jeudi 23 septembre 2010

il est le bouclier qui m'abrite - textes du jour

Vendredi 24 Septembre 2010



Prier…[1] Jésus leur défendit vivement de le révéler à personne. La profession de foi de Pierre, au nom des disciples, et fondatrice de l’Eglise, de notre foi, n’est pas de soi le moteur de l’histoire ni celui de notre salut. Ce n’est pas nous qui propageons et sauvons, mais le Christ. Il faut que le Fils de l’homme… Pourquoi ? limites de ce que nous sommes ? Dieu a mis toute la durée du temps dans l’esprit de l’homme, et pourtant celui-ci est incapable d’embrasser l’œuvre que Dieu a faite, du début jusqu’à la fin. Plus que notre finitude, que mes limites, il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel : un temps pour engendrer, et un temps pour mourir. Moment, temps et nous-mêmes sont à Dieu. Qu’est-ce que l’homme pour que tu le connaisses, Seigneur, le fils d’un homme pour que tu comptes avec lui ? Peut-être vais-je commencer de comprenndre cette expression qui a toujours été pour moi énigmatique : le Fils de Dieu fait homme ne s’appelle lui-même que le Fils de l’homme, tout en « validant » l’identité que lui reconnaît Pierre. Jésus est fils de tout l’homme par son incarnation. Incarnation qui a permis le procès, la passion et la résurrection, le salut autant qu’une existence de quelques décennies avec les rencontres et l’historicité qui vont avec. Chance qu’est pour nous la mort. En sus de la mienne, j’ai la grâce de vivre entre deux : mon éminent ami, mort, est plus extraordinaire que vivant, car il était si simple de vie et d’abord, de dialogue, le voici maintenant tout puissant dans nos cœurs et notre mémoire, foin de carrière et entièrement d’âme, foin d’intelligence et entièrement de lumière, d’accueil et de transmission. Et voici aussi que celui – moine – qui me toucha tant et m’apprit tant (la formule d’Henri Massis qu’il me rappelle pour la seconde fois, hier après Toujounine en 2001 : l’amitié entre les hommes ou entre hommes, est amitié d’idées, ce qui rehausse plus les idées que les hommes), ce moine sait avouer qu’il ne conçoit pas sa propre mort et pense même que c’est la situation mentale et d’âme de chacun. Ce n’est pas la mienne : avez-vous vu quelqu’un mourir, j’ai dit la mort d’un autre moine, me donnant son dernier regard alors qu’il était dans le coma depuis des heuees, mais il avait attendu que j’ai fini de lire ses propres lettres, à haute voix, pour ne pas aller jusqu’à l’inspiration suivante. Dom M. a vu sa mère mourir, mais il ne le dialogue pas. Ces morts et retrouvailles enjambent quarante… cinquante ans de ma vie. Jésus, cheminant entre ses ennemis et ses amis, enjambait l’éternité et tout le temps. J’arrête et prie. Quelle chance que Dieu soit souverain et non nous. Il est le bouclier qui m'abrite.

[1] - Ecclésiaste III 1 à 11 ; psaume CXLIV ; évangile selon saint Luc IX 18 à 22

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