samedi 12 mai 2012

car nous étions certains - textes du jour

Samedi 12 Mai 2012


08 heures 15 + Eveillé depuis deux heures... messageries : une correspondante précise et ma chère femme à laquelle je veux adresser mon premier courriel chaque aube ou début.... sont préalables. Structure que je me suis donnée ou évidence-conseil de la nature ? Déblayer avant de prier, Jacob et ses troupeaux avant la lutte, le pieux musulman, la pierre, le tapis. La vérité de l'instant choisi et voulu, se prépare. Récapitulation d'avant l'audience, respiration avant d'entrer, présence voulue avant les automatismes et le dialogue qu'est toute prière, toute rencontre, tout au-devant.
Tout à l’heure, à mes yeux ouverts, à mon rêve compliqué mais certainement pédagogique, ma chère femme que je n’ai pas éveillée… elle repose sur le dos, la bouche un peu ouverte, calme : elle n’a jamais aimé la nudité, ne dort jamais nue. Pas de chance pour moi ? toutes mes femmes antérieures ont accepté ou sont entrées dans le naturel de dormir nus, prêts l’un pour l’autre à l’étreinte. – Messagerie-réponse avec MCC, cette fameuse lettre ne pouvait être que d’elle, elle l’avoue, je ne sais pas son histoire, elle a sans doute un « grain », ce qui explique l’audace qui m’a ravi de sa spontanéité. Elle est du genre d’Arielle B. et de cette jeune femme dont j’oublie le nom, rencontrée en 1996 par les réunions publiques au Palais des Arts, d’une souffrance épidermique, d’une sensibilité à souhaiter et refuser le toucher. Je réponds comme je peux, mais j’ai compris que je ne comprendrai pas. Dangereuse ? peut-être surtout si elle est chronophage. – Désir de ma femme, je le lui courielle, puis tout à chaud je tente ma proposition, qui est éludée comme à notre réveil, comme à notre coucher.
Je pleure mon arbre, déséquilibré, chargé d’une branche énorme qui faisait courbe, avait la courbe d’un accueil mais ne facilitait pas le passage dans nos allées et venues. Ce déséqulibre l’a rendu vulnérable à la tempête de l’autre semaine, abattu, fendu à moitié entre ses deux poussées jumelles. J’aurais dû aussitôt scier la branche faisant le poids. Le jardinier qu’à temps partiel ma chère femme met au travail amateur et de bonne volonté, mais excellent plombier… a commencé par là, et scié beaucoup plus de branches que nécessaire. Et n’a pas fait l’essentiel, redresser l’arbre et lui donner son arc-boutant. Mon arbre restera mon fils, ma tâche (bonheur de toute recouvrance et péché de négligence, le principal des miens) et mon œuvre puisque je vais opérer cela, mais je lui ai manqué. J’aurai dû l’ébrancher il y a longtemps, la tempête n’aurait rien pu, et encore – ensuite – aurai-je pu ne l’opérer que du minimum. – Pour la troisième fois : 1981,1988, 2012, j’attends d’être considéré et appelé à contribuer. J’avais trente-huit ans, j’en ai soixante-neuf. La vieillesse et les vingt ans, ces jours-ci, qui me « séparent » ( ?) d’une nomination qui ne me comblait pas, ne me mettait pas là où j’ai attendu une grande part de ma vie d’être appelé, mais nomination à un poste fonctionnel qui m’intéressait et m’employait, où rien n’avait de précédent… vieillesse, distances, mémoires, le loin et le présent se mélangeant totalement… me donnent aujourd’hui la liberté d’avoir demandé et attendu sans m’amoindrir ni me courber. Je ferai sans doute, peu communicable, le récit des apparences successives de mon échec au sens reçu des carrières et de la lumière. Il me faut résolument changer d’itinéraire pour aller à ce que je visais et qui était plus que les positions que j’ai souhaitées, celles-ci permettant peut-être de l’atteindre, et je suis de plus en plus persuadé que je peux et dois l’atteindre autrement. Cela se résume à contribuer au mieux-être et au mieux-comprendre dont chaque génération a besoin, celles qui me suivent tandis que la mienne ou celles qui me précèdent de plus en plus courtement n’attendent rien explicitement mais peuvent être heureuses d’une interrogation ou d’un témoignage. Cela, je l’ai ressenti dès ma première publication par Le Monde en 1972 contre le referendum de Georges Pompidou : j’ai alors introduit l’alternative dans la pensée politique du règne en cours et dont la gauche ne savait pas encore être l’épreuve, et j’ai témoigné à ceux qui avaient déjà donné œuvre et action (avec l’homme du 18-Juin) qu’une relève était possible autrement que dans les éphémérides électoraux ou la succession des divers programmes de gouvernement… l’autre face vers le sommet est sans doute la littérature. Mais dans une vie le succès est facultatif, le bonheur ne l’est pas, l’amour est aussi miraculeux que naturel et habituel. Ce groupe des C. au seuil de l’église de mon village, dimanche dernier, le baptême pour la quatrième génération. Nous en connaissons chacun et son histoire, je n’ai pas su entretenir l’intimité d’antan, il est vrai que le vecteur (féminin) s’y est progressivement refusé puisque je ne l’avais pas suivi. J’eusse aimé être à leur fête : celle d’une liturgie qu’ils ignoreront ensuite probablement, celle de la famille dont j’aime chacun. Sans doute, ma liberté et mon discernement – si nouveaux dans ma vie – tiennent-ils à ce qui m’est le plus à cœur : assurer ma femme qu’elle ne s’est pas trompée sur moi, donner à notre fille l’héritage de l’honneur et de l’estime dont elle pourrait percevoir quelques échos, quelques lueurs quand – formule de mon grand-père maternel – « je n’y serai plus », Cela et pour elle, encore davantage, souvenir de notre mutuelle tendresse. La tendresse est respect puisqu’elle est réponse, attente comblée et comprise, acceptée.

Prier… aucune blessure, que de l’attente, de la reconnaissance et le gréement prêt pour la suite. [1] Tout hier soir, retour d’une journée dans « mes » archives mauritaniennes, le pays et l’époque de mes vingt-trente ans, dînant rapidement, prenant ensuite Le Canard confirmant toutes mes intuitions sur le probable retour à une forte présence politique du vaincu de la seconde manche dimanche dernier, j’ai été prié et conduit par notre fille, ma fille et nous avons ensemble toute la soirée jusqu’au coucher lu des albums sur le corps humain, sa tansformation, la naissance, bien des détails des premiers instants à la puberté, puis sur les étoiles et le système solaire, les volcans enfin. Elle était sur mes genoux et me demandait de lire, nous expliquions un mot ou un autre, j’apprenais doublement, bien des choses dans cette lecture et que ces moments qui sont plus que l’intimité ou l’étreinte entre adultes ou adolescents, qui sont des vérités et des états peu décrits mais faisant référence en tout, sont un des fragments de notre mutuelle éternité, père et fille, parents-enfants (je ne connais que du dehors, souvent tumultueux, le fragment mère-fille). J’anticipe depuis sa conception et l’immédiate perception de sa liberté, ce qu’elle sera à ses vingt ans, à ses trente ans, de silhouette, de visage, de présence. Je me gorge du futur et elle me plonge, me réclame dans le présent, dans le jeu, dans le grave. Compte-rendu quotidiens de la classe, des projets, des amitiés et toujours la question : quand allons-nous faire ceci ou cela, et toujours la demande : regarde… et je fais mon possible selon ma disponbilité voulue ou arrachée, et elle, paisible ou désespérée, est totalement dans ce qu’elle me prie que nous soyons-devenions-confirmions ensemble. 
Il y avait là un disciple nommé Timothée ; sa mère était une Juive devenue croyante et son père était païen. A Lystres et à Iconium, il était estimé des frères. Paul désirait l’emmener, et il le prit avec lui. Il le soumit à la circoncision, pour tenir compte des Juifs de la région, car ils savaient tous que son père était païen.  Pas plus adulte, pratique, familial, politique que les Actes des Apôtres

11 heures 06 + Un de nos chiens, puis deux : Boule-de-Neige, Vanille. Vommissements, diarrhée, spasmes et tremblements, bave. Tandis que j’emmène à toute vitesse le premier et arrive chez notre vétérinaire, l’avant-veille déjà, Boule-deNeige était à son cabinet, ma femme a appelé pour prévenir qu’elle arrive avec le second, dont nous ne remarquions pas l’état à mon départ. Empoisonnement. Pronostic réservé, perfusions, plusieurs produits, pas d’antidote spéciale puisqu’on ne peut identifier le tixique absorbé. Hasard ? après deux de nos chiens tirés au fusil en Septembre 2010 puis fatalement en Décembre 2010, et une tentative manifeste à la fin de Mars… de même que pour mon imprudence manifeste de l’autre matin, ou à Marseille aux règlements de compte à répétition, sans lien les uns avec les autres sinon l’ambiance locale et le délabrement de toute notre société, il est évident que c’est le civisme seul qui nous en sortira. Les quelques heures des 6-8 Mai dressent un paysage fondamentalement analogue avec la presse « people » et l’inquiétude entretenue pour les amours et désamours des couples ou célibataires célèbres. C’est toujours du chromo. qui nous déleste de la réflexion et surtout de la responsabilité, de l’action personnelles. La société n’est pas un cadre dont chacun bénéficierait ou pâtirait. Elle est la somme de nos résultats personnels. Les exemples foisonnent dans notre histoire et selon nos rencontres de hasard pour m’assurer, nous assurer que la force, l’équilibre, la maturité personnels existent et peuvent toujours, à tout moment, opérer le miracle d’une cohésion refaite, et sereinement, jubilatoirement ressentie par chacun. Ainsi soit-il.
Donc…  dans les villes où Paul et ses compagnons passaient, ils transmettaient les décisions prises par les Apôtres et les Anciens de Jérusalem, pour qu’elles entrent en vigueur. Les Eglises s’affermissaient dans la foi, et le nombre de leurs fidèles augmentait chaque jour. Les autonomies de vie, la centralisation du débat pour la décision, la tête collective à Jérusalem, le pouls partout… imaginons la fantastique avancée des dialogues entre monothéistes et partant entre toutes religions et écoles de morale et d’humanisme, donc un élément très fort d’autorité morale, de paix pour le monde… si laissant – comme en cabinet secondaire – les bureaux de l’Eglise au Vatican, le pape s’installait à Jérusalem, structure ultra-légère, vie monacale. Israël en tant qu’Etat, changeant de couleur et de mode, le judaïsme enfin retrouvé comme matrice de tout le mouvement religieux humain accueillant en cadets les chrétiens et les musulmans, un judaïsme ni communautariste ni sioniste, quête de l’homme, foi en la promesse divine. Clé de la parabole, y compris de notre politique immédiate. Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. …  et qui est-il ce maître ? reconnaissez que le Seigneur est Dieu : il nous a faits, et nous sommes à Lui, nous, son peuple, son troupeau. Pas une domination, mais une garantie, une stabilité psychique, morale, sociale, universelle tenant non à une loi, un cadre, une contrainte, mais… Oui, le Seigneur est bon, éternel est son amour, sa fidélité demeure d’âge en âge. [2]  Or, Paul eut une vision pendant la nuit : un Macédonien était là debout et l’appelait : « Traverse la mer pour venir en Macédoine à notre secours ». Après cette vision de Paul, nous avons cherché à partir immédiatement pour la Macédoine, car nous étions certains que Dieu venait de nous appeler à y porter la Bonne Nouvelle.


[1] - Actes des Apôtres XVI 1 à 10 ; psaume C ; évangile selon saint Jean XV 18 à 21

[2] - Probablement chanté pour accompagner l’offrande de remerciement, ce psaume incite le peuple à comprendre que le sacrifice n’a de sens que s’il est sous-tendu par la volonté de connaître Dieu, l’être à qui il est offert. « Sachez que l’Eternel, c’est Dieu » (verset 3). Le peuple doit être convaincu que c’est Dieu qui guide ses pas, le protège et lui accorde « son éternel bienfait » (verset 5). Le vrai service de Dieu ne consiste pas seulement à offrir des sacrifices mais à le servir quotidiennement dans tous les domaines, avec joie et amour. Dans la prière de chahrit, ce psaume introduit les pessouqé dé zimra car il ne se passe pas de jour sans que Dieu fasse un miracle en faveur de l’homme ; l’homme est donc tenu de l’en remercier. Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.

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