samedi 21 septembre 2013

Jésus, qui avait entendu - textes du jour

Samedi 21 Septembre 2013

Hier
 
Attendant mes aimées, dos à un arbre, dans les parcs de stationnement du Leclerc à Vannes, commencé de lire l’entretien de François avec le directeur de la revue jésuite en Italie. Presque tout de suite, ma prévention du matin tombe, je réalise qu je passe un moment de réflexion, de révision de vie, de reprise de posession de moi-même, d’apprentissage d’une personnalité accomplie et claire, comme je l’avais vécu lundi dans le TGV Bretagne-Paris-Alsace avec le sel de la terre. Décor qui n’est plus de tran mais de passages des voitures, donc de profils successifs, de vies autres. Le pape et ses vocation comme celle de RATZINGER. Les amorces de mon roman sur mes chemins et carrefours d’amour, c’est-à-dire de femmes et d’itinéraires de vie – l’amour, la femme aimée, aimante étant depuis mon adolescence le déterminant essentiel de toutes mes ambiances, énergies quitte à tenter de partager mes hantises, mes habitudes de pensée, mes découvertes, jusqu'au temps présent où tout s’est transformée en habitation permanente de deux questions, le bonheur de ma femme, l’avenir de notre fille. Le texte de François m’amène à une autre interrogation de ma vie, aussi structurante, vocation religieuse ou sacerdotale, oui ? non ? et maintenant simple et nue relation à Dieu dont découlent une action-propagande-communication dans la cité et notre époque, en même temps que cette proximité devenue si consciente du passage et du trait sous l’addition.
Lu une dizaine de pages, soit le tiers du texte. Le décor planté avec hyabileté par les deux hommes qui parlent évidemment le même langage, pas seulement au spiituel, mais en mode de vie, dont il semble que François n’a jamais changé depuis ses débuts (vocation dominicaine dans un séminaire erga omnes tenu par les Jésuites…). Je note et repère, en ferait compte-rendu et somme en bout d’exercice. Aperçus et maximes sur le discernement et l’art de gouverner [1], à rapprocher de ceux donnés par le futur Benoît XVI, deux tempéraments, deux expériences, celle de François certainement supérieure en pratique, en cela il est l’homme de nos nécessités. Définitions applicables à la politque, le peuple : sujet, et piste ouverte, grande, immense, et aussi nécessaire que la réforme gouvernementale, l’infaillibilité pontificale est l’expression de l’inspiration et de l’unanimité populaires [2].
Racontant à midi nos quadratures de cercle et une seconde série de nos procès perdus, ceux concernant ma carrière et mes biens, à Michel, oreille complaisante mais sans opinion, je m’aperçois que je m’enfonce dans le désespoir, tellement nos impasses de trésorerie ou d’habitat en psychologie et en matériel sont avérées… nous dînons ce soir dans plusieurs ambiances, la mienne totalement déprimée, à laquelle heureusement peu d’attention est donnée, tandis qu’Edith avec volubilité continue son récit commencée en voiture sur sa journée d’enseignement… dans la dialectique qu’elle avait dénoncée de ses nouveaux collègues : inanité et inconsistance des élèves ans aucune base ni méthode, elle donne pourtant des éléments et notamment de possibles portraits de ces adolescents qui appellent en réalité la considération et la pratique d’enseignement fondée sur cette consdération. Tout en ayant des descrptions de ses classes, proches de celles d’enseignants de viongt ans, ma chère femme laisse entrevoir une manière interactive de faire et inventer le cours avec l’ensemble de celles et ceux qui lui sont confiés… 
Lumière, ce soir, Marguerite essayant de redonner sa leçon de claquettes puis inventant des chrorégraphies devant la glace de sa salle-de-bains. La joliesse de sa tête, avec des mèches montées de la nuque eu haut du crâne, la fraicheur de la voix, des attitudes quand elle vient à mes genoux (je suis assis sur le couvercle de la « lunette », de la les lumières roses et oranges de sa chambre, le mur au-dessus de son lti tapissés de collages, les poupes diverses alignées sous les oreillers leur faisant couverture nocturne) m’expliquer, campée et cambrée, telle chose qu’elle apprend ou improvise, puis elle repart. Prière simple, semi-endormie. Ces récitations au moins millénaires et notre vie personnelle, nos vies d’aujourd’hui, relation textuelle ? nudité de l’humilité sur le chemin djà emprunté par les milliards de gens qui ont dit-récité-pensé ces prières machinalement ou intensément…

Ce matin
 
Venu au lit dans l’acceptation d’une stérilité d’écriture définitive, faute d’énergie et d’organisation-disponibilité de « mon » temps (je n’ai plus de temps qui m’appartienne) et donc de concentration (énumération cruelle par ma chère femme de tous mes projets depuis quinze ans dont aucun n’a commencé d’être écrit et a fortiori terminé)  et d’un abandon aux circonstances. Je me suis éveillé sans paysage et à mesure que je vaquais aux simples choses du thé à préparer pour ma tendre gisante, une de nos chiennes ayant aussitôt occupé ma place, aux biscuits pour les chiens, aux colliers électriques à poser (disponibilité touchante de chacun de nos quatre-pattes, il m’est revenu une énergie, une sorte de joie à recevoir et le temps de la prière s’ouvre comme une fleur prête au butin de l’insecte.
Dans la joie et dans l’attente, prier… ces coincidences que j’aime tant, que je reçois comme une preuve de vie, comme la vérité. Généralement l’anticipation qu’il m’est donné de vivre mentalement de la phrase suivante ou de l’étape à venir du texte dans lequel je suis entré, en sorte que je l’écris autant que je le prie, en même temps que l’écrivain sacré… ces rêves de Marguerite, ainsi une invasion de sa salle-de-bains où elle se trouve avec un de ses petits amis de cœur, par des serpents, dont elle n’est pas défendue, et l’un la mord. Or, c’était juste l’épisode du serpent de bronze érigé par Moïse sur indication de Yahvé, qui était la lecture du jour. Maintenant, la vocation de Matthieu, dont (selon ma lecture d’hier après-midi, en pleun air…) un tableau est affectionné par le pape François en ayant l’image à Buenos-Aires et dans sa chambre 107 ou 104 à Sainte-Marthe du Vatican. Prier… [3] Matthieu le géant donne lapidairement le récit de sa vocation… Jésus vit un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de collecteur d’impôts. Il lui dit : « Suis-moi ». L’homme se leva et le suivit. La présence, le regard, la parole, le mouvement. La vie… Cela se passe à Capharnaüm, là où réside habituellement Jésus, chez Pierre. Comme Jésus était à table à la maison, voici que beaucoup de publicains et de pécheurs virent prendre place avec lui et ses disciples. Donc table ouverte… Jésus invité par les pharisiens et ses détracteurs, Jésus invitant, Matthieu le suivant est donc passé aussitôt à table avec son Seigneur. Explication de l’appel, de la vocation, de tout appel et de toute vocation : je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. Je reçois ici l’écho de ce que répond François à son jeune frère jésuite lui posant la question – genre PROUST – de qui il est ou comment il se définirait … je suis un pécheur, il commente ensuite à deux reprises, un ingénu… [4] d’une certaine manière, c’est notre misère et nos limites, voire un certain état de vie qui appellent le Seigneur à nous appeler. Et la vocation de l’humanité entière, préfigurée par l’Eglise c’est bien de constituer le Christ-même… au terme, nous parviendrons tous ensemble à l’unité dans la foi et la vraie connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la plénéitude de la stature du Christ. Quand Matthieu se lève de son bureau, c’est à cela qu’il part et qu’il va s’adonner. Jésus justifie l’appel et la disponibilité précisément par tout ce que les tiers pourraient reprocher au publicain, à son métier, à sa façon d’être et de faire.



[1] - « Ce discernement requiert du temps. Nombreux sont ceux qui pensent que les changements et les réformes peuvent
advenir dans un temps bref. Je crois au contraire qu’il y a toujours besoin de temps pour poser les bases d’un changement
vrai et e!cace. Ce temps est celui du discernement. Parfois au contraire le discernement demande de faire tout de suite ce
que l’on pensait faire plus tard. C’est ce qui m’est arrivé ces derniers mois. Le discernement se réalise toujours en présence du
Seigneur, en regardant les signes, en étant attentif à ce qui arrive, au ressenti des personnes, spécialement des pauvres.
Mes choix, même ceux de la vie quotidienne, comme l’utilisation d’une voiture modeste, sont liés à un discernement spirituel
répondant à une exigence qui naît de ce qui arrive, des personnes, de la lecture des signes des temps. Le discernement
dans le Seigneur me guide dans ma manière de gouverner. Je me méfie en revanche des décisions prises de
manière improvisée. Je me mé#e toujours de la première décision, c’est-à-dire de la première chose qui me vient à l’esprit lorsque je dois prendre une décision. En général elle est erronée. Je dois attendre, évaluer intérieurement, en prenant
le temps nécessaire. La sagesse du discernement compense la nécessaire ambiguïté de la vie et fait trouver les moyens les
plus opportuns, qui ne s’identient pas toujours avec ce qui semble grand ou fort. »

[2] -  « Personne ne se sauve tout seul, en individu isolé, mais Dieu nous attire en considérant la trame complexe des relations
interpersonnelles qui se réalisent dans la communauté humaine. Dieu entre dans cette dynamique populaire.
Le peuple est sujet. Et l’Église est le peuple de Dieu cheminant dans l’histoire, avec joies et douleurs. Sentire cum Ecclesia (sentir avec l’Église), c’est, pour moi, être au milieu de ce peuple. L’ensemble des dèles est infaillible dans le croire, et il manifeste son infallibilitas in credendo à travers le sens surnaturel de la foi de tout le peuple en marche. Voilà pour
moi le sentir avec l’Église dont parle Saint Ignace. Quand le dialogue entre les personnes, les Évêques et le pape va dans
cette direction et est loyal, alors il est assisté par l’Esprit Saint. Ce n’est donc pas un sentir faisant référence aux théologiens.
C’est comme avec Marie : si nous voulons savoir qui elle est, nous nous adressons aux théologiens ; si nous voulons
savoir comment l’aimer, il faut le demander au peuple. Marie elle-même aima Jésus avec le coeur du peuple, comme
nous le lisons dans le Magnicat. Il ne faut donc pas penser que la compréhension du sentir avec l’Église ne soit référée
qu’à sa dimension hiérarchique. » Après un moment de pause, le pape précise pour éviter tout malentendu : « Évidemment, il faut rester bien attentif et ne pas penser que cette infallibilitas de tous les fidèles, dont je  suis en train de parler à la lumière du Concile, soit une forme de populisme. Non, c’est l’expérience de notre Sainte Mère l’Église hiérarchique, comme l’appelait Saint Ignace, de l’Église comme peuple de Dieu, pasteurs et peuple tous ensemble. L’Église est la totalité du peuple de Dieu. Je vois la sainteté du peuple de Dieu, sa sainteté quotidienne. C’est une “classe moyenne de la sainteté” dont tous peuvent faire partie,
celle dont parlait Malègue. » Le pape se réfère ici à Joseph Malègue (1876-1940), un écrivain français qui lui est cher, en particulier à sa trilogie incomplète Pierres noires. Les Classes moyennes du Salut. Certains critiques français l’appelèrent le « Proust catholique ».

[3] - Paul aux Ephésiens  1 à 13 ; psaume XIX ; évangile selon saint Matthieu IX 9 à 13

[4] - « Si, je peux peut-être dire que je suis un peu rusé (un po’ furbo), que je sais manoeuvrer (muoversi), mais il est vrai
que je suis aussi un peu ingénu. Oui, mais la meilleure synthèse, celle qui est la plus intérieure et que je ressens comme
étant la plus vraie est bien celle-ci : Je suis un pécheur sur lequel le Seigneur a posé son regard. » Il poursuit : « Je suis un
homme qui est regardé par le Seigneur. Ma devise, Miserando atque eligendo, je l’ai toujours ressentie comme profondément
vraie pour moi2. Le gérondif latin miserando me semble intraduisible tant en italien qu’en espagnol. Il me plaît de le
traduire avec un autre gérondif qui n’existe pas : misericordiando (en faisant miséricorde). »

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