mardi 13 mars 2012

sa justice dirige les humbles - textes du jour

Mardi 13 Mars 2012


Un pays qui meurt, le nôtre… le mien… la nulltité de cette campagne qui semble ressentie par tous, mais pas par les concurrents, montre cette sorte de fin de langueur et d’impuissance, tandis que l’Europe s’agenouille (la question de la taxe carbone) devant les Etats-Unis et la Chine, que chez nous chacun crie pour que la Commission européenne s’agenouille, tandis qu’à six semaines d’une probable défaite, l’équipe sortante travaille encore pour son éternité, défait Schengen et le baccalauréat, « propose » des pistes ou lance des ultimata… surréaliste et crépusculaire. Quant à mon propre cheminement, cela donnera un manuscrit de plus, inédit… tranquillité de ce qui n’est pas l’échec mais le produit de la vie, la pauvreté et ses pépites de bonheur, elles ont presque toutes en nom commun et en nom propre, l’amour. Prier alors [1]… c’est Pierre à qui seront remises « les clés du Royaume » qui pose la question : Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? – Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix sept fois sept fois. Parabole connue des deux débiteurs… alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné… alors tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait… mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait rembourse (on ne voit pas très bien, du coup… comment s’opèrera le remboursement…). L’essentiel n’est donc pas la compassion du roi à qui beaucoup est dû mais la dureté de celui qui avait été grâcié et qui n’en est pas converti, qui au contraire se révèle… Habituelle leçon de l’Evangile comme du Coran, même traitement par Dieu que celui infligé par nous à nos semblables. Bon sens ? pas seulement, car initialement et fondamentalement il y a l'ambiance qui est la bonté et la miséricorde divines, notre péché – chronologiquement – est second. Et au fond : aussi… Les voies du Seigneur sont amour et vérité pour qui veille à son alliance et à ses lois. [2] L’Ancien Testament complète et prolonge l’enseignement du Christ… le discernement qui ne peut nous venir que de Dieu : et maintenant de tout notre cœur, nous te suivons, nous te craignons et nous recherchons ton visage… Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent ; à ceux-là, il fait connaître son alliance. La crainte de Dieu ? pas la peur, mais pas seulement et trop « facilement » la piété. C’est prendre Dieu au sérieux, la crainte a son fondement : la réalité, la connaissance de cette réalité, Dieu tel qu’Il est, juste miséricordieux mais justicier. Notre existence et notre nature n’auraient pas de sens sans cette structure, cette réalité fondamentale, il existe une justice, une référence, un repère, un mode opératoire : la justice de Dieu. Accueille-nous cependant avec notre âme brisée et notre esprit humilié. … et d’une troublante actualité (politique)… aujourd’hui nous ssommes humiliés sur toute la terre à cause de nos péchés. A présent, nous n’avons plus ni chef, ni prophète, ni prince… tandis que pas loin on massacre en Syrie et on bombare à Gaza. Un chèque de 50 millions d’euros pour la soif dans le monde, annonce française hier au « forum de l’eau », j’entends surtout le contre-forum dénbonçant la privatisation de cette ressource naturelle… Chargés de prolonger la création depuis l’origine, nous ne sommes que débiteurs et ne remplissons pas notre devoir.


[1] - Daniel III 24 à 43 passim ; psaume XXV ; évangile selon saint Matthieu XVIII 21 à 35

[2] - Il manque dans ce psaume alphabétique les lettres bet et vav, tandis que le alef et le réch reviennent deux fois. La dernière phrase, extraite du psaume 130.8, a été peut-être ajoutée pour combler la lacune du vav. Ainsi, la quête de Dieu consiste-t-elle essentiellement à connaître les voies qui mènent à lui et à comprendre que ces chemins se confondent avec la vérité, le bienfait, la droiture et que seuls sont aptes à s’y engager ceux qui craignent Dieu, les modestes qui se reptent sincèrement de leurs erreurs en s’en remettant entièrement à lui. Au bout de ces chemins brillent alors l’espoir, le salut, le pardon et, par-dessus tout, le mystère de Dieu. C’est ce psaume qui a été choisi par nos sages comme type-même de supplication, qu’ils ont appelé néfilat apayim (littéralement « la chute de la face ») afin de compléter l’énumération des 13 attributs divins. Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. La manière dont commente et lit notre rabbin m’éveille à une évidence : le christianisme a ceci de particulier qu’il n’est lié à aucune langue (erreur décisive et inculte que de se cramponner au latin, selon quelques-uns, même si cette langue qui n’est plus parlée est fort belle, a son rythme, sa précision et a enfanté en Europe occidentale la plupart de nos parlers, de nos écrits et donc de nos façons de penser. Le Juif, religieux ou pas, a comme base de sa littérature, de sa civilisation, plus encore que d’une religion certainement moins pratiquée, même en israël, qu’autrefois, les psaumes, les livres de ce que le chrétien appelle l’Ancien Testament : la Thora et le musulman reçoit d’une pueple et d’une langue particulière le monument littéraire de celui-ci : le Coran, l’hébreu, l’arabe se parlent et ils constituent une âme populaire, une référence même profane. Le religieux a enfanté plus que de la piété ou des rites. Le chrétien pratique des transpositions : l’homme est à l’image de Dieu, les sacrements perpétuent l’action incarnée du Christ… le chrétien est convaincu que Dieu parle sa propre langue, dans sa civilisation et dans son époque, hic et nunc, pas seulement selon les circonstances qu’il déchiffre, ou l’inspiration de son cœur, mais selon une révélation qui continue par l’Esprit Saint donnant à chaque génération le sens de l’immuable mais pour aujourd’hui. – Reste que Claude BRAHAMI dit, ce matin, admirablement le sens de ce psaume, de ce qu’il nous apporte au nom de son peuple et de sa tradition. Manifestement, ces commentaires ne sont pas écrits d’un bloc ni d’un seul tenant, ils le sont jour après jour selon sa prière, la nôtre.

Aucun commentaire: