vendredi 13 novembre 2009

quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? - textes du jour

Samedi 14 Novembre 2009


Dernier croissant de lune, ciel pur et constellations qui ne me sont plus familières, très simplifiées, « à droite » de la Grande Ourse et de la lune, sensation d’une étoile de première magnitude qui bougerait lentement, ce qui n’est pas le cas. Des vitesses réelles inimaginables, mais des distances tout aussi inimaginables, d’autant que c’est de même nature, la « sphère des fixes » dit-on. La représentation et l’expérience du monde – de la vie, des autres, diffèrent profondément l’une de l’autre, la synthèse qui nous sauve de la folie ou nous en exonère ne peut se faire qu’à d’autres niveaux, enfer ou paradis, superstitutions de toutes sortes et chacun en a, sais-je même les miennes ? et mystique car la communion dispense d’examen : tout est donné même si peu s’élucide, se dit et se manifeste, plus de marche d’approche ni d’élucubration ? Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? Je dis oui. Car l’humanité, et avec elle tout le vivant si solidaire et attentif, malgré les méfaits, le fatras et l’autisme de l’humaine, l’humanité avance même si elle ne sait ni se dire ni dire. L’humanité ressemble effectivement à ce mauvais juge qu’harcèle une plaignante. Je ne respecte pas Dieu, et je me moque des hommes, mais cette femme vient me tourmenter ; je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête. Jésus donnant cette caricature comme il le fait si fréquemment, aussi bien pour ses disciples que pour la foule, n’a en vue que notre relation à Dieu : il faut toujours prier sans se décourager. L’Ancien Testament, espérance et attente autant que récapitulation, assure déjà que nous sommes exaucés. Image d’une Parole toute puissante (qui) fondit en plein milieu de ce pays de détresse, comme un guerrier impitoyable, portant l’épée tranchante… évocation de toute création : un silence paisible enveloppait toute chose… la création entière, dans sa propre nature, était remodelée au service de tes décrets, pour que tes enfants soient gardés sains et saufs. [1] Tout moment donne à la prière sa force, à cet instant encore le silence sauf la rumeur du vent qui passe et entoure, se renforce et se laisse aller. Il y a le temps des larmes et d’une chute dans la déprime, c’est celui du psaume LIV qui me fut donné avant-hier. Il y a la parabole de toute séparation irrépressible, la petite main de notre fille, dépassant à peine par la vitre baisée quand la voiture hier matin, ma femme l’emmenant en classe, s’éloigne et que je n’ai pas su-pu la saisir à temps, les doigts se crispent et je sais qu’un jour, certainement, nous n’y pourrons plus jamais rien que nous retrouver épisodiquement, chaleureusement dans le mystère dont je ne connais que mon côté vêcu : le souvenir qui me reste et diminue de ceux et celles que j’ai aimés et qui m’aimaient. Tout entier là, je suis aux mains de Dieu, ainsi que tant qui le disent, le vivent et le prient à travers le monde aux heures et aux cultures disparates, aux autres certitudes si différentes, mais celle-là de la mort, de l’amour et de la prière pour leur réconcliation, nous est à tous commune. Et voici la rumeur qui espace son grondement, un orage par ciel limpide mais nocturne, qui s'annonce ? On vit la nuée. Hier, naguère qui sera tout à l'heure, au jour, le peuple entier, que ta main protégeait, traversa en contemplant des prodiges merveilleux. Ils étaient comme des chevaux dans un pré, ils bondissaient comme des agneaux, et ils chantaient ta louange, Seigneur, toi qui les avais délivrés. Je m'accroche à ta Parole, j'en pleure, j'en espère et tout est Toi.

[1] - Sagesse XVIII 14 à 16 & XIX 6 à 9 ; psaume CV ; évangile selon saint Luc XVIII 1 à 8

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