dimanche 8 septembre 2013

consolide pour nous l'ouvrage de nos mains - textes du jour

Dimanche 8 Septembre 2013



Prier… le calme et l’espérance ont parfois un si long chemin à retrouver et refaire en nos vies, en moi. La vie humaine pourrait être vivable et heureuse, même avec nos propres fautes et compte tenu de nos propres limites, mais il y a ce qu’il faut bien appeler les autresn et qui n’est pas l’autre. L’autre peut être rencontré, aimé. Le dialogue est possible, ou bien ce n’est pas un autre, l’autre, c’est alors l’anonyme multiplié à l’infini que sont les autres… Saison de la chasse… plaisir de quoi ? je ne sais, de qui ? nombreux, anonymes, lointains sauf leurs coups de feu. En Décembre 2010, en milieu de matinée, deux coups de feu, mort de notre petit Dupont, même le cadavre ne nous a pas été laissé… on n’y peut rien…  je n’y peux rien, nous n’y avons rien peu. Quinze jours après un autre. Nous n’y avons rien pu… aujourd’hui chaque coup de feu… nous fait craindre. Nous avons trente hectares, et il nous faut garder nos chiens enfermés…

La juge des tutelles, une audience n’est pas un dialogue, voir statuer sur telle affaire n’est pas assister à la prise de décision, on reçoit celle-ci par courrier, on est avisé d’une audience à laquelle on est prié de ne pas assister, une personne aimée peut être retenue contre son gré dans une maison de retraite, son fils vendre son immeuble et ses meubles, l’empêcher d’aller faire une valsie et prendre une robe et quelques souvenirs… nous n’avons pas intérêt pour agir et donc le dossier ne nous est pas communicable. Vous n’allez pas m’apprendre mon métier, et regardez moi quand vous me parlez. Je n’ai pas eu la présence d’esprit de dire que dans certains pays regarder son supérieur en face est la dernière grossièreté et que si la justice ne sait pas se faire aimer dans le dialogue avec les justiciables, hors procédure et dans le simple privé d’une rencontre, elle perd sa raison d’être et sa capacité de comprendre quelque affaire que ce soit… je n’y peux rien, nous n’y pouvons rien…  Quatre ans de recours et de procédure avec le fisc, et le tribunal administratif huit jours avant « l’audience » nous prépare à ses décisions : avez-vous fait une réclamation avant de déposer un recours ? Irrecevable, cela va plus vite. Forclos, cela dispense d’examen… On n’y peut rien, nous n’y pouvons rien… sauf à garder l’honneur de se battre. A nouveau ou de continuer.

Deux présidents de notre République, sans contrôle ni empêchement chacun pendant cinq ans, même avec les trois quarts des Français en défiance vis-à-vis de l’un puis de l’autre… l’un pathologique dans sa confusion entre la communication et la décision, entre la décision et une réelle contribution au bien du pays, au bon fonctionnement de ce qui est existe, l’autre pathétique dans sa banalité de texte et de silhouette, gérant à la plume un budget tandis qu’un pays complètement déglingué a perdu foi en tout, un peuple qui savait agréger, qui le sait encore mais dont les soi-disant élites et leurs rejetons sont maintenant d’esprit étranger… tous deux de vie personnelle et intime, de culture générale, de rayonnement en tête-à-tête avec des homologues ou des personnes de poids… proches du néant, en tout cas relativement aux responsabilités et aux fonctions que nous leur donnons par élection… et moi, qu’y puis-je ? tentant de souffler quelques lignes de texte au premier rôle depuis les coulisses et cela depuis près de vingt ans, je ne reçois aucune marque de considération… d’ailleurs quel citoyen lambda en reçoit s’il émet une opinion ? et ceux qui gouvernent – à bien y regarder – en ont-ils une opinion… un intense laisser-aller quelles que soient les phraséologies au ton vulgaire ou suppliant, pour démontrer que personne n’y peut rien… et moi je n’y puis rien et ce que je vois n’est pas beau… consolation, suis-je le seul à ne pas pouvoir ?

Telle petite-nièce allant de stage en stage au raconter en quelques phrases dont on pouvait s’émerveiller comme d’une naissance au monde, ce fut le Danemark est muette depuis deux ans : Valladolid, le Chili, les Nations Unies pour l’humanitaire, l’Amérique centrale, pas un blog, pas une lettre, elle m’eût passionné de quelques lignes chaque mois… je n’y peux rien… nous n’y pouvons rien… une autre nièce, ma filleule, en disponibilité de sa banque en ligne, un an en Extrême-Orient pour de la plongée sous-marine, puis des mois ailleurs, sans doute lesbienne ou au moins de compagnie fille pendant une décennie, prétexte pour ne plus communiquer, alors que si quelqu’un dans la fratrie peut tout recevoir… et les aventures du cœur, de l’exotisme, les stages à l’étranger, ce que vivent neveux, nièces me passionneraient… communier et accompagner d’âme et d’intelligence, vivre autant de vies que nous avons de frères, de sœurs, d’amis, quelle merveille, quels ajouts d’existence… comment en être privé quand il serait si aisé de partager, simplement le souffle et le regard, ni bourse ni temps requis. Une fratrie, des familles, la mise en commun des coups de cœur, des voyages, par le récit, l’évocation… alors même qu’il y a internet, les blogs et autres… SEVIGNE et sa fille… ma mère et son fils…

Expérience… à attendre que ma chère femme revienne d’une location de voiture puisque la nôtre est tombée en carafe, je suis dos à la palissade de la concession Renault, à Bischeim, le jour ne tombe pas encore… nos bagages à ma droite, une serviette sous les fesses, celle qui servait à protéger la banquette arrière pour les deux de nos chiens que nous avions emmenés, ceux-ci à ma gauche, laisses à mes poignets… j’attends… naguère, un avion surchargé, je suis laissé à attendre le prochain… trois jours, sans bagage, sans de quoi écrire ou noter, personne ne parle le français, paysage de sable, fin fond de ma chère Mauritanie, seul spectacle : un âne, un puits, le chant du seau et de la corde en cuir tressé de la longueur équivalent à la profondeur du puits, quelques trente ou quarante mètres… trois jours d’un certain bonheur, c’est ainsi que je suis mentalement entré dans ce pays et en solidarité avec ceux qui l’habitent, le parcouraient et risquent de s’en retirer s’ils continuent de s’urbaniser comme ils v sont acculés faute de pluie mais aussi  d’équipements. Je réalise que je fais mauvaise réclame pour la concession, postée comme je suis. Puis aussi que j’ai tout l’air d’un routard ou d’un mendiant, la gamelle d’eau est peut-être une sébille… les voitures qui passent sont de faible cylindrée pour la plupart, les profils dans la pénombre des habitacles pas bien avenants, la gendarmerie passe aussi… je n’ai pas plus qu’au désert de mon adolescence de quoi écrire, je ne vis que l’instant… la détresse, le dénuement ou le hasard nous font ce cadeau, il n’y a plus que l’instant physiquement et mentalement, le reste est ornement… près de deux heures après mon installation, jambes allongées sur le trottoir où personne ne passe, une voiture s’arrête… la route de Jéricho… c’est le Samaritain… en l’occurrence une Marocaine, au beau visage aigu, se revendiquant berbère et au volant une Mauricienne, c’est ce que m’apprend le fil de la conversation nouée puis ponctuée de questions inquiètes : vous êtes perdu ?? nous avons cru que peut-être vous êtes désespéré… vous ne voulez pas un sandwich… avez-vous où aller ? à ma demande, elles m’écrivent leurs adresses internet respectives. Musulmane certes, Rhakia, mais ne pratique plus. Quelques mots censés sur les débats d’aujourd’hui. Le Coran, à ma connaissance, n’a pas intégré la parabole que j’évoque, mais je n’avais pas à l’expliquer, puisque je la vivais.

Tandis que j’essaie de faire passer les troupeaux, comme naguère Jacob, de l’autre côté de la rivière… crier le désespoir en en énumérant les poids, les intitulés… savoir celui des autres, le porter aussi… avis que notre assurance-auto. est résiliée après trois dépannages pour la même cause que notre garagiste ne prend pas le temps ou n’a pas la capacité de traiter… le chapelet de tout, la guigne, le ratage… finit par faire sourire. Dieu n’en est pas cause, mais il est recours… Ma vie entière – grâce au seul bien qui s’il me faisait défaut, je sombrerais aussitôt à n’en plus pouvoir ni finir : la foi qui m’a été donnée et qui continue de me constituer – m’a montré et me répète que la vie spirituelle seule fait tenir le corps, l’esprit, l’amour, le relationnel : tout. Et cette vie n’a de socle et de structure, de mouvement que fondée sur l’Autre par excellence et absolument, l’Autre intime et universel, analogue et présent en tous, et pourtant tout particulièrement à mon oreille, à mon regard, à mon instinct et en mon temps et selon mes paramètres. Ni conscience constante, ni prière ciblée et encadrée, le rappel seulement et selon Dieu sauveur, fait homme, de cette mutuelle présence de Lui et de moi, de Lui et de tous, de Lui et du monde.

Je reçois d’un ami cher, cher pour beaucoup de raisons et selon beaucoup d’attaches, le commentaire fervent de la veillée et du jeûne organisés place Saint-Pierre notamment, à la demande du Pape [1] … les précédents de Benoît XV pendant la Grande Guerre, de Paul VI aux Nations Unies, comme celui de BRIAND : arrière les canons, arrière les mitrailleuses, ne valent pas en l’occurrence. Ne rien faire, même si faire est bien trop a posteriori, à propos de la Syrie, n’est en rien œuvrer pour la paix, c’est au contraire maintenir une guerre et sans doute la développer. Prier pour la paix ne sera entendu – hormis Dieu, par hypothèse – que des démocraties et des pays tenant compte des élections, des parlements et de l’opinion : et c’est ceux-là que la « prière » et la « veillée » désigneraient comme les agresseurs ! tandis que Bachar tranquille serait le pacifiste, nous défendant des intégristes et des djihadistes, Le propre des débats de politique intérieure – le « mariage pour tous » – et de politique extérieure – la Syrie, qui nous assaillent ou viennent de nous assaillir est d’être très partiel, car ces questions font partie d’ensembles, lesquels sont boîteux, pas diagnostiqués et qu’ils sont menés hors de leur fond. Notre capacité à débattre du coup n’est pas mise en œuvre efficacement et pour une décision fondée sur une vue consensuelle et lucide du monde, dans lequel s’insère la question à résoudre, et l’on aboutit à une division des esprits, à une déperdition des énergies. Cela ne me désespère pas car c’est curable, tandis qu’un pays entrant dans les langueurs et se vidant de l’intérieur comme le moribond ayant commencé sa descente, oui ! cela me fait mal, surtout quand j’ai vu, à mes vingt et même quarante ans les moyens de la réussite, de la grandeur, de la convivialité et de l’influence tous réunis, et souvent à l’œuvre…

Au plus profond et émotif tout à l’heure, notre fille vient me souhaiter le bonjour, se manifester, m’embrasser… j’en retrouve même une chaussette égarée. Nous n’irons à la messe que ce soir. Détente générale : bain de la plus petite de nos chiennes, mère et fille… puis d’une autre, plus importante.

Oui, prier… mes samaritaines d’avant-hier… que j’ai négligé de remercier… Midi… le calme maintenant… [2] ce n’est que dans la paix intérieure retrouvée ou entretenue par notre amour conjugal, lui-même porté, justifié, sauvé depuis la grâce du mariage par la foi et la prière de chacun, selon ce qu’il est… que nous pouvons porter à nouveau le monde, le penser sans automatisme ni hâte, mais en tendresse, et peut-être l’aider avec tant d’autres à trouver le visage de la Genèse et du chapitre XXII de l’Apocalypse. Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. Pas tant renoncer à tes attachements ou à des biens, mais précisément aux emm… qui nous accaparant, m’empêche de regarder Dieu en croix ou m’enseignant depuis la barque des Apôtres, de l’Eglise. La gestion d’une fortune immobilière ou des relations internationales… qui ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? ce que je n’ai pas su faire pour notre propriété … qui ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui vient l’attaquer avec vingt mille ?  Il y des conseils de « défense » à l’Elysée, qui sont le contraire, puisque pour des raisons que je trouve souvent bonnes, mais qui peuvent être mauvaises, nous sommes les attaquants ou les débarquants… mais des conseils de réflexion ? notamment en diplomatie et relations internationales, ce qui devrait anticiper et prévenir les conflits…  s’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander la paix… BACHAR place de la Concorde à l’incitation de Nicolas SARKOZY, soit ! mais pour le connaître, gagner sa confiance intime, et l’aider à prendre un autre chemin pour gouverner son pays… et depuis quelques mois pourquoi pas improviste le président régnant atterrissant à Damas pour une conversation d’homme à homme… La prière fait aussi imaginer, elle n’est pas mnémotechnique… S’il pose les fondations et ne peut pas achever, tous ceux qui le verront se moqueront de lui. Si chaque matin, nos principaux dirigeants lisaient les textes de la messe du jour. Nos rois assistaient, vers les six heures du matin, à la messe, avant des collations plantureuses et la chasse. L’après-midi avec ses six-sept heures de conseil, le roi ne décidait qu’en conseil, était alors fructueuse tant le souverain, généralement entouré de très grands ministres, avait pu décanter…  Pour nous, pour moi, la décantation est bien de changer de soucis : bonheur de ma femme, avenir de notre fille… mais n’y suis-je pas depuis notre mariage et la naissance de notre fille… Jésus, par son intransigeance apparente, nous donne les vrais relationnements et les vrais attachements. Simplement, tout par Lui. Délicatesse de Paul et texte qui avait tant frappé et peut-être converti mon ami, grand juriste soviétique, ministre de la Justice du cher Kazakhstan : la relation de maître à esclave et la mûe par le christianisme. Je n’ai rien voulu faire sans ton accord, pour que tu accomplisses librement ce qui est bien, sans y être plus ou moins forcé…. Dieu fait de même avec nous : le respect divin de notre liberté humaine, dans le bonheur comme dans les intempéries. C’est ainsi que les chemins des habitants de la terre sont devenus droits ; c’est ainsi que les hommes ont appris ce qui te plaît et, par la sagesse, ont été sauvés… Qui aurait connu ta volonté, si tu n’avais pas donné la Sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ? Prière du repartant, de tout travailleur, de toute personne portant en soi et dans sa prière… elle-même et le monde, ses aimants et ses aimés : que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu ! Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains. Amen.


[1] - Avec …, je viens de suivre en direct, depuis 19h sur le site des évêques de France, la veillée de prière pour la paix en Syrie et dans le reste du monde, organisée par le Pape place Saint-Pierre. C'était un long moment vraiment exceptionnel, unique sans doute. La méditation du Pape François mérite d'être écoutée et réécoutée. La violence ne peut qu'entraîner la violence. Elle n'est jamais un chemin vers la paix. Puissent ses paroles, déjà prononcées par ses prédécesseurs, être entendues par nos dirigeants: "Jamais plus la guerre! Jamais plus la guerre!"

[2] - Sagesse IX 13 à 18 ; psaume XC ; Paul à Philémon 9 à 17 passim ; évangile selon saint Luc XIV 25 à 33

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