dimanche 1 mars 2015

que Jésus seul avec eux - textes du jour

Dimanche 1er Mars 2015



En allant tout à l’heure à la messe, me suis pris à me formuler : je me laisse aller à mon livre qui s’écrit avant même que je sache l’écrire et m’y mette. – Et maintenant que je recopie Pascal V., laisser venir et se faire ce livre qui me viendra et m'englobe… ce livre comme une marche, comme un pélerinage et avec un accompagnant…

Prier… textes si connus, le sacrifice d’Abraham, une des multiples naissances de l’alliance Dieu-homme désormais sur épreuve après que la première ait été création à la ressemblance, à l’image, donc sans dialectique d’alliance ni de rachat. Celle ouverte par la foi d’Abraham n’est nullement celle d’une rédemption : elle est l’aventure d’une promesse de fécondité et d’un certain pays. Pays qui n’a aucune des propriétés qu’il aura pour les Israëlites sortant d’Egypte, fécondité qui est celle d’Abraham représentant – lui chronologiquement le premier – un nouvel Adam. Le texte donne aussi la parabole de la Trinité, le sacrifice du fils, l’intervention de l’ange ou de l’esprit, le bélier-hostie, le père. Une des trois versions de la Transfiguration, Jean seul à ne pas donner la sienne alors qu’il eût été le seul à la décrire de première main, Marc tenant la plume pour Pierre. Notre recteur, messe des familles, préparation à la première communion, évocation des confirmants, prêche le texte selon les éléments du la liturgie du baptême qu’il recèle : la lumière, le rayonnement, l’annonce de la mort et de la résurrection. Je reprends le mot à mot en ce début d’après-midi et sans aller aux autres synoptiques. [1]Ni les circonstances ni le contexte ne sont indifférents : l’interdiction finale (comme ils descendaient de la montagne, il leur défendit de raconter à personne ce qu’ils avaient vu) a un précédent, six jours auparavant à la suite de la profession de foi de Pierre [2] … (alors il leur enjoignit sévèrement de ne parler de lui à personne) la première annonce de la Passion qui va d’ailleurs provoquer une sorte de profession de Pierre en sens contraire : Passe derrière moi, Satan ! a déjà eu lieu et la seconde qui semble un commentaire par le Christ de ce que les trois disciples viennent de voir, est du même ordre. Plus Jésus se révèle comme le Christ, plus les disciples sont invités à ne pas se méprendre… il commença de leur enseigner que le Fils de l’homme devait beaucoup souffrir, être rejeté par les anciens, les grands-prêtres et les scribes, être mis à mort et, après trois jours, ressusciter [3] Perplexité des disciples qui obéiront (ils gardèrent la recommandation, tout ne se demandant entre eux ce que signifiait « ressusciter d’entre les morts ») mais posent aussitôt une question : pourquoi les scribes disent-ils qu’Elie doit venir d’abord ? Or… ils viennent de voir Elie aux côtés de leur Maître. Et alors que Jésus a exhorté précédemment, la foule en même temps que ses disciples, chacun : si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive [4] voici qu’il prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène seuls, à l’écart, sur une haute montagne. Ce qu’ils vont voir, avec une voix donnant le sceau de l’authentification : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le, répétition non plus directe mais erga omnes de ce qu’il  s’était fait entendre lors du baptême au Jourdain [5]… ce qu’ils voient est la seule apparition du Christ en majesté que nous aient jamais rapportée les Ecritures. Jésus, ressuscité, n’est plus reconnaissable que selon l’esprit, mais il reste incarné et même son apparence est physiquement banale, même si ses conditions d’arrivé et de départ à la vue de ses disciples au Cénacle, sur la route d’Emmaüs, au bord du lac ou sur la montagne en Galilée sont extraordinaires. Jésus transfiguré est indescriptible : il fut transfiguré devant eux, mais comment ? en quoi ? Matthieu en dit un peu plus : son visage resplendit comme le soleil [6], et surtout Luc, décrivant véritablement le processus : et pendant qu’il priait, l’aspect de son visage changea [7]. Accord des trois évangélistes : ses vêtements devinrent d’une blancheur fulgurante… ses vêtements devinrent resplendissants, d’une telle blancheur qu’aucun foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte… ses vêtements devinrent éblouissants comme la lumière… Les vêtements, seuls véritablement accessibles au regard humain. Le linceul, seul accessible, après la Résurrection…  Elie et Moïse n’apparaissent ou ne surviennent qu’ensuite, comme appelés par la Transfiguration, ordre d’apparition différent selon les synoptiques et les disciples ne poseront de question que sur Elie. Pierre, comme si souvent, prend la parole mais n’obtient pas de réponse de son Maître, que de Dieu, le Dieu de Moïse, de la sortie d’Egypte et de la sortie des eaux du Jourdain, la nuée, la voix…  laquelle semble faire disparaître la vision. C’est celle-ci qui a fait s’écrier de bonheur et de bien-être l’Apôtre qui en perd aussitôt le sens, tant leur frayeur était grande. Coup sur coup, la séquence sidérante – au sens actuel du terme – continue : nuée, voix, commentaire de Jésus, de nouveau seul avec eux. Sens pour nous, pour moi ? C’est Jésus qui emmène sans préavis mais selon une préparation déjà longue, en enseignements et en événements, ses disciples, les mêmes que pour L’accompagner dans sa prière d’agonie au jardin des Oliviers [8]. Assoupissement des disciples, pourtant choisis ad hoc. Les tentes… les disciples, Pierre, ne prévoient rien pour eux-mêmes. L’extraordinaire est commenté par Jésus Lui-même, toujours objet et sujet, prophète et acteur. Abraham se laisse mener de bout en bout. Jésus, priant, est maître de tout, et notamment de Son apparence. Commentaire de Paul : le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous, resserrant encore, s’il est possible, le lien entre mort et résurrection, celles du Christ, les nôtres, la mienne, demain ou après-demain peut-être. Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur, moi, dont tu brisas les chaînes ? je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce !


[1] - Genèse XXII 1 à 18 ; psaume CXVI ; Paul aux Romains VIII 31 à 34 ; évangile selon saint Marc IX 2 à 10

[2] - Marc VIII 29.30

[3] - ibid. VIII  31

[4] - ibid. VIII 34

[5] - ibid. I 11

[6] - Matthieu XVII 2

[7] - Luc IX 29

[8] - Matthieu XXVI 37 ; Marc XIV 33 ;  Luc et Jean ne mentionnent pas cette prière de l’agonie spirituelle ni donc cette compagnie si lacunaire

Aucun commentaire: