samedi 20 décembre 2014

l’homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles - textes du jour

Samedi 20 Décembre 2014



Eveillé autour de trois heures, rendormi par intermittences, à mon lever un moment de douceur intense avec ma chère femme, par elle, mes lèvres à sa joue, ma main à sa main, à son poignet et au revers de son bras. Bonheur de notre union et de notre amour. C’est impossible à dire, même à concevoir si ce ne sont que des mots, cela peut se désirer ou se regretter, cela ne se conçoit pas, cela se vit… ce qu’est l’amour conjugal, ce n’est ni la fusion ni le un et un, ce n’est pas non plus la troisième personne, laquelle est à la fois l’enfant et l’Esprit Saint. Cela se vit, c’est sans doute le paroxysme magnifique de la vie. – Lecture énième mais jamais lassante du récit de l’Annonciation [1]. J’essaierai de méditer d’ici demain matin les trois annonces dans les évangiles : Marie, Joseph et Zacharie. Bernard de Clairvaux se trompe complètement sur le mystère de notre salut qui est aussi celui de l’amour divin et de la liberté humaine. Il n’y a pas de suspense pour la réponse de Marie, Dieu n’est pas suspendu en attente du fiat. Et la Vierge n’est pas dans le domaine du oui ou non. Elle n’est qu’elle-même, souverainement et librement elle-même. Et tout son être est consentement en tout à Dieu, et à ce que Dieu fait d’elle, a voulu d’elle, comme d’ailleurs de chacun de nous, en nous créant. Elle est entière dans le dessein de Dieu. La liberté, c’est l’intégrité de l’être, ce n’est pas la virtualité de son néant. La liberté, c’est la vie, pas la mort. Le temps nous paraît, dans notre mode actuel d’existence, enfermer tout le possible et tout l’agir. La réalité est englobante, elle n’est pas la ligne du révolu et de l’avenir avec le curseur au présent, sans cesse à produire de l’irréversible passé et à grimper ou couurir ou dégringoler dans l’avenir dont nous ne savons pas, tels que nous sommes, les ingrédients ni l’alchimie. Notre liberté, marque même de notre ressemblance au Créateur, n’est qu’apparemment à s’exercer dans le temps. Au vrai et au total, elle est notre participation à la création, au salut. C’est une association. Les miraculés par le Christ le sont selon leur foi. Ils participent à leur guérison, la déterminent même du seul fait de leur appel au Sauveur. L’Annonciation et la conclusion que lui donne Marie, c’est simplement mais extraordinairement, la participation de la Vierge au dessein de Dieu. L’Annonciation le signifie, à elle qui s’en trouve consacrée à ce rôle décisif – non pas une décision, mais elle et ce par quoi tout arrive, tout se rachète, tout se retrouve. L’essentiel du texte, c’est la foi de Marie, qui n’a de question que sur le mode opératoire, pas sur le fait. Comment cela va-t-il se faire ? tandis que l’Ange ne fait qu’indiquer à Marie, qui elle est : la mère du Sauveur, il l’a d’ailleurs, d’entrée, saluée suprêmement. Le français peut jouer sur le mot : comblée, elle est pleine de grâce et pleine de la conception qui va se faire en elle. La Vierge n’est bouleversée qu’à la salutation de l’Ange, pas par sa venue inopinée. Physiquement, inopinée, mais pas spirituellement. L’Immaculée Conception n’est pas tant un dogme que l’évidence et la logique. Marie reçoit un signe sans en demander aucun : voici que dans sa vieillesse, Elisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois. Tandis qu’Acaz, le roi contemporain d’Isaïe, refuse ce qui lui est proposé : tout à sa logique et sa compréhension de Dieu, surtout s’il est de bonne volonté. Je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. Et lui, comme nous tous, se fait imposer le signe : prophétie s’il en est. Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel, c’est à dire, Dieu-avec-nous.
Quant à notre parabole nationale, elle tourne au cauchemar. Un pays ne meurt que de lui-même. Les tentatives étrangères pour le mettre à mort ou le dépecer suscitent au contraire résistance, sursaut et vie. Nous sommes trahis mentalement et physiquement depuis des années, mais ce quinquennat est l’aboutissement, le trait de l’addition. A lui seul, il cumule et multiplie des fautes qui étaient graves mais apparemment pas solidaires les unes des autres. Aujourd’hui tout est lié, décuplé : quinquennat dont l’Histoire a déjà décidé qu’il est le pire de notre République cinquième version et que l’élu de Mai 2012 pour lequel j’ai voté et que j’ai persisté à soutenir et à chercher à comprendre jusqu’à ces tout derniers temps, est certainement l’un des plus mauvais chefs que nous ayons jamais eu, dans sa vie personnelle comme dans l’exercice des fonctions que nous lui avions confiées. François le fossoyeur jaspinant à Chambord tandis que l’assemblée de Alstom entérine une cession décisive de notre patrimoine physique et de notre savoir-faire. Comparse, le PDG qui en est récompensé d’un coup par trois cent ans de ma modeste retraite, laquelle ferait pourtant le bonheur de la plupart de mes concitoyens. Comparse, ce chef nominal de notre centrale syndicale la plus symbolique du mouvement ouvrier et d’une gauche de conquête et de solidarité. Aucun des trois n’a honte. Le péché, c’est la cécité. La liberté, Marie une nouvelle fois proposée à notre contemplation-réflexion, cela se voit encore mieux à lire aujourd’hui notre histoire nationale de maintenant, c’est d’être entier à ce qui nous est confié. La liberté n’est pas un recel de personnalité ou d’histoire propres, ce n’est pas un accaparement de la volonté, c’est un service créateur. Je le dis mal mais le ressens profondément. J’ai commencé de pleurer pour notre pays quand s’est nouée la vente d’Alstom. Toutes les tolérances précédentes de ce maudit quinquennat portaient sur des entreprises foireuses et sur le refus d’envisager la nationalisation ad hoc et pour un terme très précis. Dans le cas d’Alstom, repérée par des complicités et des guettes immondes, dont celle de ma stagiaire d’Athènes, aucune raison financière ou commerciale, encore moins technologique impérative. Il n’y a eu aucune explication publique. Nous ne sommes pas en démocratie, nos affaires sont traitées contre nous, il n’y a aucune sanction personnelle contre ceux qui nous blessent, qui ne sont que le jouet et de leur libido (l’argent, la notoriété, l’apparence) et de modes de pensée dont aucun ne nous sont nationalement propre, et aucun bienfaisant. La politique tirée de l’Ecriture sainte... la parfaite antithèse de l’Annonciation.
Pour le chrétien que j’ai la grâce d’être et de demeurer, l’espoir est précis et il englobe même le salut le plus concret pour notre cher pays. Nous le voyons d’ailleurs, faute d’Europe, le monde se déséquilibre, vg. la Chine n’abusant que par défaut du reste du monde et grâce, pour le moment, à son déni de démocratie chez elle, et faute de France, l’Union européenne n’existe qu’en bottin des normes et réglementations, pas même en institutions visibles. L’homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles, il obtient, du Seigneur, la bénédiction, et de Dieu son Sauveur, la justice.


[1] - Isaïe VII 10 à 14 ; psaume XXIV ; évangile selon saint Luc I 26 à 38

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