sarthe. Mais la France nous étonne et nous étonnera toujours. Nous allons nous « en sortir » mieux que ce n’était prévisible ces années-ci.

08 heures 05 + … et voici le jour. Reprendre la tasse de thé pour ma chère femme, et la réchauffer. – Cette écriture : les dettes de reconnaissance. Un chapitre au total de 40 pages, dix personnalités-personnages de ma vie [1], donc trois pages pour chacun.

08 heures 28 + La nuit-le jour, d’un seul tenant, passant du noir et blanc à un peu de vert au sol et gros pour tout le ciel, sauf le décomposé de clair au-dessus des arbres mais pas bien haut. Le silence. Le thé ré-apporté à mon aimée, Loupa sortie. Je continue l’évocation que m’inspire de lui-même, MoD, ce qu’il a représenté pour son pays et pour moi.

09 heures 34 + Cela « marche », j’ai conclu MoD et commencé MCM [2]. Ecrire, c’est être en grâce. Ce m’est donné, ces portraits m’arrivent que je trouve parfaits, car je n’y puis rien. La subjectivité de que je recevais d’eux, objectivée par l’écrit mot à mot, sans que le suivant je l’ai pressenti, deviné avant de l’écrire, de le transcrire. Je crois bien que ce sont eux, chacun, qui me dictent ce que je dois faire retenir d’eux.


21heures 50 + Prier… textes d’hier : humanité du Christ, la tranquillité, la souveraineté. L’aboutissement auquel chacun de nous devrait tendre. Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Sérénité et humanité : le Christ objet. Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus comme il était. [3] Et le même : réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! », le vent tomba et il se fit un grand calme.  Et toujours du même, une leçon de comportement pour chacun et en fait une totale reconstruction sociale à partir de modes de pensée et d’un discernement tout nouveaux : les Béatitudes. Le « doux rêveur » de RENAN… regardez bien. Parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance… vous qui avez été appelés par Dieu [4] L’Apôtre, le Prophète : cherchez la justice, cherchez l’humilité… Je laisserai chez toi une peuple pauvre et petit : il prendra pour abri le nom du Seigneur. Ce reste d’Israël ne commettra plus d’injustice ; ils ne diront plus de mensonge ; dans leur bouche, plus de langage trompeur. Mais ils pourront maître et se reposer ; nil ne viendra les effrayer. Prophétisme pour l’Etat d’Israël aujourd’hui, mais cet Etat comme nous avons à devenir dignes des promesses de Dieu. Nous reconnaître pauvres, et vivre cette constatation, c’est bien ce que nous vivons, accablés ou lucides. Notre grandeur, c’est cela : ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est…notre témoignage, ce sont notre condition et notre foi. Seule, la relation à Dieu nous exalte à tous les sens du terme. Tout se retourne, tout est autre et cependant notre condition ici-bas, tels que nous sommes, demeure mais notre emprisonnement, nos perditions-mêmes, combien j’en vis, me décevant et décevant… ont une issue : heureux les pauvres de cœur… heureux ceux qui pleurent… heureux les doux…heureux ceux qui ont faim et soif de la justice… heureux les miséricordieux… heureux les cœurs purs… heureux les artisans de paix…. heureux ceux qui sont persécutés pour la justice… ce soir, je regarde ce peuple que nous sommes, que je suis, la bénédiction de notre dénuement, de notre pauvreté. Les récompenses divines, ce qui s’exauce de nos attentes, je veux méditer l’ensemble bien plus longuement. Ce qu’il nous faudrait « savoir » par cœur : ce texte de Matthieu, le prologue de Jean, les cantiques de Zacharie et de Marie. Voyant les foules, Jésus gravit la montagne, il s’assit et ses disciples s’approchèrent de lui. A vue humaine, cela aboutit à une crucifixion horrible après  ce lynchage en paroles, en coups, en moqueries. Heureux ceux qui… mais heureux ? Lui qui… Lui, le Seigneur fait justice aux opprimés, aux affamés, il donne le pain, le Seigneur délie les enchaînés. Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes. Le Seigneur protège l’étranger, il soutient la veuve et l’orphelin, le Seigneur est ton Dieu pour toujours.
La messe en paroisse, vécue après avoir reçu à dîner ce prêtre que nous aimons et avant de recevoir ce jeune Kabyle qui nous aime et à qui nous le rendons. Au sortir de l’église, groupes d’hommes que je connais dont celui qu’à mon arrivée j’ai eu raison à 8 contre 1 à l’élection municipale, mais chacun en bout de table. D’ordinaire amical. Il me demande, vous allez votez, vous aurez 5 millions de participants ? Je n’évoque pas la Villette ni ce qui est « sorti » mardi soir, mais ce que je considère comme la seule idée enfantée par cette campagne présidentielle : le revenu universel, quitte naturellement à étudier et débattre la mise en pratique. Hurlements de dérision, exactement comme à la défaite du maire sortant il y a deux ans qui avait été mon adversaire en 2001 mais que j’avais voulu appuyer tant était haineuse la campagne contre lui ad personam. Mon village aurait, depuis des générations, la réputation d’une grande méchanceté. Or, nous sortions, entre chrétiens pratiquants, de la messe, messe de communion pour beaucoup et d’une excellente, chaleureuse homélie appelant à l’examen de conscience puisque les Béatitudes en contre point nous donnent ce que nous devrions être. Puis en milieu d’après-midi, l’un des 7.000 et quelques bureaux de vote. Le maire de Séné en opérateur, il faut de nouveau acquitter un euro, rien sur moi, il me le prête. Je vais cette semaine aller le lui rendre et l’entretenir de ma tentative, c’est par lui que je vais tenter ma pêche… bourg à l’église belle et ancienne se détachant sur l’eau calme du Golfe, depuis la cale de Conleau, mes vacances de très jeune enfant chez mon grand-père maternel, une maire qu’ont convoitée successivement Michel ROCARD et Alain JUPPE, mais les Sinagots et leurs voiles marron-pourpre, les deux côtés de leur terre, l’Océan et le Golfe, préfèrent rester entre eux, j’ai connu quelques-unes, quelques-uns de leurs élus à mon arrivée ici : ce sont de beaux caractères. – FH commente des résultats sportifs mais pas celui – si politique – intervenu avec netteté ce soir.


[1] - Moktar Ould Daddah,
Maurice Couve de Murville,
Jacques Fauvet,
René Andrieu,
Michel Jobert,
Pierre Bérégovoy,
Pierre Messmer,
Jean-Marcel Jeanneneney
Jean Charbonnel
& Pierre Arpaillange depuis qu’Edith m’a appris sa mort

[2] - La démonstration était perceptible parce que tous éléments de mise en pratique de ce sens existaient à une échelle que je vivais, que j’ai vécue à chacun de mes séjours en Mauritanie, d’abord quatorze mois, puis le plus souvent quinze jours-trois semaines. Voyant « tout le monde », les ministres, d’anciens ministres, les opposants, des jeunes, à Nouakchott, pas vingt-mille habitants en 1965, peut-être cent mille dix ans plus tard, sans doute le million aujourd’hui. « En brousse », accompagnant le président de la République, secrétaire général du Parti, le DC3 « avion de commandement », la jeune femme en mellafa nous donnant les indications de vol à l’oreille dans le vacarme du bimoteur, tous les passagers en bou-bou, le haouli marron clair du Président, que Mariem a bien voulu me donner à sa mort. Le gisant du Val-de-Grâce, Octobre 2003, l’homme encore très jeune, Avril 1974, aimant que tel notable, le soir entre nous après les accueils, le discours aux « camarades militantes et militants du Parti du Peuple mauritanien », le fasse rire, presqu’aux larmes. Après les réunions de cadres ou les réjouissances gastronomiques et littéraires, le hassanya qui est doux et varié à entendre. J’apprenais de cet homme le lien avec son pays,  avec ce peuple composite, physiquement dénué de tout mais que Moktar Ould Daddah savait combler d’espérance et de la sensation d’une unité nationale en train de se faire.
Ibidem, dimanche 29 janvier 2017,
de 07 heures 51 à 08 heures 10

J’ai vécu les moments intenses et les ambiguités d’un destin qui ne faisait qu’un avec des gens de même vêtement, de mêmes silhouettes et démarches sur le sable, qui parlaient, parlent encore en caressant l’air, le ciel de leur paume. Des heures, une nuit, en Février 1966, quand tout semble perdu, les races s’opposent, on se bat entre lycéens, les plus hauts responsables du Parti choisissent chacun un camp, selon les appartenances ethniques, tribales. Huit ans de travail : effacés ? La reprise et l’exercice du pouvoir, toujours en équipe, mais les équipes totalement renouvelées et une nouvelle forme pour la persuasion collective, des séminaires de cadres, région après région, et de nouveau l’unisson, avec une nouvelle génération. Je suis à Rome, montant au parvis de Sainte-Marie-Majeure, un lundi de Juillet 1978, titres : coup d’Etat militaire. Je n’étais plus recenu à Nouakchott depuis trois ans. Père de la nation ou prisonnier perpétuel ? Il arrive de prison, Mariem me le téléphone. Nous nous revoyons puis plus d’une semaine à l’hôpital militaire de sa convalescence, chez nous, mais au bord de la Méditerranée, cette côté qu’il a connu, étudiant tardif, son récit que j’ai sollicité, les longueurs de journée, enfin vingt-deux ans plus tard, ensemble à nouveau, chez lui, rentré d’exil, la relecture de ses mémoires. Recevant les disquettes de la dactylographie de son manuscrit, qu’allais-je lire ? ce fut d’un coup l’instant de la si forte joie. L’écriture, du français de même que lui, Hassan II et Boumedienne s’entretenaient autant en notre langue de colonisateur et dominant, qu’en la leur, l’arabe, le legs du Prophète et l’unification du disparate. Le texte digne absolument de la geste politique. Celle-ci reste la référence, le précédent, l’espérance de son peuple qui depuis lui n’a connu que quinze mois de démocratie et de régularité électorale. Le reste du temps, la dictature de ses aides-de-camp dans l’ordre chronologique de leur service auprès de lui, chacun pas mauvais mais tous convaincus que la légitimité, le recours ultime, la souveraineté populaire, ce sont eux et l’obéissance de quelques miliers d’hommes et la solidarité entre les sept-huit faisant hiérarchie suprême. Il était prévenu de ce qui s’ourdissait à l’initiative de quelques civils, pourtant bien dotés, et qui bannirent les hésitations des militaires, alors que le front contre les Sahraouis, de recrutement et de financement algériens parmi les Regueibat, par haine ancestrale d’Alger pour Rabat et ses Alaouites. Il avait choisi de ne rien faire, prévenu seulement un civil, de très grande qualité, longtemps opposant nationaliste arabisant, le ministre de la Défense d’alors. Advienne que ce Dieu permettra, et impossible que des militaires ne soient pas loyaux à leur pays, la guerre sera alors mieux menée. Les déposer, en nommer d’autres, d’autres qui étaient possibles que les putschistes n’intégrèrent qu’au soir de leur coup fait aux aurores, qui ensuite tentèrent un contre-coup et en périrent comme des saints et des martyrs. Moktar Ould Daddah m’a appris la légitimité. Et aussi que je puis être utile. Je le fus quand en Janvier 1969 il me demanda si de Gaulle allait tomber. A ma réponse, il conclut que la grandeur du Général pouvait faire de l’ombre à ses successeurs pour chacun de nos anciens territoires, et il me dit aussi : vous êtes moralement intéressant. Une de nos dernières conversations, dans ces moments du soir où Mariem nous laissait rester seuls, était mon récit triste de la défection d’un de ses plus proches collaborations. Son stoïcisme, comme toujours, était souriant, retenu. Nous communiâmes et quand je dus partir, il me demanda de le bénir. Je le quittai, je me retournai, il restait assis, déjà très fatigué de ce qui allait l’emporter dans quelques mois, il me regardait. Il est inoubliable. Depuis le cinquantième anniversaire de son investiture à la tête de son pays , encore sous notre coupe, j’écris presque chaque semaine dans l’hebdomadaire mauritanien le plus influent, francophone et d’opposition tolérée. J’essaye de rappeler, avec d’autres que l’avenir a un dénouement et a depuis longtemps un verbe à voix basse, un visage aux joies et constats intimes.
Puis vint, avec une majesté affectueuse, évidente quand dans l’embrasure de son élégant bureau de rez-de-chaussée, rue Jean Goujon à Paris, il me saluait m’ayant donné congé, quand à nos dernières fois, du dernier étage, à la rampe protégeant le bel escalier aux larges marches du XVIIIème siècle, rue du Bac, il me regardait descendre, m’ayant reçu en robe de chambre, attentif, avouant qu’il avait perdu toute mémoire, au point qu’il appela un jour, le général de Gaulle : machin, le nom ne lui venait plus, mais remis dans les événements qu’il avait faits ses réflexes apparaissaient vifs et me restituaient donc la chair de l’essentiel… Maurice Couve de Murville, le ministre de la confiance pour l’homme du 18-Juin, réglant en quelques semaines de sa charge de commissaires aux Finances à Alger, l’été de 1943, ce que la France libre devait au Trésor britannique, lui amenant l’Allemagne par le chancelier Adenauer en Juin-Septembre 1958, acceptant avec humilité et confiance d’être son Premier ministre pour les leçons à tirer de « Mai-68 » et pour que l’homme de l’honneur et de la participation, censément usé par dix ans de son second règne, puisse sans les entraves et silences de Georges Pompidou, se donner à lui-même et à la France, un dernier cours en propre.
Pleurant lourdement un départ que l’on sentait venir plusieurs mois avant qu’il fût effectif, en cherchant les raisons, en me révoltant aussi à comprendre les écarts que Georges Pompidou, le successeur si satisfait d’avoir (enfin ?) la place [2], imposait à la France, je fus initié à une dialectique politique que je n’avais pas soupçonné, par Louis Vallon [2], pendant un repas durable et arrosé : Juin 1969. Quand s’imposa à moi, sans réflexion ni information particulières, l’évidence que Maurice Couve de Murville était le successeur véritable, apaisant mais assuré, que de Gaulle se souhaita, nous souhaitant. Un exercice présidentiel sans débordements à l’intérieur, mais précis et efficace à l’extérieur, ferait fructifier un acquis de onze ans qu’ils avaient faits ensemble. Ministre des Affaires Etrangères, puis Premier ministre, après quelques semaines aux Finances, c’est au crayon et à la gomme qu’il tenait son agenda (Hermès) : chaque vendredi matin, tranquilles, trois lettres, Rdv. C’était l’entretien, tête-à-tête, exclusif, sans compte-rendu, à l’Elysée avec de Gaulle. Premier des principaux personnages du régime dit gaulliste
Ibidem, dimanche 29 janvier 2017,
 08 heures 32 à 09 heures 30


[3] - évangile selon saint Marc IV 35 à 41

[4] - Sophonie II 2 à III 12.13 ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens I 26 à 31 ; évangile selon saint Matthieu V 1 à 12

Aucun commentaire: