lundi 15 décembre 2008

le secret du Seigneur - textes du jour

Lundi 15 Décembre 2008



En attendant l’ouverture de la poste, l’église. Un quart d’heure, des prospectus bien faits offerts par la paroisse de Saint-Aignan, que je connais, son château, en Loir-et-Cher. Une association éditrice : Croire. Le prêtre ? la messe ? pas trop mal expliqués, sauf que cela attend le miracle. Couverture d’une revue sur Lourdes, portrait d'un processionnaire en liturgie... splendidement photogénique, Bob…l’œil vrai, dense, magnifique, un énorme ostensoir, on ne voit qu’une partie du visage et une hostie orangée, celle d’un soleil couchant. Contagion de la consécration. Voilà un homme serein par méthode, volonté, formation, et aussi parce que l’emploi lui va à ravir, que la vie religieuse, le célibat, les honneurs, une quantité de régularités, d’habitudes et de libertés ont fait de son existence humaine un mélange bien cohérent sans grumeaux, robe sans couture. Des drames intérieurs, dans le passé, bientôt ? il a de quoi les surmonter, il a le don de l’amitié, il est fin, il me l’a montré, un accompagnement certain dans les années les pires de ma vie. Sans introspection, mais partageant peines et chants, illusions et tentatives, les chutes je les disais peu tant elles se voyaient.

L’église paroissiale, tranquille, pour éclairage, le prisme d’une lumière sur quelques bancs à l’aplomb des vitraux de de Langlais, le rétable et l’autel sont simples, un baroque sans époque, silence, propreté, un chaleureux dépouillement. Prier pour ma chère femme, et – don de ce moment – perception que je ne sais pas prier, que depuis des années je ne prie pas en débit de mes participations aux messes dominicales et plus, en dépit de ma lecture des textes chaque jour, en dépit du murmure cordial par lequel je répond à toutes visitations, mais posté devant Dieu sans lire, dire ni écrire, peut-être pas même en regardant… ni mots ni attitude ne me viennent que l’aveu de ne pas savoir prier, de ne pas prier donc. La misère comme un sac, ma présence d’absent, je ne sais pas même les déposer.

Je n’ai trouvé qu’après, maintenant, un début de réponse si c’est utile… ce que je ne crois pas. Me pousser, me projeter dans le simple geste-élan d’aimer. Aimer cet Inconnu suprême, incarné à telle époque, qui eut un visage, qui l’a en ce moment où je cherche. De grands saints, et surtout des obscurs ont su le rencontrer et ne jamais se rassasier de la rencontre que – obscurément – ils faisaient ou avaient faite. Une fois, mille fois, sans cesse, ou un unique instant ? qui le sait ? désirer prier. Désirer Dieu. Toi, Vous, mon Dieu, notre Dieu. Noël et Avent.


Prier de toutes mes forces, de toute ma foi, de toute mon impuissance. Le commandement, pas la recommandation, du Christ et de la Bible, tu aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes forces, c’est bien plus prenant que la prière, et d’ailleurs le point commun est la ferveur, le recueillement, l’espérance, la guette du sourire. Hier, Paul aux Thessaloniciens : soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance [1]. Ce moine, que nous pensons notre frère spirituelle : la prière de louange est la plus efficace. Allons-y. Louer Dieu de recevoir de Lui la force, le goût de Le prier. Jésus nous convie au spectacle, à une joute dialectique, rhétorique, philosophique. Les chefs des prêtres et les anciens du peuple l’abordèrent pour lui demander : ‘’ Par quelle autorité fais-tu cela , et qui t’a donné cette autorité ?’’. Dispute qui se conclut par un aveu d’ignorance tenant aux contradictions dans lesquelles s’enferrent les incrédules quand ils se croient supérieurs : coincés superbement, ils entendent Jésus les enfoncer : Moi, non plus, je en vous dirai pas par quelle autorité je fais cela. Il y a parfois de « bons moments » dans les Ecritures… dans l’évangile. Jésus se voyait, en fait, refuser l’autorisation d’enseigner dans le Temple : A mon tour, je vais vous poser une seule question ; et si vous me répondez, je vous dirai, moi aussi, par quelle autorité je fais cela. Et de s’appuyer sur l’exemple qu’a donné Jean Baptiste. Quant à l’oracle de Balaam, fils de Béor, payé pour maudire Israël, mais complètement retourné au moment de prononcer son texte (l’esprit de Dieu vint sur lui), c’est l’ouverture d’une bande dessinée : Ce héros, je le vois – mais pas pour maintenant – je l’aperçois – mais pas de près : Un astre se lève, issu de Jacob, un sceptre se dresse, issu d’Israël, c’est-à-dire dans la lignée des promesses faites à Abraham et ainsi de suite. Qui suis-je pour prier ? sinon un descendant d’Abraham que les disciples du Christ ont enseigné à reconnaître que ce qui avait été promis et attendu, s’est réalisé. Se réalise…. Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent ; à ceux-là, il fait connaître son alliance. [2]

[1] - 1ère lettre de Paul aux Thessaloniciens V 16

[2] - Nombres XXIV 2 à 17 passim ; passim XXV ; évangile selon saint Matthieu XXI 23 à 27


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