mardi 20 novembre 2012

tu ne sais pas que tu es malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu ! - textes du jour

Mardi 20 Novembre 2012

La vie inspire la vie, je me sentais sec hier soir, vaguement, à mon éveil précisément : comment continuer mon livre Si la France mentait… et les comparaisons avec notre vie de chair et de regard, de couple, avec les vérités dites de notre fille : l’histoire que j’ai commencé de lui dévider depuis trois soirs, et qui est en parabole façon Mille et Une Nuits, ou peut-être chanson de gestes ou d’amour médiéval, ou encore la course de Narcisse et de Goldmund, ne lui déplaît pas, je l’orne de secrets à chaque épisode pour le suivant, en sus du suspense, mais lui cache l’essentiel, qu’ainsi je luis le couple de ses parents et la fleur qui l’a enfantée, visitée dans un champ précis et en une saison pour la fleur et pour l’insecte qui a été la nôtre pour devenir la sienne, celle de sa naissance. Pour l’heure, la bijoutière et le marchand sont inconnus, elle ne m’a pas demandé leurs noms respectifs mais voudrait des images, pour voir… je décrirai davantage et j’ai compris maintenant que la France – un peu comme l’idea Dei, Deus est de DESCARTES – peut m’inspirer chaque matin et, pensant à elle, du seul fait, dans le seul mouvement que je la cherche aujourd’hui pour l’exprimant, l’étreindre et un peu la faire mienne, me donner à elle, mon pays au féminin, le nôtre, je crois que je la trouverai et peux ainsi emmener cheminer avec elle ceux et celles qui partageront avec moi, avec notre fille, les mains chaleureuses et odorantes de ce qui se vit, s’étreint et nous apprend à avancer tous ensemble et à être chacun. De GAULLE au sortir d’une audience de Paul VI, à la communauté du clergé français « en poste » au Vatican : l’Eglise a les promesses de l’éternité et la France ne mourra pas.

Aujourd’hui, l’histoire – vécue – du sycomore et de Zachée, le petit, le gnome percepteur, détesté de ses contemporains comme Jésus, Dieu incarné, fait homme, fut détesté des religieux, des spirituels, des professionnels de son temps : les professionnels de la religion, comme aujourd’hui les professionnels du sport (le ballon rond) ou les professionnels de la politique (plus même f… d’organiser un scrutin) ou les professionnels de l’admonestation morale (qui rouent de coup des femmes contre-manifestantes). Sois vigilant, raffermis ce qui te reste et qui rest en train de mourir, car je n’ai pas trouvé que ta conduite soit parfaite devant mon Dieu. L’Apocalypse, dont il fut longtemps question en termes seulement de catastrophe, d’épouvante et de fin du monde, et qu’aujourd’hui sentencieusement, on présente comme la révélation selon la traduction de son intitulé, commence par un passage en revue assez débilitant des troupes gagnées à la foi par les premiers apôtres, mais elle se termine sur le dialogue des noces et du lit et de la table : Viens, et elle nous montre la totalité de notre réussite à venir et déjà en germe dans toute prière, la Jérusalem céleste, l’humanité épousée, sauvée, parée [1]. Le chemin est amoureux, à notre portée, nous le vivons quant à nous , je le vis à l’instant, Dieu parle notre langue, a nos gestes et nos désirs, ne viennent-ils pas de Lui, notre créateur et soleil ? Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai mon repas avec lui et lui avec moi. Echo du Cantique des cantiques, à cinq-six siècles de distance, quel que soit l’écrivain sacré et inspirait, la parabole humaine est reprise, frémissante. Et le disciple que Jésus aimé revient, lui aussi, à celle des brebis et du bon berger, la porte, l’entrée. Pour le raps, la Cène, Emmaüs, l’invite à Zachée. Il était le chef des collecteurs d’impôts et c’était quelqu’un de riche. Deux handicaps, l’argent qu’il a et qu’il aime : divites dimisit inanes et sa petite taille. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il n’y arrivait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui devait passer par là. Il veut le voir, il ne sait pas qui il est, quoi donc l’attire. Il serait resté sur place, au troisième ou quatrième rang dans la foule, acceptant sa petite taille voire les coups de coude habituels, surtout qu’il n’est pas aimé, que rien ne se serait passé. Il voulait voir mais il a été vu ! Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et l’interpella. « Zachée, descends vite ! aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer dans ta maison. Une nécessité, parce que l’homme a cherché… il est trouvé. Et le sceau de la découverte, l’authenticité de la rencontre, c’est la durée, la commune présence. Le dialogue est cmme la conclusion du théâtre classique : tout se passe bien, miraculeusement, la société est établie sur de nouvelles bases, mais le secret n’est pas révélé. Jésus ni Zachée ne se parlent l’un l’autre de qui ils sont, homme et Dieu face à face, Dieu fait homme pour faciliter tout de la décisive entrevue, de l’éternité commençante et ne pas nous anéantir par l’incommensurable « décalage ». Jésus n’a pas dit : suis-moi, l’évangéliste ne note pas que le Christ l’ait aimé, appelé, chargé de quoi que ce soit, et Zachée n’a ni les paroles de Nathanaël ou des disciples se donnant l’un à l’autre la nouvelle du Messie identifiée ou de la résurrection, le troisième jour après le calvaire, ni celle de Thomas. L’essentiel, la relation n’est pas dit, nous en lisons les effets. L’amour et sa consommation sont un secret, surtout au spirituel, d’ailleurs les mots nous manquent et ne peuvent petre – au vrai – que ceux de Dieu. Le salut est arrivé pour cette maison. Exactement liturgie de ce sacrement aujourd’hui à la recherche de son nom et peut-être des manières de l’administrer. Tout y est des étapes de toujours : Voilà, Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens… si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. Dépouillement, contrition, absolution et réintégration dans la famille : lui aussi est un fils d’Abraham, que se taisent les détracteurs ! Et qui suis-je pour officier ainsi et combler Zachée le dépouillé et le contrit ? le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. Cela tombe bien, c’est nous, c’est moi, ce matin et demain, chaque jour qui m’a fait arriver ici. Tous récriminaient : il est allé loger chez un pécheur. Cela tombe bien aussi pour ceux-là qui péchent en parole et en pensée, eux aussi seront rachetés et sauvés, pris. Tu n’es ni froid ni brûlant – lieux vaudrait que tu sois froid ou brûlant – aussi puisque tu es tiède – ni froid ni brûlant – je vais te vomir. Tu dis : « Je suis riche, je me suis enrichi, je ne manque de rien », et tu ne sais pas que tu es malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu ! La suite du texte n’est que gestes divins, à la manière du Samaritain sur la route de Jéricho : des vêtements blancs pour te courvir et caher la honte de ta nudité, un remède pour te frotter les yeux afin de voir clair. Tous ceux que j’aime, je leur montre leurs fautes… sois donc fervent et convertis-toi.  Réponse de Zachée : voilà Seigneur, à qui lui avait dit, d’en bas (Dieu en bas et le pécheur sur son arbre, celui de la connaissance du bien et du mal…) : descends vite, il faut que j’aille demeurer dans ta maison. L’urgence…


[1] - Apocalypse de Jean III 1 à 22 ; psaume XV ; évangile selon saint Luc XIX 1 à 10

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