jeudi 28 janvier 2016

qui suis-je donc, Seigneur, et qu’est-ce que ma maison, pour que tu m’aies conduit jusqu’ici ? - textes du jour

Jeudi 28 Janvier 2016


Prier… hier après-midi, posément et fermement Marguerite nous dit que Jules, qu’elle aime bien, atteint de mucoviscidose, massage tous les soirs, seul de sa famille et en internat, très suivi par Jean-Rémi (malgré la différence de classe 6ème-3ème, ou à cause de celle-ci) a dû aller à l’infirmerie, souffrant, mardi après-midi, n’en revenant, puis cherché par ses parents et hospitalisé. Prier pour lui. Elle explique ce qu’il souffre, elle est vraiment avec lui. Il a dû redoubler une classe. Nous étions avec lui et sa mère dans la future classe de nos enfants, à nous succéder pour rencontre le titulaire. Sympathie… ce soir, Marguerite nous indique qu’il est revenu ce matin. Puissance des enfants : communion et quelque chose que je ne sais nommer, la vie ? mais lui, Jules… 

Prier… celui qui a, on lui donnera ; celui qui n’a pas, on lui enlèvera même ce qu’il a… la spiritualité d’un enfant, affecté d’une telle maladie, sa mère, petite, plutôt jeune, intense, très en couple avec son fils. Quatre enfants, les autres indemnes. Les parents ensemble mardi pour aller le chercher et l’hospitaliser…  La mesure que vous utilisez sera utilisée aussi pour vous, et il vous sera donné encore plus. Cette veille divine aux conséquences et à la fécondité de nos actes, de nos pensées, au-delà ou en-deçà de ce dont nous avons conscience. Le cher Ousmane, à pied d’œuvre maintenant avec son matériel et ses semences… le Christ nous laissant non seulement libres mais dans l’interrogation, quels sont nos sens spirituels, que vivons-nous au juste. Est-ce nous relativement à Dieu ? quelle courbe, quel parcours, la vie qui nous est donnée pour quelque temps avant que nous goûtions, découvrions sa totalité ? Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! Faites attention à ce que vous entendez ! La messe en assemblée d d’octogénaires, une majorité endormie ou presque,, la maison de retraite diocésaine, et pourtant de cette piété et de cette fidélité manifestée par ce qui n’est plus que présence physique pour certains, m’émeut et transporte. Ma chère femme, surtout, édifiée quand elle peut m’y accompagner. Car rien n’est caché, sinon pour être manifesté. Le discernement si souvent difficile, le péché et nos limites tellement consubstantiels à nous, donc l’obscurité et peut-être la peur : passer à côté de tout, n’^petre pas, en réalité, selon la réalité de ce que nous sommes, n’être pas vraiment en chemin vers Dieu. Ces réponses lapidaires d’un homme, mon cher Denis M. à la lucidité si vacillante le plus souvent, qui s’éveille et répond … le prénom de votre père, il me dit d’abord comme ce jeune enfant juif que ses parents ne vinrent jamais prendre à l’école et qui toute sa vie les a cherchés. Comment s’appelle ton papa ? Papa ! Denis ne me donne le printemps qu’un plat ensuite, nous sommes à table. D’un confrère que je vais peut-être rencontré, il me dit : il est sérieux, et de lui un autre pensionnaire, soutane et sourire perpétuels. Denis, c’est une lumière, un savant…Une stagiaire, bac. pro. elle est en seconde, elle est présentée à l’assemblée qui rituellement chaque fois de mois, en apéritif, fête les anniversaires et les saints. Petit éloge du supérieur, applaudissements, j’ajoute, enchaînant… et elle est fort jolie. Le prêtre reprend, mais nous, nous ne pouvons pas le dire. Elle s’est avouée gênée. C’est en maison de retraite, peut-être, que ces prêtres découvrent sans s’en défendre le charme et de la jeunesse et du féminin… Et ce soir, fatigué, journée chargée, entretiens : avocat, pédiâtre, démarches et demain, audience du tribunal administratif à Rennes, jury pour les étudiants en arts appliqués là où j’enseigne à Nantes. Richesse de tout cela, fatigue tout autant, âge et santé. C’est cela la vie, alors la force de cette parole de Dieu, chaque jour à recevoir, à entendre. Le roi David vint s’asseoir en présence du Seigneur. Qui suis-je donc, Seigneur, et qu’est-ce que ma maison, pour que tu m’aies conduit jusqu’ici ? Dieu et notre descendance autant que notre mission ou avec Lui notre relation au présent. Tu adresses une parole à la maison de ton serviteur pour un avenir lointain. Est-ce là, Seigneur Dieu, la destinée de l’homme ?  Le Magnificat selon David… quel sera le mien, celui qu’il me sera donné de murmurer au grand instant ? C’est toi qui es Dieu, tes paroles sont magnifiques, et tu as fait cette magnifique promesse à ton serviteur. Daigne bénir la maison de ton serviteur, afin qu’elle soit pour toujours en ta présence. Car toi, Seigneur Dieu, tu as parlé, et par ta bénédiction la maison de ton serviteur sera bénie pour toujours. Amen. Ce soir, Seigneur… mes étudiants, notre pays, chacun de celles et de ceux à qui je vais adresser ces lignes, non leur verbatim – le plus souvent profus et diffus – mais leur intention, leur mouvement, la prière… et ma chère femme, et notre fille, et Jules, et son aîné en 3ème. La parole que tu as dite au sujet de ton serviteur et de sa maison, tiens-la pour toujours, et agis selon ce que tu as dit. L’homme emporté et enveloppé par la sollicitude, le projet de Dieu et sa propre réponse n’est que demande : que cela soit selon ce que tu as dit… qu’il me soit fait selon ta parole…. Et par ta bénédiction la maison de ton serviteur sera bénie pour toujours. Sollicitude de ma femme, que je me couche puisque je suis fatigué. L’homme à l’image de Dieu, nos amours mutuels ne sont qu’un seul amour à travers l’histoire, le temps et tout couple, toute famille, toute générosité.Aimer et prier sont de même. L’universalité est intimité. Chaque rencontre, même si elle a un aspect professionnel, chaque rencontre même si elle est… la stagiaire, puis l’évêque, puis notre fille, toujours autre, au téléphone. Nos poissons rouges, l’insufflation d’air depuis leur sable. Etonnement, ils jouissent de ce flux dans leur élément, s’y ébrouent. Les jours de la Création, notre analogie entre vivants (et morts). J’ai vu, cet après-midi, fauteuil roulant de Denis M. deux bouleaux de probablement trois cent ans chacun. Le plus courant n’est que jeunesse fluette presque : un bouleau de dix ou vingt ans, les nôtres encore si chétifs, la terre pas assez… ou trop [1].


[1] - 2ème Samuel VII 18 à 29 ; psaume CXXXII ; évangile selon saint Marc IV 21 à 25

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