dimanche 15 septembre 2013

réjouissez-vous avec moi - textes du jour

Dimanche 15 Septembre 2013

Hier après-midi
 
Fin d’après-midi, les lumières vers le sud-est tandis que j’apportais à Minnohar me Mamm (dans la mezzanine, les centaines de Barbie de ma chère femme, et tout ce que périme l'avancée de la vie parmi les jeux et jouets de notre fille). Maintenantes Colas, le landau, la patinette et la bicyclette Charlotte aux fraises. Thème récurrent de la première page du récit que j’envisage depuis pkusieurs années : l’identité et la pratique de l’amour avec le recul que j’ai désormais, depuis notre mariage, et une science nouvelle, celle de la responsabilité du bonheur de l’autre au présent au lieu d’attendre le paradis d’une passivité inopérante. Il y a quinze jours, les petites sandales translucides ornées chacune d’une marguerite, et l’écharpe grise retrouvées dans le même mouvement. Je les ai placées ensemble sur la commode contenant papiers et reliques de mes différentes époques, et commençant de constituer le fonds de Marguerite : chaussures et biberons en prélude aux neuf ans bienôt "accomplis" ... Non pas le leurre et la réalité, mais la providence qui m’a dispensé du discernement et proposé le seul consentement, car choisir et décider en eus-je été capable, à mon échelle ? et alors ? aujourd’hui au contraire, décider et choisir chaque matin ce qui m’est donné depuis notre mariage et la naissance de notre fille, c’est le bonheur et l’équilibre. Ce sera ma fécondité y compris littéraire. Rangeant nos chambres, le pléiade des œuvres autobiographiques de MAURIAC… en volume, j’en ai écrit autant… mais je ne suis pas… Leçon… seraut-ilpour son œuvre romanesque édité aujourd’hui ? sans doute pas. Ma chère femme opine qu’un roman, une fiction n’a de succès et n’intéresse que si elle raconte le contemporain, l’immédiat du lecteur. C’est vrai, mais en partie seulement. Car le ressenti du lecteur est une autre dimension de sa rencontre puis de sa familiarité et du chemin avec un auteur, et l’œuvre, alors, peut être de toute époque et de toute culture. Le paradoxe est que ces volumes d’écriture mémorielle ou intimiste n’a pas empêché qu’un biographe, documenté par l’un de ses fils fasse du magistral et toujours présent auteur du Bloc-Notes un homosexuel éperdu, honteux et frustré…, le réduisant ainsi sans égard pour une vérité, une morale et même des penchants (notamment mysstiques) bien plus vastes. MAURIAC comme GOETHE a su admirer, que cela conduise à la mort à Venise et à tout balbutiement devant la beauté n’est pas forcément sexuel, c’est esthétique et heureusement souvent sentimental.- J’ai photographié la couche de poussière sur la bicyclette rose et sur le rabat des couvertures du petit landau, en tirant les deux « baigneurs », garçon et fille, pour aller les poser à côté des « monsterhighs » de notre trésor… Feuillages rouges de je ne sais quel arbrisseau, perfection soudaine de nuages clairs et plats, répondant au calme de nos arbres. Mère et fille en vadrouille à Vannes, leur complicité pour jouer ensemble, voire regarder ensemble des variétés à la télévision tout en faisant de la couture, ou tentant une nouvelle coiffure pour la cadette des deux … C’est en les évoquant que j’ai plaisir à ranger, coltiner, transbahuter, ou à faire de la vaisselle. Etre seul n’est pas la solitude, alors. Au contraire… Puis comme je revenais vers Aoulié-Ata, un vol de mouettes ? des lames d’argent comme des reflets de soleil sur la surface d’une eau. Ambiance pour les premières pages de mon roman ? Je l’ai appelée mon bonheur.
 
Ce matin
 
Prier… [1] l’évangile dit du fils prodigue que Jean Paul II préférait que l’on appelât la parabole du père miséricordieux. Nous l’avons méditée et dialoguée en petit groupe, mercredi dernier, animé par notre recteur MLP : à plusieurs, bien moins échappe, bien plus se découvre ni par l’un ni par l’autre mais en se continuant et développant les uns les autres. La même foi se dit différemment selon les formations, les cultures, le non-dit des vies personnelles. Il saute aux yeux en lisant les trois paraboles qu’elles ont deux points communs : l’utilité marginale, la vérité psychologique de cette notion économique fondamentale, c’est ce qui manque qui importe bien plus que l’avoir ou le restant. Si l’un de vous a cent brebis et en perd une, ne laisse-t-il pas les quatre-ving-dix neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue ? … si une femme a dix pièces d’argent et en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ? …  ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé. Dans chacun des trois récits, une initiative forte : la recherche et pour le père qui a donné à son cadet les moyens de le quitter, l’attente. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. La seconde évidence est la joie de celle, de celui qui retrouve ce qui était perdu : quand il l’a retrouvée, tout joyeux, il la prend sur ses épaules et de retour chez lui, il réunit ses amis et ses voisins ; il leur dit : « Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue ! »… « Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue ! »….  « Il  fallait bien festoyer et se réjouir ». Joie collective qu’entraine, provoque, anime celle/celui qui retrouve. La parabole du prodigue ou de la miséricorde me paraît surtout celle de la conversion : le cadet rentre en lui-même, formé par la vie, l’adversité, ses facultés sont toutes à l’œuvre, l’examen de conscience du fils précède l’expression de la miséricorde du père, celui-ci ne lui a pas couru après et n’est pas parti à sa recherche. Il y a une initiative du pécheur d’autant plus méritoire qu’elle s’opère dans l’igtnorance de cette miséricorde. Dans son chemin vers Dieu, l’homme n’est pas sans mérite ou bien… la grâce est extrêmement discrète et ménage sa liberté, sa personnalité, son identité particulière : délicatesse du Sauveur. C’est cet aspect de la conversion que commente Jésus : Il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. La parabole de la brebis perdue est la seule à figurer chez un autre évangéliste : Matthieu [2]. Le contexte est tout autre : c’est l’enfant à préserver du scandale, c’est sa grandeur, ce petit enfant-là, voilà le plus grand dans le Ryaume des cieux…. On ne veut pas, chez votre Père, qu’un seul de ces petits se perde, la brebis donc… Luc produit la série des trois récits comme la justification que donne Jésus à ses détracteurs : Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! Son souci du pécheur, sa joie pour une conversion, l’éminente importance de ces pécheurs que méprisent ces pharisiens et scribes. Il part des comportements humains les plus naturels et spontanés : le berger ne réfléchit pas, il cherche la brebis perdue, et la femme met en ordre sa maison quand quelque chose s’y est égaré. Le père, voyant au loin son fils, court à lui et il supplie l’aîné. Tout cela est naturel mais fait comprendre le moins évident : la relation de prédilection du Sauveur pour l’humanité pécheresse… Je réalisais hier que Jésus ne s’attache jamais à la matière du péché commis, même face à l’adultère. Il remet les péchés sans détail, ce qui compte pour lui est la foi, la disposition du cœur. Depuis quelques années, l’Eglise erre pour la dénomination des sacrements, dont celui du pardon, de la réconciliation, anciennement de la confession. Celle-ci, mise en exergue, est fondamentalement facultative : elle se prête à la direction de conscience et aux conseils pour mieux mener une vie, une psychothérapie pratiquée dans le meilleur contexte, la référence commune à Dieu du praticien et du psychotique, car le pécheur pardonné de Dieu a le plus souvent l’orgueil de ne pas se pardonner à lui-même. Il me semble, surtout si ce sacrement est fréquemment sollicité de l’Eglise, qu’il pourrait être appelé celui de la conversion. Et celle-ci est entièrement la rencontre décisive, depuis la Genèse, du créateur souverain et miséricordieux avec sa créature dont l’identité et l’essence sont la liberté. Une liberté qui a d’autant son plein exercice qu’en cas d’erreur ou de faiblesse, le rattrapage est toujours possible. L’examen de conscience du cadet est remarquable, tandis que l’aîné verse, à son retour, dans le camp des pharisiens et des scribes. Paul confirme Luc : le Christ Jésus est venu dans le monde sauver les pécheurs. Et les dialogues de Moïse avec Yahvé confirment la miséricorde divine, essence-même de Dieu : pourquoi, Seigneur, ta colète s’enflammerait-elle contre ton peuple… souviens-toi de tes serviteurs, Abraham, Isaac et Jacob,  à qui tu as juré par toi-même… Le Seigneur renonça au mal qu’il avait voulu faire à son peuple.


[1] - Exode XXXII 7 à 14 ; psaume LI ; 1ère lettre de Paul à Timothée I 12 à 17 ; évangile selon saint Luc XV 1 à 32

[2] - évangile selon saint Matthieu XVIII 12 à 14

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