mardi 15 juillet 2008

outil - textes du jour

Mercredi 16 Juillet 2008

J’ai la tête troublée, je ne sais pourquoi, ce matin. Sensation (très désagréable) d’irréalité de tout. Vertige. – Prier…[1] est-ce que le ciseau se glorifie aux dépens de celui qui s’en sert pour t’ailler ? Est-ce que la scie s’enorgueillit aux dépens de celui qui la tient ? Comme si le bâton faisait mouvoir la main qui le brandit, come si c’était le morceau de bois qui soulevait l’homme ! A l’évidence, nous n‘agissons que par Dieu, surtout quand nous allons vers autrui. Expérience de la grâce décisive dans ce qui importe le plus, dans toute dialectuqe amoureuse quand elle réussit, nous porte, qu’elle est chaleureuse, constructive. Dieu manifestement à l’œuvre par nous et pour nous, quand nous avançons. Je le sais, je le vis. Nos échecs ne sont pas de Lui. Le mal n’est pas de Lui, je le sens, en profondeur, il est de nous. Description de l’Assyrien, ce qui vaut pour toute société, pour toute « civilisation », toute organisation humaine, quand elles sont prédatrices : combien y en a-t-il aujourd’hui ! comme sur un nid, j’ai mis la main sur les richesses des peuples. Comme on ramasse des œufs abandonnés, j’ai ramassé toute la terre, et il n’y a pas eu un battement d’aile, pas un bec ouvert, pas un cri. L’oiseau que je recueille dans la maison pour lui rendre l’air libre, combien il est immobile, et plus encore silencieux dans le creux de ma main, l’entourant. Envoûté, terrifié ? se laissant faire de confiance ? ou acceptant, avec terreur, l’inéluctable, mais ma main et mon cœur – tant que je vivrai sur cette terre et a fortiori dans l’autre – ne sont pas inéluctables. Ainsi, ai-je été fait pour l’échec si souvent, mais peut-être pour autre chose vers quoi, tout de mavie convergeant, j’avance, de plus en plus proche du but que je ne sais pas, mais dont j’ai conscience : adéquation parfaite de l’outil que je serai enfin et de la tâche que j’aurais eu à remplir. On jugera de nouveau selon la justice ; tous les hommes droits applaudiront. Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté. Notre fille m’appelant, me prenant par la main, m’entraînant : vite, Papa, viens voir, et je suis, je la suis, enfin lucide et docile parce que je suis heureux. Je proclame ta louange, alors que tout est si précaire et que j’ai le vertige, si je ne lève les yeux vers toi. Ainsi soit-il ! – Cet ancien ministre avec qui j’ai vêcu à plusieurs reprises, une forte histoire, quoique frappée, aussi et déjà, d’irréalité, me téléphone, de sa voix larmoyante hier soir sa transhumance ; sans doute dépressif, mais sans écoûte, laquelle importe bien davantage que les anxiolitiques (orthographe ?) et que l’on met en cage, ne pas conduire sa voiture même à la campagne, faire ceci et pas cela, j’ai soudain compris pourquoi il n’écrit pas et affectionne le téléphone : par besoin. – J’interroge mes amis mauritaniens à table. L’interdiction de l’alcool, un hadith ou le Coran-même. Trois étapes dans l’interdit : tu ne prieras pas sous l’emprise de l’alcool. Un second leur échappe, qu’ils cherchent tous deux à réciter en arabe évidemment, et le troisième je l’oublie. Commandements d’hygiène et de santé, de soin de l’homme individuel comme de la société qu’il forme. Expérience personnelle du Prophète ? Le don de l’Esprit est précisément que notre esprit fonctionne. Tous ceux qui dysfonctionnent, le temps perdu par des générations ou par chacun de nous à élucubrer sur ce qui n’est pas l’essentiel : le bien commun et les conditions pratiques de l’amour mutuel.

[1] - Isaïe X 5 à 16 passim ; psaume XCIV ; évangile selon saint Matthieu Xl 25 à 27

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