mardi 1 septembre 2015

afin de nous faire vivre avec lui, que nous soyons en train de veiller ou de dormir - textes du jour

Mardi 1er Septembre 2015

Journée entière consacrée à l’entrée de notre fille en sixième, installation à l’internat : elles ne sont que deux de sa classe et de son âge, et les aînées, lycéennes, selon ce qu’elle téléphone ce soir de chez la surveillante, les chouchoutent. Scenario d’entrée en classe, très bien joué : chaque élève appelée par le directeur à le rejoindre et affectée à son professeur titulaire. Chance pour Marguerite, c’est le seul homme et le professeur de mathématiques, physique détendant et délié à la Hulot, l’homme des vacances. Diverses réunions ponctuant la journée : j’y expérimente une fois de plus ce supplément d’aisance que m’a donné la vieillesse, n’étant plus prédateur, me passionnant pour qui est dans mon champ visuel et accepte le va-et-vient des questions, des réparties, puis l’expression de ce que je ressens quand la beauté ou le charme (féminins) sont là. Je suis accepté et écouté avec un plaisir manifeste et je peux me dire que pendant quelque temps un souvenir va habiter la flattée, la rencontrée se disant à bon droit, j’ai plu, je plais. Le verre offert par les APEL. L'enfant au contraire ne se laisse pas séduire, bien plus maître de soi que nous le supposons, nous-mêmes sous l'empire de son charme, de son sourire silencieux et sans destinataire : un des camarades de Marguerite en CM 2 et aussi partenaire au cirque pour plusieurs numéros ensemble, il y a trois ans... – Etablissement diocésain hérité de la Compagnie, les derniers recteurs tous passés par mon propre collège des années 50-60. Qu’est-ce qui fait une ambiance où la foi, la vie spirituelle de chacun et de tous se ressentiraient pour le passant ou le tiers que nous sommes, nous les parents ?Ma chère femme pose la question. Je lui répondrai sur l’oreiller, que nous sommes parties prenantes, que le devoir d’état de chacun est ce qui se voit, le cheminement de l’Esprit, l’éducation et l’éveil à la perception de Son action sont – précisément – un acte de foi. Au téléphone, précisément aussi, Edith plus que jamais assure ntre fille que nous prierons ce soir ensemble. – Organisation des choses, il y a l’heure de « pastorale » pour la classe de Marguerite, la messe « proposée » chaque mardi, une demi-heure de célébration surtout pas plus, et pour les terminales ou les « prépas. », des cercles et des thèmes d’études. Je me propose depuis que nous avons résolu d’inscrire à Saint-François-Xavier notre fille. Très probablement, je ne serai pas vraiment reçu à « travailler » ici : que m’importe ? Prier, rencontrer, observer, témoigner en d’autres champs et registres.
Les forces qui me reviennent. Simplement, la grâce éprouvée chaque matin de refaire l’itinéraire vers la foi et vers la résurrection. Mais aussi ce court message, inattendu, de quelqu’un me lisant donc avec attention : seul président élu démocratiquement dans l’histoire de « ma » chère Mauritanie, il me courielle son souci de moi et m’interroge, comment m’aider ? je lui réponds par sa contribution à la résurrection de son propre pays. Un autre de mes correspondants d’habitude, à la capacité littéraire que je crois, m’assure de la victoire à terme, tout en me demandant par quels moyens. Je sens d’intenses communions parcourir celles et ceux que je rencontre, particulièrement ces jours-ci : ainsi ce vendeur à la FNAC de l’Ipod que s’achète notre fille, sur ses propres deniers et selon ses goûts et projets d’utilisation… manifestement peu heureux de la gestion des ressources humaines dans la grande chaîne de produits culturels… le physique de Romain GARY à la trentaine¸en un peu moins basané. Cette jeune femme pompier : une blondeur, les cheveux tirés, une netteté de visage, tandis que je gare notre voiture à Chubert pour y retrouver ma chère femme en gynécologie-maternité, bonheur du médecin revoyant, non plus seulement sa patiente, mais la fille qui fut le bébé à qui ouvrir la fin du chemin, al césarienne en catastrophe.  Correspondance, il est sensible à notre chaleur et… à notre respect. Arabe, musulman, d’origine libanaise, parfaitement français et tenant admirablement le service. Ceux – compagnons d’Emmaüs – qui viennent nous livrer quelques meubles. Edith nous a fait des habitués du site vannetais, une ou deux fois par semaine. Ils sont en situation, ne disant ni leur passé ni leur souhait d’avenir, mais totalement ouverts et chaleureux dans l’instant, heureux d’être considérés.
J’entre dans la lecture – tardive – des textes de ce jour avec en fond sonore une nouvelle évocation de Louis XIV, trois siècles maintenant depuis sa mort. Tout le parcours de ce souverain, de cette personnalité totalement dédiée à sa fonction, à sa responsabilité se résume par le sens de l’Etat. Ce sens aujourd’hui perdu au plus haut niveau mais persistant dans une grande partie de la fonction publique d’exécution : respect de la loi, dévouement à son application, incorruptibilité de ses agents. Je le vis puisque je suis astreint à une coûteuse éradication d’épave indûment (mais sans que je me sache en contravention) stationnée sur le domaine public maritime.
Silence du soir, de la nuit, avant le lever de lune, d’une tout autre densité que celle de l’aube. La vie en chrysalide, la mort qui la fait comprendre, désirer de plus en plus, et la met en valeur. La vie qui n’est pas biologique mais liberté et élan spirituels. Anniversaire aussi : cinquante-trois ans de mariage pour mon cher aîné, veuf depuis vingt-six ans… son souffle court au téléphone, mais parvenu à monter jusqu’au lac Blanc de chacune de nos adolescences.  La mort physique, bien entendu, de plus en plus proche de nous. L’amour et les pauvres manifestations que nous parvenons à en donner… vous savez très bien que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. [1] Paroles menaçantes ? réalisme auquel nous sommes conviés … « vignette », exactement la première page de chacun des derniers albums d’Hergé : Quand les gens diront : « Quelle paix ! quelle tranquillité ! », c’est alors que tout à coup la catastrophe s’abattre sur eux… Leçon simple, nous ne pouvons de nous-mêmes apprécier et situer les événements et même ce qui nous meut ou ce à quoi nous sommes confrontés.  Car Dieu ne nous a pas destinés à subir la colère, mais à entrer en possession du salut par notre Seigneur Jésus Christ. Ce dernier parfaitement identifié par l’esprit d’un démon impur qui se mit à crier d’une voix forte : « Ah ! que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Prosopopée du mal, de nos péchés, de notre condition et dialogue avec le Christ du mal et de ces péchés se personnifiant pour nous occuper et nous perdre. Ce Christ, mort pour nous afin de nous faire vivre avec lui, que nous soyons en train de veiller ou de dormir... j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. Memento…


[1] - 1ère lettre de Paul aux Thessaloniciens V 1 à 11 ; psaume XXVII ; évangile selon saint Luc IV 31 à 37

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