mercredi 18 novembre 2009

je n'obéis pas ... j'écoute - textes du jour

Mercredi 18 Novembre 2009



Notre besoin de tendresse infini, peu dit, bougon quand quelque chose s’administre, il y faut le secret pour que la pudeur ne tombe qu’en nous-mêmes. Celle de recevoir. Test imprévu, hier après-midi, la circulation d’une série d’images délicieuses d’animaux candides ou en très bas âge, les réponses que je reçois ressemblent à cet ébrouement des arbres sous une pluie inattendue mais espérée. Secours, également imprévu, dans mon exercice de lutte contre la stérilité (une lettre ouverte au prince régnant sur lui et la France, déclenchée par le compte-rendu d’un film A l’origine, inspiré d’un fait-divers, la parabole pour nous en ce moment, m’a paru si évidente qu’elle m’a mis, de force, la plume en mains mais il me faut avancer et conclure. Et vite…) : une relation amicale, une des rares qui me soient restées depuis mon rappel du Kazakhstan, m’assène deux cadeaux avec une tranquillité joyeuse et virile, il lit mon blog. et y a lu mon démarrage. Il m’apprend une phrase lue à de la Chapelle-en-Vercors : « je retiens la belle idée de créer un musée de l’Histoire de France…qui apprendra l’Histoire au nom de l’avenir ». Il me donne d’être peut-être utile et nécessaire, et me relance. Endormi en lisant d’abord un article sur le dernier livre de Sylvie Germain, que je tiens à l’égal d’Annie Ernaux (de Christiane Singer, de Claire Gallois chacune dans leur voie), comme l’une de nos grands écrivains actuels, plus par la puissance, l’imagination, le don de nous mettre à l’intérieur de ce qu’elle raconte que par un style qui, mais c’est bien, n’est que serviteur : il s’agit d’une conviction de Lévinas, tout est dans la relation à autrui, la vie c’est cela, et la relation à autrui, c’est le regard sur son visage (clé donnée en passant sur notre rapport et notre relation au corps de l’autre de la tendresse à l’érotisme et retour, tous les stades de la maturité et du soin de l’autre, de notre dépassement aussi, mais de notre joie enfin, communion et hymne pour conclure et revenir). Lu ensuite un soufi, l’un des plus grands. Conviction – encore une que me donnent ces jours, ou plutôt que ces jours me font formuler – que l’œcuménisme surtout du « point de vue » ou du point de départ chrétien, est à étendre à toute religion, à toute tentative humaine, à toute assurance d’avoir reçu une révélation. C’est vrai et pratiqué, mais sans doute d’une façon tendancieuse, avec le judaïsme, qui – je ne sais – ne le demande pas, peut-être pas : je n’ai pas approché la conversation religieuse avec des Juifs, seulement la prière, et évidemment les psaumes nous sont communs, l’espérance de l’éternité et du retour en résurrection aussi. C’est surtout vrai de l’Islam qui le souhaite et qui le reçoit, qui ne demande qu’à le donner et à en être. Pour des raisons de fond et pour des motifs d’actualité. Le dire de mon soufi commence par une adresse à nous tous, fils de David…, quant aux intuitions et aux recommandations, elles sont nôtres ou les nôtres sont siennes. Communion que cette lecture d’avant le sommeil.

La suite du récit des martyrs d’Israël. Après Eléazar, le noble vieillard, les sept enfants exhortés à la persévérance par leur mère. Accepte la mort, afin que je te retrouve avec eux au jour de la miséricorde. Je retiens que la résurrection est pudiquement évoquée – avec sa charge d’espérance totale en Dieu seul – en termes de miséricorde, la Sienne. Le souci que le roi-bourreau a d’obtenir l’abjuration, autrement dit la négation d’une identité et d’une œuvre : ce que nous faisons de notre vie, ce que nous y mettons. J’ai tenu mes pas sur tes traces. Comment le psalmiste pourrait-il le dire ? si Dieu ne s’est pas incarné en son Fils, si Abraham ne s’est pas entretenu tête-à-tête avec Yahvé, chacun s’éloignant sereinement après la conversation ? Et la parole si forte qui ne me quitte pas depuis des décennies car elle est la loi de nos sociétés. Celui qui a recevra encore ; celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il a. Parole qui n‘est pas du Christ mais de l’une des figures de sa parabole des talents. Lui, le Messie, marchait en avant de ses disciples pour monter à Jérusalem, c’est-à-dire vers son procès, sa condamnation, sa passion et sa mort. Sa résurrection. Vers tout ce qu’Il savait qu’il lui arriverait et qui scellerait enseignement et miracles. [1], tandis qu’à contre-sens total ses auditeurs pensaient voir le royaume de Dieu se manifester à l’instant même.

[1] - 2ème livre des Martyrs d’Israël VII 1à 31 passim ; psaume XVII ; évangile selon saint Luc XIX 11 à 28

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