vendredi 10 février 2017

cardinal Jan Chrysostom Korec . 1924 + 2015


 

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Décès du cardinal Korec, figure de "l'Église du silence"


24/10/2015 17:37

 (RV) Le cardinal Jan Chrysostom Korec, figure de "l'Église des catacombes" sous la dictature communiste en Tchécoslovaquie, s'est éteint ce samedi 24 octobre à l'âge de 91 ans. Ordonné évêque clandestinement en 1951, devenant alors à 27 ans le plus jeune évêque du monde, il était depuis plusieurs années le doyen d'ancienneté dans l'épiscopat mondial, et il était l'un des six derniers évêques nommés sous Pie XII à être encore en vie. Il avait donc connu sept pontificats.
Né à Bosany, dans le diocèse de Nitra (Slovaquie actuelle), le 22 janvier 1924, il était entré dans la Compagnie de Jésus en 1939. Il avait été contraint d'interrompre sa formation en raison de la suppression des ordres religieux décidée par le régime communiste, mais avait toutefois été ordonné prêtre le 1er octobre 1950, avant de recevoir la consécration épiscopale moins d'un an plus tard, le 24 août 1951, par Mgr Pavel Hnilica, lors d'une cérémonie secrète. Ouvrier en usine durant neuf ans, il exerça son épiscopat dans la clandestinité puis fut emprisonné pour trahison en 1960. Il retrouva en prison pas moins de six évêques et 200 prêtres.
Malgré sa condamnation à 12 ans de prison, il fut libéré en 1968, lors du léger infléchissement du régime dans le contexte du Printemps de Prague. Il célébra alors sa première messe en public, et put même se rendre à Rome, en 1969, pour y rencontrer Paul VI, qui fut bouleversé par son entretien avec cet évêque atypique, ouvrier et prisonnier. Il dut attendre toutefois 20 années supplémentaires pour endosser publiquement les insignes épiscopales. Liftier et balayeur à Bratislava, puis ouvrier dans l'industrie chimique, il vit sa réhabilitation annulée en 1974 et dut retourner en prison, avant de reprendre à nouveau son travail dans l'industrie chimique, et son ministère d'évêque clandestin.
Au total, il ordonna, sous le régime communiste, environ 120 prêtres.
Ce n'est qu'après la "Révolution de velours" qu'il put recevoir un diocèse officiel : évêque de Nitra de 1990 à 2005, il fut aussi président de la conférence épiscopale slovaque de 1990 à 1993, année de la partition entre la République tchèque et la Slovaquie.
Il fut créé cardinal par Jean-Paul II en 1991, en signe de reconnaissance pour son service à "l'Église du silence" en Tchécoslovaquie. L'épiscopat polonais, qui bénéficiait de meilleures marges de manoeuvre face au régime, avait beaucoup soutenu ces communautés clandestines de Tchécoslovaquie durant la période communiste.
Avec ce décès, le collège des cardinaux compte désormais 218 cardinaux, 118 électeurs et 100 non-électeurs.
Sans compter le Pape François lui-même, le collège cardinalice ne compte plus que deux jésuites : le Français Albert Vanhoye, bibliste originaire de Hazebrouck (Nord), et l'Indonésien Julius Riyadi Darmaatmadja, archevêque émérite de Djakarta, tous deux non électeurs.
Les condoléances du Pape François
Dans un message adressé à Mgr Stanislaw Zvolensky, archevêque de Bratislava et président de la conférence épiscopale slovaque, le Pape François a exprimé sa « profonde tristesse pour la disparition d'un pasteur si généreux et si zélé, qui dans son long ministère écclésial s'est démontré un témoin intrépide de l'Évangile et un infatigable défenseur de la foi chrétienne et des droits de la personne humaine. Incarcéré et empéché pendant des années d'exercer librement sa mission épiscopale, il ne s'est pas laissé intimider, en donnant toujours un exemple lumineux de force et de confiance dans la providence divine, comme aussi de fidélité au Siège de Pierre. Je rend grâce au Seigneur pour avoir donné à son Église cette éminente figure de prêtre et d'évêque, et j'élève de ferventes prières à Dieu pour qu'Il accueille dans sa joie éternelle, après tant de souffrances, son serviteur bon et fidèle. »
Les obsèques du cardinal Korec seront célébrées ce samedi 31 octobre à 11h en la cathédrale de Nitra. Elles seront présidées par le cardinal polonais Stanislaw Dziwisz, archevêque de Cracovie et ancien secrétaire particulier de Jean-Paul II.

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wikipédia à jour au 2 août 2016

Ján Chryzostom Korec

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Ján Chryzostom Korec
Image illustrative de l'article Ján Chryzostom Korec
Ján Chryzostom Korec en 2005.
Biographie
Naissance
Ordre religieux
Décès
24 octobre 2015 (à 91 ans)
Nitra
Cardinal de l’Église catholique
Créé
cardinal
Évêque de l’Église catholique
Consécration épiscopale
Fonctions épiscopales

Blason




Ján Chryzostom Korec, né le 22 janvier 1924 à Bošany (Slovaquie) et mort le 24 octobre 2015, est un prélat jésuite slovaque, ordonné évêque clandestinement en 1951, tout en travaillant comme ouvrier dans un laboratoire chimique. Il reçoit le diocèse de Nitra en 1990, et est fait cardinal en 1991.

Sommaire

Biographie

Jeunesse et formation

Né dans une famille de travailleurs pauvres, Jan entre dans la Compagnie de Jésus le 14 septembre 1939. Ses années de formation religieuse et sacerdotale coïncident avec la prise de pouvoir par les communistes (février 1948). En Tchécoslovaquie tout ce qui est œuvre catholique (journaux, écoles, organisations) est progressivement fermé ou interdit. Les chrétiens qui s’affichent tels sont exclus de l’administration et de l’enseignement.

Prêtre

Dans la nuit du 13 au 14 avril 1950, les monastères et maisons religieuses sont envahis par la police, et leurs occupants expulsés. Ainsi en est-il également, à Trnava, pour l’étudiant en théologie Jan Korec. Après quelques mois en prison il est relâché et invité à trouver une occupation professionnelle. Tout en travaillant dans un laboratoire de chimie il continue clandestinement ses études et est ordonné prêtre le 1er octobre 1950,
La présence des jésuites est désormais interdite en Tchécoslovaquie ; une forte répression est menée contre les évêques, prêtres, religieux et religieuses. Les évêques sont tous en prison ou en résidence surveillée.

Évêque clandestin

Sous prétexte d’examen médical l’évêque de Roznava, Mgr Robert Pobozny, échappe à la surveillance de ses gardiens et parvient à consacrer comme évêque le jésuite Pavel Hnilica (2 janvier 1951). Dans son zèle à visiter et encourager les communautés chrétiennes clandestines Hnilica attire bientôt l’attention de la police. Il lui est conseillé - tant qu’il est encore libre - de consacrer un autre évêque. Le choix se porte sur le jeune prêtre Jan Chryzostom Korec.
D’abord très réticent celui-ci accepte dans un esprit d'obéissance et de service à l'Église cette charge très risquée. La nuit du 24 août 1951, au cours d’une cérémonie simple et brève dans une pièce obscure et fermée à clef, Korec est consacré évêque par Mgr Pavel Hnilica. Il a 27 ans, et est le plus jeune évêque de l’Église, avec une des charges les plus dangereuses...
Évêque d’une église des catacombes, Korec est prudent et attentif. Pour l’état civil il est travailleur en usine « construisant une société socialiste juste et nouvelle ». Sa fidélité politique est régulièrement contrôlée car la police sait qu’il est ‘ancien’ jésuite. Sur le lieu de son travail il est progressivement déchu : d’assistant de laboratoire à travailleur manuel, et finalement gardien de nuit dans une usine chimique.
Parallèlement (et clandestinement) il prend contact avec d’anciens séminaristes. Pour eux il organise durant son temps libre un programme d’études personnelles de théologie, les préparant au sacerdoce et à un travail pastoral clandestin. Il ordonne prêtre plusieurs d’entre eux.

En prison

Sa vraie identité est découverte en 1959. Il est arrêté, jugé et condamné, en avril 1960, à 12 ans de travaux forcés pour trahison (à cause de ses contacts avec le monde capitaliste) et pour avoir ordonné des prêtres. Il contracte la tuberculose en prison où par ailleurs il continue son ministère sacerdotal dans la mesure du possible.
De prison il écrit à la Cour qui l’avait condamné : « Je ne peux admettre cette condamnation, puisqu’elle est une violation flagrante de la loi, de la Constitution et des droits civils. Je ne nie pas certaines actions. Mais j’insiste que, définitivement, elle n’étaient pas illégales et ne pouvaient en aucune manière être qualifiées de trahison. Personne n’a pu prendre au sérieux l’accusation d’association avec les capitalistes et les propriétaires. J’ai grandi dans une famille pauvre. Mon père était un invalide de guerre qui a passé cinquante années de sa vie comme ouvrier d’une tannerie (...) Par ailleurs ce n’est pas sans une certaine fierté que j’accepte l’accusation de fidélité au pape. Mais je maintiens que je n’ai besoin de la permission de personne pour cette fidélité ; c’est là un de mes droits civils de base (...) Dans mon appel je ne demande ni pitié ni faveur. Je demande la justice, la vérité et le respect de la loi »1. Cet appel reste sans réponse.

Printemps de Prague

Courte période de liberté politique en 1968 : le printemps de Prague. Avec d’autres prisonniers politiques Korec est libéré et ‘réhabilité’ en 1968. Réhabilitation partielle cependant, car il ne lui est toujours pas permis d’exercer son ministère sacerdotal et épiscopal. Son état de santé laisse à désirer et il doit faire un séjour à l’hôpital. Quand il en sort, il travaille comme balayeur de rue.
En 1969 il se rend à Rome où il est reçu par Paul VI. Rencontre émouvante : Paul VI embrasse cet évêque-travailleur-prisonnier et lui donne sa propre croix pectorale. À son retour en Tchécoslovaquie Korec doit reprendre, pour survivre, son travail comme ouvrier ; il est magasinier dans la même usine chimique. Il reste très surveillé.
En 1974, sa réhabilitation est annulée et il retourne poursuivre sa peine en prison avant d'être à nouveau libéré quatre ans plus tard (1978) à cause de son état de santé. Il arrive à l’âge de la pension comme ‘liftier’; officiellement il est un ‘travailleur à la retraite’. Il a grand prestige dans son pays. Ses paroles sont écoutées avec respect et attention. Il jouit d’une plus grande liberté, mais son ordination épiscopale n’est pas reconnue par le gouvernement.

Après la chute du communisme

En mai 1986, il est fait doctorat honoris causa de la faculté de droit de l’université Notre-Dame aux États-Unis, qui reconnaît en lui « un véritable exemple de courage chrétien dans la défense des droits de l'homme »
Après la chute du régime communiste - et 39 ans après avoir été consacré évêque - Korec reçoit finalement un diocèse : il est nommé évêque de Nitra le 6 février 1990, une charge qu’il occupe jusqu'à l'âge de 81 ans, donnant sa démission le 9 juin 2005.

Cardinal

Il est créé cardinal par le pape Jean-Paul II lors du consistoire du 28 juin 1991 avec le titre de cardinal-prêtre de Santi Fabiano e Venanzio a Villa Fiorelli.
Il perd sa qualité d'électeur le jour de ses 80 ans le 22 janvier 2004, c'est pourquoi il ne peut pas participer aux votes des conclaves de 2005 (élection de Benoît XVI) et de 2013 (élection de François).
Il meurt le 24 octobre 2015 à l'âge de 91 ans2.

Notes et références

  1. Cité d'après l'Annuaire de la Compagnie de Jésus, 1990, pg.22
  2. http://fr.radiovaticana.va/news/2015/10/24/d%C3%A8c%C3%A8s_du_cardinal_korec,_figure_de_l%C3%A9glise_du_silence/1181821 [archive]
Dernière modification de cette page le 2 août 2016, à 15:18.

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