mercredi 24 novembre 2010

les hommes mourront de peur... alors on verra - textes du jour

Jeudi 25 Novembre 2010


Les « documentaires » sur Pétain et Vichy me font souffrir car tout ce qui est dit sur la décrépitude de l’esprit public des années 30 qui précéda la guerre et Vichy, et les causa en partie, tous les diagnostics et indices relevés pour l’époque, s’appliquent – à mon sens – à ce que nous vivons explicitement depuis quelques années et qui vient, cela aussi, de plus loin. Et nous n’avons ni l’excuse si c’en est une ? de l’occupation étrangère, ni même la compensation si c’en est une ? de l’allure, du passé, de la popularité et de l’intégrité personnelle de celui qui aura incarané pour toujours cette période désastreuse. Et nous en vivons une autre, sans excuse et sans l’identifier (sauf dans une intimité honteuse et non partagée). Le discours d’hier soir, avec l’effet de hurlement que donne la radio, le déni de légitimité à l’opposition à la grève, à la critique, l’enfoncement dans des politiques sans efficacité, sans perspective, sans analyse globale des situations mondiales et nationales, me rongent ; j’ai passé le stade de l’indignation et du cri. Je me sens tellement solidaire de mon époque, de mon pays, de notre époque, de notre pays et de ces souffrances partout, et du silence de ceux qui pourraient intervenir : ainsi mes courriels à l’Elysée, vers « la France fille aînée de l’Eglise », tandis qu’on assasssine à Bagdad et qu’on réprime au Caire. Colbert mourant de chagrin devant les erreurs du roi, saint Bernard terminant sa vie, pourtant si féconde et lumineuse, dans l’échec politique et le chagrin lui aussi. Et tant d’astreintes et d’étranglement dans ce que nous vivons tout personnellement. – Prier… [1] Prier… de mémoire et de sensation, alors, il se fit un grand calme. Qui est-il pour que même la mer lui obéisse ? Nos textes continuent sur les visions et orédictions « apocalyptiques », puisque le mot est devenu – à tort selon l’étymologie – synonyme de catastrophe épouvantable. Malheureuses les femmes qui seront enceintes… une grande misère dans le pays, une grande colère contre ce peuple… C’est ainsi que sera précipitée avec violence Babylone, la grande ville, et on ne la retrouvera jamais plus. La musique des joueurs de harpes et d’autres instruments, des joeurs de flûte et de trompette, chez toi ne s’entendra jamais plus. Aucun artisan d’aucun métier chez toi ne se trouvera jamais plus, et le bruit de la meule chez toi ne s’entendra jamais plus. La lumière de la lampe chez toi ne brillera jamais plus. Le chant du jeune époux et de son épouse chez toi ne s’entendra jamais plus. Pourtant, tes marchands étaient les grands de la terre, et tes sortilèges égaraient toutes les nations. Je me garde de prendre au pied de la lettre ni de penser qui est Babylone, sinon que c’est toute notre époque comme ses devancières chaque fois que l’intolérable est perpétré et toléré en formes variant avec le temps et nos « civilisations ». Je me garde aussi de dater la fin du monde à dimanche en huit et de guetter dans les catastrophes quotidiennes la vengeance de quelque dieu primitif, tout ce à quoi même des chrétiens remarquables de piété et d’attention inclinent à croire (hélas), mais je lis et prends la conclusion – personnelle et universelle : Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! … Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. C’est dans le pire ou dans le douloureux (bien fou qui les recherchent puisqu’ils se déversent dans toute vie, à proportion-même de la vie) que commencent la foi, l’espérance … et la charité d’amour. Ainsi soit-il pour chacun de nous.

[1] - Apocalypse de Jean XVII 1 à 23 & XIX 1 à 9 passim ; psaume C ; évangile selon saint Luc XXI 20 à 28

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