lundi 9 janvier 2012

en guise de voeux - la manifestation décisive



inextinguible espérance

Epiphanie

demandes pour 2012



Vœux en rite, en échange. Deux manières vraies aujourd’hui disant nos hypocrisies. L’échange du signe de paix au cours de la messe catholique : les mains refusées, le regard refusé ou qui ne suit pas la main, tête détourné et main qui fuit. Le discours à pupitre et railleries des concurrents qu’administrent à des professionnels du blasé des politiques ne s’adressant qu’à eux-mêmes. Cartes de visite naguère que Camenber avaient confondu avec les cartes à jouer déposées une à une, à la suite de l’opulente colonelle, mode Second Empire. Vœux qui ne se réaliseront que par hasard, indépendamment du vouloir ou de l’action de ceux à qui nous les destinons. Dialogue en fait, sans précision de souhaits ou de demandes, entre incapables et impuissants. Que pouvons-nous pour autrui ? quel empire avons-nous sur les circonstances, la société, la civilisation, l’histoire, ne sont-elles pas le résultat de nos échecs puisque celui de nos tentatives ? Sur nous-mêmes, pas davantage. Parabole des aveugles s’entraidant jusqu’à tomber dans n’importe quel trou.

Avouer. Pas de vœux échangés, mais des souhaits exprimés. Implicitement au dieu hasard ? à la bonne étoile ? ou au vrai Dieu et vrai homme, nous révélant tout ? Dire nos besoins, c’est probablement décliner notre identité, la projet, la remettre – en toute disponibilité de nous-mêmes – à qui peut les satisfaire ou les transformer.

Que souhaitè-je ?

Aboutir et que chacun aboutisse ou, m’ayant précédé dans ce qui se vit après la mort à ici, ait déjà abouti et nous appelle, nous inspire, nous aide, ou encore à venir en ce monde en fruit d’amour ou par inadvertance, aboutisse à son tour. Aboutir : comment n’en avoir pas envie et nostalgie, confondues toutes les dimensions et faces de la chronologie dans une vie humaine. Aboutir selon quoi ? selon tout ce dont nous avons conscience en nous, tout ce que nous pressentons, parfois l’une d’une rencontre fugitive ou à mesure d’un amour durablement partagé et conjugué ou selon quelque rupture, déception nous laissant moi et l’autre dépourvus, sans repère. Je ne crois pas à un but de vie automatique ou du genre de la notoriété, de la gloire, de la richesse ou de la paix sociale et intime, à quelque fin qui serait de posséder ou d’embrasser la beauté en soi, de ressentir une communion universelle, extatique de compréhension d’absolument tout en instantané. J’ai connu à peu près chacun de ces objets, ils me sont tous restés extérieurs, ils m’ont tous échappé. C’est ce dont ils m’ont détourné, et que je ne sais nommer dont ils étaient le leurre ou le clown que je veux atteindre. Aller au bout de ma capacité. Là, je crois que gisent confondus, de même nom et de même nature, intelligence, beauté, générosité, non en objets disposés en vitrine, mais en proposition que je sois cela.

Pas de salut ni de bonheur si tous n’en jouissent, n’en sont bénéficiaires, n’y atteignent.

Apparences pratiques qui selon notre humanité en son état actuel, celui entretenu par notre existence propre, analogue à celle de tous… Une intelligence et des générosités qui changent, à notre époque, le monde dont quelques générations, la mienne entre autres, sont responsables. Cela se dit vite, et presque tous en conviennent, le plus souvent, c’est affaire de libellé. La paix n’est pas un état mais une veille, un action, un maintien d’équilibres multiples, de dialogues qui ne soient pas de force, sinon la force d’intelligence et de générosité s’opposant aux simplismes de l’égocentrisme et de l’inculture. Soit une manière à inventer de gouverner à tous notre planète afin que chacun y mange, y boive, s’y sente bien sans que l’appropriation ou la spéculation de quelques-uns ou de systèmes n’ayant administré que la preuve de leur échec si le grand nombre des pauvres n’est pas encore un peu plus spolié, n’accapare le bien commun. Produit de ce gouvernement : une forme à trouver de démocratie, une tolérance de l’identité et de l’organisation de chaque peuple qu’il figure déjà au catalogue des Etats, reste en deçà recalé dans l’enfer ou le purgatoire des insurgés, des migrants, des nations sans liberté de se dire ni de se vivre en tant que telle. On en connaît beaucoup, cela existe même dans des espaces censément civilisés comme le pays de France ou l’Union européenne, les minorités ou les ethnies partagées entre frontières ou ignorant les systèmes sédentaires, chaque continent en a chez lui. Démocratie engageant et activant la confiance, le dialogue sur les voies et moyens, imposant le calme. Cas d’école, un Etat laïc et unitaire commun aux Palestiniens arabes et aux Juifs de l’Etat d’Israël dans lequel vivront ensemble ceux qui croient encore à leur sécurité par un Etat dominateur et monopolisant la force, et ceux qui désespèrent que leur révolte et leur misère soient jamais prises pour autre chose que du terrorisme. Mais il y a le Cachemire, les minorités de Chine, la réalité du Tibet de moins en moins physique mais de plus en plus située et inexpugnable dans les âmes sur place et en diaspora. Ce ne sont que des exemples. Et il y a des espérances, que le Québec accepte le risque de son indépendance, que la France partage avec lui sa nationalité et qu’ensemble en Europe, en Amérique et en Afrique se bâtisse quelque modèle de pluralisme, les histoires se rejoignant à nouveau mais sans porter ombrage à ce qui a formé aussi des ensembles, Canada, Suisse, Belgique ont tenté et réussi mieux. L’Espagne a à apprendre à la France. Le respect des espérances en crible le réalisme. Je souhaite un patriotisme européen, lui seul dissoudra à peu près tout de ce qui empêche notre réussite et notre exemplarité.

Besoin – oui – d’une Europe qui existe, qui fonctionne, qui veuille son émancipation vis-à-vis de la fascination ou de la référence militaire, économique, monétaire des Etats-Unis, vis-à-vis de l’intimidation chinoise, vis-à-vis des tabous russes. Logique d’un président de l’Union élu au suffrage uinversel de tous les citoyens européens. Evidence d’une technique d’emprunts européens finançant entre Européens les dettes des Etats. Début contagieux de retours à des protectionnismes et autres « cavaliers seuls » sans concertation et n’engendrant que du pire alors que de grandes zones, à cohérences sociales, culturelles, fiscales, se protégeant chacune des tricheurs, sans être l’exutoire des autres en tant que marchés de consommation ou de bien d’équipements, pourront organiser ensemble des échanges vraiment nécessaires. Des complémentarités naturelles au lieu des spéculations suscitées par l’artifice de règles dogmatiques imposées par des idéologies simplistes, mensongères mais dominantes.

Besoin d’élites morales retrouvant de l’imagination à proportion que s’éradiqueront les mécanismes de la cooptation, du recel de tout ce que le service public, l’impôt, la solidarité avaient érigé en institutions, en établissements, en procédures, en bien vraiment commun. Que s’ouvrent les yeux et les intelligences sur l’échec des systèmes imposés, sur une culture véhiculant des dogmes qui ont décrété l’obsolescence de tout ce qui est solidarité sans que l’individualisme et l’enrichissement personnel à tous crins produisent autre chose qu’un nouvel asservissement du grand nombre à une infime minorité, de plus en plus autiste et apeurée. Elites, repères, autorités dont nous avons besoin et que nous ne produisons plus nulle part. Révolte et exigences émollientes faute de cette incorruptibilité que produisent des passions et des dévouements matériellement désintéressées, spirituellement structurées et accueillantes. Chacun des peuples a eu ces grands moments qui les firentnaître ou survivre, criblèrent les égoismes et les cécités raisonneuses, pédantes.

Toxine désertifiant le terreau de base de toute stabilité et confiance collective : la famille, le couple se décomposent depuis une, deux décennies. La France dite de souche le démontre avec ostenntation, au point que ce devient la norme et que l’inexpérience de la foi en la vie et dans l’autre est plus contagieuse que nos héritages. Des politiques, aussi bien d’organisation sociale que de discrimination fiscale positive, qui seraient résolument natalistes résoudront les problèmes budgétaires et de sécurité sociale au lieu du malthusianisme prêtant main-forte à la loi de la jungle. L’enfant élève, à tous les sens du terme, ses parents, appelle une société à la fois expérimentée, attentive mais souple et à l’écoûte, tout le contraire de la nôtre – au moins en France – si rigide, si peu concertante.

Des institutions efficaces et pratiques chez nous. Le contrôle de l’exécutif politiquement et juridictionnellement sans aucune immunité. Le vote de conscience, le quorum pour n’importe quel scrutin tranchant le fond ou élisant les personnes. Le secret des parrainages pour l’élection présidentielle, ce n’est pas le nombre des signatures requises qui empêche des candidatures représentant parfois le cinquième ou le quart de l’électorat, mais leur publicité exposant les parrains à perdre leur propre place faute d’investiture pour leur réélection ou faute des moyens nécessaires à la vie de la plupart des collectiviéts locales : tous chantages exercés par le parti du présdent sortant ou par le principal parti d’opposition. Idéalement et pratiquement, un gouvernement consensuel et d’intérim sortant les candidats à leur réélection du système qui les avantage mécaniquement, et permettant les inventaires et les bilans, peut-être même la construction d’un socle obligeant tous les concurrents à quelque ambition hors de leur crû.

Une communion de prière faisant des différentes religions, dites monothéistes ou du livre, une seule référence : celle de l’aspiration humaine au vertical, au spirituel, à des valeurs instinctivement partagées. Je crois plus ravageurs les chrétiens d’obédience catholique convaincus que la perfection, selon un modèle non défini, s’obtient par échangisme avec Dieu, par rite et fixisme, à la manière de l’inquisition médiévale et de tous les systèmes totalitaires, que ces troupiers kamikazes ou affamés de reconnaissance identitaire et d’utilité. D’expérience, je sais que bien des agnostiques ou des distraits ont une attente de Dieu et une attention à l’autre que bien des spirituels de profession ou de conviction ne développent pas du tout. La nudité de la tolérance est le contraire de la peur d’être submergé par l’amour d’un autre ou par la venue d’étrangers chez nous. Etre aimé, c’est être certainement considéré différemment de l’image que j’ai de moi, mes secrets ou mes hantises, mes certitudes sont relativisés. Je risque davantage quand je suis aimé que quand j’aime, mais si je suis aimé aimant, alors une magie ? un sacrement ? la grâce que j’ai – quasi-physiquement et en toute certitude – ressenti lors de notre mariage en l’église du Val-de-Grâce, opère. Ce que je vis est tout autre, semble protégé et garanti par bien plus que moi ou qui j’aime : j’ai la force d’aimer, le bonheur aussi même quand … Entendre un étranger de naissance établi chez nous, partager si naturellement tout ce qu’il me plaît de notre pays, est une joie, une confirmation : la France se décape de tout ce qui n’est pas elle à mesure qu’elle accueille ceux qui la désirent et la comprennent, avec leurs mots à eux enrichissant, multipliant, colorant, redisant autrement les nôtres et nous les faisant découvrir. Cette forme de haine qui imbibe le dénigrement par certains de tous les autres parce que ces derniers protestent contre le cynisme nous gouvernant, qui délocalise non seulement nos entreprises, nos brevets mais aussi les études, les ambitions, les modèles de réussite des enfants de famille… au motif de la modernité, de l’adaptation et d’une nécessaire transformation des âmes, me paraît être une haine de la France et une désespérance de l’Europe, une profonde contradiction surtout : c’est préférer des repères qui ne nous ont jamais orientés à des filiations et à des mémoires qui sont toutes, de génération en génération, en France pour que j’en sais et dont je suis fier, des libérations face aux contraintes du moment ou aux défaites de l’immédiat passé. J’ai souvent constaté que les riches sont moins cultivés que les pauvres ou les immigrés : ils sont prisonniers d’ils ne savent quoi, récitent et se ressemblent au point d’être presqu’immanquablement identifiables et prévisibles. Souhait qu’ils se convertissent, certes, mais besoin d’apprendre le fond de ce que je considère comme une dénaturation d’âme et qui a peut-être des raisons et des voies honorables. A ne pas se comprendre ou s’estimer mutuellement, on est ensemble responsable. Ma génération qui s’est formée dans des années d’espérance et a fait carrière et famille dans des années de relative prospérité où de grandes valeurs comme la solidarité et le service public avaient force de dogmes et de structrures, est responsable de celles qui la suivent et ont divisé la société française, manqué l’Europe, appauvri la planète. Les Allemands ont été moins responsables de Hitler que les dirigeants et les opinions publiques des autres Etats européens qui l’ont laissé grandir. Nous provoquons depuis des années un Iran qui a des millénaires de finesse, de connaissance de soi et de ses partenaires de géographie ou de stratégie. Si – à Dieu ne plaisir – éclate un conflit physique dans le golfe d’Ormuz, à l’initiative factuelle de Téhéran, nous l’aurons provoqué en Occident, et l’Europe la première en ne constituant pas une alternative et en s’accordant avec les Etats-Unis pour désormais ne plus acheter le pétrole iranien. La mécanique des solidarités et des inimitiés stratégiques peut faire – mentalement – revenir le monde un siècle en arrière, celui de 1914. C’est plus que dangereux, c’est idiot.

Besoin de temps, d’attention, d’aide intime dispensée par l’hôte intérieur… pour m’attacher à Dieu, celui de mes enfances, de mes adolescences, du vertige de mes brèves gloires, de l’accélération de mon vieillissement, de l’emprise de mes impuissances, celui que j’enseigne – de mon dehors – à notre fille, laquelle en transmet à sa mère une forme de respect et un consentement au partage de la foi et des sacrements, bien plus vifs que des fidélités natives ou des conversions exaltées. Besoin d’un attachement, sans plus de recherche puisque je sais qui est mon Dieu, notre Dieu, Dieu de l’univers, Dieu de toute fin, Dieu de l’islam, Dieu du judaïsme, Dieu de toute personne offrant prière, supplication en toute culture et à tout âge. Besoin d’un attachement sans aucun appât, perspective de récompense, crainte de quoi que ce soit dont me protègeraient d’improbables mérites ou pratiques. Dieu seul parce qu’Il est, et parce que d’expérience je l’ai déjà vécu par anticipation, fugitive conscience mais certitude, Il me donne tout, me rend à tout, répond de tout. Parce qu’Il est et parce que, quoi que je fasse ou sois, Il m’attire et aura le dernier mot. Evident, totalisant, sublime, inconnaissable d’où je suis et comme je suis à l’instant de prier pour que ces vœux – à l’énonce de mes besoins et de ceux de tous – se réalisent.

Joies d’ici-bas, le temps de l’attention à qui j’aime, ma femme, notre fille, le temps d’un compagnonnage par le livre que je lis, par l’exposition ou l’œuvre dont je retiens la pénétration, l’habitation en moi, le temps, la mémoire, la densité des dialogues et des rencontres qui démultiplient mon pauvre être et me peuplent de fraternités amicales. Le temps de la contemplation de nos arbres, de la plage. Le temps de caresser et emmener vagabonder nos chiens. Le temps de faire silence pour correspondre à ma femme et de progressivement conquérir la sobriété et la précision de comportement, dont elle désespère que je les acquiers. Le temps de jouer avec notre fille, pas seulement celui de lui écrire mon amour ou de dialoguer avec elle avant qu’elle ne s’endorme.

Et cette communion confiée à plus que moi pour remercier qui m’a aidé, accompagné, aimé en cette vie jusqu’à présent. Ceux-là – seuls et l’absolution du ministre de l’Eglise – me font, finalement, ne pas me détester moi-même.

Quel qu’il devienne, j’aime ce monde, j’aime cette génération, j’aime celles et ceux que j’aime, je n’oublie aucun de mes désirs et quant à mes imprudences, elles ont eur leur logique et m’ont amené à ette plage où réparer les filets. Le temps d’après la Résurrection de notre devancier pour traverser la mort en apnée ou en prière, est le temps nous promettant davantage que la fécondité, l’unité intérieure, l’apaisement confiant. C’est le temps de maintenant que je crois échantillon de l’éternité, vision les yeux fermés du Dieu de tous.

Que dans cet énoncé entrent plus encore tout ce que je n’ai pas évoquer, appeler : faist, situations, personnes, partenaires d’amour, de travail, de réalisation, frères dans l’échec synonyme d’espérance car le succès a peur de la suite et n’attend que sa péremption. Que me soit pardonné de ne pas assez prier pour tout et pour tous. Nous avons tant de besoins, tant besoin. Inachevable, inavouaable mais vécu. Tellement. Complices et collaborateurs par destination et par adoption, par ressemblance native de ce Dieu – pour moi et tant d’autres, autant révélé par les Ecritures que par la prière du silence, mis que pour d‘autres encore Il n’ait pas de nom ni de référence, peu importe pourvu qu’Il manifeste en tous quelque chose de Lui – Dieu qui assume en chaque vie sa responsabilité de créateur. C’est notre chance. A nous humains, animaux, végétaux, minéraux, tout ce qui fut et reste voulu par bien davantage que chacun, au-delà de toute logique, de toute évolution, de toute mort et de tout dépérissement surtout. Notre chance ! Oui.

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