dimanche 7 août 2011

pratiquez la circoncision du coeur - textes du jour

Lundi 8 Août 2011


Prier… hier matin, ce silence et cette attention, comme jamais, pour une messe simple, paroissiale, dans un édifice beau certes mais comme il y en a tant. La présence réelle, ressentie humainement. La présence réelle, fond de la foi catholique. Le prêtre, d’origine congolaise, étudiant en théologie à Strasbourg, seul étranger de race dans notre assemblée, la conduit avec plus de naturel, d’autorité et de fraternité qu’un Breton de souche, chenu et habituel comme il s’en est succédé là-même depuis plus de mille ans. Il élève l’hostie avec une surprenante lenteur, la tête inclinée, l’habitude et la mémoire de tant de liturgies jusqu’à présent font anticiper déjà l’élévation du calice, mais non ! l’hostie lentement poursuit une ascension, qui n’est achevée que par le mouvement, pas par une grandiloquente attitude. La remise dans la patène, sur la table d’autel est aussi lente. Nous sommes suspendus désormais au geste qui indique tout. Notre attention jouxte l’absolu. Le calice, de la même manière, est porté à notre adoration avec la même lenteur qui fait des espèces désormais divines quelque chose de total, souverain par une solitude qui envahit tout, décape tout. Le père Bernard, la messe dite, la bénédiction donnée en chantant, semble avoir tout oublié de ce qu’il nous a donné à vivre, souriant et tranquille. Médusé par la force qui a émané de son geste, fait deux fois, je suis allé le saluer. Demain, l’Afrique sera notre salut parce qu’elle apporte des certitudes, la certitude de bien plus que le sacré. Si elle bat le record des dictatures, des corruptions, des massacres et n’en meurt pourtant pas en tant que telle, si elle sait sourire comme aucun autre monde ni continent ni être humain, c’est qu’elle a un secret : l’élévation nous l’a dit, aux mains de cet homme jeune. Dieu nous élevant. Le pain et le vin, dans leur présentation liturgique, souverainement surgis, tranquillement placés au repos de notre disposition. Il m’a dit, comme pour s’excuser d’avoir été autant prêtre : si cela vous a porté… j’ai manqué de lui dire la vérité : pas tant moi ou moi seulement, mais nous tous, autour de vous, mon Père. Il y a ceux à qui l’on dit : restez avec nous ! et nous commenecrons…


A contre-sens des dires de Jésus et de l’itinéraire de plus en plus mouvementé qu’il impose à ses disciples (multiplication des pains, marche sur les eaux…) [1], ceux qui perçoivent les deux drachmes pour le Temple vinrent trouver Pierre et lui dirent : ‘ Votre maître paye bien les deux drachmes, n’est-ce pas ?’. Tout l’ « intégrisme » est là, Dieu anonyme, méconnaissable règle les « frais du culte », la seconde quête d’autrefois annoncée par un bedaud costumé en garde suisse ou meneur de majorettes, grande canne à pommeau… Or, Jésus n’a pas encore payé. Pierre, va donc jusqu’au lac, jette l’hameçon, et saisis le premier poisson qui mordra. Ouvre-lui la bouche et tu y trouveras une pièce de quatre drachmes. Prends-la, tu la donneras pour toi et pour moi. La leçon est calme et souveraine, comme le geste accompli et regardé deux fois, hier. Il faut éviter d’être pour les gens une occasion de chute. Pas le qu’en dira-t-on mais la simple proximité des âmes, telles qu’elles sont façonnées par les époques. Sais-tu, Israël, ce que le Seigneur ton Dieu te demande ? Est-il texte sacré, comme la Bible, qui interroge autant ? ce qui nous laisse l’initiative et la sollicitation entières du chemin, quand tant d’autres ne sont qu’affirmatifs ou, pis, « sophrologues ». Pratiquez la circoncision du cœur… aimez donc l’immigré… ce n’est pas l’évangile-même, mais ce qui le fonde : l’Ancien Testament, qui nous murmure cela ou nous crie, selon notre surdité ou ma bonne conscience.

[1] - Deutéronome X 12 à 22 ; psaume CXLVII ; évangile selon saint Matthieu XVII 22 à 27

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