mardi 28 septembre 2010

plus aucune issue... un homme fini... - textes du jour

Mardi 28 Septembre 2010



L’horreur (ou l’honneur) de vieillir, de savoir et ressentir le délabrement du corps, de craindre – par analogie ? ou par logique biologique – que suivent les facultés mentales, même si une compréhension plus « scientifique » du fonctionnement de la mémoire rassure un peu sur les difficultés de mobilisation ou sur l’oubli total de tels noms, faits ou dates. Remède à tout, l’amour, l’amour des nôtres, l’amour de tous, l’amour jamais obligé, pas forcément en attente de signes ou de réciprocité, l’amour qui fait se blottir en nous l’autre tel que nous le portons de pensée, de regard, de réflexion, de compassion, d’élan… Deux droits fondamentaux : celui de crier quand on souffre… celui d’être indigné et de le faire savoir… cela soulage, certes, mais la société, l’autre ont besoin de notre témoignage. Est-ce un des éléments de l’amour, l’appel à écho ? non, mais cela peut le susciter. L’amour est entre personnes (j’y comprends naturellement les animaux et tout le vivant, réaction d’un arbre que l’on taille). Pourquoi ne suis-je pas mort dès le ventre maternel, n’ai-je pas péri aussitôt après ma naissance ? Pourquoi s’est-il trouvé deux genoux pour me recevoir, deux seins pour m’allaiter ? Maintenant, je serai étendu dans le calme. Tous les signes de la dépression, le goût de la mort, la préférence pour la mort. Job, infiniment mieux et plus court que les athées d’aujourd’hui, que Jean-Paul Sartre il y a peu, résume l’interrogation sur la vie, et la transmission de la vie – comme si souvent dans cette lecture (préalable à la prière de toute une journée), mes sentiments ou mon paysage intérieurs sont rencontrés, comme allant l’un au devant de l’autre, par les textes. Le cafard… Job : Pourquoi donner la vie à l’homme qui ne trouve plus aucune issue, et que Dieu enferme de toutes parts ? Le psalmiste n’est pas en reste : Ma place est parmi les morts… ceux dont on n’a plus souvenir, qui sont exclus, et loin de ta main. Tant que Job soliloque, il ne peut, effectivement, « s’en sortir ». Le psalmiste, par antiphrase, donne l’issue. Loin de ta main… le poids de ta colère m’écrase, tu déverses tes flots contre moi. Il y a dialogue, cri et appel du mortel, traitement personnalisé par Dieu, même si c’est cruel et difficile. Jésus lui-même prit avec courage lma route de Jérusalem. Car le plus incompréhensible nous arrive bien moins qu’au Fils de Dieu. Fils et Dieu, le voici supplicié, et qui le sait d’avance. Abraham reçoit l’ordre d’épargner son fils, à la dernière seconde. Jésus n’est pas épargné. Nos solutions sont pauvres, si nos interrogations, angoisses et cafard sont justifiés… ‘veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel’. Mais Jésus se retourna et les interpella vivement. Tout le psaume LXXXVIII, chrétien, j’ai à qui m’adresser. Sans doute est-il bon – je suis comme un homme fini – de réexpérimenter le besoin d’être sauvé, tiré du fond… car mon âme est rassasiée de malheur, ma vie est au bord de l’abîme, on me voit déjà descendre à la fosse. [1]


[1] - Job III 1 à 23 ; psaume LXXXVIII ; évangile selon saint Luc IX 51 à 56

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