Hier soir
Pour quatre
heures, je quitte mon écritoire et le chantier maintenant ouvert. Couru à
Muzillac, les Buissonnets, le portillon fermé, le tour du presbytère, le désert.
Inscription et formation pour l’évangile selon saint Matthieu, faire l’ouverture
et entourer mon cher Denis M. Mais l’exercice est pitoyable de chalandise et de
pratique : pour tout le doyenné, peut-être dix mille personnes, deux femmes pas
loin de mon âge... Je ne peux rester que la première demi-heure ayant à
reprendre Marguerite à l’école à moins le quart. Questionnement sur la datation
et le contexte de la version que nous avons : 140 après JC, il y aurait eu du
vivant de l’apôtre un texte en araméen, perdu. Ce n’est pas inintéressant. Puis
ensuite laborieuse écriture au « tableau » du plan de notre formation et
commencement de lecture d‘un fascicule comme si toute une génération du clergé
n’avait été formée qu’à cela : lecture en groupe d’un fascicule. C’était cela
pour la paroisse-cathédrale, exhortation des laïcs à la participation selon la
redondance d’une brochure, d’ailleurs bien faite. – Marguerite, le langage des
signes inventé par sa classe et pratiqué depuis plusieurs années. Les 18/20 en
orthographe : dictée de mots, elle a oublié un r à terrible et
le e muet d’épaule. Pleurs, rage, assurance qu’elle le savait,
conclusion qu’elle est nulle. La petite gare à Questembert-Bel Air, un
adolescent, boucle d’oreilles, pieds sur son sac-cartable, dans l’abri, alors qu
le temps est resplendissant : en seconde, il ambitionne d’être spécialisé en
climatisation, BTS à Lorient. Photos. quand Edith arrive (18 heures), fatiguée,
soif, courses à Carrefour Market, je regarde le passage, une femme sans âge
mais plutôt jeune, une petite border-collee quasi-naine, elle-même le type
allemand, elle se dit du nord :
intéressante, très beau visage, regard total. Peut-être en détresse et
solitude mais avec dignité. Cela se révèle quand elle s’éloigne sans voiture à
mon étonnement, panier roulant, sa chienne en laisse, pantalon bouffant, au
loin. Chacun a sa démarche pour entrer dans la « grande surface », les dégagés,
les hâtifs, les couples physiquement dépareillés, à leur sortie, je cherche vers
quelle voiture ils vont. Toutes sortes de silhouettes de filles, aucune n’arrive
à vraiment marcher, soit boudinée de chair, soit prisonnière de talons hauts et
de de pantalons faisant croire que ce ne sont pas des jambes mais des tiges
métalliques de béquilles. Edith se fait héler par un adolescent aux vêtements
tombants, beiges et sales, les bras serrant une quantité invraisemblable d
canettes dont aucune n’est de même marque que l’autre : n’est-ce pas vous qui
oubliez un paquet de viande pour chiens sous la caisse. Mouvement
de reconnaissance, le monde et notre époque ont pris un sens favorable, nous
avons été gratifiés. Tandis qu’Edith
fait les comptes et virements nécessaires, Marguerite regarde un film de ses
gisements et sites informatiques, des poursuites en dessins animés, de gentils
couples, des cirls clairs, elle rit aux éclats et moi je m’attarde, un de ces
fichiers presque quotidiennement reçus en messagerie, sexshopissimo : clichés de lingerie dite érotique, des corps
qui font envie, surtout des paires de fesses nues et parfaites, rien de
pornographique cependant. Je suis pauvre et
fatigué.
Ce
matin
Eveillé depuis plus d’une
heure, la pluie maintenant, un enveloppement merveilleusement continu et
insistant. Images de la veille au soir, perfection des corps, des bas du dos,
les ventres moins suggestifs : "votre partenaire n’y résistera pas", les visages
d’exposition sans regard. Pas touche. Inaccessibilité de la photo. et aussi de
ces modes d’apparition et d’apparaître. La vie dissipe cette barrière mais y
susbtitue un autre, libido du vieillard : personne disposée à l’étreinte, et
s’il s’en trouve une, s’il en trouve une, son corps n répond plus, son sexe
n’est que pour la mémoire la plus triste. J’ignore la version féminine de ce
désastre en fin de vie, dont il est peu parlé et encore moins écrit à ma
connaissance.
Mon chantier de nouveau en
plan. Habituel dialogue intérieur des commencements de toute rédaction de
fiction » : ridicule du sujet et de la plume, échec certain relativement au
chatoiement de ce que de tête je crois avoir déjà tout récité, composé, reçu,
imaginé, happé et évidemment jugement du lecteur, détourné dès les premières
ligns. Quant à l’éditeur, en ai-je vraiment
connu ?
Ouest-France hier,
son titre en une : la
méthode Valls en qustion. Je n’ai compris qu’en lisant une page
entière du Monde sur cette famille
kosovar expulsée. J’ai couriellé à l’Elysée à mon habitude (reprise, après deux
mois de latence) [1]. En regard, une
passe aussi sur l’U.M.P. et les bilans du quinquennat précédent. Il m semble
très sain – enfin – qu’il y ait discussion dans l’opposition sur ce qu’elle fait
ou tolère quand elle est au pouvoir, et qu’une partie de la majorité actuelle
se révolte contre ce qu’il lui semble non seulement identique aux pratiques et
justifications précédentes, mais surtout indigne et inhumain. On avance. Cette
actualité, ainsi que l’évocation d’une augmentation de plusieurs points sur la
fiscalité pesant directement sur l’entreprise au rebours de toutes les autres en
Europe, et alors qu’on vient de multiplier les ajustements en sa faveur malgré
le débat sur le partage du fardeau entre personnes physiques et sociétés, m’ont
aidé à imaginer la seconde page de ma
politique- fiction. Ce qui n’en est pas, c’est, toujours en messagerie, la
Génération identitaire comme s’il
fallait à un pays que certains en lui expriment le hideux et s’en vantent.
La pluie n’est plus qu’une
respiration qui se reprend, que du silence. – Prier dans une totale espérance,
grâce demandée, si précise et en deux murmures : jeunesse de mon corps et
encensement du plaisir, de l’union, de la communion, des retrouvailles, jeunesse
du bonheur, de tout bonheur et à demander pour deux car il ne se trouve, se
célèbre et devient multicolore sans astreintes du temps, de l’âge ou la
perturbation du souvenir, que présence… et l’énergie, la force d’écrire ce que
j’ai mentalement composé. Seigneur, je pose mes désirs et ms vœux, tout humains,
à tes pieds. Marie-Madeleine ne déposait, en Ton temps humain, que son adoration
et son amour, mais ses pleurs étaient déjà les miens, ceux de notre pauvreté et
de nos dénuements. Tu nous fait triompher de la mort et de la tentation unique,
n’avoir plus de désir que celui de nos œuvres, alors qu’une seule est belle, la
prière que Tu nous donnes de T’offrir.Seigneur, Tu me donneras tout puisque Tu
te donnes à nous et nous sauve, nous as sauvés. Aie enfin pitié de ces deux
rencontres d’hier, de mon cher Denis M. au crépuscule du sacerdoce et de la
fidélité, de cette inconnue si présente, vivante et qui s’éloignant me parut,
sans un signe sans un mot que la totalité de sa silhouette, de sa petite
charrette, de sa chienne menue et tendre, si malheureuse. La pluie reprend, mais
plus douce, plus envahissante. La nuit demeure.
Prier… grâce
et présence, ensemble avec Dieu Apaisement tandis que mes aimées dorment
encore, ma chère femme sans doute réassoupie, notre trésor restant ensevelie
sous ls couettes et édredons, l’oreiller, les oreillers peuplés de ses peluches,
poupées et d’une organisation que je n’ai jamais vu à ce point, les cartes et
dessins, collés au mur, et la sorte de dais pour berceau de nouveau-né qu’elle a
voulu au-dessus d’elle. C’est donc par
la foi qu’on devient héritier ; ainsi c’est un don gratuit. Valable au spirituel et en amour conjugal
et familial, il n’y a qu’un langage d’amour et celui
de Dieu est ainsi professé de toujours à toujours, et à entendre
quotidiennement. – Une grenouille maintenant, avec force. – Dieu a promis à Abraham et à sa descendance qu'ils
recevraient le monde en héritage, non pas en accomplissant la Loi mais en
devenant des justes par la foi… devant Dieu en qui il a cru, Dieu qui donne la
vie aux morts et qui appelle à l'existence ce qui n'existait pas.Espérant contre
toute espérance, il a cru… [2]
. Le mystère humain, de toute l’humanité est là : ce ressort de
l’espérance d’où vient-il ? quel est-il ? sinon la relation directe soudainement
donnée, le plus souvent à l’instant d’avant la chute, irrépressible, le ressort
de l’espérance, celui du retour à la vie (tel que je suis en train de le vivre,
comme si souvent mais que j’oublie quand me happe la déprime). L’espérance c’est
la relation à Dieu, soudain venu à notre secours. Homélie du pape François
« collant » avec ce que j’ai vécu hier en venant à l’exercice de mon vieux Denis
M. Jean de Brébeuf et Isaac Jogues, les saints de mon enfance. L’héroïsme des
martyrs, des missionnaires, des aventuriers de al confiance en Dieu. La
délicatesse de ce pape qui dit tout, ce ne nous avait jamais été donné par un
pontife, notre époque a besoin de cette impudeur apparente de la spontanéité. Nous
sommes nus pour quoi n’en pas faire la vérité de notre conscience et partager
ainsi misère puis espérance. Quand on vous traduira devant les synagogues,
les puissances et les autorités, ne vous tourmentez pas pour savoir comment vous
défendre ou comment parler. Car l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure
même ce qu’il faudra dire. La lutte, le
débat, cette mise en procès et en accusation, c’est – je crois et je le vis
intensément à certains instants – la tentation de la désespérance, la tentation
d’un monde mort parce que sans Dieu. Ce n’est pas une menace qui fait revenir à
la surface, à l’air libre, au ciel de l’espérance et de la foi : celui qui
m’aura renié en face des hommes sera renié en face des anges de Dieu. Je le lis
comme ce terrible reniement que serait mon désespoir en face de toute une vie de
joie dans l’espérance et la foi, malgré tout, et malgré ma propre médiocrité.
Celui qui dira une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera
pardonné. Le Christ, compagnon de ma vie,
toujours présent, toujours à connaître et à prier, s’efface tactiquement pour me
dévoiler le souverain sauveur des minutes critiques : si quelqu’un blasphèm
contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné. Ce paraclet, cet intercesseur, cette mémoire
vraie du salut et de notre chemin qu’à la dernière Cène, Jésus
promet et annonce à ses disciples et à nous. Il s’est ainsi souvenu de la
parole sacrée et d’Abraham, son serviteur ; il a fait sortir en grande fête son
peuple, ses élus, avec des cris de joie. Mort et résurrection, la relation en chacun
de nous en vie spirituelle, en vie « tout court » avec Abraham, « père des
croyants » est là. L’espérance et la foi, ce qu’il vécut et reçut le premier, ce
que nous vivons et recevons en complète analogie, simplement parce que la vie
est une, de siècle en siècle, c’est bien pourquoi elle est éternelle et qu’elle
nous est promise.
To:
Sent: Friday, October 18, 2013 2:57
PM
Subject: actualité et
perspectives
Cette famille kosovare
ne peut devenir - après Florange et Aulnay pour notre disparition industrielle -
le symbole de notre considération pour l'humanité en chair et os. Ce
mimétisme-là - après tant d'autres en politique générale ou en fiscalité et même
en
communication - avec ce qui se vécut et marqua depuis Juillet
2010 est de trop. Deux raisons fortes : à supposer que nos manières vis-à-vis
des Roms aient quelques fondements, notamment pénaux, il est certain que la
famille de Leonarda était bien "notée" par tous (j'ai été élu municipal dans le
Haut-Doubs après avoir fait campagne pour succéder à Edgar Faure au
Palais-Bourbon, on sait y évaluer les gens), qu'en durée de séjour elle était
presqu'aux cinq ans légaux, et surtout que le Kosovo a été le sujet d'une guerre
à laquelle nous avons participé et qui a décidé de la redistribution des forces,
des territoires et surtout des valeurs en Europe balkanique. D'autre part,
Lampeduza par exemple, ceux qui viennent chez nous, "irrégulièrement", comme
Bibi Fricotin des années 30 sur son radeau vers les Etats-Unis, rêvent de nous,
des Européens, de la France et prennent de grands risques. Sans doute pas les
portes ouverts à tous vents, mais le respect pour le courage et la compassion
pour les souffrances. La motivation pour se joindre à nous et y demeurer, est
suffisante ainsi. C'est nous qui sommes en défaut.
Depuis "le terrible
monsieur Pasqua" tous les ministres de l'Intérieur se ressemblent, mis en relief
chacun par les mêmes circonstances et hantises, candidats presque tous à
l'Elysée, donc en concurrence pontentiel avec leur patron du moment. Manuel
Valls est dans le mime, rien de particulier, sinon qu'à avoir tant fait valoir
une origine immigrée pendant les primaires socialistes, il pourrait comprendre -
de l'intérieur, c'est le cas de l'écrire - ce que souffrent nos arrivants.
Soyons dignes de notre pays. Nos frontières, le Président l'a particulièrement
illustré à Bamako, à deux reprises, sont le Sahara et sans doute un jour
l'Oural. C'est difficile, mais c'est comme cela. Rome est tombée de l'intérieur
pas parce que le limes avait failli : au contraire, il intégrait, à commencer
par nous... les Gaulois.
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