vendredi 10 février 2017

bienheureux Alojzije Stepinac . 1898 + 1960



cardinal archevêque, martyr


Alojzije Stepinac, Aloys Viktor Stepinac en français, naît le 8 mai 1898 à Brezarić, près de Zagreb, en Croatie. Il était le cinquième des huit enfants d'un gros propriétaire foncier de la région de Zagreb
 
En 1909, va à Zagreb pour étudier au lycée (gimnazija) d’où il en sort diplômé en 1916. Juste avant son dix-huitième anniversaire, il fut appelé comme conscrit dans l'armée austro-hongroise, entrainé, puis envoyé pour servir sur le front italien pendant la Première guerre mondiale. Il fut blessé à la jambe en 1918 ; il retourna chez lui au printemps de 1919.
En 1924 il partit pour Rome pour commencer des études afin de devenir prêtre ; il suivit sa formation au Collegium Germanicum de Rome, et à la Grégorienne dirigée par les jésuites. Il fut ordonné prêtre le 26 octobre 1930.
Stepinac devint curé de paroisse à Zagreb en 1931 ; il fut nommé coadjuteur de Zagreb en 1934 ; en 1937 succéda à Mgr Anton Bauer comme archevêque de Zagreb, devenant un des plus jeunes archevêques dans l'histoire de l'Église catholique, et ce bien qu'il n'avait pas l'âge de 40 ans requis par le droit canonique.
Alojzije Stepinac fut archevêque de Zagreb pendant toute la Seconde guerre mondiale, dans l'État Indépendant de Croatie (1941-1945). Lors de la mise en place du régime des Oustachis, Mgr Stepinac se montra favorable au démantèlement du Royaume de Yougoslavie et à l'établissement d'un État croate indépendant. Il félicita la création de cet État et appela officiellement l'Église catholique à prier pour le bien-être du nouvel État ainsi que pour que le Seigneur emplisse Ante Pavelić avec un esprit de sagesse pour le profit de la Nation. Il rencontra rapidement Pavelić et d'autres responsables Oustachis, dont certains à de multiples occasions.
Le 28 mars 1941, Mgr Stepinac déclara, dans une note au sujet des premières tentatives de la Yougoslavie pour unir les Croates et les Serbes que : « En fin de compte, les Croates et les Serbes sont de deux mondes différents : Pôle nord et Pôle sud, ils ne seront jamais capables d'être ensemble à moins d'un miracle divin. Le Schisme d’Orient est la plus grande malédiction en Europe, presque encore plus grande que le protestantisme. Ici il n'y a pas de morale, de principes, de vérité, de justice ou d'honnêteté ».
Ultérieurement, Mgr Stepinac commença à appeler les responsables gouvernementaux à arrêter la persécution des juifs et des autres peuples. Il en parla avec la direction des Oustachis après qu'il fut connu qu'ils étaient responsables des camps de concentration de Jasenovac et de
Gradiška. Il utilisa également la chaire des églises pour condamner publiquement le génocide à l'encontre des minorités ethniques qui étaient poursuivies.
Il déclara lors d'une homélie, le 24 octobre 1942 : « 
Tous les hommes et toutes les races sont des enfants de Dieu ; tous sans distinction. Ceux qui sont Gitans, Noirs, Européens ou Aryens ont le même droit de dire Notre père qui êtes aux cieux. Pour cette raison, l'Église catholique a toujours condamné, et condamne toujours, toute injustice et violence au nom des théories de classe, de race ou de nationalité. Il n'est pas possible de persécuter les Gitans et les Juifs parce qu'ils sont supposés être de race inférieure ». Dès 1936 et pendant toute la guerre, il permit à des Juifs de s'enfuir.
Mgr Stepinac dénonce la persécution des Serbes par le gouvernement oustachi dans une lettre de protestation datée du 24 mars 1945.
Après la Seconde guerre mondiale, le nouveau gouvernement de la Yougoslavie exerça des pressions sur l'Église catholique en Croatie. Mgr Stepinac fut arrêté le 17 mai 1945 puis relâché le 3 juin suivant. Le 4 juin, il rencontra Tito mais n'accepta pas les demandes du nouveau régime qui attendait que l'Église accepte ouvertement le Gouvernement communiste et de se séparer de Rome pour créer une "Église catholique nationale serbo-croate". Il publia une lettre, le 20 octobre 1945, dans laquelle il affirma que 273 membres du clergé catholique avaient été tués depuis la prise du pouvoir par les Partisans, que 169 avaient été emprisonnés et que 89 autres étaient "manquants" et présumés morts.
En septembre 1946, les autorités yougoslaves mirent Mgr Stepinac en accusation pour plusieurs chefs : collaboration avec le Nazis, relations avec le régime nationaliste-fasciste des Oustachis d’Ante Pavelić, participation de chapelains catholiques croates dans l'armée de l'État indépendant de Croatie, conversion forcée d’orthodoxes serbes au catholicisme, défiance envers le gouvernement yougoslave.
Il fut arrêté le 18 septembre 1946 et son procès commença le 30 du même mois. La manière dont le procès fut conduit fut critiquée par l’Église catholique romaine et Mgr Stepinac affirma qu'il s'agissait d'un "procès-spectacle".
Au cours d'un discours de trente-huit minutes, le 3 octobre, qui vint clore quatre jours de débats, l'accusé affirma « être en accord avec sa conscience au regard des toutes les accusations » dont il faisait l'objet et qu'il n'avait pas l'intention de se défendre ou de faire appel d'une condamnation. Il déclara, par ailleurs, qu'il n'avait « jamais pris part à des activités anti-gouvernementales ou terroristes contre l'État ou contre les Serbes ». Il dénonça la nationalisation des biens de l'Église; il se plaignit, également, des politiques telles l'athéisme, le matérialisme et le communisme en général. Les catholiques de Croatie considérèrent que le procès avait été entièrement terni par les témoignages extorqués, les faux témoignages et les faux documents. La défense soumit trente-cinq témoins en faveur de Stepinac mais vingt-sept furent rejetés et certains furent même emprisonnés afin de ne pas réapparaitre à l'audience.
Le 11 octobre 1946, le tribunal déclara Stepinac coupable de haute trahison et de crimes de guerre ; il fut condamné à une longue peine d'emprisonnement (initialement seize ans d'emprisonnement et de travaux forcés).
Alojzije Stepinac travailla pendant cinq ans dans la prison de Lepoglava avant que la peine ne soit commuée en assignation à domicile à Krašić, du fait de la forte pression du Saint-Siège et en tant que mesure de réconciliation prise par le gouvernement de Tito. Il fut transféré à son domicile le 5 décembre 1951.
Le 29 novembre 1952, le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) annonça la liste des cardinaux nouvellement nommés qui incluait Stepinac. Cette décision amena le Gouvernement de Tito à rompre les relations diplomatiques avec le Saint-Siège le 17 décembre 1952.
En 1953 il fut diagnostiqué que Stepinac avait une polycythémie, une maladie rare du sang. Sept ans plus tard, le 10 février 1960, il mourut en martyr,
ex ærumnis carceris, « à cause des souffrances extrêmes de la prison ». Il pardonna et pria jusqu’au bout pour ses ennemis.

Le Parlement croate condamna symboliquement le procès et la décision du tribunal de 1946.
Alojzije Stepinac a été béatifié  le 3 octobre 1998 par Saint Jean-Paul II (Karol Józef  Wojtyła, 1978-2005), lors de son pèlerinage au célèbre sanctuaire de Marija Bistrica au cours du voyage apostolique en Croatie.
Le corps incorrompu de « ce pasteur exemplaire, qui n’a jamais faibli dans la défense des plus fragiles et dans son attachement au siège de Pierre », est conservé et vénéré dans la cathédrale de Zagreb.
Pour approfondissements :
>>> Bx Louis STEPINAC
Source principale : fr.wikipédia.org/(« Rév. x gpm »).


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Voyage apostolique de Jean-Paul II en Croatie (2-4 octobre 1998)

le 09/04/2013 à 20h04

Après son précédent voyage effectué les 10-11 septembre 1994, le Pape Jean-Paul II s'est rendu pour la deuxième fois en Croatie du 2 au 4 octobre 1998. Il retrouvait ainsi un pays indépendant et pacifié après des années de guerre sur son territoire, en Bosnie-Herzégovine, et de conflit frontalier avec la Serbie.
De nouveau, le Pape a appelé les Croates à dépasser les tensions nées de l'histoire, tout comme il leur avait demandé, il y a quatre ans, d'avoir « l'audace du pardon et de l'accueil !... La paix suppose toujours, à la base de toute initiative, une sincère volonté de dialogue, le respect des droits de chacun, y compris ceux des minorités nationales, l'effort de pratiquer une tolérance réciproque » ( Allocution au départ de Zagreb, DC 1994, n° 2102, p. 890).
Le moment central du voyage pastoral du Pape Jean-Paul II, le samedi 3 octobre, a été la béatification du cardinal Alojzije Stepinac (1898-1960), archevêque de Zagreb, martyr du communisme. L'attitude du prélat a été l'objet de controverses en Europe.
Certaines associations juives et des groupes serbes dénonçaient le cardinal Stepinac comme un collaborateur du régime oustachi. Toutefois, la communauté juive de Croatie a rappelé, de son côté, la protection dont certains de ses membres ont joui grâce à Mgr Alojzije Stepinac. Pour le centenaire de sa naissance, en mai dernier, son successeur à l'archevêché de Zagreb, Mgr Josip Bozanic, a publié une Lettre pastorale dont le texte est publié ci-dessous.
Lors de ses rencontres avec les forces vives de cette Église croate qui réunit 80 % de la population du pays (4,5 millions d'habitants) sur quatorze diocèses, le Pape a encouragé les évêques (26), les prêtres diocésains (1 400) et religieux (821), les religieuses (3 646) ainsi que tous les laïcs, jeunes, catéchistes, afin qu'ils donnent tous « un nouveau visage à leur patrie... en s'engageant à rétablir dans la société des valeurs éthiques et morales, minées par les régimes totalitaires précédents ». Le Pape a fait deux étapes : à Zagreb, capitale de la Croatie, pour aller ensuite à Marija Bistrica, très ancien lieu de pèlerinage déclaré sanctuaire marial national depuis 1971 ; puis il s'est rendu à Split, sur la côte adriatique, en Dalmatie, ville dont la cathédrale, construite sur le mausolée de Dioclétien voici 1 700 ans, témoigne de l'enracinement du christianisme.
De l'ex-Yougoslavie, le Pape Jean-Paul II a déjà visité la Slovénie (17-19 mai 1996), la Bosnie-Herzégovine (12-13 avril 1997) et la Croatie à deux reprises. Il n'a pas pu se rendre en Serbie, à majorité orthodoxe.
Le conflit actuel au Kosovo l'a amené à s'exprimer encore, lors de l'Angélus du dimanche 4 octobre, en faveur de la paix dans la région. En deux jours, près d'un million de personnes ont participé aux célébrations et rencontres organisées à Zagreb, Marija Bistrica, Split et Salona (Solin).
2-4 octobre 1998



Nom: STEPINAC
Prénom: Louis (Alojzije)
Pays: Croatie
Naissance: 08.05.1898  à Krasic (Brezaric)
Mort: 10.02.1960  à Krasic
Etat: Archevêque - Cardinal  -  Martyr
Note: Prêtre en 1930. Évêque coadjuteur de Zagreb en 1934. Archevêque en 1937. Condamné le 11.10.1946. Cardinal le 12.01.1953.
Béatification: 03.10.1998  à Marija Bistrica (Croatie)  par Jean Paul II
Canonisation:
Fête: 10 février
Réf. dans l’Osservatore Romano: 1998 n.39 p.9-10  -  n.40 p.1   -   1999 n.11 p.6-9
Réf. dans la Documentation Catholique: 1998 n.20 p.973-976 & 982-990
Notice brève:
Alois Stepinac naît en 1898 près de Zagreb en Croatie. Très jeune il ressent la vocation, mais en 1916 il doit faire son service militaire pendant la grande guerre. Après quoi il tergiverse pour sa vocation. Quand il se décide, son évêque, Mgr Bauer, l'envoie à Rome pour ses études. Ordonné prêtre en 1930, il obtient l'année suivante les doctorats de philosophie et de théologie. Revenu à Zagreb, il travaille à l'évêché tout en s'occupant des pauvres. Il crée pour la Caritas de Zagreb le journal "Caritas". En 1934, à 37 ans, il est nommé archevêque coadjuteur de Zagreb et remplace Mgr Bauer trois ans plus tard. Il s'occupe de ses prêtres, défend la famille chrétienne, encourage le laïcat. Il redonne vie au sanctuaire de Marija Bristrica faisant chaque année à pied les 50 km de ce pèlerinage. Il se réjouit quand la Croatie devient indépendante en 1941 avec l'arrivée des Oustachis au pouvoir. Mais ceux-ci sont inféodés aux nazis; ils persécutent les Juifs et font des conversions forcées. Mgr Stepinac s'oppose à eux de plus en plus fortement, prenant la défense des faibles et des opprimés. Pour les Oustachis, il devient l'homme à abattre. Quand Tito prend le pouvoir en 1945 et veut créer une Église Croate séparée de Rome, Mgr Stepinac refuse. Les communistes lui intentent un procès factice à la suite duquel il est emprisonné pendant 5 ans, puis assigné à résidence surveillée dans son village natal de Krasic. Pendant plus de 13 ans, il doit subir des persécutions physiques et morales. Il meurt en 1960, martyr de son attachement au Saint-Siège, entouré de la vénération de tout le peuple croate.
Notice développée
Alois Stepinac naît en 1898 à Krazic, petit village rattaché à la paroisse de Brezaric, non loin de Zagreb. Il est le cinquième enfant d'une famille qui en compte huit. Son père s'est remarié et lui, est issu du second lit. C'est une famille profondément catholique de cette terre de Croatie imprégnée de christianisme. En 1916, après avoir passé son baccalauréat, il ne fait pas comme plusieurs autres de son âge qui, en ce temps de guerre, rentrent au séminaire sans vocation pour échapper au service militaire. Il sert dans l'armée autrichienne comme officier. En 1918 il est fait prisonnier par les Italiens, mais il est assez vite relâché. Vers la fin de la guerre, il s'engage comme volontaire sur le front de Salona (Solin) ce qui était alors l'option de nombreux jeunes Croates mécontents de la place de la Croatie dans la monarchie austro-hongroise. Démobilisé à la fin de 1919, il s'inscrit à la faculté d'agronomie de Zagreb, mais déçu par le manque de moralité des étudiants, il retourne travailler dans le domaine paternel. Il fait de l'action catholique pour jeunes et songe au mariage. Depuis longtemps, il pense aussi au sacerdoce mais il tergiverse longuement, se rappelant certains mauvais exemples dont il a été le témoin à l'armée. Au demeurant, même en cette période, la religion continue à être, comme autrefois, son guide et sa consolation. D'ailleurs, dès sa plus tendre enfance, il est soutenu par les prières de sa mère et il jouit des conseils de son confesseur et du soutien d'un ancien professeur, prêtre.
En 1924, il se décide pour le sacerdoce. Son évêque, Mgr Bauer, l'envoie au Collège "Germanicum - Hungaricum" de Rome. En 1930 il est ordonné prêtre le jour du Christ-Roi. (Plus tard, l'anniversaire de son ordination lui donnera l'occasion de prononcer de retentissants sermons à l'occasion de cette fête liturgique). Il célèbre sa première messe à Sainte Marie Majeure, marquant ainsi sa grande dévotion envers la Sainte Vierge. En 1931 il obtient les doctorats de philosophie et de théologie. Revenu au pays, il désire se lancer dans la pastorale, mais Mgr Bauer le retient à l'évêché pour différents services. Outre cela il se livre à des œuvres de charité. Il suggère à son évêque de fonder la "Caritas" à Zagreb. En 1934 il est chargé de créer le journal "Caritas". Dans son premier éditorial il écrit: "Nous voulons à travers l'amour et la charité promouvoir la gloire de Dieu. Et puisque notre but est élevé et notre intention pure, nous n'allons pas nous laisser déconcerter par des reproches venus de droite ou de gauche. Nous savons et ressentons parfaitement qu'aujourd'hui les temps sont très difficiles. Mais l'amour et la charité sont d'autant plus nécessaires que les temps sont difficiles". Ses activités multiples ne l'empêchent pas d'entretenir une profonde vie de prière. En 1934, Pie XI le nomme archevêque coadjuteur avec droit de succession. Il a 37 ans: c'est le plus jeune évêque du monde.
Le temps de son épiscopat se partage en deux périodes de durée à peu près égales: une période active, tant qu'il jouit de la liberté, et une période passive ou souffrante, lorsqu'il est en prison ou assigné à résidence. Dans la période active, qui dure 12 1/2  ans il s'occupe du clergé, des pauvres et visite les paroisses. Il prêche avec force, rappellant les 10 commandements, encourageant les prêtres, recommandant la fidélité au Pape, soutenant la famille chrétienne et sa fécondité; il intensifie l'apostolat des laïcs. Il redonne vie au sanctuaire marial de Marija Bristrica (qui deviendra sanctuaire national en 1971). Chaque année il s'y rend à pied en pèlerinage (50 km) jusqu'à ce que cela lui soit interdit en 1946. Après le décès de Mgr Bauer en 1937, il assure la responsabilité de l'archevêché. En 1941, en pleine guerre, les Oustachis - parti catholique extrémiste - instaurent l'"État indépendant de Croatie". Mgr Stepinac fête l'accession à l'indépendance par un "Te Deum", ce dont on lui fera grief plus tard. En ce temps de détresse il se fait le défenseur intrépide des pauvres, des opprimés, des personnes déplacées. Dès l'été 1942, il critique de plus en plus fortement les Oustachis. Il exige que les droits de tous soient respectés, quelle que soit leur appartenance religieuse, raciale ou ethnique. Il devient ainsi l'ennemi juré du gouvernement inféodé au IIIe Reich. Dans le célèbre sermon du Christ-Roi de l'année 1943, il dit que "l'Église catholique ne connaît pas de races qui dominent et d'autres qui sont esclaves"; et en finale il s'en prend à l'idolâtrie de l'État lorsqu'il déclare: "Notre prochain, peu importe son nom, n'est pas un rouage dans une machine l'État, qu'il soit coloré de rouge ou de noir, de gris ou de vert, mais c'est un enfant de Dieu qui est libre, notre frère en Dieu". Les Oustachis l'auraient mis à mort si la défaite allemande n'avait marqué la fin de leur pouvoir. Ils sont remplacés par les communistes en mai 1945: c'était tomber de Charybde en Scylla. La Croatie perd son autonomie, elle dépend à nouveau de la Yougoslavie. Une grande partie de l'élite du pays s'enfuit. Mgr Stepina déclare: "Je reste".
Commence alors la partie passive de son épiscopat qui dure un peu plus de 13 ans. En visite à Zagreb, Tito demande à Mgr Stepinac de créer une "Église nationale Croate", indépendante de Rome. Sur son refus, il est mis en état d'arrestation et de détention préventive. Des protestations s'élèvent, notamment celle de Pie XII et il est relâché. En septembre 1945 une lettre pastorale des évêques Yougoslaves, avec son nom en tête, rappelle à l'État sa promesse de respecter la liberté religieuse et la propriété privée. Cette lettre énergique ne fait qu'exacerber la persécution. Après une campagne orchestrée d'un an et demi avec des accusations et des calomnies, on intente un procès à Mgr Stepinac: "un bien triste procès" (Pie XII) dont l'issue est décidée d'avance. Il refuse de se défendre et de prendre un avocat. Par quatre fois, dans sa déposition, revient ce leitmotiv: "Notre [pluriel de majesté] conscience est propre et paisible". Pendant tout le procès, il fait preuve d'un calme imperturbable dont il s'étonne lui-même et qu'il attribue à la protection de la Sainte Vierge, 'l'Avocate de la Croatie'. On l'accuse de collaboration avec les Oustachis. En fait, derrière 'l'accusé Stepinac', expression ressassée une centaine de fois, personne n'est assez naïf pour ignorer que c'est le représentant de l'Église catholique en Yougoslavie qu'on vise. En l'attaquant c'est l'effet contraire qui se produit: "Aujourd'hui, déclare courageusement son vicaire général, Aloïs Stepinac est le personnage le plus aimé parmi le peuple Croate". Il est enfermé pendant 5 ans à la prison de Lepograva (1946-1951). Il dira plus tard: "Vous m'aviez tout pris, sauf une chose: la possibilité de lever comme Moïse les bras vers le ciel". Puis il est mis en résidence surveillée dans la cure de son village natal, à Krasic, "petit coin de liberté confinée", où il peut dire la messe, recevoir et écrire. Il encourage les prêtres à rester attachés à Rome. En janvier 1953 - surprise! - le détenu est nommé cardinal. "La pourpre cardinalice est le symbole du sang" remarque-t-il. L'État rompt les relations diplomatiques avec le Vatican… Jamais au cours des 15 dernières années de sa vie n'auront cessées les persécutions physiques ou morales. On dit même qu'il a été empoisonné lentement. Il meurt en 1960 sans avoir jamais fléchi dans sa volonté inflexible de pardon, mais sans avoir jamais cédé à la crainte, victime en définitive de son attachement au Saint Siège. L'État autorise le retour de son corps à Zagreb, triomphe populaire dans une attitude de douleur profonde et calme. A cette nouvelle, Jean XXIII célèbre une messe solennelle au Vatican.
Beaucoup plus tard, certains critiqueront son attitude en se basant sur les dépositions du procès communiste. Mais lorsque la Croatie accède de nouveau à l'indépendance (autoproclamation en 1991, reconnaissance par la communauté européenne en 1992), le parlement national croate, dès février 1992, vote à l'unanimité une déclaration condamnant le procès politique et les verdicts portés à l'encontre du cardinal. La cérémonie de béatification, le 3 octobre 1998 au sanctuaire de Marija Bistrica, a montré l'extraordinaire attachement au nouveau bienheureux et la ferveur d'un peuple à peine sorti de longues années de souffrance. Le Cardinal Stepinac est le plus illustre représentant de ces "innombrables martyrs et confesseurs, hommes et femmes de tous les âges, qui sont le fruit de cette terre bénie!" (Jean Paul II)
 





APOSTOLIC JOURNEY
OF HIS HOLINESS JOHN PAUL II
TO CROATIA (OCTOBER 2-4, 1998)
HOMILY OF THE HOLY FATHER AT MARIJA BISTRICA
FOR THE BEATIFICATION OF THE
VENERABLE SERVANT OF GOD
CARDINAL ALOJZIJE STEPINAC
3 October 1998

1. “Unless a grain of wheat falls into the earth and dies, it remains alone; but if it dies, it bears much fruit” (Jn 12:24). Christ’s words, which we have just heard, bring us to the very heart of the Mystery which we are celebrating. In some sense they contain within themselves the entire Paschal Event: they direct us to the death of the Redeemer on the Cross on Good Friday, and at the same time they point us toward the morning of Easter.
We refer to this Mystery every day during Holy Mass when, after the consecration of the bread and the wine, we say: “We proclaim your death, O Lord, we proclaim your resurrection; we await your return in glory”. The “grain of wheat which falls into the earth” is first and foremost Christ, who on Calvary died and was buried in the earth in order to give life to all. But this mystery of death and life also comes about in the earthly existence of Christ’s followers: for them too, being cast into the earth to die remains the condition for all authentic spiritual fruitfulness.
Was this not the secret also of your unforgettable and unforgotten Archbishop, Cardinal Alojzije Stepinac, whom today we contemplate in the glory of the Beati? He took part in a unique way in the Paschal Mystery: as a grain of wheat he “fell into the earth” in this land of Croatia and, by dying, bore fruit, much fruit. “He who loves his life loses it, and he who hates this life in this world, will keep it for eternal life” (Jn 12:25).
The words of the Second Letter to the Corinthians, which we have just heard, are closely bound up with the Event which we are celebrating. Saint Paul writes: “As the sufferings of Christ abound for us, so also our comfort abounds through Christ” (2 Cor 1:5). Are these words not a meaningful commentary on Christ’s words about the grain of wheat which dies? Those who abound in sharing Christ’s sufferings also experience, thanks to him, the profound consolation which derives from the outpouring of good which has its origin in the Cross.
2. “Unless a grain of wheat falls into the earth and dies, it remains alone; but if it dies, it bears much fruit” (Jn 12:24). Today we are filled with joy as we join in thanking God for the new fruits of holiness which Croatia offers to the Church in the person of the martyr Alojzije Stepinac, Archbishop of Zagreb and Cardinal of the Holy Roman Church.
Through the centuries, martyrs have abounded in these lands, from the time of the Roman Empire on, with figures like Venantius, Domnius, Anastasia, Quirinus, Eusebius, Pollio, Maurus and many others. In later centuries they were joined by Nicholas Tavelic and Marcus of Krizevci, and many confessors of the faith during the Ottoman rule, up to those of our own time, among whom the luminous personality of Cardinal Stepinac stands out.
By their sacrifice united to Christ’s suffering, they bore an extraordinary witness, which with the passage of time has lost none of its eloquence, but continues to spread light and to inspire hope. At their side many other Pastors and simple faithful, men and women, also sealed their adherence to Christ by shedding their own blood. They are part of the great assembly of those who, vested in white garments and bearing palms in their hands, now stand before the throne of the Lamb (cf. Rev 7:9).
Blessed Alojzije Stepinac did not shed his blood in the strict sense of the world. His death was caused by the long suffering he endured: the last fifteen years of his life were a continual succession of trials, amid which he courageously endangered his own life in order to bear witness to the Gospel and the unity of the Church. In the words of the Psalm, he put his very life in God’s hands (cf. Ps 16:5).
3. Very little time separates us from the life and death of Cardinal Stepinac: barely thirty-eight years. We all know the context of this death. Many present here today can testify from direct experience how much the sufferings of Christ abounded in those years among the people of Croatia and those of so many other nations of the continent. Today, reflecting on the words of the Apostle, we wish to express the heartfelt hope that, after the time of trial, the comfort of the Crucified and Risen Christ may abound in all who dwell in this land.
For all of us, a particular cause for comfort is today’s Beatification. This solemn act takes place in the Croatian national shrine of Marija Bistrica on the first Saturday of the month of October. Beneath the gaze of the Most Blessed Virgin, an illustrious son of this blessed land is raised to the glory of the altars, on the hundredth anniversary of his birth. It is an historic moment in the life of the Church and of your nation. The Cardinal Archbishop of Zagreb, one of the outstanding figures of the Catholic Church, having endured in his own body and his own spirit the atrocities of the Communist system, is now entrusted to the memory of his fellow countrymen with the radiant badge of martyrdom.
The Episcopate of your country asked that the Beatification of Cardinal Stepinac take place here, in the Shrine of Marija Bistrica. I know from personal experience the significance that the Shrine of Jasna Gora had for the Polish people at the time of Communist rule, a Shrine closely linked to the pastoral ministry of the Servant of God Cardinal Stefan Wyszynski. I am not surprised that this Shrine, or that of Solona which I shall visit tomorrow, have had a similar importance for you. For some time I have wanted to visit the Shrine of Marija Bistrica. And so I gladly accepted the proposal of the Croatian Episcopate and today celebrate the solemn beatification ceremony in this significant place.
I cordially greet the Croatian Bishops assembled here, especially Cardinal Franjo Kuharic and the Most Reverend Josip Bozanic, Archbishop of Zagreb and President of the Croatian Episcopal Conference. I also greet the Cardinals, Archbishops and Bishops from other countries who have joined us for this occasion. I cordially greet the priests, the men and women of consecrated life, and all the lay faithful, as well as the representatives of the other religious confessions present at this celebration. My respectful greetings also go to the President of the Republic, the Head of the Government, and to the country’s civil and military authorities, who honour us by their presence.
4. “If anyone serves me, he must follow me” (Jn 12:26). Blessed Alojzije Stepinac took the Good Shepherd as his sole Teacher, following his example to the end and offering his life for the flock entrusted to him at a particularly difficult period of history.
The person of the new Beatus sums up, so to speak, the whole tragedy which befell the Croatian people and Europe in the course of this century marked by the three great evils of fascism, national socialism and communism. He is now in the joy of heaven, surrounded by all those who, like him, fought the good fight, purifying their faith in the crucible of suffering. Today we look to him with trust and invoke his intercession.
Significant in this regard are the words spoken by the new Beatus in 1943, during the Second World War, when Europe was in the grip of unheard-of violence: “What system does the Catholic Church support today, while the whole world is fighting for a new world order? We, in condemning the injustices, all the killing of innocent people, the burning of peaceful villages, the destruction of the labour of the poor, ... give this answer: the Church supports that system which is as old as the Ten Commandments of God. We are for the system which is not written on impermanent tables, but which has been written by the hand of the living God on the consciences of men” (Homilies, Addresses, Messages, Zagreb, 1996, 179-180).
5. “Father, glorify your name!” (Jn 12:28). In his human and spiritual journey Blessed Alojzije Stepinac gave his people a sort of compass to serve as an orientation. And these were its cardinal points: faith in God, respect for man, love towards all even to the offer of forgiveness, and unity with the Church guided by the Successor of Peter. He knew well that no bargains can be made with truth, because truth is not negotiable. Thus he faced suffering rather than betray his conscience and not abide by the promise given to Christ and the Church.
In this courageous witness he was not alone. He had at his side other courageous souls who, in order to preserve the unity of the Church and defend her freedom, agreed to pay with him a heavy price in imprisonment, mistreatment and even bloodshed. To these generous souls - Bishops, priests, men and women religious, and lay faithful - we offer today our admiration and gratitude. Let us listen to their urgent call for forgiveness and reconciliation. To forgive and to be reconciled means to purify one’s memory of hatred, rancour, the desire for revenge; it means acknowledging as a brother even those who have wronged us; it means not being overcome by evil but overcoming evil with good (cf. Rom 12:21).
6. May you be blessed, “Father of our Lord Jesus Christ, Father of mercies and God of all comfort” (2 Cor 1:3), for this new gift of your grace.
May you be blessed, Unbegotten Son of God and Saviour of the world, for your glorious Cross, which in the Archbishop of Zagreb, Cardinal Alojzije Stepinac, has won a splendid victory.
May you be blessed, Spirit of the Father and the Son, Paraclete Spirit, who continue to manifest your holiness among men and unceasingly carry on the work of salvation.
Triune God, today I wish to thank you for the strong faith of this your people, despite the many trials encountered through the centuries. I wish to thank you for the countless martyrs and confessors, men and women in every age, who have arisen in this blessed land.
“Father, glorify your name!” (Jn 12:28).
Blessed be Jesus and Mary!
 
DRUGO APOSTOLSKO PUTOVANJE
PAPE IVANA PAVLA II. U HRVATSKU
2. – 4. listopada 1998.
SVETA MISA I BEATIFIKACIJA SLUGE BOŽJEGA
ALOJZIJA STEPINCA U SVETIŠTU MARIJE BISTRICE
Propovijed Svetog Oca Ivana Pavla II. na svečanome euharistijskom slavlju
proglašenja blaženim sluge Božjega kardinala Alojzija Stepinca
Marija Bistrica, 3. listopada 1998.

“’Ako pšenično zrno, pavši na zemlju, ne umre, ostaje samo; ako li umre, donosi obilat rod’ (Iv 12,24).
1. Kristove nas riječi, koje smo upravo čuli, vode u samo srce Otajstva koje slavimo. One na neki način sadrže u sebi cijeli vazmeni Događaj: usmjeravaju nas prema Otkupiteljevoj smrti na Križu, na Veliki petak, te nas istodobno upućuju prema jutru Uskrsnuća.
Svakodnevno se spominjemo ovoga Otajstva za vrijeme svete mise kada, nakon posvete kruha i vina, govorimo: ‘Tvoju smrt, Gospodine, naviještamo, Tvoje uskrsnuće slavimo, Tvoj slavni dolazak iščekujemo’. ‘Pšenično zrno palo na zemlju’ prije svega je sam Krist, koji je umro na Kalvariji i koji je potom pokopan u zemlju da bi svima dao život. Ali ovo se Otajstvo smrti i života ostvaruje također i u ovozemnom životu Kristovih učenika: biti bačeni na zemlju i tamo umrijeti i za njih je uvjet svake prave duhovne plodnosti.
Nije li možda upravo to bila tajna i vašega nezaboravnog i nezaboravljenog nadbiskupa kardinala Alojzija Stepinca, kojega danas motrimo u slavi blaženikâ? On je na jedinstven način sudjelovao u Vazmenom Otajstvu: poput pšeničnoga zrna ‘pade na zemlju’, na ovu hrvatsku zemlju, te je, umrijevši, donio ‘obilat rod’. ‘Tko mrzi svoj život na ovome svijetu, sačuvat će ga za život vječni’ (usp. Iv 12,25).
Maločas pročitane riječi Druge poslanice Korinćanima vrlo lijepo se nadovezuju na događaj koji slavimo. Sveti Pavao piše: ‘Kao što su obilate patnje Kristove u nama, tako je po Kristu obilata i utjeha naša’ (2 Kor 1,5). Nije li ova tvrdnja možda vrlo znakovito tumačenje Kristovih riječi o pšeničnom zrnu koje umire? Oni koji obiluju dioništvom u Kristovim patnjama oni, zahvaljujući Kristu, doživljavaju i obilnu utjehu, koja vrije iz obilja dobra kojemu je Križ ishodište.
2. ‘Ako pšenično zrno, pavši na zemlju, ne umre, ostaje samo; ako li umre, donosi obilat rod’ (Iv 12,24). Prepuni smo danas radosti u zajedničkom zahvaljivanju Bogu za novi plod svetosti što ga hrvatska zemlja pruža Crkvi u osobi mučenika Alojzija Stepinca, zagrebačkoga nadbiskupa i kardinala svete Rimske crkve.
Velik je broj mučenika koji su tijekom stoljećâ nikli u ovim krajevima, počevši od vremenâ Rimskoga Carstva, s likovima kao što su Venancij, Dujam, Anastazija, Kvirin, Euzebij, Polion, Mavro i toliki drugi. Njima su se u kasnijim stoljećima pridružili Nikola Tavelić i Marko Križevčanin, zatim mnogi svjedoci vjere u vrijeme otomanske vladavine te oni iz naših vremenâ među kojima se ističe svijetla osoba kardinala Stepinca. Oni su svojom žrtvom ujedinjenom s Kristovim patnjama pružili posebno svjedočanstvo, koje, unatoč zubu vremena, ništa ne gubi na svojoj rječitosti, nego nastavlja ižarivati svjetlo i širiti nadu. Osim njih, ima i mnogo drugih pastira i običnih vjernika, muževa i žena, koji su krvlju potvrdili svoju vjernost Kristu. Pripadaju velikomu mnoštvu onih koji, odjeveni u bijele haljine i s palmama u rukama, stoje pred prijestoljem i pred Jaganjcem (usp. Otk 7,9).
Blaženi Alojzije Stepinac nije prolio krv u doslovnome smislu riječi. Njegova je smrt uzrokovana dugotrajnim patnjama, koje je podnio: zadnjih je petnaest godina njegova života bilo obilježeno neprekinutim nizom zlostavljanjâ posred kojih je odvažno izložio vlastiti život radi i svjedočenja za Evanđelje i za jedinstvo Crkve. Svoju je sudbinu, da se poslužim Psalmistovim riječima, položio u Božje ruke (usp. Ps 16[15],5).
3. Ne dijeli nas mnogo vremena od života i smrti kardinala Alojzija Stepinca: samo trideseto sam godina. Svima su nam poznate okolnosti ove smrti. Mnogi među nazočnima mogu iz vlastita iskustva posvjedočiti koliko su onih godina bile obilate patnje Kristove među pučanstvima u Hrvatskoj i tolikim drugim zemljama našega kontinenta. Razmišljajući danas o Apostolovim riječima iz dna srca stanovnicima tih zemalja, želimo da i u njima, nakon patnje, bude obilata utjeha raspetoga i uskrsloga Krista.
Današnji je obred proglašenja blaženim za sve nas poseban razlog utjehe. Ovaj se svečani čin događa u hrvatskom marijanskom nacionalnom svetištu u Mariji Bistrici u prvu subotu u mjesecu listopadu. Pred očima Presvete Djevice ugledni sin ove blagoslovljene zemlje biva uzdignut na čast oltara, o stotoj obljetnici svojega rođenja. Ovo je povijesni događaj u životu Crkve i vaše nacije. Podnijevši u svojemu tijelu i duhu okrutnosti komunističkoga sustava, jedan od istaknutih likova Katoličke crkve zagrebački nadbiskup kardinal Alojzije Stepinac sada se povjerava sjećanju svojih sunarodnjaka s blistavim znamenjima mučeništva.
Biskupi su vaše zemlje tražili da proglašenje blaženim Alojzija Stepinca bude upravo ovdje, u svetištu Majke Božje Bistričke. Iz osobnoga iskustva znam što je za nas Poljake u doba komunističke vlasti značilo svetište na Jasnoj gori, s kojim je na poseban način povezan pastirski rad sluge Božjega kardinala Stefana Wyszynskog. Ne čudim se da je slično značenje za vas imalo ovo svetište, u kojemu se sada nalazimo, ili ono u Solinu, kamo ću poći sutra. Odavno sam želio pohoditi svetište Majke Božje Bistričke. Rado sam zbog toga prihvatio prijedlog hrvatskih biskupa i danas na ovom znakovitom mjestu obavljam svečani čin beatifikacije.
Srdačno pozdravljam ovdje okupljene hrvatske biskupe, a posebno spominjem dragoga kardinala Franju Kuharića te zagrebačkoga nadbiskupa i predsjednika Hrvatske biskupske konferencije mons. Josipa Bozanića. Isto tako pozdravljam gospodu kardinale, Sodana, Meisnera, Puljića, Schönborna, Ambroziča, Koreca, nadbiskupe i biskupe, koji su došli za ovu zgodu iz raznih zemalja. S ljubavlju pozdravljam svećenike, redovnike, redovnice i sve vjernike laike, jednako kao i predstavnike drugih vjerskih zajednica nazočnih na ovome slavlju. S poštovanjem pozdravljam također predsjednika Republike, predsjednika Vlade te predstavnike građanskih i vojnih vlasti zemlje, koji su nas željeli počastiti svojom nazočnošću.
4. ‘Ako mi tko hoće služiti, neka ide za mnom’ (Iv 12,24.26). Dobri je Pastir za blaženoga Alojzija Stepinca bio jedini Učitelj: Kristov je primjer sve do kraja nadahnjivao njegovo ponašanje te je položio i život za stado, koje mu je bilo povjereno u posebno teškom povijesnom razdoblju.
U osobi se novoga blaženika spaja, da se tako izrazim, cjelokupna tragedija koja je pogodila hrvatsko pučanstvo i Europu tijekom ovoga stoljeća obilježena trima velikim zlima: fašizmom, nacizmom i komunizmom. On je sada u nebeskoj slavi okružen svima onima koji su, kao i on, dobar boj bili, kaleći svoju vjeru u kušnjama i nevoljama. U njega danas s pouzdanjem upiremo svoj pogled ištući njegov zagovor.
Znakovite su u vezi s tim riječi što ih je novi blaženik izgovorio 1943. u vrijeme Drugoga svjetskog rata kada je Europa bila pritiješnjena nečuvenim nasiljem: ‘Kakav poredak zastupa Katolička crkva, kad se danas cijeli svijet bori za novi poredak? Mi, osuđujući sve nepravde, sva ubijanja nevinih, sve paleže mirnih sela, sva zatiranja sirotinjskih žuljeva... odgovaramo ovako: Crkva je za onaj poredak, koji je toliko star, koliko i deset zapovijedi Božjih. Mi smo za poredak, koji je napisan ne na raspadljivom papiru, nego u savjesti ljudskoj prstom Boga živoga.’ (Propovijedi, govori, poruke, Zagreb 1996., str. 179–180.)
5. ‘Oče, proslavi ime svoje!’ (Iv 12,24.28). Svojim ljudskim i duhovnim životnim putem blaženi Alojzije Stepinac svojemu narodu pruža svojevrsni kompas da bi se znao orijentirati. Evo glavnih točaka: vjera u Boga, poštovanje čovjeka, ljubav prema svima sve do praštanja, jedinstvo s Crkvom kojoj je na čelu Petrov nasljednik. Dobro je znao da se ne može popuštati kad je u pitanju istina, jer istina nije roba kojom se može trgovati. Zbog toga mu je bilo draže prihvatiti patnju negoli izdati svoju savjest i iznevjeriti obećanje dano Kristu i Crkvi.
Nije bio sam u tome hrabrom svjedočenju. Uz njega su bile i druge odvažne osobe, koje su, da bi sačuvale jedinstvo Crkve i branile njezinu slobodu, prihvatile da zajedno s njim plate teški danak tamnice, zlostavljanja, pa čak i krvi. Danas se tomu mnoštvu nesebičnih duša – biskupima, svećenicima, redovnicima, redovnicama, vjernicima svjetovnjacima – divimo i zahvaljujemo im. Slušamo njihov snažni poziv na praštanje i pomirbu. Oprostiti i pomiriti se znači očistiti sjećanje od mržnje, zavade, želje za osvetom, znači priznati bratom čak i onoga koji nam je nanio zlo, znači ne dopustiti da nas zlo pobijedi, nego zlo svladavati dobrom (usp. Rim 12,21).
6. Blagoslovljen budi ‘Oče Gospodina našega Isusa Krista, Oče milosrđa i Bože svake utjehe’ (2 Kor 1,3) za ovaj novi dar Tvoje milosti.
Blagoslovljen budi, Jedinorođeni Sine Božji i Spasitelju svijeta, zbog tvojega slavnog Križa, koji je u zagrebačkom nadbiskupu kardinalu Alojziju Stepincu postigao divnu pobjedu.
Blagoslovljen budi, Duše Oca i Sina, Duše Tješitelju, koji nastavljaš očitovati svoju svetost u ljudima i koji ne prestaješ djelovati kako bi napredovalo djelo spasenja.
Trojedini Bože, danas Ti želim zahvaliti za čvrstu vjeru ovoga Tvojeg puka unatoč nemalim protivštinama što ih je susretao tijekom stoljećâ. Želim Ti zahvaliti za nebrojene mučenike i ispovjednike vjere, muževe i žene svih životnih dobi, koji su živjeli u ovoj blagoslovljenoj zemlji!
‘Oče, proslavi ime svoje!’ (Iv 12,28). Hvaljen Isus i Marija!”

Pozdrav vjernicima Hrvatima iz Bosne i Hercegovine te inozemstva na kraju euharistijskoga slavlja
“Draga braćo i sestre!
Na završetku ovoga euharistijskoga slavlja želim srdačno pozdraviti sve Hrvate iz domovine i inozemstva sabrane u ovome marijanskom svetištu da bi podijelili radost proglašenja blaženim zagrebačkoga nadbiskupa kardinala Alojzija Stepinca, koji je u posebno teškom razdoblju nedavne povijesti bio sigurni vođa za sve katolike ovih krajeva i branitelj progonjenih. Posebno su brojni hodočasnici iz Bosne i Hercegovine, koji su došli sa svojim biskupima i svećenicima. Svima udjeljujem poseban apostolski blagoslov. Sada pak želim isto tako srdačno pozdraviti i hodočasnike ostalih jezičnih skupina.”
Sveti Otac uputio je također svoje pozdrave nazočnim hodočasnicima iz Slovenije, Italije, Mađarske, Austrije, Njemačke, Albanije i Poljske.


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Alojzije Stepinac

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Alojzije Stepinac
Image illustrative de l'article Alojzije Stepinac
Biographie
Naissance
Décès
10 février 1960 (à 61 ans)
Krašić (Croatie)
Bienheureux de l’Église catholique
Cardinal de l’Église catholique
Créé
cardinal
Évêque de l’Église catholique
Consécration épiscopale
Archevêque coadjuteur de Zagreb
Archevêque titulaire de Nicopsis

Blason


Alojzije Stepinac ou Aloys Viktor Stepinac en français (8 mai 1898 à Brezarić - proche de Krašić en Croatie - 10 février 1960 à Krašić, Croatie) est un prélat qui fut archevêque de Zagreb de 1937 à 1960 et cardinal à partir de 1952.
En 1946, au terme d'un procès qui fut très discuté, il fut condamné par le régime communiste yougoslave pour collaboration avec les Oustachis et complicité dans la conversion forcée de Serbes orthodoxes au catholicisme.
Il fut déclaré martyr et béatifié par le pape Jean-Paul II en 1998, ce qui provoqua de nouveaux débats dans l'opinion publique. Coci Michieli a réalisé un film sur sa vie en 1954.

Sommaire

La première partie de sa vie

Stepinac est né et mort dans la paroisse de Krašić, près de Zagreb. Il était le cinquième des huit enfants d'un gros propriétaire foncier de la région de Zagreb1. En 1909, il est allé à Zagreb pour étudier au lycée |gimnazija dont il est sorti diplômé en 1916.
Juste avant son dix-huitième anniversaire, il fut appelé comme conscrit dans l'armée austro-hongroise, entrainé, puis envoyé pour servir sur le front italien pendant la Première Guerre mondiale. Il fut blessé à la jambe en 1918, puis capturé par les forces italiennes qui le gardèrent en captivité pendant cinq mois. Après la formation du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes en novembre 1918, il ne fut plus considéré comme un soldat ennemi et il insista pour être volontaire dans la légion yougoslave qui fut envoyée à Salonique. Peu de mois après, il fut démobilisé et il retourna chez lui au printemps de 1919. Pour avoir servi dans les armées alliées pendant la Guerre, il se vit attribuer l' Étoile de Karađorđe, médaille décernée dans le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes pour actes d'héroïsme.[réf. nécessaire]
Après la Première Guerre mondiale, Alojzije Stepinac s'inscrit à la faculté d'agronomie de l'université de Zagreb, mais il la quitta après seulement un semestre afin d'aider son père dans l'exploitation agricole familiale. En 1924, il partit pour Rome pour commencer des études afin de devenir prêtre. Il suivit sa formation au Collegium Germanicum de Rome, et à la Grégorienne dirigée par les jésuites. Il fut ordonné prêtre le 26 octobre 1930.
Stepinac devint curé de paroisse à Zagreb en 1931 et il fut nommé coadjuteur de Zagreb en 1934, après que plusieurs autres candidatures furent rejetées pour des raisons politiques par le pape Pie XI. En 1937, Stepinac succéda à Mgr Anton Bauer comme archevêque de Zagreb, devenant un des plus jeunes archevêques dans l'histoire de l'Église catholique, et ce bien qu'il n'avait pas l'âge de 40 ans requis par le droit canonique.

La période de la Seconde guerre mondiale

Favorable à l'indépendance croate

Mgr Stepinac et Ante Pavelić en 1941.
Alojzije Stepinac fut archevêque de Zagreb pendant toute la Seconde Guerre mondiale, dans l'État indépendant de Croatie (1941-1945). Lors de la mise en place du régime des Oustachis, Mgr Stepinac se montra favorable au démantèlement du Royaume de Yougoslavie et à l'établissement d'un État croate indépendant. Il félicita la création de cet État et appela officiellement l'Église catholique à prier pour le bien-être du nouvel État ainsi que pour que le Seigneur emplisse Ante Pavelić avec un esprit de sagesse pour le profit de la Nation, même s'ils se détestaient cordialement2. Il rencontra rapidement Pavelić et d'autres responsables Oustachis, dont certains à de multiples occasions. Ses comptes-rendus au Saint-Siège au sujet de l'État indépendant de Croatie se montrèrent positifs et favorables au nouveau régime.
Le 28 mars 1941, Mgr Stepinac déclara dans une note au sujet des premières tentatives de la Yougoslavie pour unir les Croates et les Serbes que : « En fin de compte, les Croates et les Serbes sont de deux mondes différents : Pôle nord et Pôle sud, ils ne seront jamais capables d'être ensemble à moins d'un miracle divin. Le Schisme d'Orient est la plus grande malédiction en Europe, presque encore plus grande que le protestantisme. Ici il n'y a pas de morale, de principes, de vérité, de justice ou d'honnêteté ».

Condamnation des persécutions des Juifs et des Serbes

Ivan Šubašić, Vladko Maček et Mgr Stepinac lors de l'inauguration du nouveau pont de Zagreb, en décembre 1939.
Ultérieurement, Mgr Stepinac commença à appeler les responsables gouvernementaux à arrêter la persécution des juifs et des autres peuples3. Il en parla avec la direction des Oustachis après qu'il fut connu qu'ils étaient responsables des camps de concentration de Jasenovac et de Stara Gradiška. Ses lettres incluaient des appels pour faire la différence entre les gens qui étaient accusés d'être personnellement responsables d'infractions et ceux qui étaient racialement identifiés ou juste détenus en tant qu'"otages" ; il adressa des requêtes pour que diverses exceptions soient faites pour les gens mariés et pour les gens qui se convertissaient au catholicisme. Il utilisa également la chaire des églises pour condamner publiquement le génocide à l'encontre des minorités ethniques qui étaient poursuivies.
Il déclara lors d'une homélie, le 24 octobre 1942 : "Tous les hommes et toutes les races sont des enfants de Dieu ; tous sans distinction. Ceux qui sont Gitans, Noirs, Européens ou Aryens ont le même droit de dire Notre père qui êtes aux cieux. Pour cette raison, l'Église catholique a toujours condamné, et condamne toujours, toute injustice et violence au nom des théories de classe, de race ou de nationalité. Il n'est pas possible de persécuter les Gitans et les Juifs parce qu'ils sont supposés être de race inférieure".4,5.
Le Dr. Amiel Shomrony, alias Emil Schwartz, secrétaire personnel de Miroslav Šalom Freiberger, grand rabbin de Zagreb jusqu'en 1942, a déclaré ultérieurement qu'il considérait que Mgr Stepinac avait fait de son mieux pour les Juifs pendant la Guerre. Dès 1936 et pendant toute la guerre, il permit à des Juifs de s'enfuir6.
Les Oustachis menaient une politique de conversion forcée des Serbes orthodoxes au catholicisme, volet de la politique de persécution à l'encontre des indésirables au point qu'en 1941, l'évêque de Mostar, Alojzije Misic, "épouvanté par la violence des oustachis dans son diocèse, il interdit à son clergé de donner l'absolution à quiconque avait participé à des massacres de Serbes et, dès l'arrivée de Pavelic au pouvoir, il dénonça à Stepinac "le règne du carnage" qui venait de s'instaurer en Croatie. "Les hommes sont égorgés, assassinés, jetés vivants du haut des falaises, écrivait-il. Dans la ville de Mostar elle-même, ils ont été attachés par centaines, emmenés dans des wagons et tués comme des bêtes."5.
Mgr Stepinac dénonce la persécution des Serbes par le gouvernement oustachi dans une lettre de protestation datée du 24 mars 19457.

L'après-guerre : sous le régime de Tito

Mgr Stepinac lors de son procès en 1946.
Après la Seconde Guerre mondiale, le nouveau gouvernement de la Yougoslavie exerça des pressions sur l'Église catholique en Croatie. Mgr Stepinac fut arrêté le 17 mai 1945 puis relâché le 3 juin suivant. Le 4 juin, il rencontra Tito mais n'accepta pas les demandes du nouveau régime qui attendait que l'Église accepte ouvertement le Gouvernement communiste et de se séparer de Rome pour créer une "Église catholique nationale serbo-croate". À la suite de ces événements, les évêques de Croatie diffusèrent une lettre-ouverte, le 22 juin, dans laquelle ils décrivirent les injustices dont ils avaient fait l'objet de la part des nouvelles autorités et, en septembre 1945, ils se réunirent en synode pour discuter de ces enjeux. Mgr Stepinac publia une lettre, le 20 octobre, dans laquelle il affirma que 273 membres du clergé catholique avaient été tués depuis la prise du pouvoir par les Partisans, que 169 avaient été emprisonnés et que 89 autres étaient "manquants" et présumés morts. Cette lettre mit Tito en colère et il attaqua publiquement, pour la première fois, l'archevêque Stepinac en écrivant un éditorial dans le principal journal communiste ; il l'accusa dans celui-ci de "déclarer la guerre" à la nouvelle Yougoslavie. L'opposition grandit et, le 4 novembre 1945, des Partisans jetèrent des pierres sur Mgr Stepinac à Zaprešić. En janvier 1946, la Yougoslavie demanda au nonce apostolique que le Saint-Siège déplace Mgr Stepinac de son poste d'archevêque de Zagreb, mais cette requête fut refusée. Il ressort de ces évènements que c'est l'opposition de Stepinac à Tito et non pas ses agissements durant la période de l'État indépendant de Croatie qui ont amené à son procès. Milovan Djilas, un dirigeant communiste proche du régime, déclara que Stepinac : "n'aurait certainement pas été mis en jugement pour sa conduite pendant la Guerre ... s'il n'avait pas continué à s'opposer au nouveau régime communiste".
En septembre 1946, les autorités yougoslaves mirent Mgr Stepinac en accusation pour plusieurs chefs : collaboration avec les Nazis, relations avec le régime nationaliste-fasciste des Oustachis d'Ante Pavelić, participation de chapelains catholiques croates dans l'armée de l'État indépendant de Croatie, conversion forcée d'orthodoxes serbes au catholicisme, défiance envers le gouvernement yougoslave. Mgr Stepinac fut arrêté le 18 septembre 1946 et son procès commença le 30 du même mois. Les autorités organisèrent le procès comme une partie du dossier beaucoup plus vaste de l'implication du clergé catholique croate au régime des Oustachis. Lors du même procès, plusieurs anciens responsables de l'État indépendant de Croatie furent inculpés ; il y avait en tout 16 défenseurs. La manière dont le procès fut conduit fut critiquée par l'Église catholique romaine et Mgr Stepinac affirma qu'il s'agissait d'un "procès-spectacle". Au cours d'un discours de trente-huit minutes, le 3 octobre, qui vint clore quatre jours de débats, l'accusé affirma "être en accord avec sa conscience au regard des toutes les accusations" dont il faisait l'objet et qu'il n'avait pas l'intention de se défendre ou de faire appel d'une condamnation. Il déclara, par ailleurs, qu'il était attaqué "afin de permettre à l'État d'attaquer l'Église", "qu'aucune conversion religieuse ne fut faite de mauvaise foi" et que "le vicariat militaire fut créé au sein du NDH ... pour prendre soin des croyants parmi les soldats et non pas pour l'armée elle-même, ni en tant que signe d'approbation ou de désapprobation de l'action de l'armée". Il ajouta qu'il n'avait jamais été un oustaša et que son nationalisme croate découlait des griefs qu'avait la nation (Croate) à l'encontre du Royaume de Yougoslavie et qu'il n'avait "jamais pris part à des activités anti-gouvernementales ou terroristes contre l'État ou contre les Serbes". Stepinac dénonça, également, la nationalisation des biens de l'Église et la prévention de l'action de l'Église dans l'éducation, la presse, les œuvres caritatives et l'enseignement de la religion à l'école ainsi que l'intimidation et la molestation du clergé ; il se plaignit également des politiques telles l'athéisme, le matérialisme et le communisme en général. Les catholiques de Croatie considérèrent que le procès avait été entièrement terni par les témoignages extorqués, les faux témoignages et les faux documents. La défense soumit trente-cinq témoins en faveur de Stepinac mais vingt-sept furent rejetés et certains furent même emprisonnés afin de ne pas réapparaitre à l'audience. Le 11 octobre 1946, le tribunal déclara Stepinac coupable de haute trahison et de crimes de guerre ; il fut condamné à une longue peine d'emprisonnement (initialement seize ans d'emprisonnement et de travaux forcés). Le procès fut condamné par le Saint-Siège. Les membres du jury - composé de catholiques proches du pouvoir communiste de Tito - qui avaient condamné Mgr Stepinac furent excommuniés par le Pape.
Alojzije Stepinac travailla pendant cinq ans dans la prison de Lepoglava avant que la peine ne soit commuée en assignation à domicile à Krašić, du fait de la forte pression du Saint-Siège et en tant que mesure de réconciliation prise par le gouvernement de Tito. Il fut transféré à son domicile le 5 décembre 1951. Le gouvernement fit clairement savoir qu'il voulait que Mgr Stepinac se retire à Rome mais celui-ci refusa de quitter son pays, disant que : "Ils ne me feront jamais quitter à moins qu'ils ne me mettent de force dans un avion pour m'emmener au-delà de la frontière. Il est de mon devoir, dans ces temps difficiles, de rester avec mon peuple".
Le 29 novembre 1952, le pape Pie XII annonça la liste des cardinaux nouvellement nommés qui incluait Stepinac. Cette décision amena le Gouvernement de Tito à rompre les relations diplomatiques avec le Saint-Siège le 17 décembre 1952.

Décès et postérité

Tombeau du cardinal Stepinac surmonté d'une châsse comportant un mannequin le représentant.
En 1953 il fut diagnostiqué que Stepinac avait une polycythémie, une maladie rare du sang. Sept ans plus tard, il mourut d'une thrombose à l'âge de 61 ans. Alojzije Stepinac a été enterré dans la cathédrale de Zagreb.
Le 14 février 1992, le Parlement croate condamna symboliquement le procès et la décision du tribunal de 1946.
Une partie de l'opinion publique catholique croate considère le cardinal Stepinac comme un martyr ; bien qu'il n'ait jamais été prouvé qu'il ait été assassiné, il a souffert de la répression mise en place par le régime de Tito à l'encontre de ses opposants. La référence à son martyre fut aussi faite par le pape Jean-Paul II le 3 octobre 1998 lorsqu'il a béatifié Stepinac. Le pape a indiqué que : "Une des personnalités marquantes de l'Église catholique, qui a enduré dans son corps et dans son esprit les atrocités du système communiste, est maintenant confiée à la mémoire de ses concitoyens avec l'étiquette rayonnante du martyre".
Cette béatification mit en colère beaucoup de Serbes et suscita une grande controverse parmi les Juifs étrangers. Les Juifs de Croatie ne s'opposèrent pas formellement à la béatification du cardinal Stepinac. Le Centre Simon-Wiesenthal a demandé, néanmoins, que la béatification soit repoussée pendant l'enquête en cours sur les affaires qui ont eu lieu en Croatie pendant la Seconde guerre mondiale.
Le cardinal Stepinac fut recommandé à deux reprises, sans succès, par des juifs de Croatie pour être ajouté sur la liste des Juste parmi les nations. Ces demandes furent rejetées, d'une part parce que ceux qui avaient proposé l'inscription n'étaient pas des survivants de l'Holocauste et, d'autre part, parce que Stepinac a au moins eu des liens étroits avec le régime fasciste des Oustachis. Cependant, dans son livre "When Courage Prevailed", l'historienne juive Esther Gitman propose une interprétation différente de la relation entre Stepinac et le régime de Pavelić. Ce livre témoigne de l'opposition du cardinal au régime et de nombreux cas où il a sauvé les Juifs et d'autres par son intervention.

Notes et références

  1. A.Lacrois-Riz, Le Vatican, l'Europe et le Reich, p.326-327.
  2. [Tomasevich 2001] (en) Jozo Tomasevich, War and Revolution in Yugoslavia, 1941-1945: Occupation and Collaboration, Stanford University Press, 2001, 842  p. (ISBN 978-0-8047-7924-1, lire en ligne [archive]), « The churches », p 567Voir et modifier les données sur Wikidata.
  3. http://www.amb-croatie.fr/actualites/stepinac-chenu.htm [archive]
  4. Ronald Rychlak, Hitler, the war, and the pope, p. 304
  5. a et b Alain Finkielkraut Mgr Stepinac et les deux douleurs de l'Europe, Le Monde du 07/10/1998
  6. Recovering history: Cardinal Aloysius Stepinac saved hundreds of Jews in war-torn Croatia but, amazingly, is still considered a war criminal by many. [archive]
  7. Lacroix-Riz, Le vatican, l'Europe et le Reich, p.425.
Dernière modification de cette page le 24 novembre 2016, à 15:32.

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