mardi 18 octobre 2016

la moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson - textes du jour


Mardi 18 Octobre 2016

Allons-nous encore laisser passer les années sans nous situer à hauteur des enjeux de responsabilité et de sens que la vie en commun nécessite ? Sommes-nous prêts à regarder les choses en face et à entirer toutes les conséquences pour nos conduites personnelles et collectives ? Chacun, à son niveau, est responsable de la vie et de l’avenir de notre société. Cela demandera toujours courage et audace. Des qualités qui n’ont jamais déserté le cœur de notre pays. Nous pensons que les vraies solutions aux problèmes profonds de notre époque ne viendront pas d’abord de l’économie et de la finance, importantes soient-elles, ni des postures et gesticulations de quelques-uns. Elles viendront de cette écoute personnelle et collective des besoins profonds de l’homme. Et de l’engagement de tous. L’exhortation est forte, nouvelle, nullement dogmatique, pas seulement descriptive : le lien entre personnel et collectif est décisif, il est perçu, bien dit. Le petit livre est d’ailleurs interactif pour ses vingt dernières pages et appelle explicitement à des réunions, des échanges. Une mise en mouvement qu’aucune famille d'idées ou structure politique ces temps-ci n’a été capable de concevoir et d’organiser. Nous voudrions vous inviter à prendre la parole, à échanger avec d’autres, y compris non-chrétiens, sur les enjeux de notre vie en société.
Conseil permanent de la conférence des évêques de France 
Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique . Bayard. Cerf . Mame – 90 pages  =  4 euros
* * *

Hier soir, sur Arte, deux films de DUVIVIER, Edith de demande avec insistance de les regarder, au moins le premier. Le nom du réalisateur et le titre La belle équipe ne me disent rien. Je suis dans ma « prière » décalée au soir, la bande son est vociférante mais c’est la gouaille des années 30, et rien qu’en cela, c’est intéressant. Nous sommes les premières générations à avoir le son des précédentes, les voix, le parler, des éléments de vocabulaires demeurent, étaient déjà là, d’autres ont disparu. Puis je monte. C’est puéril, l’amitié, l’amour, mais précisément cela ne veut pas singer la réalité ou faire croire comme aujourd’hui que c’en est. C’est du théâtre, c’est une parabole, c’est mieux que de l’éducation, c’est un retour sur nous-mêmes, alors que le film – contemporain du Front populaire – correspond à la prime jeunesse de mes parents, y compris les allures, les sourires, la manière de se photographier. DUVIVIER tourne les deux films avec la même structure, les amitiés viriles, les obsessions et le coup de feu. Evidemment, joué en décor et intérieur, parfois déclamé, récité… La fin du jour est encore plus convaincante. Les distributions sont, en fait, pour qui regarde et vit le film maintenant, un rappel de notre patrimoine : la langue, la culture et puisqu’on parle tant des valeurs à proportion qu’on ne sait plus ni les identifier, ni les énoncer, ni évidemment les pratiquer et les transmettre, nos valeurs donc… ces films très structurés sont structurants. La France des conquêtes sociales, la France à la veille de son désastre militaire est en plein « réarmement moral », elle a soutenu la Grande Guerre, quasiment par instinct et selon la biologie, chacun mais aussi le pays en tant que tel. Malgré des problèmes on ne peut plus mal surmontés, et des institutions foireuses, les années 1950 sont de ce même bois : on se fortifie mentalement, on veut des institutions, des convictions, des analyses, tout est fort. La brassée ne demande plus que celui qui saura tout lier et porter à la pérennité : de GAULLE donc. Parabole… je me suis endormi dans les derniers moments du second film : la fin du jour, à partir du coup de feu : l’amoureuse ? ou Michel SIMON ? Edith, fatiguée de sa journée, était descendue avant. Je me suis éveillé, je ne sais comment, sans identifier exactement lieu et temps où je m’éveillais, nos chiens dormaient autour de bois, la belle au bois dormant. L’irréalité m’avait rejoint, j’étais moi-même irréel face à une œuvre aussi forte, sans un instant de trop, sans une image qui n’aurait été qu’approximative. – Ce matin, enquête google, wikipédia, allociné… je découvre que j’ai, en réalité, vu la plupart de ces films. Et ce qui me saute aux yeux, c’est évidemment ce que nous vivons aujourd’hui qui n’est plus que du très mauvais cinéma noir et blanc, notre campagne présidentielle, ces primaires qui font réciter du texte, des extraits de texte, ridiculisent la fonction présidentielle et la politique, des collages d’images, des silhouettes d’acteurs de très seconde zone. Les remèdes ne sont pas là et le spectacle est mauvais. La politique n’est plus même capable d’éditer et expliquer un papier clair : PSA licencie ou pas ? on nous a fait croire au redressement après un coup de main de l’Etat, la destruction d’emplois est nette : dix sept mille de mois. Tandis qu’on prétend que Renault embauche. FH à Florange, fort bien. NS y allait aussi. Maintenant, l’analyse, seulement maintenant de Florange et de la crise de l’automne de 2012. Des chiffres ridicules : 20 millions, alors que notre endettement égale notre produit brut, alors que c’est le prix d’une douzaine de longères restaurées avec un peu de terrain, autour de chez nous. Cohésion gouvernementale : zéro également, ROYAL pour un cessez-le-feu à Notre-Dame des Landes et VALLS pour une évacuation et donc les travaux. Analyse générale et stratégie. L’évidence pour les Anglais : le brexit est impraticable et illogique. THATCHER et d’atroces sacrifices sociaux a cassé l’industrie britannique, choisissant les services financiers comme fond de l’économie du pays… et le brexit va faire « déménager » la City en Europe… Quant à Alep, une conférence seulement le 26, une trêve soi-disant de huit jours pour de l’aide humanitaire. Plus personne n’est conséquent, ni la Russie ni l’Occident, la Russie n’ose quand même aller jusqu’au bout et l’Occident n’ose aller en force dans la ville. Seul conséquent le peuple luttant pour survivre. Il était francophone il y a trente ans, il est aujourd’hui anglophone. Et Mossoul, on est toujours au début de l’offensive, et rien… on parle du million et demi de réfugiés que l’assaut va susciter, c’est le même chiffre en Haïti, dont on ne parle plus…
De la lumière et de la force, cependant. Le texte de nos évêques est remarquable d’exhaustivité et de courage, car la crise intime de la politique, de la société est également identifiée comme celle aussi de l’Eglise en France. Une sorte d’expropriation de nos âmes par négligence, par désertion de toute vie intérieure. J’ai commencé samedi et dimanche à mémoriser cette démarche depuis 1972 surtout : le magistère a pris la responsabilité du politique, il en est d’ailleurs temps car aussi bien la manif.pour tous que le débat bio-éthique abusent de références mal définies et situées, jouxtant le religieux et le spirituel. L’Eglise, en laissant quelques-uns de ses évêques en éclaireurs ou en soli, pour la campagne de 2012, avait été à la fois absente et sur-présente, mais sans analyse globale, des saillies, les imprudences et exagérations du cardinal BARBARIN [1], d’autres, un questionnaire pour cribler les candidats avait été produit, mais sans contexte. Cette fois, au contraire, le départ est excellent. Incertitude cependant : le livret, bon marché, 4 euros, affiche la date du 20 Juin 2016, or la sortie est censément du 14 Octobre. Il y a d’ailleurs à documenter et à écrire une histoire de l’épiscopat français en politique, en responsabilité nationale, par défaut tant les carences du social et du politique s’accentuent [2]. Sans doute, il y a des phrases relâchées ou toutes faites, mais l’élan est là, la connaissance de l’intelligence, du cœur et de la culture, faisant très opportunément foin de toute expertise, de toute évocation de faits, de noms de lieux ou de personnes, de dates mêmes. En sorte que le lecteur est amené à prendre le texte comme un outil, à se l’approprier pour – grâce à ce texte tranquille – regarder notre pays, cas particulier d’une universalité qui lui est, en profondeur, analogue, regarder et prendre la responsabilité personnelle du changement. FM en discours d’adieux, le 31 Décembre 1994, remarqua avec toute la force du testament d’un mourant : je crois aux forces de l’esprit. La noosphère conceptualisée et située dans l’évolution humaine et dans l’histoire de la création par TEILHARD de CHARDIN. Nous vivons en ce moment un défi qui fut celui de nos territoires en décolonisation, je l’ai vécu personnellement et intimement avec Moktar Ould DADDAH : convertir les mentalités, changer les mentalités. C’est exactement cela. L’ambiance, la performance ne changeront que si nos manières de voir, de penser, d’énoncer donc ne changent pas. Fin de la comédie, entrée dans la vie. Allons-nous encore laisser passer les années sans nous situer à hauteur des enjeux de responsabilité et de sens que la vie en commun nécessite ? Sommes-nous prêts à regarder les choses en face et à entirer toutes les conséquences pour nos conduites personnelles et collectives ? Chacun, à son niveau, est responsable de la vie et de l’avenir de notre société. Cela demandera toujours courage et audace. Des qualités qui n’ont jamais déserté le cœur de notre pays. Souligné par l’épiscopat [3]. Nous pensons que les vraies splutions aux problèmes profonds de notre époque ne viendront pas d’abord de l’économie et de la finance, si importantes soient-elles, ni des postures et gesticulations de quelques-uns. Elles viendront de cette écoute personnelle et collective des besoins profonds de l’homme. Et de l’engagement de tous. L’exhortation est forte, nouvelle, nullement dogmatique, pas seulement descriptive : le lien entre personnel et collectif est décisif, il est perçu, bien dit. Le petit livre est d’ailleurs interactif pour ses vingt dernières pages et appelle explicitement à des réunions, des échanges. Une mise en mouvement qu’aucune famille d'idées ou structure politique ces temps-ci n’a été capable de concevoir et d’organiser. Nous voudrions vous inviter à prendre la parole, à échanger avec d’autres, y compris non-chrétiens, sur les enjeux de notre vie en société.
En m’éveillant tout à l’heure, les textes du jour m’ont sauté au visage. Paul, si historiquement, factuellement, psychologiquement situé, tellement existant. Luc est seul avec moi… rapporte-moi le manteau que j’ai laissé à Troas chez Carpos. Apporte-moi aussi mes livres, surtout les parchemins. Alexandre, le forgeron, m’a fait beaucoup de mal… La foi comme lucidité, comme pénétration de la réalité, et surtout le constat de l’œuvre de Dieu en nous et par nous. Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que, par moi, la proclamation de l’Evangile s’accomplisse jusqu’au bout et que toutes les nations l’entendent [4] L’évangélisation, le fait de Paul dûment raconté dans les Actes et dont tout le mérite revient à Dieu selon l’Apôtre lui-même, et les instructions, le savoir-faire sont donnés par le Christ. Ne passez pas de maison en maison. Et d’une façon étonnante, le Christ suppose des pouvoirs extraordinaires à ses missionnaires, Il les leur confère. Guérissez les malades… comme si c’était facile. Et le message n’a rien de compliqué… et dites : «  Le règne de Dieu s’est approché de vous ». sans être « fayot », il me semble que la prise de parole de notre épiscopat, d’autant plus éloquente et audible, que le discours politique s’est effondré, s’est perdu en se prostituant aussi bien dans sa pétition d’être sur le terrain, d’être analogue à chacun (le nivellement par le bas) qu’en son addiction à la gestion dont constitutivement il n’est pas capable, par lui-même. Le politique fait l’esprit national et les citoyens agissent, travaillent, avancent. Reste notre engagement et notre responsabilité personnels, combien je les ressens en moi, chaque matin quand je vois bien que depuis des mois, et des années, mon inertie est plus forte que mon projet, mon imagination et surtout mon écoute de notre temps. La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.   


[1] - à qui nous devons en regard la présence française autant que d’Eglise auprès des chrétiens d’Orient, d’Irak en particulier – mon ami cher, Emmanuel D. dominicains, est sur zone depuis un mois

[2] - Conseil permanent de la conférence des évêques de FranceDans un monde qui change, retrouver le sens du politique . Bayard. Cerf . Mame – 90 pages

[3] - ibid. p. 70

[4] - 2ème lettre de Paul à Timothée IV 10 à 17 ; psaume CXLVI ; évangile selon saint Luc X 1 à 9

Aucun commentaire: