samedi 19 octobre 2013

il s'est ainsi souvenu de la parole sacrée - textes du jour

Samedi 19 Octobre 2013

Hier soir
Pour quatre heures, je quitte mon écritoire et le chantier maintenant ouvert. Couru à Muzillac, les Buissonnets, le portillon fermé, le tour du presbytère, le désert. Inscription et formation pour l’évangile selon saint Matthieu, faire l’ouverture et entourer mon cher Denis M. Mais l’exercice est pitoyable de chalandise et de pratique : pour tout le doyenné, peut-être dix mille personnes, deux femmes pas loin de mon âge... Je ne peux rester que la première demi-heure ayant à reprendre Marguerite à l’école à moins le quart. Questionnement sur la datation et le contexte de la version que nous avons : 140 après JC, il y aurait eu du vivant de l’apôtre un texte en araméen, perdu. Ce n’est pas inintéressant. Puis ensuite laborieuse écriture au « tableau » du plan de notre formation et commencement de lecture d‘un fascicule comme si toute une génération du clergé n’avait été formée qu’à cela : lecture en groupe d’un fascicule. C’était cela pour la paroisse-cathédrale, exhortation des laïcs à la participation selon la redondance d’une brochure, d’ailleurs bien faite. – Marguerite, le langage des signes inventé par sa classe et pratiqué depuis plusieurs années. Les 18/20 en orthographe : dictée de mots, elle a oublié un r à terrible et le e muet d’épaule. Pleurs, rage, assurance qu’elle le savait, conclusion qu’elle est nulle. La petite gare à Questembert-Bel Air, un adolescent, boucle d’oreilles, pieds sur son sac-cartable, dans l’abri, alors qu le temps est resplendissant : en seconde, il ambitionne d’être spécialisé en climatisation, BTS à Lorient. Photos. quand Edith arrive (18 heures), fatiguée, soif, courses à Carrefour Market, je regarde le passage, une femme sans âge mais plutôt jeune, une petite border-collee quasi-naine, elle-même le type allemand, elle se dit du nord :  intéressante, très beau visage, regard total. Peut-être en détresse et solitude mais avec dignité. Cela se révèle quand elle s’éloigne sans voiture à mon étonnement, panier roulant, sa chienne en laisse, pantalon bouffant, au loin. Chacun a sa démarche pour entrer dans la « grande surface », les dégagés, les hâtifs, les couples physiquement dépareillés, à leur sortie, je cherche vers quelle voiture ils vont. Toutes sortes de silhouettes de filles, aucune n’arrive à vraiment marcher, soit boudinée de chair, soit prisonnière de talons hauts et de de pantalons faisant croire que ce ne sont pas des jambes mais des tiges métalliques de béquilles. Edith se fait héler par un adolescent aux vêtements tombants, beiges et sales, les bras serrant une quantité invraisemblable d canettes dont aucune n’est de même marque que l’autre : n’est-ce pas vous qui oubliez un paquet de viande pour chiens sous la caisse. Mouvement de reconnaissance, le monde et notre époque ont pris un sens favorable, nous avons été gratifiés. Tandis qu’Edith fait les comptes et virements nécessaires, Marguerite regarde un film de ses gisements et sites informatiques, des poursuites en dessins animés, de gentils couples, des cirls clairs, elle rit aux éclats et moi je m’attarde, un de ces fichiers presque quotidiennement reçus en messagerie, sexshopissimo : clichés de lingerie dite érotique, des corps qui font envie, surtout des paires de fesses nues et parfaites, rien de pornographique cependant. Je suis pauvre et fatigué.

Ce matin

Eveillé depuis plus d’une heure, la pluie maintenant, un enveloppement merveilleusement continu et insistant. Images de la veille au soir, perfection des corps, des bas du dos, les ventres moins suggestifs : "votre partenaire n’y résistera pas", les visages d’exposition sans regard. Pas touche. Inaccessibilité de la photo. et aussi de ces modes d’apparition et d’apparaître. La vie dissipe cette barrière mais y susbtitue un autre, libido du vieillard : personne disposée à l’étreinte, et s’il s’en trouve une, s’il en trouve une, son corps n répond plus, son sexe n’est que pour la mémoire la plus triste. J’ignore la version féminine de ce désastre en fin de vie, dont il est peu parlé et encore moins écrit à ma connaissance.
Mon chantier de nouveau en plan. Habituel dialogue intérieur des commencements de toute rédaction de fiction » : ridicule du sujet et de la plume, échec certain relativement au chatoiement de ce que de tête je crois avoir déjà tout récité, composé, reçu, imaginé, happé et évidemment jugement du lecteur, détourné dès les premières ligns. Quant à l’éditeur, en ai-je vraiment connu ?
Ouest-France hier, son titre en une : la méthode Valls en qustion. Je n’ai compris qu’en lisant une page entière du Monde sur cette famille kosovar expulsée. J’ai couriellé à l’Elysée à mon habitude (reprise, après deux mois de latence) [1]. En regard, une passe aussi sur l’U.M.P. et les bilans du quinquennat précédent. Il m semble très sain – enfin – qu’il y ait discussion dans l’opposition sur ce qu’elle fait ou tolère quand elle est au pouvoir, et qu’une partie de la majorité actuelle se révolte contre ce qu’il lui semble non seulement identique aux pratiques et justifications précédentes, mais surtout indigne et inhumain. On avance. Cette actualité, ainsi que l’évocation d’une augmentation de plusieurs points sur la fiscalité pesant directement sur l’entreprise au rebours de toutes les autres en Europe, et alors qu’on vient de multiplier les ajustements en sa faveur malgré le débat sur le partage du fardeau entre personnes physiques et sociétés, m’ont aidé  à imaginer la seconde page de ma politique- fiction. Ce qui n’en est pas, c’est, toujours en messagerie, la Génération identitaire comme s’il fallait à un pays que certains en lui expriment le hideux et s’en vantent.
La pluie n’est plus qu’une respiration qui se reprend, que du silence. – Prier dans une totale espérance, grâce demandée, si précise et en deux murmures : jeunesse de mon corps et encensement du plaisir, de l’union, de la communion, des retrouvailles, jeunesse du bonheur, de tout bonheur et à demander pour deux car il ne se trouve, se célèbre et devient multicolore sans astreintes du temps, de l’âge ou la perturbation du souvenir, que présence… et l’énergie, la force d’écrire ce que j’ai mentalement composé. Seigneur, je pose mes désirs et ms vœux, tout humains, à tes pieds. Marie-Madeleine ne déposait, en Ton temps humain, que son adoration et son amour, mais ses pleurs étaient déjà les miens, ceux de notre pauvreté et de nos dénuements. Tu nous fait triompher de la mort et de la tentation unique, n’avoir plus de désir que celui de nos œuvres, alors qu’une seule est belle, la prière que Tu nous donnes de T’offrir.Seigneur, Tu me donneras tout puisque Tu te donnes à nous et nous sauve, nous as sauvés. Aie enfin pitié de ces deux rencontres d’hier, de mon cher Denis M. au crépuscule du sacerdoce et de la fidélité, de cette inconnue si présente, vivante et qui s’éloignant me parut, sans un signe sans un mot que la totalité de sa silhouette, de sa petite charrette, de sa chienne menue et tendre, si malheureuse. La pluie reprend, mais plus douce, plus envahissante. La nuit demeure.
Prier… grâce et présence, ensemble avec Dieu  Apaisement tandis que mes aimées dorment encore, ma chère femme sans doute réassoupie, notre trésor restant ensevelie sous ls couettes et édredons, l’oreiller, les oreillers peuplés de ses peluches, poupées et d’une organisation que je n’ai jamais vu à ce point, les cartes et dessins, collés au mur, et la sorte de dais pour berceau de nouveau-né qu’elle a voulu au-dessus d’elle. C’est donc par la foi qu’on devient héritier ; ainsi c’est un don gratuit. Valable au spirituel et en amour conjugal et familial, il n’y a qu’un langage d’amour et celui de Dieu est ainsi professé de toujours à toujours, et à entendre quotidiennement. – Une grenouille maintenant, avec force. – Dieu a promis à Abraham et à sa descendance qu'ils recevraient le monde en héritage, non pas en accomplissant la Loi mais en devenant des justes par la foi… devant Dieu en qui il a cru, Dieu qui donne la vie aux morts et qui appelle à l'existence ce qui n'existait pas.Espérant contre toute espérance, il a cru… [2] . Le mystère humain, de toute l’humanité est là : ce ressort de l’espérance d’où vient-il ? quel est-il ? sinon la relation directe soudainement donnée, le plus souvent à l’instant d’avant la chute, irrépressible, le ressort de l’espérance, celui du retour à la vie (tel que je suis en train de le vivre, comme si souvent mais que j’oublie quand me happe la déprime). L’espérance c’est la relation à Dieu, soudain venu à notre secours. Homélie du pape François « collant » avec ce que j’ai vécu hier en venant à l’exercice de mon vieux Denis M. Jean de Brébeuf et Isaac Jogues, les saints de mon enfance. L’héroïsme des martyrs, des missionnaires, des aventuriers de al confiance en Dieu. La délicatesse de ce pape qui dit tout, ce ne nous avait jamais été donné par un pontife, notre époque a besoin de cette impudeur apparente de la spontanéité. Nous sommes nus pour quoi n’en pas faire la vérité de notre conscience et partager ainsi misère puis espérance. Quand on vous traduira devant les synagogues, les puissances et les autorités, ne vous tourmentez pas pour savoir comment vous défendre ou comment parler. Car l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure même ce qu’il faudra dire. La lutte, le débat, cette mise en procès et en accusation, c’est – je crois et je le vis intensément à certains instants – la tentation de la désespérance, la tentation d’un monde mort parce que sans Dieu. Ce n’est pas une menace qui fait revenir à la surface, à l’air libre, au ciel de l’espérance et de la foi : celui qui m’aura renié en face des hommes sera renié en face des anges de Dieu. Je le lis comme ce terrible reniement que serait mon désespoir en face de toute une vie de joie dans l’espérance et la foi, malgré tout, et malgré ma propre médiocrité. Celui qui dira une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné. Le Christ, compagnon de ma vie, toujours présent, toujours à connaître et à prier, s’efface tactiquement pour me dévoiler le souverain sauveur des minutes critiques : si quelqu’un blasphèm contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné. Ce paraclet, cet intercesseur, cette mémoire vraie du salut et de notre chemin qu’à la dernière Cène, Jésus promet et annonce à ses disciples et à nous. Il s’est ainsi souvenu de la parole sacrée et d’Abraham, son serviteur ; il a fait sortir en grande fête son peuple, ses élus, avec des cris de joie. Mort et résurrection, la relation en chacun de nous en vie spirituelle, en vie « tout court » avec Abraham, « père des croyants » est là. L’espérance et la foi, ce qu’il vécut et reçut le premier, ce que nous vivons et recevons en complète analogie, simplement parce que la vie est une, de siècle en siècle, c’est bien pourquoi elle est éternelle et qu’elle nous est promise.


[1] - ---- Original Message -----
To: 
Sent: Friday, October 18, 2013 2:57 PM
Subject: actualité et perspectives

Cette famille kosovare ne peut devenir - après Florange et Aulnay pour notre disparition industrielle - le symbole de notre considération pour l'humanité en chair et os. Ce mimétisme-là - après tant d'autres en politique générale ou en fiscalité et même en communication - avec ce qui se vécut et marqua depuis Juillet 2010 est de trop. Deux raisons fortes : à supposer que nos manières vis-à-vis des Roms aient quelques fondements, notamment pénaux, il est certain que la famille de Leonarda était bien "notée" par tous (j'ai été élu municipal dans le Haut-Doubs après avoir fait campagne pour succéder à Edgar Faure au Palais-Bourbon, on sait y évaluer les gens), qu'en durée de séjour elle était presqu'aux cinq ans légaux, et surtout que le Kosovo a été le sujet d'une guerre à laquelle nous avons participé et qui a décidé de la redistribution des forces, des territoires et surtout des valeurs en Europe balkanique. D'autre part, Lampeduza par exemple, ceux qui viennent chez nous, "irrégulièrement", comme Bibi Fricotin des années 30 sur son radeau vers les Etats-Unis, rêvent de nous, des Européens, de la France et prennent de grands risques. Sans doute pas les portes ouverts à tous vents, mais le respect pour le courage et la compassion pour les souffrances. La motivation pour se joindre à nous et y demeurer, est suffisante ainsi. C'est nous qui sommes en défaut.

Depuis "le terrible monsieur Pasqua" tous les ministres de l'Intérieur se ressemblent, mis en relief chacun par les mêmes circonstances et hantises, candidats presque tous à l'Elysée, donc en concurrence pontentiel avec leur patron du moment. Manuel Valls est dans le mime, rien de particulier, sinon qu'à avoir tant fait valoir une origine immigrée pendant les primaires socialistes, il pourrait comprendre - de l'intérieur, c'est le cas de l'écrire - ce que souffrent nos arrivants. Soyons dignes de notre pays. Nos frontières, le Président l'a particulièrement illustré à Bamako, à deux reprises, sont le Sahara et sans doute un jour l'Oural. C'est difficile, mais c'est comme cela. Rome est tombée de l'intérieur pas parce que le limes avait failli : au contraire, il intégrait, à commencer par nous... les Gaulois.

[2] - Paul aux Romains IV 13 à 18 ; psaume CV ; évangile selon saint Luc XII 8 à 12

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