mercredi 17 décembre 2008

engendra - textes du jour

Mercredi 17 Décembre 2008







Prier… c’est l’exact contraire de la distraction et de la dispersion. La table des origines de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham [1], une liste de noms pour animaux domestiques aujourd’hui, une déduction longtemps de la chronologie des temps historiques ou d’une datation du paradis terrestre. Le prier m’insère simplement dans une foule qui a pour quelque chose dans la foi qui m’est donnée depuis ma naissance. Et notre attention est appelée sur deux faits fondateurs ou référents : la royauté de David à la fois exemplaire si humaine par les péchés du roi de l’adultère au meurtre et aux penchants divers, une royauté pourtant préfigurant celle du Christ et donc le royaume des cieux, on est bien dans l’incarnation, Dieu en moi… et l’exil à Babylone, l’importance de ce que font et vivent les hommes, l’importance et le sens de l’histoire humaine. A Babylone sont compilés ou composés les principaux livres de la Bible, non pas in situ, mais en exil, l’épreuve nous rend la mémoire. Et bien entendu, le cycle de la vie, de la procréation, commandement premier de la Genèse, tandis que les évangiles apportent un ordre apparemment différent : la propagation de la Bonne nouvelle, mais c’est encore un engendrement, celui du baptême, à la vie spirituelle. La vie spirituelle n’est pas une intelligence – autre ou supérieure – elle est la conscience et la chance qui nous sont données de percevoir Dieu dans nos vies et dans celle d’autrui, l’assurance de son compagnonnage, du rendez-vous quotidien pour l’éternité. Que son nom dure toujours. Dernières paroles de Jacob à ses fils, transmission à Juda. Alors que le « grand homme » de cette génération est évidemment Joseph, mais Juda a plaidé pour Joseph. Tout n’est pas à comprendre à chaque lecture, l’intelligence vient en construisant, mais la base est donnée par la prière qui embrasse tout et voit tout d’un seul tenant.






[1] - Gn XLIX 2 à 10 ; psaume LXXII ; évangile selon saint Matthieu I 1 à 7







Rupert de Deutz (vers 1075-1130), moine bénédictin De Divinis Officiis, 3, 18 (trad. de Lubac, Catholicisme, p. 333)


« Dans ta postérité seront bénies toutes les nations de la terre » (Gn 28,14)


On nous lit la généalogie du Christ dans saint Matthieu. Cet usage, traditionnel dans la sainte Église, n'est pas sans de beaux et mystérieux motifs. Car en vérité, cette lecture nous présente l'échelle que Jacob a vu de nuit, pendant son sommeil (Gn 28,11s). Tout en haut de cette échelle, qui par son sommet touchait les cieux, le Seigneur est apparu à Jacob, appuyé sur elle, et lui a promis l'héritage de la terre... Or, nous le savons, « tout leur arrivait de manière symbolique » (1Co 10,11). Que préfigurait donc cette échelle sinon la lignée d'où Jésus Christ devait naître, lignée que le saint évangéliste, d'une bouche divine, a fait monter de telle sorte qu'elle aboutit au Christ en passant par Joseph ? À ce Joseph, le Seigneur, petit enfant, est appuyé. Par la « Porte du ciel » (Gn 28,17)..., c'est à dire par la Bienheureuse Vierge, notre Seigneur, fait pour nous petit enfant, sort en vagissant... En son sommeil, Jacob a entendu le Seigneur lui dire : « Dans ta postérité seront bénies toutes les nations de la terre », et maintenant ce fait est accompli dans la naissance du Christ. C'est bien ce que l'évangéliste avait en vue, lorsqu'il insérait nommément dans sa généalogie Rahab la prostituée et Ruth la Moabite ; car il voyait bien que le Christ n'est pas venu dans la chair pour les juifs seulement, mais aussi pour les païens, lui qui a daigné recevoir des aïeules prises parmi ces païens. Venus donc des deux peuples, les juifs et les païens, comme des deux côtés de l'échelle, les pères anciens, placés aux différents degrés, soutiennent le Christ Seigneur qui sort du haut des cieux. Et tous les saints anges descendent et montent le long de cette échelle, et tous les élus sont pris d'abord dans le mouvement de descente, pour recevoir humblement la foi en l'incarnation du Seigneur, et sont ensuite élevés afin de contempler la gloire de sa divinité.

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