jeudi 9 mai 2013

continuons sans fléchir d'affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis - textes du jour

Jeudi de l'Ascension . 9 Mai 2013

Ce matin
 
                                     Prier… mystère de l’Ascension, quoique le fait soit logique : quelle autre fin « inventer » ou « trouver » si la Résurrection est, elle aussi et auparavant, un fait… comment passer de ce mode d’existence qui est le nôtre, qui fut celui de Jésus-Christ, à l’entièreté de l’existence, à la vie éternelle : le corps… et, même problème mais qui n’est que de vénération de Dieu fait homme pour sa mère, humaine s’il en est, celui du corps de la Vierge, donc l’Assomption. L’intelligence admire, le cœur se réjouit, l’âme comprend, mais la prière est – en ce moment – notre seul mode de communion à de tels faits, à de tels mystères. Est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père… Marguerite : pourquoi à droite… fat de société, usage, etc… droite/gauche, première place, places…jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel après avoir, dans l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis. Luc, un style saisissant. Le Christ central mais selon l’Esprit Saint, les Apôtres recevant un rôle décisif mais choisis par le Maître. Mélange de disponibilité de la personne divine, de ses auxiliaires et compagnons mortels, et d’une toute puissance surnaturelle : il ne vous appartient pas de connaître les délais et les dates que le Père a fixés dans sa liberté souveraine. Mais vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la judée et la Samarie, et jusqu’aux extrêmités de la terre. Les deux événements, tant dans les évangiles que dans nos vies, ceux de l’Esprit Saint, le baptême du Christ et le nôtre, cette mûe qui nous rend témoins. [1] L’Ascension du Christ, la fin de sa présence terrestre, elle-même en deux formes et étapes, celle ordinaire de l’homme crucifié à ses trente-trente-cinq ans, et celle du ressuscité, défiant les lois haabituelles de l’espace et du temps, du corps, cette Ascension est le positionnement de Dieu et des hommes : le Christ n’est pas entré dans un sanctuaire construit par les hommes, qui ne peut être qu’une copie du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu. Et de ce positionnement, tout commence : nous avons là une voie nouvelle et vivante qu’il a inaugurée en pénétrant au-delà du rideau du sanctuaire, c’est-à-dire de sa condition humaine. Méditer, contempler l’Ascension n’est pas la supputation d’un scenario propice à images, tableaux et poèmes, vg. le psaume du jour : Dieu s’élève parmi les ovations, le Seigneur, aux éclats du cor. Sonnez pour notre Dieu, sonnez, sonnez pour notre roi, sonnez ! Lully, les machineries des théâtres… c’est le condensé de toutes nos expressions théologiques, c’est celui de notre humanité mortelle, c’est la clé de toute attitude personnelle et de toute pastorale : avançons-nous donc vers Dieu avec un coeur sincère… continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis. Réponse aux ultimes paroles du Christ : et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Fruit de la Résurrection, résultat de tout le ministère public et de la formation minutieuse et tenace des disciples par le Seigneur, l’Ascension de celui-ci met tout en mouvement et signifie le destin intégral de la création en même temps que notre rôle de coopération pour l’aboutissement de cette création.
 
                                    Tranchant le dilemme, donner mes lignes d’hier sur « le » sexe… et me relisant donc, moins crû et personnel que je croyais ou pouvais craindre pour un tiers lecteur, je comprends surtout – grâce au brut du témoignage, même voilé – que la vraie méditation et la pratique tout autant porte sur l’égoisme, sur l’attention à l’autre, sur le dialogue des initiatives, s’il y en a de part et d’autre, donc sur le propre du féminin et sur celui du masculin quand la nature s’exprime et n’est qu’apparemment anatomie, que peu physiologie et tellement fondée sur le spirituel et y aboutissant. – En parler ? c’est si rare, l’ai-je jamais fait ? l’ai-je entendu ? La parole sur l’intime, un intime pourtant général et universel, est-elle possible ? je le souhaite, le crois, mais ne l’ai pas encore reçue. Sauf en pensée, car les dialogues les plus intenses, vécus, vrais n’ont pas de mots : regard, joie, pauvreté. Le sublime n’est pas accidentel, il est notre destinée, il est nous, oui, par grâce ! décisive continuité dans une vie : la grâce. 
Hier
 
Ma chère femme, que j’eusse désiré aimer d’étreinte hier soir, mais nous étions également fatigués, et que je ne peux solliciter le matin, migraine du réveil ou assoupissement qu’elle préfère prolonger. Mécanique du désir, esprit d’avarice… tout est sordide possiblement … et pourtant c’est l’encensoir du corps et de la vie que l’étreinte, c’est aussi la parabole du plusieurs en un et de notre aspiration à la communion universelle et à l’éternité qui est aussi instantéité. Nous sommes à longueur de notre existence terrestre dans ces instants de l’étreinte précédant un orgasme, un accomplissement qui peut ne pas se produire, et quand ils nous sont donnés – ce qui joliment était appelé « la petite mort » – nous ne sommes pas dans le passage (ce qui contredit l’expression) mais dans l’éternité. Toute la suite est transfiguration et confiance, ou tristesse. Exceptionnalité et caractéristique de notre couple, au moins en ressenti par moi, jamais eu la tristesse, sauf quand j’ai manqué… ou que nous n’avons pas abouti. Ma femme, amoureuse ? ou bien meilleure pour elle-même et pour nous comprendre… arrive toujours à du bonheur et une façon de se subjuguer et de nous subjuguer. Quand elle est ainsi en recherche et en aboutissement, sujet magnifique s’il y avait à peindre ou à sculpter, mais les yeux mi-clos et les mains interdites d’intervention, ce sont les couleurs, du bleu, ses yeux mais qui auraient foncé et qui donneraient une étonnante et profondeur, vivante lumière bleue, que je retiens et qui fut celle de ce moment majeur où elle me refusa le premier baiser et où je vis alors, dans cette lumière bleue, défiler en un instant le visage de toutes les femmes, jeunes filles qui l’avaient précédé dans ma vie, et son visage fut le visage de toutes… qui l’avaient donc annoncé. La voici partie pour son enseignement d’allemand. Et moi pour boucler la lecture de mon cher Idoumou… 

Je reviens à ce que je viens d’écrire-réfléchir… Mûe du vieillissement, car la jeunesse en étreinte ou en prologue n’est jamais sordide, elle expérimente la vieillesse quand elle ne sait pas revenir à l’après, tristesse ests vieillesse d’âme… Mais la vieillesse de physiologie (l’habitude et l’émoussé de tout mouvement intérieur en donne les avan-goûts de cendres et de gris) ne produit-elle que du manque ? que des soustractions d’étape ou de forces ? Ce n’est plus ou pas le naturel, l’élan, l’assouvissement de nos corps sur commande, eux qui nous ont poussé au désir… non plus ce que j’ai connu et vécu pendant quarante cinq ans : la danse et la facilité, aucun décomposé, rite peut-être qui convenait ou ne convenait pas, et quand je ne convenais pas j’étais éduqué et repris, autre forme de la danse, la maîtresse alors telle m’enseigne l’universalité alors qu’elle ne montre que pour elle… dialectique de tout couple, le particulier confère l’universel… Le vieillissement prévoit ou doit prévoir, je crois que c’est plus mental que physiologique. La demande s’explicite, la jeunesse ne dit rien, s’élance, casse ou s’exauce… Même si je n’ai apparement pas le choix, les deux âges se valent et celui de maintenant me rappellent les amours qui avaient vieilli, qui n’avaient plus ni bande texte ni images… nous restons capables de joie, et notre supériorité sur l’époque d’ailleurs dans le temps est sans doute d’être conscient de cette joie. Autre trait d’exceptionnalité chez ma chère femme, nos étreintes ont eu parfois la fonction extraordinaire de nous faire pleurer ensemble, parce qu’en accomplissant totalement l’acte de nature mais comme un dernier recours et l’explication d’amour et d’impuissance à vivre et choisir, nous comprenions la pauvreté et la lacune du reste de nos vies qui, alors, n’avaient pas encore voulu-reçu la consécration comme lieu et outil de la pérennité. Encore volage ou à une autre, et pourtant pris de préférence, d’attrait, de raison et ce que nous faisions alors… ainsi dans une maison amie, à même la table nue de la salle-à-manger se prêtant à la plus belle posture d’être assis face à face pour nous unir totalement… signalait avec douceur, miséricorde ce qui est le comble de la force en humanité (et au spirituel) que nous aurions aussi toutes ces raions de volupté et de divinisation pour nous aimer comme on se laisse aller au coup de foudre ou au semblant de l’androgynat. – Vieillissement ? d’un couple ? ou d’une personne physique ? vieillissement et mûe d’une alliance ? ou amoindrissement d’une physiologie et de capacités ? Ou version plus simplement différente ? – Naguère ? question de personne, ou question de mon âge ? alors et maintenant ? Naguère, c’était l’enlacement nue à nu, sur le palier, à l’arrivée de mon voyage parfois de vingt-quatre heures, ou le lit pas ouvert, dès que l’appartement de passage était atteint depuis l’aéroport et la nuit blanche dont elle sortait. Maintenant, c’est le rendez-vous, la préparation du cœur, le concours de l’esprit, la confiance. Vient et s’offre la joie enfantine, bien plus enfantine d’être ensemble au moment convenu, sur le lit ami et le récitatif nous emmène loin, un lointain qui est nôtre toujours différemment, car l’exaltation est au présent, son souvenir est toujours du dehors. L’amour n’est pas souvenir d’amour, l’alliance : si, mais c’est l’autre versant du sujet couple. Ma mère n’acceptait pas qu’on dise « faire l’amour », trouvant la locution amoindrissant, elle avait tort, cela se vit en vérité comme de dire la messe. Au sens où le faire est un créer. Cela signifie bien une célébration, et l’autre qui nous permet d’être deux est alors la foule innombrable que nul œil ne iuvait dénombrer. La multitude de l’Apocalypse, mais le regard si attentif de ma femme quand je viens à elle, visage d’abord. Le reste ne se raconte pas, surtout à celles et ceux qui ont la grâce. Cette grâce !


[1] - Actes des Apôtres I 1 à 11 ; psaume XLVII ; lettre aux Hébreux IX 24 à 28 & X 19 à 23 ; évangile selon saint Luc XXIV 46 à 53
 

Aucun commentaire: