mercredi 28 octobre 2015

Jésus descendit de la montagne avec eux et s’arrêta sur un terrain plat - textes du jour


Hier

22 heures 45 + A la recherche de Fabrice, ses chiennes, son rat, son mystère et son sourire, et sans les trouver. Retrouvé mes aimées à la librairie Oberlin. Sanctuaire que je crois unique en France (les différents sites de la Procure, à Paris et en province, n’ont pas cette densité de choix : pas de tout, mais du juste, et surtout cette habitation mentale, proprement spirituelle, par les gérants). J’y repère quelques titres, tombant chaque fois juste… Livres à acheter dès que… [1]
Nouvelles du soir sur M6. Atterrantes de vide et de ridicule. Inquiétantes pour le fond de la première, sans tact pour la manifestation du politique en vie quotidienne des Français. – L’exfiltration des deux pilotes du Falcon qu’en République dominicaine on prétend chargé de drogue, tandis que restent sur place en attente du jugement d’appel deux autres Français, passagers de l’avion, me paraît de très mauvaise « réclame » pour la France. Il semble avéré que ce sont bien des passeurs patentés, passibles de trente ans de prison chez nous. Le « coup » aurait été monté par un député européen Front national et non pas nos services spéciaux, mais bien une officine privée chargée de missions de même nature. – Sous tente montée ad hoc, une foule pour écouter les maires des villages concernés et le président de la République, ayant en premier rang et pour écran la moitié du gouvernement. Images d’une longue étreinte avec une parente de victime : l’affaire de l’autocar et du semi-remorque. La voix plaintive, cette fois de circonstance. Promesse sans objet que d’assurer que tout sera fait pour connaître la vérité, et notamment les raisons de l’embrasement des deux véhicules. Le geste présidentiel aussitôt évalué par du public ou de la famille endeuillée : cela fait du bien, etc…
Dans les années 1970, de GAULLE parti, ces deux analyses marquantes : DUVERGER, la démocratie sans le peuple et SCHWARTENBERG, l’Etat-spectacle. Aujourd’hui, une exploitation mutuelle des médias et des politiques, aboutit au ridicule des uns et des autres, et à leur totale incapacité d’exprimer et de créer la moindre empathie. Les Français ont tout fait tous seuls du 7 au 11 Janvier derniers. Réfléchir pour l’exercice du pouvoir à ces notions et pratiques : incarnation par quelques-uns d’une empathie collective…  geste, gestuelle, pantomime. Cerner cette émergence de l'antipolitique en expression publique, les étapes d’une décisive dérive.

Ce matin
06 heures 55 + Eveillé sans trouver mon portable et donc pouvoir lire l’heure. Me revient aussitôt le réflexe de la confiance et de la prière, la dizaine, les dizaines de chapelet, machinales mais m’emplissant, me garnissant comme hier le long de l’avenue de al division Leclerc jusqu’à la librairie Oberlin. Continuant en surveillant la bouilloire, dans la cuisine, là où ma belle-mère pendant des décennies préparait le café et attendait les aide-soignants pour mon beau-père. Le bol breton de celui-ci à son prénom, au-dessus de la provision de notre thé. – Les diverses démarches ce matin : réunion Franklin…, financement de pompe et clôtures pour Ousmane à Diowole, 19 kilomètres de Barkéol, où il sera un des rares à cultiver des légumes tandis que la population s’alimente depuis Kiffa à 260 kilomètres de là (fonder une association en liaison avec celle fonctionnant pour les potagers organisés autour de Bamako et de Niamey… je boucle ainsi pour la Mauritanie à mes 72 ans ce qu’il m’avait été donné d’entreprendre en formation des cadres à Nouakchott à mes 22 ans – mais une vraie politique franco-africaine, euro-africaine, c’est sans doute cela : le pullulement des liens, des sites et des points et pour la démocratie, le va-et-vient des jeunesses des deux continents, aucune n’est formatable en début de vie ni possible à exclure du mouvement de la société, le vrai qui est libertaire et imaginatif, joyeux, et non contraint : la dictature fige et ne suscite d’imagination que pour la corruption), … interroger mes médecins militaires pour qu’enfin notre cher S. ait une pile anti-douleur convenablement posée… et maintenant prier… Notre Dame de la confiance… Abraham, père de tous les croyants, exemple de la confiance  jusqu’à l’extrême (sacrifier son fils Isaac). Prier dans la joie d’appartenir à Dieu et d’offrir au divin cœur de Jésus en croix quelque réponse humaine à Son appel : mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? pour qu’enfin les hommes répondent à l’amour, à la sollicitude du Créateur de tout, du Rédempteur et Sauveur.
Prier… solitude qui n’est qu’apparente, de la prière dans la chambre au lever du jour. Il y avait là un grand nombre de ses disciples, et une foule de gens venus de.. qui étaient venus l’entendre… universalité à laquelle introduit forcément tout acte de confiance et de foi… et se faire guérir de leurs maladies. Ceux qui étaient tourmentés par des esprits mauvais en étaient délivrés. Et toute la foule cherchait à le toucher… là se rencontrent, sinon une énigme, tout au moins la question de la médecine et des pathologies de l’époque, et aussi les dons et charismes de l’homme-Jésus, étant acquis que toute guérison s’opérait selon la foi qu’Il constatait du malade ou de ses accompagnants … parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous. [2] C’est dans cette ambiance que se fonde l’Eglise par un appel nominatif des Douze après que Jésus s’en soit allé dans la montagne pour prier et il passa la nuit pour prier Dieu. Délibération intime, discernement, choix puis action et mission… pour arriver à nous :  en Lui, vous êtes, vous aussi, des éléments de la construction pour devenir par l’Esprit Saint la demeure de Dieu. Quant à la propagation de la foi (dicastère traditionnel de l’Eglise et creusement actuel des cervelles dans le monde dit occidental actuellement : ite missa est… racine du mot messe : la mission ?) : pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s’entende ; mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde. Ainsi soit-il ! Merci, Seigneur, pour le moment présent et pour tout élan reçu pour la suite.



[1] - Danièle HERVIEU-LEGER, professeur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales – Le pèlerin et le converti, la religion du mouvement (Champs Flammarion . Juillet 2007 . 290 pages) Confronté à la prolifération des croyances et des communautés, l’Etat est privé de ses interlocuteurs habituels. La laïcité se grippe, le débat sur les sectes s’enlise, la question du voile empoisonne la vie publique. Peut-on imaginer un modèle de laïcité médiatrice, capable de mobiliser les « familles spirituelels » au service de la refondation du lien social ?
Philippe BORGEAUD, Genève et Princeton (Labor et fides) Exercices de mythologie  . Le mythe n’est pas une croyance. Il relève d’une pratique du bonheur. Dégagé des contraintes du réel, faisant intervenir merveilleux et métamorphoses, il permet d’étendre librement l’imaginaire psychologique et social.
Pierre-Henry SALFATI – Talmud, enquête sur un monde très secret (Albin Michel . Septembre 2015 . 297 pages) – Le Talmud a généré communautés et individus incroyables, aux histoires surprenantes et uniques… Le livre est lui-même un personnage à part entière. Du même auteur, mais en collaboration avec Jacques ATTALI : L’invention de l’Occident : Athènes-Jérusalem ce qui est oublier Rome et le christianisme mais ne m’étonne pas
Gérard SIEGWELT - Le défi monothéiste (Cerf)– L’absolutisation du monothéisme est une idôlatrisation de Dieu. Le vrai sens de l’affirmation monothéiste est qu’elle détrone les idoles (puissance libératrice à portée temporeelle par rapport à toutes les addictions) et qu’elle permet l’unification du réel et d’abord de l’être humain, dans le respect de leur diversité irréductible et heureuse. Le défi monothéiste : récapitulation critique du multiple dans l’Un, déploiement critique de l’Un dans le multiple.
Paul VALADIER, jésuite (interlocuteur que j’appréciais à la direction des Etudes et qui prenait mes papiers – années 1970 et 1980) Sagesse biblique, sagesse politique (Salvator . Août 2015 . 195 pages)
Jacques CAZEAUX – Luc, le taureau d’Ezéchiel (Cerf) – Lecture littéraire et savante, rabbinique et chrétienne, jubilatoire et libératirce du 3ème évangile
[2]Paul aux Ephésiens II 19 à 22 ; psaume XIX ; évangile selon saint Luc VI 12 à 19

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