samedi 28 mars 2015

courriel à l'Elysée - de la proposition Laborde aux forces et circonstances qu'on néglige


Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

je ne comprends pas.

Depuis l'automne de 2012 (Aulnay et Florange) et plus encore depuis la nomination de Manuel Valls et d'Emmanuel Macron, le Président fait tout pour que les sensibilités et les convictions de gauche en politique économique et sociale soient heurtées de front : en pratiques, en références, en textes et en symboles, sans pour autant se faire situer par les Français en centriste de gestion et de modération, voire en  législateur "sociétal" consensuel. Il se donnerait une identité en paraissant donner des "gages" à une frange réputée à tort ou à raison sectaire et anti-religieuse : les références qu'on attribuait à Vincent Peillon et maintenant la proposition Laborde. Par un ami prêtre et aussi par une relation amicale (la secrétaire personnelle de Raymond Barre, un moment à la tête de la loge féminine), j'ai une idée plutôt positive de la franc-maçonnerie, sous bénéfice d'inventaire que je n'ai pas encore pratiqué faute de temps et de vraie curiosité. De même que je n'ai pas encore lu l'intégralité des débats au Sénat mais ci-joint ce que j'ai lu, et - évidemment - Jean-Louis Bianco, tant au titre de son institution que par sa personnalité et son parcours plus qu'éminents même s'il n'a pas abouti à Matignon en 1993 ni en 2007, me paraît dans l'affaire plus que de bon conseil.

Ce qui me frappe, c'est qu'une jurisprudence et une inclination générale du pays à s'imposer les moyens de la tolérance et de la convivialité - positives - notamment dans les circonstances de la menace djihadiste et du péril d'amalgame mettant en cause nos compatriotes musulmans, sont dévoyés en un débat et un texte - maintenant - qui inquiètent les chrétiens pratiquants et les fait se sentir menacés. Comme si les législations sur le mariage et en bio-éthique n'en avaient pas fait assez pour que s'ameute un radicalisme intégriste catholique, sans troupes avant Novembre 2012. Une belle occasion d'ailleurs d'avoir l'Eglise catholique en France du côté du gouvernement et à fond, et sans doute tous les responsables du culte musulman, se perd  en n'accordant qu'un nombre si infime de visas aux chrétiens obligés de fuir l'Irak où ils pratiquent depuis les temps apostoliques, un nombre si infime qu'il nous déshonore. 

Cela fait beaucoup de maladresses. C'est aussi gaspiller à des à-côtés la capacité à débattre et l'énergie à inventer pour le sujet principal : la réappropriation nationale de l'économie en France.

Courir derrière les écologistes qui ne représentent plus rien électoralement - car le souci de la planète et de notre environnement est celui de tout le monde, donc de tous les partis - et les radicaux dits de gauche pour "élargir" ou consolider la majorité présidentielle au Parlement, sinon dans le pays, me paraît de nul effet.

Quant à notre contribution pour une " démocratie vivante " (expression du cher Michel Jobert) dans l'Union européenne et pour une vraie solidarité entre Etats membres, nous persévérons trop ouvertement dans le déni : Alstom avec les Américains et non les Allemands, la laudation de PSA pour n'avoir pas choisi Vigo et l'Espagne. Cela pour 60 millions d'euros, montant dérisoire comparé aux 130 ou 160 milliards du pacte de croissance publié l'été de 2012 après que Berlin y ait consenti comme prix de notre alignement pour le pacte budgétaire, ou auix 360 ou plus milliards du plan Juncker... milliards dont on ne voit pas le moindre centime affecté à quoi que ce soit de sensible ou d'urgent. Et bien entendu nous ne comprenons ni
Syrisa ni Podemos ni - peut-être - tout simplement l'avenir en termes politiques et populaires.

Dans le campagne de ces départementales, où l'on fait élire les représentants locaux des Français à une institution dont les compétences ne sont toujours pas arrêtées - l' "esprit français" depuis notre Ancien Régime et les Lumières : clarté et logique - je suis frappé, pour ce que j'entends en réunions ou dans les rues, par la bonne volonté générale, et même le civisme. Le Président y répond-il et les clameurs anti-FN du Premier ministre sont-elles l'énoncé d'une nouvelle donne en aménagement du territoire et en solidarité de tous les niveaux de décentralisation de la puissance publique ?

Ce n'est pas bien.

Le civisme et les convictions religieuses sont en France des forces - encore manifestées le 11 Janvier dernier - mais qui semblent n'être pas comprises par notre élu suprême.

Je le regrette. Je souhaite sa conversion, et plus prosaïquement - pour vous - une bonne décompression ces deux jours.

Tous mes voeux pour le Président dans son très important moment à Tunis, demain.

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