mercredi 18 janvier 2012

navré de l'endurcissement de leurs coeurs - textes du jour

Mercredi 18 Janvier 2012


Dépression ? déprime ? comme pas depuis longtemps que je ressens en m’éveillant : je ne produis rien depuis des mois, je n’arrive même plus à tenir mes différents journaux (celui de ma fille, celui de notre pays, le mien qui est celui de la soixantaine ouvert dans mes années trente au Portugal) ni même à trouver dans ma chronologie mauritanienne la matière de mon article bi-mensuel, vieillissement dont j’ai conscience et qui est probablement bien plus mental que physique… mais, levé, la bruine dehors indiquant que le gel et le froid de ces deux jours de grésil chaque matin sont passés, ces vapeurs mortifères se dissolvent, l’impuissance parce que je persiste dans un chemin ou ne considère que le passé récent ou révolu… et voici que la journée s’offre à construire, rattraper, dépasser. Il y a la vie, les allées et venues de chants, de joie, de confidences, d’interrogations, de déceptions, d’efforts, de compagnonnages, de découvertes ensemble : toutes celles de notre fille, si vivante, si changeante, s’approfondissant vers je ne sais quelle silhouette de cœur, d’âme et de chair mais que je sens si vraie, si pleine d’élan…éveillé, réveillé, la respiration, l’existence : ma chère femme, et à la nuit encore noire, arriver à l’autel de cette prière : mon Dieu, en qui je me fie, plus je suis pauvre, plus j’en suis accablé de conscience, plus je puis aiguiser les instruments que tu m’as donné. Ce sont ma vie, au point où elle en est, mes aimées telles que tu me les as confiées et selon qu’elles cheminent, m’en font parr et dialoguent avec moi, l’attente d’inconnus, ce dont je suis gros et que Toi seul sais, ô mon Dieu, Seigneur, Jésus Christ, qui font ce matin – après d’autres et avant d’autres débuts de journée – le rattrapage de tout. Tu m’as fait bondir dans le filet avec les pauvres et avec les saints, où tu tires du fond et de l’eau, de la peur, de la mort qui n’a de puissance que dans notre existence et qui distille presque jusqu’à triompher de Toi la tristesse, la déprime, et Tu nous fait sortir… avancer, faire, vivre, respirer, regarder. Tant de ceux qui Te prient, tant de ceux qui ne Te connaissent pas sont ainsi, ce matin, à l’orée… Bénis-nous, nous te prierons, nous travaillerons, aimerons, espérerons jusqu’à ce soir, jusqu’au soir. Fais-nous naître… ainsi soit-il. Quand les Philistins virent que leur champion était mort, ils prirent la fuite. [1] Pour toi, je chanterai un chant nouveau, pour toi, je jouerai sur la harpe à dix cordes… Béni soit le Seigneur, mon rocher, ma citadelle, celui qui me libère. [2] Patrimoine commun de l’ « histoire sainte », dialectique (le premier exploit de David : Tu marches contre moi avec l’épée, la lance et le javelot, mais moi, je marche contre toi au nom du Seigneur des armées, le Dieu des troupes d’Israël que tu as insulté. Aujourd’hui le Seigneur va te livrer en mon pouvoir… et de décrire à l’avance le mode opératoire, tout le combat d’un seul geste, d’un seul trait : le dominateur, le fort est seul tandis qu’un jeune garçon, il était roux et de belle apparence a l’assurance d’une multitude et d’une surpuissance avec lui..) et commentaire chanté, poétique, collectif, inspiré : Juifs et chrétiens. Mais aussi cette expérience humaine de la difficulté et du triomphe, les tentations de saint Antoine au désert, de Benoît et de ses frères en leur monastère, le livre pour enfants avec l’épisode du cauchemar de Babar, la mise en fuite des miasmes, la guérison psychique jamais définitive parce que la seule guérison est de vivre, de combattre, de repousser et de surgir. Il exerce mes mains pour le combat, il m’entraîne à la bataille. La notion de hâvre, l’expérience de l’accueil en protection, de la prise en charge divine qui est aussitôt la bourrade autant de la joie intérieure que de l’envoi en mission, de la saisie autre de nos quotidiennes responsabilités de cœur et concrètes. Le refus de Dieu, de sa grâce, de son salut sont alors incompréhensibles pour celui qui vient d’en bénéficier. C’est l’expérience-même de Jésus : ils se taisaient. Alors, promenant sur eux un regard de colère, navré de l’endurcissement de leurs coeurs, il dit à l’homme : « Etends la main ». Il l’étendit et sa main redevint normale. Une fois sortis, les phrarisiens se réunirent avec les partisans d’Hérode contre Jésus pour voir comment le faire périr. Le jeune David, adoubé par Saül incrédule (tu ne peux pas marcher contre ce Philistin pouyr lutter avec lui, car tu n’es qu’un enfant, et lui, c’est un homme de guerre depuis sa jeunesse) et le Christ administrant la guérison, le salut, et par cela même condamné à mort. Le rite, la société, le goût de l’enfermement, l’obstination dans la fausse piste (exacte parabole de ce que vit notre pays, que vit notre époque, que je vis quand je sombre ou que je m’archarne sans discernement) : Jésus entra dans une synagogue. Il y avait là un homme dont la main était paralysée. On observait Jésus pour voir s’il le guéritait le jour du sabbat : on pourrait ainsi l’accuser. Exercice illégal de la médecine. Jésus le sait et va droit au combat, comme son ancêtre éponyme : Il dit à l’homme qui avait la main paralysée : « Viens te mettre là devant tout le monde. » Et s’adressant aux autres : « Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien, ou de faire le mal ? de sauver une vie, ou de tuer ? ». Mais tous se taisaient… Silence et particularisme, personnalisation du salut. Universalité du témoignage, du péché, du refus.


[1] - 1er Samuel XVII 32 à 51 passim : psaume CXLIV ; évangile selon saint Marc III 1 à 6

[2] - De même que l’on a accueilli le chabbat avec des psaumzes, on s’en sépare avec des psaumes. Cependant les psaumes introductifs du chabbat éveillent en nous un sentiment de pénituden de sérénité, à la seule idée de pénétrer dans un temps de spiritualité, de sainteté et d’harmonie, le temps du chabbat. Mais puisqu’il faut se résoudre à quitter cette paix, les psaumes d’adieu seront donc forcément différents. La phrase centrale du psaume 144 résume admirablement l’état d’âme qui préside à ces adieux : « qu’est l’homme pour que tu le connaisses,, le fils d’homme pour que tu penses à lui ? L’homme est semblable à de la valeur, ses jours sont comme l’ombre qui passeé (versets 3-4). C’est qu’à l’issue du chabbat, chacun s’en retourne vers le monde de l’action, de la lutte et de la concurrence, que le psalmiste appelle « guerre » et « bataille », monde peuplé de « barbares » (bené nékhar, littéralement « fils d’étrangers »), dont « la bouche dit faux et la droite et une droite de mensonge » (versets 8 et 11). Rien de plus normal que face à cette redoutable confrontation, l’homme se sente tout petit, insignifiant, comme une « ombre qui passe ». Seul Dieu, dans son immense bonté peut lui enseigner l’art de cette guerre. En cas de besoin, Dieu est invité à « incliner les cieux », afin de descendre et transformer les ennemis « en fumée », à « donner de l’éclair » afin de « terrifier » les barbares. Après cette victoire viendra le temps du bonheur décrit dans la deuxième partie du psaume : versets 12 à 15.. – Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. – Commentaire passionnant et particulièrement « nourrissant ». Sens du sabbat que le chértien connaît mal, seulement selon les diversités de jour saint dans la semaine du musulman, du juif, du chrétien, et selon les discussions auxquels le Christ est acculé par ses détracteurs. Denis M. évoque hier soir une réunion dite œcuménique au doyenné : une trentaine de protestants et une dizaine de catholiques, admettant d’ailleurs que l’œcuménisme est davantage le tropisme, la tendance des protestants que des catholiques… mais la lecture ensemble de la première épître aux Corinthiens (la résurrection) n’a donné lieu qu’à des parlottes. J’aimerai prier, puis commenter les psaumes avec un Juif. Des Juifs. Quel patrimoine commun ! et pourtant quelles différences dans la foi ! et cependant… la même expérience tout humaine de la détresse et du salut…

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