samedi 22 octobre 2016

saint Jean-Paul II - 1920 . 1978 + 2005


« Le Géant de Dieu »
pape (263e) de 1978 à 2005

 « Au vu de la dimension extraordinaire avec laquelle ces Souverains Pontifes ont offert au clergé et aux fidèles un modèle singulier de vertu et ont promu la vie dans le Christ, tenant compte des innombrables requêtes partout dans le monde, le Saint-Père François, faisant siens les désirs unanimes du peuple de Dieu, a disposé que les célébrations de saint Jean XXIII, Pape, et de saint Jean-Paul II, Pape, soient inscrites dans le Calendrier Romain général, la première le 11, la deuxième le 22 octobre, avec le degré de mémoire facultative. […] »
De la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, 29 mai 2014, solennité de l’Ascension du Seigneur.
« Frères et sœurs, n’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter son pouvoir ! Aidez le Pape et tous ceux qui veulent servir le Christ et, avec la puissance du Christ servir l’homme et l’humanité entière ! N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice ouvrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur ! »
Ces paroles mémorables, prononcées le 22 octobre 1978 dans l’homélie du début du pontificat (>>> Vidéo Extraits du discours du pape) restent, désormais, sculptées dans les cœurs de tous les chrétiens et des hommes de bonne volonté du monde entier.
Ce que le Pape demandait à tous, lui même l’a fait en premier : il a ouvert au Christ la société, la culture, les systèmes politiques et économiques, en inversant, avec la force d’un géant qui venait de Dieu, une tendance qui pouvait sembler irréversible.
Karol Józef Wojtyła, devenu Jean-Paul II à son élection au Siège apostolique d'octobre 1978, est né le 18 mai 1920 à Wadowice, petite ville située à 50 km de Cracovie. Il est le plus jeune des trois enfants de Karol Wojtyła et d'Émilie Kaczorowska. Sa mère mourut en 1929. Son frère aîné Edmund, qui fut médecin, est décédé en 1932 ; leur père, ancien sous-officier, en 1941. Leur sœur Olga était décédée avant la naissance de Karol.

Il fut baptisé le 20 juin 1920, dans l'église paroissiale de Wadowice, par le prêtre François Żak, fit sa Première Communion à neuf ans et reçut la Confirmation à dix-huit ans. Ses études secondaires près l'École Marcin Wadowita de Wadowice achevées, il s'inscrit en 1938 à l'Université Jagellon de Cracovie et à un cours de théâtre. L'Université ayant été fermée en 1939 par l'occupant nazi, le jeune Karol dut travailler sur un chantier de l'usine chimique Solvay afin de gagner sa vie et d'échapper à la déportation en Allemagne.
À compter de 1942, ressentant l'appel au sacerdoce, il suivit les cours de formation du Séminaire clandestin de Cracovie. Il fut à la même époque l'un des promoteurs du Théâtre Rapsodique, lui aussi clandestin.
Après la Seconde Guerre mondiale, il poursuivit ses études au Grand Séminaire de Cracovie à peine rouvert, et également à la Faculté de théologie de l'Université Jagellon, jusqu'à son ordination sacerdotale à Cracovie le Ier novembre 1946 des mains du cardinal Adam Stefan Sapieha. Il fut ensuite envoyé à Rome par le cardinal Sapieha et poursuivit ses études doctorales sous la direction du dominicain français, le P. Garrigou-Lagrange. Il soutint en 1948 sa thèse en théologie consacrée à la Foi dans l'œuvre de saint Jean-de-la-Croix (Doctrina de fide apud Sanctum Ioannem a Cruce). Durant ce séjour romain, il occupa son temps libre pour exercer son ministère pastoral auprès des émigrés polonais de France, de Belgique et des Pays-Bas.
Il rentra en 1948 en Pologne pour être vicaire en diverses paroisses de Cracovie et aumônier des étudiants jusqu'en 1951 où il reprit ses études philosophiques et théologiques.
En 1953, il soutint à l'Université catholique de Lublin une thèse intitulée « Mise en valeur de la possibilité de fonder une éthique catholique sur la base du système éthique de Max Scheler ». Il accéda ensuite à l'enseignement professoral de la théologie morale et d'éthique sociale au Grand Séminaire de Cracovie et à la Faculté de théologie de Lublin.
Le 4 juillet 1958, le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) le nomma Évêque titulaire d'Ombi et auxiliaire de Cracovie et, le 28 septembre suivant, il reçut la consécration épiscopale des mains de l'Archevêque Eugeniusz Baziak, en la cathédrale du Wawel (Cracovie).
Le 13 janvier 1964, il fut nommé Archevêque de Cracovie par  le Bx Paul VI (Giovanni Battista Montini, 1963-1978) qui, le 26 juin 1967, l'éleva au cardinalat, du titre de S. Cesareo in Palatio, une diaconie élevée au rang presbytéral pro illa vice (pour l’occasion). Après avoir participé au Concile Vatican II (1962-1965), où il offrit notamment une importante contribution à l'élaboration de la constitution Gaudium et Spes, le Cardinal Wojtyła prit part à toutes les assemblées du Synode des Évêques.
Au cours du second Conclave de 1978, il fut élu Pape par les Cardinaux le 16 octobre et prit le nom de Jean-Paul II. Le 22 octobre, Jour du Seigneur, il entamait solennellement son ministère de 263e successeur de l'Apôtre Pierre. Son pontificat de près de 27 années allait être l'un des plus longs de l'histoire de l'Église.
Jean-Paul II a exercé son ministère pétrinien avec un inlassable esprit missionnaire, prodiguant toutes ses énergies, poussé par la sollicitude pastorale envers toutes les Églises et par la charité ouverte à l'humanité tout entière. En vingt-six années de pontificat, le Pape Jean-Paul II a accompli 104 voyages apostoliques hors d'Italie et 146 visites dans ce pays. Comme Évêque de Rome, il a visité 317 des 333 paroisses de son diocèse.
Plus qu'aucun de ses prédécesseurs, il a rencontré le Peuple de Dieu et les Responsables des nations : aux 1166 audiences générales du mercredi ont participé plus de 17.600.000 pèlerins, sans compter toutes les autres audiences spéciales et les cérémonies religieuses [plus de 8 millions de pèlerins seulement au cours du Grand Jubilé de l'An 2000] ; outre les millions de fidèles qu'il a rencontrés au cours de ses visites pastorales en Italie et dans le monde. Nombreuses sont les personnalités gouvernementales reçues en audience : il suffit de rappeler les 38 visites officielles et les 738 audiences ou rencontres de chefs d'État, ainsi que les 246 audiences et rencontres de premiers ministres.
Son amour pour les jeunes l'a poussé à lancer en 1985 les Journées mondiales de la Jeunesse, et les 19 JMJ de son pontificat ont rassemblé des millions de jeunes dans diverses parties du monde. D'autre part, son attention à la famille s'est exprimée par la tenue de Rencontres mondiales des Familles entreprises à son initiative en 1994.
Il a promu avec succès le dialogue avec les juifs et avec les représentants des autres religions, les invitant parfois à des rencontres de prière pour la paix, en particulier à Assise.
Sous sa direction l'Église s'est approchée du troisième millénaire et a célébré le grand Jubilé de l'An 2000, selon les orientations indiquées dans la Lettre apostolique Tertio Millennio Adveniente. Celle-ci s'est ensuite ouverte à la nouvelle époque, en recevant ses indications dans la Lettre apostolique Novo Millennio Ineunte, dans laquelle il montrait aux fidèles le chemin de l'avenir.
Avec l'Année de la Rédemption, l'Année mariale et l'Année de l'Eucharistie il a promu le renouveau spirituel de l'Église.
Il a donné une impulsion extraordinaire aux canonisations et aux béatifications, pour montrer d'innombrables exemples de la sainteté d'aujourd'hui, qui soient un encouragement pour les hommes de notre temps. Jean-Paul II a procédé à 147 cérémonies de béatification (1338 bienheureux) et à 51 de canonisation (482 saints). Il a proclamé Docteur de l'Église sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus.
Il a considérablement élargi le Collège des Cardinaux, en en créant 231 en neuf Consistoires, plus un in pectore, dont le nom n'a jamais été révélé. Il a également présidé six réunions plénières du Sacré Collège.
Jean-Paul II a présidé quinze Synodes des Évêques : six Assemblées ordinaires (1980, 1983, 1987, 1990, 1994 et 2001), une générale extraordinaire (1985), huit spéciales (1980, 1991, 1994, 1995, 1997, 1998 [2] et 1999).
Il a prononcé 20.351 discours pendant son seul pontificat dont 3.438 hors d'Italie. Au nombre de ses documents majeurs, on compte quatorze encycliques, quinze exhortations apostoliques, onze constitutions apostoliques et quarante-cinq lettres apostoliques.
À titre privé, en tant que Docteur, a également publié cinq livres : Entrer dans l'espérance (octobre 1994) ; Don et Mystère : en ce 50ème anniversaire de mon ordination sacerdotale (novembre 1996) ; Triptyque romain - Méditations poétiques (mars 2003) ; Levez-vous et allons ! (mai 2004) et Mémoire et Identité (février 2005).
Les seuls écrits officiels représentent plus de 80.000 pages ; à cela il faut ajouter des publications à titre personnel et sans doute des milliers de lettres et documents privés divers.
Il a promulgué le Catéchisme de l'Église catholique, à la lumière de la Tradition, interprétée avec autorité par le Concile Vatican II. Il a également réformé les Codes de droit canonique latin et oriental, a créé de nouvelles institutions et réorganisé la Curie romaine.
Jean-Paul II est décédé au Vatican le 2 avril 2005 à 21 h 37, tandis qu'on entrait déjà dans le Jour du Seigneur, Octave de Pâques et Dimanche de la Divine Miséricorde.
Les funérailles se sont déroulées le >>> 08/04/05 alors que, depuis son décès, plus de trois millions de fidèles étaient venus à Rome saluer sa dépouille, attendant jusqu'à 24 heures avant d'entrer dans la basilique Saint-Pierre.
Le 28 avril, le nouveau pape Benoît XVI a accordé la dispense des 5 années après la mort pour l'ouverture de la Cause en béatification-canonisation de Jean-Paul II. La procédure canonique a été ouverte le 28 juin suivant par le card. Camillo Ruini, Vicaire général pour le diocèse de Rome.
Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła) a été officiellement élevé aux honneurs des autels le dimanche Ier mai 2011, au cours de la messe de béatification, sur la place Saint-Pierre de Rome, présidée par le pape Benoît XVI  (>>> Homélie).
Le  27 avril 2014 sa Sainteté le pape Francesco a proclamé Saints ses prédécesseurs Jean XXIII et Jean-Paul II. Un moment de joie et de prière pour les 800.000 et plus fidèles qui du monde entier ont conflué dans la place Saint-Pierre, mais aussi le début d'un voyage éternel dans la gloire de l'Église catholique.


fr.radiovaticana.va


Jean-Paul II, le témoignage de ses amis et collaborateurs

Portrait de Jean-Paul II durant sa canonisation - AFP
21/10/2016 16:57
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(RV) Le 22 octobre 1978, le cardinal Wojtyla - devenu Jean-Paul II - est intronisé comme successeur de Pierre et devient ainsi le 264ème évêque de Rome. Élu pape le 16 octobre, il est le premier souverain pontife polonais de l’Histoire et succède à Jean-Paul Ier dont le pontificat n’aura duré qu’un mois.
Les vingt-six ans de pontificat du pape polonais ont été marqués par un fort engagement personnel, mis au service du monde et du message du Christ. « Totus Tuus » est la devise épiscopale et papale qu’il choisit pour exprimer sa confiance absolue en la Vierge Marie, mère de tous les hommes.
Les contemporains de Jean-Paul II soulignent une vie de service guidée par l’Esprit-Saint, exhortant à la sainteté, par l’exemplarité. Figure de bonté et d’empathie, Jean-Paul II est un « géant de la foi » exigeant, laissant derrière lui un héritage spirituel considérable, un héritage que Benoît XVI a « cherché à assumer et à poursuivre, sans essayer de l’imiter ».
Dans son ouvrage Auprès de Jean-Paul II, paru aux Éditions du Parvis, Wlodzimierz Redzioch a rassemblé les témoignages d’amis et collaborateurs de Jean-Paul II, nous donnant ainsi à voir la figure de cet homme, prêtre, pape et maintenant saint.
Un pape au charisme révolutionnaire
« N’ayez pas peur ! », dès le début de son pontificat, le Pape Jean-Paul II invite à ouvrir les frontières économiques et politiques. « Permettez au Christ de parler à l’homme ». Le ton est donné, le Pape est un homme de réflexion, clairvoyant et qui entend bien ne pas rester insensible aux défis du monde.
Fin diplomate pendant la Guerre froide, il contribua notamment à la chute de l’Union soviétique. Lors de sa béatification en 2011, Benoît XVI déclare que Jean-Paul II a su « inverser avec une force de géant – force qui lui venait de Dieu – une tendance qui pouvait sembler irréversible. »
Le cardinal Camillo Ruini, qui fut notamment président de la Conférence épiscopale italienne, nous partage la position de Jean-Paul II concernant le Vieux Continent : « Il s’est battu pour l’Europe, mais pour lui l’Europe ne pouvait pas laisser de côté les nations. Chaque nation a son rôle, ses caractéristiques, sa physionomie ».
Son message rejoignait ses contemporains qu’ils soient croyants ou non. La pertinence de ses propos tombait juste. Jean-Paul II a su reconquérir les intellectuels et la jeunesse, en montrant combien l’Église ne s’oppose pas à la modernité, ni à la sécularisation, mais au contraire combien l’Église peut aider la société à évoluer. Polyglotte, il fascinait les médias par ses prises de position audacieuses.
« Tout semblait possible avec ce pape : quelque chose de radicalement nouveau s’était produit au sommet de l’Église et l’avenir semblait s’ouvrir dans toutes les directions ». C’est cette dimension d’ouverture à 360° que souligne Joaquin Navarro-Valls, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège et porte-parole personnel du Pape Jean-Paul II.
Jean-Paul II était un homme d’écoute. Il a su demander pardon pour les fautes commises par l’Église et a beaucoup travaillé au dialogue interreligieux. Gianfranco Svidercoschi, journaliste, nous rappelle la démarche de recueillement du Souverain Pontife au Mur des Lamentations, mais également sa visite à Damas où il fut le premier pape à entrer dans une mosquée.
« Prisonnier de son corps, le Pape continuait sa mission sans cacher ses maux, non par exhibitionnisme, mais pour revendiquer la valeur et le rôle de chacun dans la société, même s’il était malade et handicapé ». Selon son médecin personnel Renato Buzzonetti, il a incarné « l’Évangile de la Souffrance », jusqu’à se faire malade parmi les malades, notamment à Lourdes, en août 2004.
Il se laissait voir, se laissait découvrir. Il ne vivait pas en pontife reclus, une manière de se rendre plus proche du peuple de Dieu dont il partageait la condition.
Un pape proche du peuple de Dieu
En tant que pape, Jean-Paul II est resté proche du peuple de Dieu. Il a donné une place fondamentale aux laïcs, en accordant également une attention particulière au mariage et à la famille. C’est ainsi qu’est né l’Institut pontifical pour les Études sur le mariage et la famille.
Mgr Kabongo nous dit combien Jean-Paul II aimait rencontrer les fidèles, après les messes privées, les audiences, mais également lors de déjeuners. Jean-Paul II, pape, a eu à cœur de poursuivre sa vocation de berger et de pasteur, d’où l’importance des paroisses et de l’accompagnement de la jeunesse dans son pontificat. C’est ainsi que sont mises sur pied les JMJ dont la première édition a lieu en 1984.
Écoute et fermeté, Jean-Paul II était proche des jeunes, mais par amour savait se montrer exigeant avec eux. Simplicité et bonté, il savait être attentif à tous, quel que soit les âges, un esprit missionnaire invitant toujours à l’Évangélisation.
Un pasteur fidèle et vrai
« J’avais compris que, même devenu pontife, il resterait comme il était à Cracovie ». C’est ainsi que le Cardinal Dziwisz, qui fut secrétaire du Pape pendant toute la durée de son pontificat le présente.
Cohérence de son parcours, constance, fidélité en amitié, Jean-Paul II savait remercier. Ainsi à son photographe qu’il considérait comme un fils, il dit : « Arturo, merci de tout mon cœur »… Une attention toute particulière pour réconforter et aider cet ami à surmonter sa mort qui arriverait bientôt.
Malgré la charge de travail, « il trouvait du temps pour cultiver l’amitié » et se ressourcer lors de promenades en montagne. Grand sportif, il aimait partager son goût pour la nature avec d’autres. Egildo Biocca, gendarme du Vatican, a eu la charge d’organiser ce qu’il appelle les « escapades pontificales ». Il relève combien le Saint-Père était toujours de bonne humeur !
Guide pour son âme, c’est ce que fut Jean-Paul II pour Wanda Poltawska, une résistante polonaise, devenue une amie de toujours. Après l’enfer du camp de Ravensbrück, le traumatisme hantait toujours la jeune femme qui rencontra le futur Jean-Paul II dans un confessionnal de Cracovie. « J’ai tout de suite compris qu’il était un saint prêtre, d’une rare capacité d’écoute ». Par la suite, Wanda, jeune psychiatre, s’est fortement impliquée dans un travail commun pour la défense de la vie, apportant son soutien à la pastorale des médecins que l’évêque de Cracovie commençait à organiser.
« Jean-Paul II s’efforçait alors de sanctifier la famille humaine, d’enseigner aux gens “le bel amour”, il l’appelait ainsi, qui nait dans le mariage et se développe dans la vie quotidienne à la maison. »
Suivant avec certitude le fait que la vérité rend libre, Jean-Paul II a le courage de ses opinions. D’ailleurs, Mgr Mokrzycki disait : « cette intention de vivre selon la vérité lui fournissait la façon dont il devait regarder et affronter toutes les circonstances. » Une qualité d’ailleurs relevée par Benoît XVI lors de sa béatification : « Le courage pour dire la vérité est à mes yeux un critère de sainteté de premier ordre. »
Un collaborateur attentif
Jean-Paul II connaissait les dossiers, les sujets pouvaient ainsi être traités avec intelligence. Pawel Ptasznik fut la « main » de Jean-Paul II dans sa vieillesse et prenait donc sous la dictée les discours et écrits du pontife. Revenant sur son expérience, il indique combien Jean-Paul II avait une très grande mémoire, lui permettant ainsi d’énoncer sa pensée clairement, en une seule fois.
Attentif à ses interlocuteurs, Jean-Paul II prenait en compte leurs avis. Bien qu’ayant une vaste culture personnelle, il n’hésitait pas à demander conseil à ses collaborateurs, comme pour les catéchèses.
De plus, pour s’assurer de la pertinence de ses propos, le Pape veillait à consulter le clergé local pour saisir au mieux les réalités du terrain et les préoccupations réelles des gens. « La pastorale n’est pas une théorie, elle est convivialité. On apprend à vivre en vivant, et à faire en faisant. » La pastorale est donc une affaire de terrain, c’est ce que nous confirme le professeur Grygiel, docteur en philosophie chrétienne et ami personnel de Jean-Paul II. Ouvert d’esprit, le Saint-Père avait le charisme de l’accueil de l’Autre et savait le mettre à l’aise.
Benoît XVI le dit lui-même : « le pape riait volontiers, et ces déjeuners de travail avec tout le sérieux qui s’imposait, étaient en fait aussi l’occasion de se retrouver en joyeuse compagnie »… Avant de poursuivre : « c’est seulement à partir de son rapport avec Dieu qu’il est possible de comprendre son indéfectible engagement pastoral. »
Prière et Eucharistie, moteur et centre de sa vie
Ses journées de travail étaient rythmées par la prière, car le centre de sa vie était l’Eucharistie qu’il vivait comme un « acte ecclésial et communautaire ».
En effet, c’est dans la prière qu’il trouvait « l’énergie pour agir » nous rappelle Mgr Kabongo, prière qu’il vivait intensément, comme une union à Dieu. Jean-Paul II a vécu son sacerdoce comme un don entier et sans retour de sa personne, pour l’Église et pour les hommes, prenant pour exemple la Mère de Dieu à qui il vouait une grande dévotion.
Apôtre de la Miséricorde et adorateur du Saint-Sacrement, « son dialogue avec Dieu était continuel. Il avait constamment besoin de prier » dit son porte-parole Joaquin Navarro-Valls. Après la tentative d’attentat raté du 13 mai 1981, Jean-Paul II dira : « une main a tiré et l’autre a dévié la balle ». Mais cet « athlète de Dieu » au service de ses frères n’en est pas moins incarné ; le Pape va progressivement connaître une vie de souffrance et de douleur. Cependant, malgré les épreuves, il a conservé « une foi d’acier ». Une foi qui lui fit réécrire sa devise, en mars 2005, « Totus Tuus », comme pour confirmer et réaffirmer sa confiance totale en la Providence et de la Mère de Dieu.
« C’est de sa foi que sont nées ses autres vertus » nous rapporte le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour la cause des saints.
Appel à la sainteté
« L’Église existe pour engendrer et susciter des saints ». C’est la certitude de Jean-Paul II qu’il a su mettre en œuvre en portant sur les autels 482 saints, tout autant de modèles inspirants pour les fidèles d’aujourd’hui.
« Karol Wojtyla : le futur saint », telle est l’inscription laissée anonyme qu’un séminariste contemporain de Jean-Paul II avait écrite sur sa porte de chambre au séminaire métropolitain de Cracovie où « tout le monde rivalisait pour faire avec lui les promenades hebdomadaires, car nous en revenions enrichis ». Anecdote rapportée par son ami Deskur, mais qui révèle l’opinion que beaucoup avaient déjà du futur pape.
Tout comme l’ensemble des collaborateurs du Saint-Père, Mgr Mokrzycki confie son ressenti : « Pour moi, avoir été avec Jean-Paul II, a été fréquenter une école de vie religieuse, de sainteté, d’intériorité. » Une impression que confirme également Benoît XVI : « Durant mes années de collaboration avec lui, il était devenu toujours plus clair pour moi que Jean-Paul II était un saint. »
Sœur Marie Simon-Pierre Normand, petite sœur des maternités, atteinte de la maladie de Parkinson et guérie par l’intercession de Jean-Paul II a vu en ce pape un saint, un modèle à imiter pour vivre cette épreuve dans la foi. En évoquant le miracle qui s’est opéré en elle, elle dit avoir « fait l’expérience d’une nouvelle naissance, d’une nouvelle vie ».
« Pape, père et ami, tout à la fois »
De manière unanime, tous relèvent le fait que Jean-Paul II leur a beaucoup appris. Javier Echevarria, à la tête de l’Opus Dei, souligne l’héritage immense laissé par Jean-Paul II, à la fois « un splendide trésor de doctrine et un exemple de charité pastorale ». Comme le rappelle Grygiel, « il faisait toute chose de façon à ce que sa vie devienne parole ».
« La plupart des gens avaient confiance en lui ; sa foi dense et profonde et son optimisme plaisaient beaucoup » affirme le cardinal Ruini.
Jean-Paul II avait aussi le don de se rendre disponible. Navarro-Valls dit de lui : « Il ne savait pas perdre une minute de son temps ; mais il n’était jamais pressé, » ou encore, pour expliquer son engagement : « Son incroyable audace n’était pas sienne, mais la conséquence de sa confiance en Dieu ».
Un homme de paix reconnu de tous, un exemple de « pasteur universel » à imiter, Jean-Paul II - de par son attitude - a renforcé la foi de nombreux prélats et suscité de nombreuses vocations. (Hélène de Vulpian)

 

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Jean-Paul II: une femme dans sa vie

Une “amitié intense” de l’an­cien pape aujourd’­hui dévoi­lée
Laure CosteyLaure Costey | lundi 15 février 2016 à 18:32
Gala Live
Pendant plus de tente ans, le pape Jean-Paul II vivait une histoire épis­to­laire, mais pas seule­ment, avec une philo­sophe ameri­cano-polo­naise. Leurs échanges ont été rendus publics par la BBC.
C’est un tabou qui se fissure. Jamais le Vati­can n’au­rait pensé devoir faire face à une telle histoire. Depuis ce lundi, c’est le souve­nir inviolé du pape Jean-Paul II qui est remis en ques­tion. La BBC vient en effet de dévoi­ler une série de lettres échan­gées entre le défunt Saint Père et une femme. La rela­tion épis­to­laire d’abord simple­ment “profes­sion­nelle” s’est ensuite trans­for­mée en une amitié “intense”.
En 1973, la philo­sophe ameri­cano-polo­naise, Anna-Teresa Tymie­nie­cka entre en contact avec Karol Wojtyla au sujet de son livre de philo­so­phie. À l’époque, l’homme de foi n’est pas encore pape et invite donc son inter­lo­cu­trice à le rencon­trer en Pologne. De ce rendez-vous décou­lera une rela­tion inin­ter­rom­pue, jusqu’à la mort du pape. D’abord pure­ment philo­so­phiques, leurs échanges par cour­rier deviennent de plus en plus intimes au fil du temps comme le révèle a publi­ca­tion de la BBC. Ces archives conser­vées jusque-là dans la Biblio­thèque natio­nale polo­naise, pour­raient ne pas avoir été consul­tées par le Vati­can avant l’élec­tion de Karol Wojtyla en 1978.
Dans l’an­née qui suit leur rencontre, le cardi­nal et Anna-Teresa se seraient revus à plusieurs reprises et notam­ment aux États-Unis, dans la maison de campagne de la philo­sophe. Dans l’en­semble des lettres retrou­vées, il est clai­re­ment suggéré que la jeune femme a avoué ses senti­ments amou­reux au reli­gieux. Karol Wojtyla lui répond en 1976: “Ma chère Teresa, j’ai reçu les trois lettres. Vous me faites part de vos tour­ments, mais je n’ai pas pu trou­ver les mots pour vous répondre”.
Le futur pape était-il lui aussi boule­versé par cette rencontre? Il parlait en tout cas d’Anna-Teresa Tymie­nie­cka comme d’un “un cadeau de Dieu”. Élu pape en 1978, Karol Wojtyla n’in­ter­rompt pas ses échanges épis­to­laires avec la philo­sophe. Depuis le Vati­can, il lui écrit: “Je me promets de me souve­nir de tout dans cette nouvelle étape de mon voyage”. Si leurs rencontres deviennent impos­sibles pendant le temps du ponti­fi­cat de Jean-Paul II, il rece­vra à la fin de sa vie la visite de sa tendre amie à son chevet.
>A voir: Les lettres secrètes de Jean-Paul II, docu­men­taire inédit diffusé ce mardi 16 février 2016 à 20h55 sur Arte.

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