samedi 14 mars 2015

que ferai-je de toi ? - textes du jour

Samedi 14 Mars 2015

Hier          
23 heures 45 +   Je fais le djihad sur moi-même : mon perfectionnement moral, et je prie Dieu pour qu’Il me pardonne et qu’Il vous pardonne. Vous mettez les musulmans en danger, vous mettez les enfants en danger sans  les raisonner, sans les consulter comme le prescrit Allah. « Associe-les pour décider et quand les décisions sont prises,  fais confiance à Allah… » Ne regarde pas ce que tu n’aimes pas, réplique la femme convoitée à Tartuffe qui lui commande de se voiler au moins les cheveux, qu’elle est en train de laver. Dialogue entre l’ouléma de Tombouctou et le chef de la communauté djihadiste.
Retour à ce film : Timbuktu, d’abord découvert et regardé seul. Maintenant avec ma chère femme. Evidemment ma chère Mauritanie, le draa, la manière de le rejeter à l’épaule, et évidemment le type physique maure. Evidemment, le fond de mer de sable, les arbustes émergeant régulièrement mais jamais serrés. Cette image étonnamment érotique d’un double moutonnement dunaire, comme le dos ou le ventre, puis les cuisses d’une femme allongée, la peau de cuivre clair : combien en ai-je « pris » de ces images. Et au creux fait par la chevauchée des deux mouvements de dûnes, un buissonnement évoquant parfaitement la toison humaine, le centre féminin. Abdelkrim qui s’est fait rembarrer et a dû tourner les talons devant la mère et sa fille, leur bassine pour la toilette, canarde cette symbolique semi-forestation au désert… en la rasant par degé.
Le djihad ce soir, avec aux « actualités », la suite des interpellations liées aux attentats des 7-9 Janvier. La politique ce soir, après la réunion d’hier soir, véritable mise en relation et culture du penser ensemble, en s’en réjouissant, les vociférations de VALLS, les da capo de SARKOZY, l’un et l’autre sans texte ni fond, pitres convenus et prévisibles. Rencontre enfin sur la prière, les évangiles, la foi : échanges avec Sophie L. et avec Daniel G. Deux pages plus un quart de la une du Figaro, enquête de même volume et assez convergente dans le Monde : le pape François et l’application de ce qu’il souhaite. Fronts à tenir ou à enfoncer : réforme de la Curie, ensemble du magistère sur la famille y compris le remariage des divorcés et l’homosexualité. Politique française actuelle, relations internationales et enfin le djihad mais pas seulement, le religieux qui n’est pas forcément le spirituel et inversement.  Apparemment très disparates, ces trois carrefours où se trouve l’humanité telle que je la perçois, ont le même fond, revenir à la source : la politique, qu’est-ce que la démocratie et comment la pratiquer ? les relations entre peuples et non entre dirigeants de manière à ce que les peuples inspirent leurs dirigeants au lieu d’être manipulés ou abusés par ceux-ci ? le spirituel et la relation au transcendant, à l’immanent avec ses pratiques, ses conséquences en société : à quoi et à Qui vraiment croyons-nous, à des mœurs, à des habitudes, à des opinions de hiérarchie ou de convenances ? et enfin, l’écologie, sans doute la gestion de la planète mais celle-ci suppose la démocratie, entre tous, entre les personnes entre chaque communauté de vie et d‘histoire, entre les peuples que les gouvernements ne peuvent être seuls et trop indirectement à représenter sur le plan mondial… il manque à l’écologie son principal levier, en sus du moyen démocratique qui fait défaut universellement, ce sont les égards envers les animaux et notre alliance avec eux. Ce sont eux qui nous rendront efficaces pour la protection de notre milieu local et universel de vie, ce sont eux aussi qui peuvent tellement contribuer à notre devenir social, les animaux sont nos semblables même les modes de vie diffèrent, mais de plus en plus ils sont interdépendants. Nous dépendons de leur survie, et leur vie est menacée par notre mal-vivre.
Télévision, le son depuis la mezzanine, ma chère femme aux deux cerveaux, révisant ses cours de demain et regardant par « l’étrange lucarne ». Off donc, VALLS et SARKOZY… des commentaires filandreux sur le second. Pour moi, l’actualité est la place prise par MACRON dans le système de gouvernement et la liste immense sans autre lien que défaire, de toutes ces réformes. Le Monde excellemment renonce au terme : réformes, et ne dit plus que projets. L’homme à la une, photo. est ravagé de dureté, le visage au regard vague, les joues en bois, et flanqué de deux personnes, des ministres, des collaborateurs ? comme ces personnages en bas des tableaux médiévaux, se faisant face mains jointes, ceux qui ont commandé le tableau… les deux profils sont blafards, jumeaux, gras et inexpressifs, les alentours de celui qui, censément, peut… Rumeurs de l’Elysée, la foule des conseillers et des conseilleurs partagés sur le parti que doit prendre HOLLANDE : les projets ou pas de MACRON. – Tchad et situation. – Enfin, à propos de je ne sais quoi ? cette remarque, si elle est en direct, elle aura été inspirée par la nuit. Deux personnes peuvent s’aimer tout en passant l’une à côté de l’autre toute leur existence. C’est tout l’enjeu du couple, quotidiennement. Le manque à gagner…           


                     Ce matin          

06 heures 46 + La demi-lune décroissante, mais magnifique, le fond de nuit s’éclaircit mais elle reste brillante et contrastée. Chant juste d’un oiseau, cinq-six notes. – La main de Toya, brandie au ciel et guettant « le réseau ». Le silence de la communion, l’amour du geste et de la posture donnée du corps, la fille blottie contre sa mère, l’éloquence de la course, de courir, la gazelle en générique et conclusion de Timbuktu, seuil son mouvement la distingue du sable, Toya escaladant les dûnes n’étant plus que souffle et visage, Hisan le pâtre lui aussi et enfin le motocyliste du destin (cf. La mort d’Orphée par COCTEAU) réunissant pour la salve assassine le couple de pudeur, de vérité, de force. Film intense. Si nos spectacles, nos œuvres et peut-être certaines horribles déviances faisant imiter ce qui est montré – la décapitation contemplée un vivo par un garçonnet de douze ans, sont ce qu’ils sont, presque excessifs par nécessité, c’est bien que ceux qui devraient animer – donner une âme – la vie collective ici et là, dans les petites comme dans les vastes communautés humaines, font défaut, sont médiocres et rigides, tenacement comme avec passion. Les vociférations pour invoque une République accaparée. Le sens des mots perverti comme s’il fallaitr effacer l’instrument qui permet au mental de nommer et de communiquer, d’établir les éléments à raisonner….
L’évangile tranquillement dépouille les attitudes pour aller au coeur. Magnifique texte de Grégoire de Nazianze proposé ce matin en AELF : les Béatitudes, pas de délai entre le mouvement de bien faire et le bienfait. Prier … je crois identifier par cette lecture, si belle et juste par elle-même, qui fait également école du commentaire et de la pénétration puis que les Pères des premiers siècles nous montrent que la distance dans le temps était déjà – intellectuellement – du même ordre que pour nous plus de vingt siècles ensuite. La prière traverse le temps et nous met à notre source intérieure, celle que découvre et entretient en nous notre Dieu. Mon cher Daniel G. dont je crois ainsi identifier l’attitude et le mouvement : le déterminisme inspirant toute action, tout texte et les évangiles-même étant ad hoc. Au lieu de recevoir le texte comme une rencontre tel quel il est, il est pris par l’explication de la manière dont l’écrit a pu être fabriqué. Pour le croyant (comme pour tout écrivain même débutant ou sans talent – l’enfant a le talent de la vérité) le texte est un apparition, une création, un don en lui-même et non pas un don de son auteur.
La résurrection nous est commune : le Christ et nous. Osée déjà l’a vu pour nous et nous l’enseigne comme un rapport à Dieu : Après deux jours, il nous rendra la vie ; il nous relèvera le troisième jour : alors nous vivrons devant sa face. [1]    Et nous en retour ? qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé… Mon jugement jaillit comme la lumière. Je veux la fidélité, non le sacrifice, la connaissance de Dieu plus que les holocaustes… Cela à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres.   La parabole : deux hommes montèrent au Temple pour prier…  Ils semblent se suivre l’un l’autre, route commune, lieu commun, ensemble. Le pharisien a parfaitement repéré celui qui se tient au fond ou qui n’est pas loin de lui, pas de siège ? silence, nos églises hors offices liturgiques ou dévotions organisées. Il le regarde bien davantage qu’il ne regarde Dieu et Lui fait face. Le publicain (à croire que dans la société contemporaine de Jésus, les collecteurs d’impôts étaient innombrables et le système fiscal tentaculaire) ne regarade que Dieu, et qu’intérieurement, il est prostré : lui, se tenait à distance. Jésus sait raconter et faire voir, sobrement mais excellemment. On voit la distance, c’est physique. Et pourtant, l’offrande de Caïn n’est pas inférieure matétiellement à celle d’Abel, et ce pharisien se décarcasse quand même. Que ferai-je de toi, Ephraïm ? que ferai-je de toi, Juda ? votre fidélité, une brume du matin, une rosée d’aurore qui s’en va. La constance… plus que l’humilité qui est un don et ne se fait pas d’elle-même, sinon sous les coups : il a blessé, mais il nous guérira ; il a frappé, mais il nous soignera… il y a la demande d’être sauvé. C’est elle qui, de nous, établit notre rapport à Dieu. En cela, aucune chance de nous éloigner tant nos faiblesses et les adversités, à notre taille (souvent bien petite – mais parfois à la dimension du cœur de Dieu, cet ancien ministre et si grand praticien de notre droit pénal, probablement incroyant au sens reçu du terme, je lui demanderai… quatre enfants et deux en traitement de cancer… le cancer autour de moi et en…) tant nos faiblesses et circonstances douloureuses nous font crier grâce et demande. Nous savons à Qui les adresser. Efforçons-nous de connaître le Seigneur. Dieu compatissant, mais plus encore, Dieu constant. Constant dans Sa compassion et Son écoute.  
                              Maintenant, l'heure du pivert, plein jour. Le ciel fait les trois-quarts de "mon" paysage, de ce que je vois au-delà de mon écritoire.                              


[1] - Osée VI 1 à 6 ; psaume LI ; évangile selon saint Luc XVIII 9 à 14

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